La valse des fous
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La valse des fous
Il y en a qui te tournent pas mal autour,
Te repèrent, te guettent, te reniflent
De loin, dans l’ombre ou perchés comme des vautours,
Ça grimace, ça sourit, ça boit, ça s’empiffre.
Ils pensent qu’ils t’ont dans leur poche,
Te projette, à leur merci, petite victime imaginaire
Car de loin tu sembles frêle, gentille et proche,
Ça s’enflamme, ça se prend au sérieux, ça se donne des airs.
Toi, tu aimes, tu respires, papillonnes, te nourris,
De ce que le monde a de bon à offrir, de meilleur,
Quel que soit le passé, tu l’as dit : on oublie, on sourit,
Effrayant parfois, l’inconnu t’apporte encore du bonheur.
Toi tu t’en fiches des pessimistes, des idéalistes,
Ce qui se présente à toi, tu l’acceptes, tu l’embrasses,
A pleine bouche, entière, car rien ne réussit aux fumistes,
Affolante, cette liberté est la seule que tu regardes en face.
Soudain on t’accroche, te saisis, te surprend violemment,
Une parole, un regard, un geste pour te capturer, t’attacher,
Un étranger ou un proche, qui révèle leur tempérament,
Tu te débats, tu es secouée, choquée par ce geste insensé.
Les fous, aveuglés par leurs délires pervers, narcissiques
Veulent t’avoir entière sans appel, sans résistance,
Ils se fichent de tes voyages utopiques, oniriques,
Ce qui compte, c’est ton corps et leur transe.
Imaginaire ce combat se déroule en un bref instant,
Tu te débats, coupe court, contourne le piège placé devant tes pas,
Car si tu te laisses embarquer par l’attrait du serpent,
Ce n’est pas Eve qui sera violée mais celle au plus profond de toi.
Alors toi, qui admire cette femme victime, soumise ou acquise,
Interroge-toi quelques instants à savoir si c’est le corps ou l’âme que tu prends,
Quand son sourire gêné ou ses mains disent non à ton emprise,
Retiens que ce n’est pas elle qui s’échappe, mais toi qui te méprends.
Tandis que tu danses dans ta tête avec celles que tu fantasmes,
Peut-être ta femme, ta fille, ta sœur sont elles aussi un peu les proies,
D’autres fous qui n’écoutent que leurs pulsions, leur envie d’orgasme,
Hé oui, pour valser il faut être deux qui s’offrent et se suivent à chaque pas.
En audio, sur Audioblog ici
Texte: Minh-Lan Nguyên
Photo de Kristina Flour sur Unsplash