Pandore
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Pandore
Elle a le corps des plumages
dont on rêve en secret,
puisqu'elle est des présages,
de ceux qu’on espérait
quand, après le naufrage
de notre dernier bateau,
on ne pense qu'au rivage
qui nous sauvera la peau.
Pandore c’est la terre
pour les marins perdus.
C’est la douce lumière
pour ceux qui n’y croient plus.
C’est le phare qui, toujours,
ramènera à la plage
les rescapés qu’l’amour
laissera dans son sillage.
Elle a le corps des miracles
dont on fait des croyances
mais elle est des spectacles
dont on sait les outrances
quand elle ouvre la mer,
qu’on y voit son jardin,
qu’elle dit « mange ma chair,
prend, ceci est mon pain ! »
Pandore elle est belle,
elle a les yeux du ciel,
des yeux dans lesquels,
moi, j’y vois l’éternel.
Le tout puissant divin,
qu’ils pensaient à l'église,
a choisi pour écrin
le corps de ma promise.
Elle a les cheveux noirs
qui se passent des chignons,
elle n’a pour accessoire
qu’un parfum d’horizon.
Dans l'artificiel
des bétonneurs de dunes,
elle est le naturel
au royaume du bitume.
Pandore c’est l’Hellébore,
la fleur du cygne noir,
qui s’effeuille le corps
lorsque tombe le soir,
qui sème la folie
de la misère humaine
dans la mélancolie
des grisailles urbaines.
Elle est de ces cœurs tendres
qui refuse de penser
à tous les cœurs de cendres
au fond du sablier,
puisqu’elle est de ces femmes
qui refusent de vieillir,
puisqu’elle est de ces flammes
qui refusent de mourir.
Pandore c’est la beauté
des tout premiers printemps,
quand toutes les nouveautés
ne duraient qu’un instant.
Du temps où les licornes
et les robes de princesses
n’allaient pas sur youporn
pour écarter les fesses.
Elle a le regard du diable
qui s'apprête à signer
l’acquisition d’une âme
qu’il s'apprête à saigner
dans sa sombre gondole
qui invite au voyage,
contre quelques oboles
qu’elle glisse dans son corsage.
Pandore c'est la mort
quand s’en vient le matin,
lorsque l’aube et l’aurore
ont fermé son jardin.
Qu’il n’est plus de nuisette
qu’il n’est plus de baiser,
qu’il n’est plus que disette
pour mon cœur affamé.
Elle a le corps désarmé,
quand elle se fait tirer
par des soldats, blessés
au fond de sa tranchée,
qui retrouvent l’orgueil,
la fierté disparue,
dans le triste cercueil
de leurs amours perdues.
Pandore elle me tue quand elle,
elle s’abandonne
sous des draps inconnus,
dans les bras d’autres hommes.
Dans la chaleur d’un autre
supplicié de la planche
que l’amer a porté
jusqu'au creux de ses hanches.
Elle est de ces mirages
qui aliènent la raison,
puisqu'elle a le visage
des hallucinations.
C’est la folie fiévreuse
qui fait voir des étoiles
dans l’angoisse lumineuse
des néons d’hôpital.
Pandore c’est la nuit
qu’elle fait danser la lune,
qu’elle ruisselle la pluie,
qu’elle embrase l'écume.
Elle est de ces passions
dont on fait des légendes
pour que reste le nom
quand tout vient à s’épandre.
Elle est ce qu’on veut
mais qu’on ne peut avoir
sans perdre le peu
qu'il nous reste d’espoir
de retrouver un jour le repos mérité,
loin du mal,toujours, de nos humanités.
Pandore elle est belle,
elle a les yeux du ciel.
Des yeux dans lesquels,
moi, j’y vois l’éternel.
Le tout puissant divin,
qu’ils attendent encore,
a choisi pour écrin
la boite de Pandore.
Extrait de ''Nous n'irons plus voir la mer''