Quand le ciel fleurira
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Quand le ciel fleurira
Quand le ciel fleurira
Le temps aura fait son œuvre
Cet ennemi irréductible, qui paraît-il, permet de guérir tous les maux
Je voudrais plonger dans un coma de plusieurs mois, voire de plusieurs décennies
Un coma cotonneux, loin des misères humaines, loin du chaos, loin du deuil
Je voudrais mettre sur pause ma vie, mes pensées mortifères, mes affects destructeurs
Le temps d’aller mieux
Le temps de t’oublier
D’oublier que jamais tu ne m’offriras un bouquet de fleurs ni ne me prendras dans tes bras
Que jamais tu ne m’aimeras comme je t’aime
"C’est la vie", diront-ils de façon un peu bateau
Tu es la personne la plus importante de mon monde, mais je ne suis pas la tienne
Quand le ciel fleurira, le temps se sera écoulé, indéniablement
Mais en attendant, les fleurs pourrissent dans mon cœur
Entends-tu le chuchotement du persifleur ?
Des lianes de barbelés soigneusement tissées autour de mon cœur
À chaque respiration, la douleur intensifie sa poigne de fer
Le temps est figé, n’est-ce pas ?
Parce que chaque seconde me semble durer un siècle
Mes ailes n’arrivent plus à battre, je reste au sol, triste à en mourir, privée de ma liberté
J’aimerais mourir là, tu sais, renoncer, ce serait si simple de tout arrêter
Tout a un goût terne
Le goût de la poussière âcre remplit ma bouche, ma gorge et mon âme désincarnée
Tu ne m’aimes pas, pas comme je le voudrais
Et avec tes mots, tu as emporté mon envie de vivre
Je n’arrive plus à rester debout, mes jambes flageolantes vont me lâcher
Mon cœur est broyé par tant de souffrance que j’ai peur qu’il n’éclate en un million de petits morceaux — rouges et brûlants
Littéralement et définitivement
J’enchaîne Xanax sur Seroquel et Seroquel sur Tramadol
N’importe quoi qui me permette de moins penser
Ces artifices chimiques et colorés seront-ils ma perte ?
Serai-je ma perte ?
La peur du vide est si grande et terrifiante
Elle s’est immiscée en moi depuis tant d’années maintenant
Lorsque le ciel fleurira, le temps aura passé
Mais en attendant, les épines des roses transpercent ma peau comme mille aiguilles
J’aimerais plonger dans l’oubli
Une cascade ruisselant d’amnésie plutôt que d’oxyde de dihydrogène
Ce serait si plaisant
De devenir amnésique
Ou de laisser mes poumons se noyer d’H2O
D’oublier jusqu’à ton existence même
Parce qu’imaginer une vie sans ton amour m’est insupportable, insoutenable
J’arrive à la croisée des chemins
Deux routes semblent se dessiner devant mes yeux épuisés
Celle de la vie, sinueuse, difficile, mais également celle du soleil, des coquelicots et du futur
Et puis, il y a celle de la mort, celle vers laquelle je suis irrémédiablement attirée comme hypnotisée.
La voie de la facilité ?
La voie de la rapidité.
Il me faut prendre une décision, au risque de rester empêtrée
Au milieu des sables mouvants qui ventousent mon corps tout entier
Au risque de devenir un non-être
Un fantôme sans enveloppe charnelle
Cet entre-deux, cette frontière invisible sur laquelle je suis momentanément en équilibre, me prive de ma capacité à raisonner
Je n’appartiens ni au monde des vivants ni à celui des morts
Je suis perchée entre deux univers
Je suis une coquille vide
Un zombie du deuxième millénaire
Il m’a dit « Choisis la vie, choisis donc de l’aimer »
La mélancolie tue, le sais-tu ?
Un présage de mort tout en existant péniblement
Une mort vivante
En dépit de tous les obstacles, malgré toutes mes résistances, jamais tu ne lâches ma main
Tu me montres la voie, mais c’est à moi de faire le cheminement
Donne un poisson à une personne affamée et elle mangera ce soir
Apprends-lui à pêcher et elle mangera toute sa vie*
Lorsque le ciel fleurira, l’hirondelle se posera sur mon épaule et j’aurai enfin appris à aimer la vie