Chap 2 : Le village d'Alone
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Chap 2 : Le village d'Alone
Le village d'Alone, un charmant petit bourg bâti dans une vallée et d'à peine mille habitants étaient entouré par des montagnes et la célèbre forêt de Doucelune reconnu comme étant magique. Le village était composé de plusieurs ruelles, mais d'une unique rue principale conduisant jusqu'à la place centrale où se trouvait la maison du Maire et elle se terminait à la seule église qui surplombait les lieux. Des marchands avaient installé leurs boutiques de part et d'autre de la rue, une quincaillerie, une boutique de vêtements, un alimentaire et pleins d'autres utilitaire à la vie des habitants. En ce qui concerne la vie scolaire des enfants, elle débutait à l'âge de sept ans jusqu'à quinze ans, ensuite si les élèves voulaient poursuivre leurs études, ils devaient se rendre à l'académie de Medellin. D'anciens élèves d'Alone avaient tenté de passer le concours, mais très peu étaient parvenu à le reussir, car il était très difficile.
Lorsque Alice remonta la rue principale, elle fut saluée par les quelques habitants qu'elle croisa. Certains s'arrêtèrent même pour prendre des nouvelles de la jeune fille et surtout de sa sœur Tali, mais Alice n'avait pas le temps de parler, elle se savait en retard. Monsieur Vlutte, un homme assez âgé qui venait souvent manger chez la jeune fille, la repéra de loin grâce à sa longue chevelure rousse qui ne passait pas inaperçu. Il traversa la rue gaiement et vint sa rencontre. Connaissant bien Mr Vlutte depuis sa plus tendre enfance pour son bavardage incessant, elle s'excusa poliment et lui proposa de passer dîner à la maison comme cela, elle pourrai lui raconter sa journée. Le vieux Monsieur s'en contenta, baissa son chapeau en signe de reconnaissance et continua son chemin.
La cloche avait sonné depuis cinq bonne minutes quand la jeune fille arriva dans la salle de classe du Professeur Ordell, elle retrouva sa meilleure amie en compagnie d'un groupe de filles. Natie et Alice avaient le même âge, elles avaient pratiquement été élevées ensemble, car leur ferme se trouvait juste côte à côte.
- Encore en retard Alice, tu as de la chance que le professeur Ordell ne soit pas encore arrivé, dit Natie.
La meilleure amie d'Alice, Natanaëlle dit Natie était une fille légèrement plus petite que cette dernière, elle portait toujours ses cheveux bruns attachés en deux grandes nattes.
- Je me suis réveillé un peu en retard cette fois. Tu n'imagines même pas le rêve que j'ai fait...
- On en discutera plus tard si tu le veux bien. On ne va pas tarder à être dérangé, voilà les garçons qui arrivent. C'est à croire qu'ils ont attendu ton arrivée, sourit Natie.
Quatre jeunes hommes qui discutaient dans leur coin rejoignirent le groupe de filles. À leur tête, un séduisant garçon aux cheveux blonds et aux yeux ravageurs ne lâchait pas Alice du regard. Quand les autres filles le virent elles se mirent à glousser.
- Bonjour Alice. Tu es radieuse aujourd'hui, comme tous les jours, dit le garçon.
- Merci, Isaac, répondit Nonchalamment Alice.
Une jeune fille à la mine revêche ne tolérant pas l'indifférence d'Alice à l'égard d'Isaac bouscula cette dernière et tenta une approche envers le garçon, mais il l'ignora délibérément.
- Dites les filles, cette nuit, on a l'intention d'aller visiter la maison abandonnée à l'extérieur de la ville. Ça vous dit de venir ? Demanda Gontran, l'un des garçons.
- Vous parlez de la maison en partie calcinée ? Interrogea Natie.
- Elle-même, on raconte qu'elle est abandonnée depuis dix ans maintenant à cause de l'incendie qui a couté la vie à une vieille dame. Plus personne n'y vit, pourtant quand on s'y approche, il arrive que l'on puisse entendre des voix, celle d'un homme et une femme. Aucun villageois ne prend la peine de comprendre ce qui s'y passe alors on a décidé que nous irons y mener notre enquête.
Vu qu'aucune des filles ne semblait décidée à les suivre dans cette expédition, l'adolescente à la mine revêche leva la main.
- Moi, je veux bien vous accompagner. Isaac, j'ai peur dans le noir, j'espère que tu me protégeras minauda t'elle.
- T'en fais pas Erin, avec moi, il ne t'arrivera rien garantis Gontran d'un ton orgueilleux.
Erin lui lança un regard assassin.
- C'est pas à toi que je parle, mêle toi de tes affaires.
Gontran baissa la tête tout penaud. Sans mot dire, Isaac se tourna vers Alice dans l'espoir que cette dernière accepte aussi de se joindre à eux, mais l'adolescente fit comme si elle n'avait rien entendu. Très peu pour elle d'aller visiter une maison qui était soi-disant hanté.
Le professeur Ordell, un homme avec un fort embonpoint entra de manière tonitruante dans la classe, ses bras étaient chargés de matériels. Il ne remarqua pas le bout de bois qui dépassait du sol et se prit les pieds dedans, le pauvre homme se retrouva affalé par terre sous l'hilarité générale de ses élèves.
- Silence !!! Hurla le professeur. Que faites vous encore debout ? Que tout le monde aille à sa place.
Au moment où Alice passa devant Erin pour rejoindre sa table, la jeune fille la prit à partie.
- Je vois bien ton petit manège avec Isaac. Tu fais semblant de l'ignorer pour qu'il te coure après. Je te préviens, il est à moi et je ne laisserai sûrement pas une paysanne dans ton genre me le voler.
Erin laissa sur place une Alice désappointée, ce n'était pas du tout cette image d'elle qu'elle voulait donner à Isaac. Natie constata le visage sombre de son amie lorqu'elle vint s'asseoir à côté d'elle, mais elle n'eut pas le temps de lui demander quoique ce soit car le professeur commença son cour.
- Ce matin, nous allons reprendre la leçon d'avant hier. Lequel d'entre vous peut me dire sur quelle discussion s'est terminé le dernier cours d'histoire ?
- L'Arbre Monde et comment grâce à lui notre monde a retrouvé une stabilité depuis le cataclysme.
- Très bien Mademoiselle Beauffray. Sortez vos cahiers et vos plumes et prenez des notes, je vous prie. Les textes anciens racontent que l'Arbre Monde aurait été créé, il y a pas moins de 10 000 ans suite au cataclysme qui sépara le grand continent d'autrefois en quatre terres bien distinctes. À cette époque, quatre personnalités émergèrent d'on ne sait où, ils avaient pour nom Hazel la mage que l'on disait aussi pur que le vent, Zemio le guerrier aussi robuste que la terre, Miria la sage aussi calme que l'eau et Oracio le voleur aussi passionné que le feu. Chacun de leur côté, ils se choisirent une contrée où ils fondirent leur propre pays. Nous le peuple d'Haizea vivons dans le pays qui était par le passé sous l'égide de Hazel...
Alice commença à s'assoupir, le long monologue du professeur l'endormait. Elle se mit à rêver qu'elle se trouvait en train de flotter au-dessus d'Eléria. En face d'elle trônait l'Arbre Monde dans toute sa splendeur. Il était tout bonnement gigantesque, ses branches atteignaient même les nuages. Elle regarda son corps qui était devenu entièrement translucide, la jeune fille ressemblait à un esprit. Une lueur jaune sortant de l'Arbre vint à sa rencontre, elle se matérialisa en Mirabelle la vieille dame.
- Alice, je suis contente que tu aies pu arriver ici par tes propres moyens.
- Euh, à vrai dire, je ne sais pas du tout comment je suis arrivé là. Sommes-nous encore en train de rêver ?
- Oui et non, tu dors en effet, mais tu as réussi à déplacer ton esprit à travers le temps et l'espace.
La jeune fille haussa un sourcil, elle ne comprenait pas ce que voulait dire Mirabelle, pourtant, elle se trouvait bel et bien en ces lieux, elle pouvait le ressentir comme si elle était éveillée.
- Il y a quelque chose que j'aimerais que tu voies de tes yeux, tous près des racines de l'Arbre.
Alice descendit de quelques pieds, elle aperçut trois personnes au sol qui lui était inconnu, un garçon à la peau noire avec une épée dans le dos et une fille avec des cheveux blonds portant un sac en bandoulière. La fille du milieu en revanche lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, à sa main gauche, elle tenait un sceptre aux motifs dorés.
- C'est moi là en bas ? J'ai l'air... Différente de plus, ce sceptre ne m'est pas familier.
- Ce que tu vois en ce moment Alice, n'est pas un événement du passé, mais ce qui se produira dans le futur.
Trop de questions se mélangeaient dans la tête de l'adolescente, elle pressentait que des événements graves allaient bientôt se produire. Soudain, tout se brouilla, elle se réveilla subitement en plein cour du professeur. Tous les élèves la regardaient, spécialement Isaac qui montrait de l'inquiétude et Erin qui jubilait. Quant au professeur Ordell, il la fusillait littéralement du regard. Le rouge lui monta très vite aux joues lorsqu'elle constata que de la bave coulait au coin de sa bouche.
- Jeune fille, vous viendrez me voir à la fin de la journée, annonça Hignace Ordell.
Le reste des cours se passèrent de manière habituelle, les élèves firent un peu de géographie et de mathématiques, durant l'après-midi tandis que les garçons avaient cours d'étude de philosophie morale, les filles avaient maintien et savoir vivre enseigné par madame Ordell, la femme du professeur. Tout comme son mari, c'était une femme sévère qui ne tolérait aucun chahut. La fin de la journée arriva très vite, Alice attendit patiemment que les autres élèves rentrèrent chez eux et rejoignit le professeur à son bureau.
- Mademoiselle Mira, je n'autoriserai sous aucun prétexte que mes élèves dorment pendant l'un de mes cours.
- Je vous assure professeur que ce n'était pas fait délibérément, se défendit Alice. J'aime beaucoup vos leçons d'histoire.
- Ce n'est pourtant pas ce que vous me montrez en vous endormant. Votre sœur Tali était une demoiselle respectable, toujours premières de la classe, un véritable génie. Et regarder où cela l'a mené, apprenti de Siméon Van Arik en personne. Vous devriez prendre exemple sur elle.
Alice baissa la tête honteuse, on avait toujours tendance à la comparer à sa grande sœur. Les villageois se demandaient si elle irait aussi loin que Tali. L'adolescente s'en préoccupait nullement, ses ambitions à elle n'étaient pas les mêmes, elle adorait sa sœur certes, mais pas au point de suivre le même chemin.
- Vous n'êtes pas une fainéante jeune fille cela se voit dans vos résultats scolaires, pour autant, vous avez tendance à vous laisser aller et en tant que votre professeur, je ne peux tolérer cela.
Alice fut assez stupéfaite, c'est la première fois qu'elle entendait Hignace Ordell faire un semblant de compliment à l'un de ces élèves, elle espérait juste que cela ne soit pas un signe de mauvais présage.
- Pour cette fois, je laisse passer, mais si cela venait à recommencer, je serai obligé de sévir. Aller ouste sortez de ma classe, c'est que j'ai des choses à faire moi.
Alice ne se le fit pas dire deux fois, elle ramassa ses cahiers encore à sa table et partit rejoindre Natie qui l'attendait dans la cour de l'école. Sur le chemin du retour, marchant dans la rue principale du village, Alice raconta à son amie la discussion avec le professeur, Natie fut rassuré qu'elle n'ait pas été punie. De son côté, Natie livra à Alice la requête d'Isaac qui désirait ardemment que la jeune rousse vienne visiter la maison abandonnée avec eux. Tous les deux avaient attendu Alice, mais le garçon n'avait pas pu rester bien longtemps juste le temps de confier sa demande à Natie.
- Tu aurais dû lui dire que je ne pouvais pas, trouver un prétexte, n'importe lequel...
- Ne t'inquiète pas, je lui ai avoué que tu avais en horreur quand on parle de fantôme ou de maisons hanté. Il a compris, je pense.
Alice se pinça la lèvre, elle n'avait pas envie que sa phobie s'ébruite. Natie demanda à Alice pourquoi elle repoussait Isaac de la sorte, étant le fils de Maire, il avait un statut de privilégié auprès de la haute société de Medellin, il était sûr de rentrer à l'académie l'année prochaine. Dans tout le village, il n'y avait pas de meilleur parti que lui et Isaac aimait Alice depuis leurs premières années à l'école.
- Que veux-tu que je te dise ? Je n'arrive pas à le voir différemment que comme un ami.
- Tu ferais mieux d'y réfléchir, car j'en connais une qui n'hésitera pas à lui mettre le grappin dessus.
- Si tu parles d'Erin, je suis au courant. Elle me l'a bien fait comprendre tout à l'heure. Tiens d'ailleurs, ce ne serai pas elle là-bas.
Erin et son petit groupe d'amies se trouvaient devant la boutique du cordonnier un beau jeune homme d'à peine vingt ans avec qui elles flirtaient. Alice et Natie les dépassèrent sans leurs prêter attention quand l'une des filles les héla.
- Arrêtez-vous toutes les deux. Alice, Erin veut te parler.
- Je n'ai rien à lui dire, répondit la jeune fille.
Alice voulut continuer sa route, mais fut retenue de force par la fille.
- Lâche-moi, dit Alice.
- Mais que se passe-t-il ici, on ne peut plus discuter tranquillement ? Pesta Erin qui remarqua enfin la présence des deux adolescentes. Oh ! C'est encore toi. Il faut toujours que tu te mettes en travers de ma route, n'est ce pas?
Le cordonnier sentant que ça allait dégénérer se dépêcha de rentrer dans sa boutique et s'enferma à double tour.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit Alice. Je veux simplement rentrer chez moi et ta... Suivante ne me laisse pas faire.
L'amie d'Erin n'apprécia guère l'appellation de suivante, elle s'apprêta à le faire comprendre à Alice quand Erin l'en empêcha.
- Laisse-moi faire, j'ai des comptes à régler avec elle. Je crois qu'il faut qu'elle comprenne que nul ne peut insulter Erin Auclair et son entourage sans en subir les conséquences.
Erin ôta ses long gant en soie, noua ses cheveux chataingts clair en un chignon puis se jetta sur Alice sans crier gare. Natie voulut intervenir, mais l'une des filles lui agrippa les nattes l'empêchant d'effectuer tout mouvement. Alice et Erin roulèrent sur le sol en se griffant et se ruant de coup, la jeune rousse essaya de se défendre comme elle le pouvait, mais Erin était plus grande et plus forte qu'elle. Les villageois passaient et regardaient la scène sans s'arrêter, personne ne voulait s'en mêler. La rivale d'Alice se retrouva à califourchon sur son ventre, elle lui avait plaqué les bras sur le sol afin qu'elle ne puisse plus bouger.
- Hey Margot, je viens d'avoir l'idée d'une nouvelle coupe de cheveux pour Alice. As-tu ta paire de ciseaux ? On va s'amuser un peu.
Margot qu'Alice avait appelée la suivante afficha un sourire goguenard et sortie les ciseaux de sa poche.
Alice se débattit autant qu'elle le pouvait, mais la poigne d'Erin était tenace. Elle ferma les yeux résignés, après tout même si elle aimait beaucoup ses longs cheveux, ils finiraient bien par repousser un jour. Soudain, elle eut un flash, une cité abritant des bâtiments comme elle en avait jamais vu était prise par les flammes, deux armées s'opposaient l'une à l'autre. Sur le champ de bataille, une femme à la chevelure noire comme l'ébène et tenant un sceptre doré dans ses mains se frayaient un passage à coup de magie de glace et de feu. Le choc de la férocité des combats fit ouvrir brusquement les yeux à la jeune fille, c'est alors qu'elle vit Erin se tordre de douleur.
- Mes bras, mes bras, ils me brûlent, cria t'elle.
Des traces de mains rouges étaient gravées à l'endroit où Alice avait tenu les bras d'Erin dans un dernier effort. Le petit groupe de filles alarmé courut à son secours et l'emmenèrent vite chez elle. Natie, libéré, mais étonné par ce qui venait de se produire, s'agenouilla auprès d'Alice.
- Il ne vaut mieux pas que l'on traîne trop longtemps ici, les cris d'Erin vont alarmer les villageois et s'ils apprennent ce que tu as fait, tu vas avoir des problèmes avec sa famille. Viens, tu peux te lever ?
Alice inclina la tête, ses mains étaient rouges et ils la picotaient, mais elle ne tenait pas à rester une minute de plus ici. Derrière les filles, des bruits de pas martelèrent le sol, une main se déposa sur l'épaule d'Alice. L'adolescente se retourna vivement en poussant un cri de frayeur et se retrouva nez à nez avec un homme à la peau bronzé portant un pantalon en peau de bête et un gilet sans manche.
- Pardon, Mademoiselle ! Je ne voulais pas vous faire peur, vous devenez venir avec moi. Toute les deux.
Alice l'aperçu, sur son cou, le tatouage en forme de dragon, elle se remémora les indications de Mirabelle.
" Guette le dragon."