Chapitre 3 : Sorbet et nicotine...
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Chapitre 3 : Sorbet et nicotine...
Elle aime les hommes bien sûr, les savoure comme des sorbets, sans culpabiliser, son cœur bien à l’abri et fréquente depuis quelques temps un des rares collègues hommes qu’elle a laissé approcher d’un peu plus près.
Il est doux, gentil, attentionné et follement épris, sans doute un peu trop. Peintre à ses heures perdues, il voit en elle une muse, Elle s’en amuse, se laisse porter par cet amour sans risque puisqu’il ne déteint pas.
Il est fou d’elle, Elle l’aime bien.
Il parait que dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l’autre, et l’autre c’est toujours Elle.
Ainsi, Elle garde la main, reste maitresse de ses émotions et c’est très bien ainsi.
Ils se voient souvent, lorsque les casques sont éteints et entretiennent, en secret, une relation légère et douce comme un chamallow. Cela aurait pu rester longtemps ainsi, sans doute, jusqu’à ce que le sucre d’orge du moment ne réclame davantage que ce qu’Elle est prête à lui offrir.
Mais la vie prend parfois des chemins de traverse pour nous emmener à l’endroit précis où elle le veut. Il suffit parfois d’un simple coup de téléphone, Elle aurait dû le savoir…
On pourrait la croire sans cœur, en tout cas c’est parfois ce qui se murmure à son sujet.
C’est juste qu’Elle a choisi, il y a bien longtemps, de le barricader mais pourtant, comme toutes les guerrières, Elle a un talon
d’Achille. Sa famille.
Vient un jour où sa mère rencontre des difficultés financières importantes, dues à des placements hasardeux,
conseillés par un obscur personnage, ô combien charmant.
Ce samedi-là, Elle ne travaille pas, et devrait se laisse porter, avec volupté, par les heures qui défilent, bercée par ce sentiment merveilleux de nonchalance qui emplit les journées de congés d’une femme qui n’a rien d’autre à faire que de s’occuper d’elle.
D’ordinaire, Elle aime prendre ce temps pour elle, loin de la cacophonie assourdissante de ce qui fait ses semaines.
Juste le silence et un polar : sa version du bonheur … mais cette fois, sa quiétude hebdomadaire est troublée par le désespoir qui s’est déversé hier dans son oreillette et les sanglots de sa mère à l’autre bout du fil qui résonnent encore.
Alors, soucieuse de l’aider à trouver rapidement la porte de sortie du guêpier dans lequel cette dernière est embourbée mais, surtout, pour retrouver sa tranquillité d’esprit, Elle se décide à appeler sa banquière, Madame Cosaly, qui l’a plusieurs fois sortie d’affaire, par le passé, quand les fins de mois étaient plus compliquées.
Se laissant glisser dans sa loveuse en rotin, Elle s’empare de son portable d’une main, et de l’autre de son sempiternel paquet de cigarettes, fouille dans le répertoire et compose le numéro en calant l’appareil entre son oreille et son épaule pour braquer la flamme de son briquet sur une de ses blondes.
Elle s’attend déjà à entendre la voix aiguë d’une petite souris de Cendrillon de cette chère Madame Cosaly dans son combiné et aspire, négligemment, une bouffée de sa Philip Morris. Mais c’est une voix mâle, profonde et chaude qui envahit son combiné.