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L'éclat perdu d'un diamant ...

L'éclat perdu d'un diamant ...

Veröffentlicht am 16, März, 2025 Aktualisiert am 16, März, 2025 Kultur
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L'éclat perdu d'un diamant ...

Depuis hier, je me sens un peu vaseuse. J’ai le cœur au bord des lèvres, la bile au bord des yeux...

Un peu de guingois, ébranlée dans mes certitudes, dans mes constructions, fragilisée par ce documentaire que j’ai regardé l’autre soir et qui me tourne dans la tête jusqu’à l’écœurement : "Salam".


C’était un soir bleu gris, un de ces moments où tu erres légèrement entre besoin d’aller te coucher pour endormir la tonitruance de tes journées et la procrastination nocturne qui t’intime l’ordre de prolonger la soirée, pour ne pas gaspiller les heures, qu’il ne soit pas trop vite demain.


Un de ces soirs, où j'ai juste envie d’un plaid et d’un temps de répit derrière mon petit écran, des minutes cocoon où il n’y a pas besoin de réfléchir, de trop ressentir, de s’imprégner de trop d’émotions. Alors j’ai scrollé, fait dérouler les menus des plateformes de streaming, regardé les titres, les images, attendant le coup de foudre, l’interjection d’une évidence, et je suis tombée nez à nez avec ce visage exhumé d’un autre temps : Diam's. Mélanie. Voilée.


Je me souviens de notre première rencontre musicale. J’étais au lycée, en rupture avec ma famille, parce que trop différente, trop indolente, trop décalée. J’avais choisi de partir dans une filière professionnelle, aux antipodes des aspirations avortées de mes parents : la Restauration.


Interne dans un lycée guérandais, je ne rentrais que les weeks-ends et les vacances et encore pas tous. Je me reconstruisais après la violence, après mes premiers flirts avec la déraison, après qu’on m’ait lâchée du bord d'une falaise abrupte dans les profondeurs glacées d’un océan, mais où j’ai appris à nager.


C’était un lycée entre terre et mer, entre campagne et village, ouvert, respirant sans entrave parmi les rochers et les pins odorants. J’y étais bien, il n’y avait pas de jugement, ou alors je les croquais pour m’en moquer et je mordrais au sang celui ou celle qui s’approchait sans y être invité.


Mélanie, je ne l’ai pas invitée, elle s’est imposée et je l’ai tout de suite aimée.


C’est ma copine de dortoir et de conneries adolescentes, Julie, qui me l’a présentée. D’autorité, elle a enfoncé une oreillette de son casque sous mon brushing lissé et a fait péter le son.

Première claque, une voix féminine aux accents masculinisés, comme si elle se réjouissait en s’excusant paradoxalement de rapper comme les garçons. Une comète, brute de pomme, une de ces filles qui parlent fort, qui assènent chaque syllabe pour les marteler, font du son de bonhomme comme pour cacher une poésie, puissante, écorchée, comme pour la maquiller derrière le vernis de la rue. Diam's, c’était une révélation. La bande-son de mes années Chrysalide, tout simplement.


Et j’ai grandi avec elle. J’ai suivi son parcours, comme une vieille copine avec qui l’on parle de loin en loin, avec toujours autant de plaisir que la dernière fois. Sa voix dans mes oreilles, ses mots qui se mêlaient aux miens, je connaissais toutes ses chansons sur le bout des doigts et des cordes vocales. C’était presque la famille.


Je la trouvais libre, cette étoile filante, je la trouvais belle, cette comète, à elle seule à l’origine d’un tsunami dans le rap de l’époque.


Car oui, Avant l’arrivée de Diam’s, le rap français était un bastion dominé par les voix masculines, une arène où la puissance des mots se mêlait à la rudesse du bitume. A une époque où le genre s’imposait comme une scène culturelle majeure, traversant les frontières de la rue pour toucher un public plus large, IAM entraînait ses auditeurs dans des récits épiques, mêlant racines et réflexions identitaires, tandis que NTM exprimait la rage et l’urgence d’une génération en quête de reconnaissance. Au milieu de ce tumulte urbain, MC Solaar brillait d’une lumière différente, celle d’un poète des mots. Avec son univers kaléïdoscope, il transcendait les codes du rap en mêlant mélancolie, introspection et jeux de mots d’une virtuosité rare. Solaar incarnait une forme de rap littéraire, une poésie urbaine qui touchait autant l’intellect que le cœur.


Et c’est dans cet univers en pleine expansion que Mélanie est apparue, une femme dans un monde d’hommes. Contrairement à Solaar, sa poésie était brute, écorchée. Là où lui caressait, elle martelait ; là où il subtilisait, elle revendiquait. Avec Premier Mandat, elle a posé les bases d’un rap à la fois conscient et vulnérable. Mais c’est avec Brut de Femme (2003) qu’elle a trouvé sa place unique et ouvert la voie à une nouvelle diversité dans les couleurs de la planète musicale.


Elle était plus qu’ une femme qui rappe, et qui rappe bien, c’était une anomalie dans cette galaxie. Elle s’est imposée avec une énergie brute, une voix puissante qui taillait son chemin dans un milieu où les mâles se disputaient la scène. Diam’s, c’était l’irruption d’une voix nouvelle, la preuve qu’on pouvait être écorchée et puissante, introspective et revendicative. Elle s’attaquait à des sujets intimes, comme la solitude, le doute, l’amour et la résilience en acier trempé.

En somme, elle n’a pas simplement fait trembler les fondements de la Planète Rap ; elle en a redessiner chacun des contours, y a redéfini la place de la femme, qui jusqu’alors n’avait qu’un rôle figuratif voire avilissant. Son succès a ouvert des portes à d’autres artistes féminines, mais aussi à une diversité d’expressions et de récits qui manquaient cruellement à l’époque. Avec elle, le rap est devenu un espace où la sensibilité et la force, l’intime et le collectif, pouvaient coexister. Et c’est précisément cette dualité qui a fait d’elle une comète inoubliable, une figure incontournable.


Mais un jour, tout a explosé.


Mélanie, artistiquement au firmament, a choisi de quitter la scène, de ranger ses mots et ses mélodies pour se tourner vers une quête plus intime, plus spirituelle. À l’époque, ma petite sœur de sang s’était convertie à l’islam. Pas un islam apaisé ou ouvert, mais un islam des plus radicaux, des plus durs. Elle ne voulait guère plus me voir, puisqu’à ses yeux j’étais condamnée à l’enfer pour mes péchés. Alors, quand les images de Mélanie sous son jilbab ont fait la une des journaux, le choc m'a percutée comme un uppercut en plein plexus. Ce voile, ce symbole de modestie et de foi, semblait à mes yeux en contradiction totale avec la liberté dont elle drapait tous ses textes. Diam's, qui représentait une voix de rébellion, une incarnation de la force féminine dans un monde d’hommes, apparaissait soudain comme une femme effacée, presque méconnaissable.


Je ne comprenais pas. Je ne comprends pas encore. Pas tout à fait.

Comment cette femme, qui avait incarné pour moi une brute insoumission, une puissance indomptable, avait-elle pu choisir un chemin qui, à mes yeux, semble si différent ? Était-ce une libération pour elle, ou une fuite en avant? Une quête de paix, ou un refuge face au tumulte ? Peut-être cherche-t-elle à convaincre ceux qu’elle a laissés, ou peut-être se convainc-elle elle-même d’avoir trouvé sa vérité.

Quand j’ai croisé son visage, presque méconnaissable mais pourtant intrinsèquement identifiable, j’ai cliqué sur “lecture” avec une certaine appréhension mêlée de curiosité. Qu’allait-elle me dire ? Que s’était-il passé pour elle ? Qu’avait-elle trouvé pour qu’elle décide de quitter la scène, et pour nous laisser, nous, en cœurs orphelins de sa sororité?


Mélanie parlait de paix, de foi retrouvée, mais je voyais, moi, une image qui incarnait à mes yeux une forme de renoncement. Pourtant, le malaise qui persiste en moi ce matin ne réside pas dans son choix personnel – que je respecte profondément – mais dans la responsabilité inhérente à sa position de personnalité publique. Mélanie a été une lumière pour des jeunes en quête de repères. Mais aujourd’hui, je m’interroge sur ce qu’elle transmet à celles et ceux qui l’écoutent encore.


Je ne juge pas les spiritualités, bien au contraire ; je crois en la liberté individuelle et de culte, prône le respect des religions et des cheminements de chacun. En revanche, je m’inquiète lorsque des systèmes de pensée, quel qu’ils soient, sont présentés en réponses absolues. Le pouvoir des figures publiques est immense ; il touche parfois des âmes vulnérables, en quête d’un ancrage ou d’un guide et cette influence, aussi belle soit-elle, appelle à une prudence et à une conscience aiguë.


En regardant "Salam", ces questions se sont imposées à moi, réveillant mes propres limites, mes incompréhensions, et peut-être même certaines de mes blessures. Mélanie confie dans son film avoir reçu, au moment où elle sombrait, un diagnostic de bipolarité et avoir cessé son traitement. Je respecte profondément la volonté de résister aux camisoles chimiques, mais une part de moi se demande si, dans cette quête spirituelle, elle n’avait pas simplement trouvé un refuge face à ses démons, une échappatoire à ce combat intime et solitaire que requiert parfois la liberté d'être soi ?


Je l’espère heureuse et ne prétends pas détenir la vérité. Je ne connais d’elle que ce qu’elle a bien voulu montrer, mais ses traits se confondent avec ceux de ma petite sœur, et mon cœur saigne encore de cette perte, de ce fossé qui s’est creusé entre nous ...

peut-être irrémédiablement.




image réalisée avec Seelab et Canva


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