Persepolis (2009) Marjane Satrapi
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Persepolis (2009) Marjane Satrapi
Au début, il y avait les livres
Beaucoup ont découvert Persepolis au soixantième Festival de Cannes. Le jury présidé par Stephen Frears y avait récompensé le roumain 4 mois, 3 semaines, 2 jours pour la Palme d’or tandis que Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud recevaient le Prix du jury pour l’adaptation de la bande dessinée écrite par la française née en Iran. Car c’est entre 2000 et 2003 que les quatre volumes de Persepolis ont publiés. La très intéressante maison d’édition L’association avait eu la bonne idée de les réunir en un volume unique à l’occasion de la sortie du film, ce qui donne à l’ensemble la cohérence que l’auteur a voulu transmettre à travers toutes ces histoires.
À l‘âge de dix ans, Marjane vit en Iran avec des parents riches aux idées communistes. Juste après la révolution islamique de 1979, le régime oblige les petites filles à porter le voile à l’école. Avec ses amies, elles s’en amusent, même si ça les embête de se retrouver entre filles alors que l’année d’avant l’école était mixte. La mère de Marjane est impliquée dans les manifestations anti foulard tandis que son père se retrouve souvent dans des manifestations contre le Chah. Mais c’est auprès de sa grand-mère que la petite fille se sent la plus proche et ose lui raconter tous ses secrets : elle sait que la vieille dame aura toujours une oreille compatissante et compréhensive.
La qualité première de Persepolis est bien sûr son humour. Il suinte toutes les pages du livres, c’est avec une sensationnelle corrosion que Marjane Satrapi décrit les situations souvent douloureuses qu’est amenée à vivre son héroïne. On la suit de sa prime enfance à sa vie de jeune adulte avec grand intérêt et les aventures qu’elle nous décrit sont passionnantes. On retient en particulier ce décalage absolument savoureux qui apparait dans l’histoire lorsque la jeune adolescente se retrouve à Vienne pour y faire des études. La description des jeunes occidentaux de l’époque vus au travers du prisme oriental est à mourir de rire. Son retour en Iran, et les stratagèmes qu’elle trouve pour détourner les lois islamiques sont également savoureuses.
Et pourtant l‘histoire de Persepolis est pas jolie jolie. On apprend énormément de choses, certaines qu’on soupçonnait d’autres qui ne peuvent que choquer nos mentalités de privilégiés de l’Ouest. Le dessin particulièrement raffiné de l’auteur croque de façon ironique et néanmoins subversive les autorités iraniennes qui n’ont pas hésité (mais hésitent-ils encore ?) à opprimer leur peuple pour mieux asseoir leur autorité. La rébellion est contenue, des émeutiers sont tués tandis que sont érigés en martyrs ceux qui sont morts soi-disant pour leur patrie. L’histoire est passionnante, on s’attache terriblement aux personnages, on rit beaucoup et on est souvent ému : c’est que du bonheur.