CHAPITRES II ET III
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 9 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
CHAPITRES II ET III
CHAPITRE II : Où l’on cherche le consensus
Grâce à l’efficacité des différents services, le lendemain du passage de monsieur DUPONT à la mairie, la copie de l’acte de propriété parvient au service courrier, qui au bout de quelques heures, lors du passage de l’agent, retrouve la fiche et agrafe cette pièce à la fiche et à la CNI.
Ne sachant pas quel service est en charge de ce type d’intervention, le service la fait parvenir, grâce à la célérité de l’agent du service du courrier interne, au service des notes internes qui est en charge de la transmission à la commission de gestion des interventions, pour analyse.
Le mercredi de la semaine suivante, jour de réunion hebdomadaire de cette commission, l’ensemble des demandes est apporté par le service des notes internes.
Lors de l’appel des membres de la commission, il apparait que le quorum n’est pas atteint et le Président renvoie tous les dossiers à la prochaine réunion, la semaine suivante.
Il ne manque cependant pas, pour se couvrir, de faire une note au secrétariat général, dès son arrivée dans son bureau, pour que soient convoqués officiellement les membres de la commission, pour la prochaine réunion hebdomadaire.[1]
Le Secrétaire Général, lui adresse immédiatement sa réponse en indiquant qu’il a dicté la convocation et qu’il charge le service courrier de l’envoyer en recommandé.
Copie au service courrier, au cabinet du Maire et au secrétaire général de la commission, absent lors de la réunion.
Le mercredi suivant, le quorum étant atteint, et après les inscriptions au compte-rendu du mécontentement des membres qui n’avaient pas été convoqués à la précédente réunion hebdomadaire, la commission étudie avec grande attention la question de l’attribution de la demande de fixation de plaque.
Il parait évident que le service technique devrait s’en charger.
Mais le délégué des services techniques auprès de la commission soulève avec justesse qu’il s’agit de voirie et que c’est ce dernier service qui se doit d’organiser l’intervention.
Le délégué du service voirie est prêt à intervenir mais sous réserve qu’il dispose des moyens en matériel et en hommes. Dont les engins du service décorations.
Il sollicite le Président pour qu’il puisse demander aux services techniques de se mettre à sa disposition.
Vous comprendrez aisément que le délégué dudit service pousse les hauts-cris et se refuse à accepter une telle décision qui créerait un précédent de subordination entre services.
Le président, en parfait accord avec cette attitude, se refuse lui-aussi à entrer dans ce jeu dangereux et rejette la demande.
Le Président prend avec courage la décision de faire établir une note par le Maire, pour qu’à aucun moment, un service ne soit sous la coupe d’un autre.
C’est à ce moment là qu’intervient l’adjoint au service décoration de Noël.
« Il est hors de question que nous sortions le matériel de levage sans que ce soit l’un de nos agents qui le manipule, et sans que la Police municipale assure la sécurité de circulation. »
Le Président interroge le délégué aux services techniques : « Etes-vous d’accord ? Et pouvez-vous me faire passer un planning d’intervention, en accord avec le service décorations ? »
« Aucun souci de mon côté » lui est-il répondu.
Le service décorations de Noël : « Aucun souci pour nous, si le service technique s’adapte à notre emploi du temps. N’oubliez pas que nous sommes fin juillet et qu’après les vacances, les agents seront submergés pour commencer à organiser l’installation des décorations ! »
Le service « voirie » très énervé, intervient : « C’est bien gentil tout ça mais d’une part la police municipale n’a pas donné son avis et, d’autre part, je ne peux pas demander à mes agents un surcroît de travail, sans contrepartie. »
« Il est indispensable de recruter au moins un agent supplémentaire. »
Le Président, inquiet de voir son pouvoir remis en question, cherche des yeux le délégué de la Police municipale : « Où est le délégué de la police municipale ? ».
« Il est absent excusé. » lui répond-on.
« Monsieur le secrétaire de la réunion, veuillez noter que nous avons abouti à un accord de principe sous réserve de l’accord de la police municipale. Et nous finaliserons cette intervention lors de la réunion de la semaine prochaine. » annonce-t-il, heureux de ce dénouement.
« Monsieur le Président, c’est impossible la semaine prochaine. Je suis en congés. » lui indique le délégué du service courrier.
« N’avez-vous pas désigné un remplaçant ? » lui rétorque le service technique.
Le président intervient avec autorité et espère, indirectement, reprendre la main par l’expression de son autorité, sur l’adjoint au service décorations : « Monsieur le délégué, ce n’est en aucun cas de votre ressort de faire des remarques aux autres services ! Je vous rappelle votre intervention quant à une éventuelle subordination entre services ! »
Il remarque avec satisfaction que la chevelure permanentée du « mannequin », qui a parfaitement le physique guirlandesque de son poste d’adjoint à la décoration, montre les signes d’énervement du personnage …
Ce dernier a du mal à cacher sa colère de s’être fait brûler la politesse d’une belle remarque cinglante, par le président.
L’adjoint en charge du service décorations lorgne, en effet et depuis des mois, sur le poste de président de la commission d’interventions.
C’est, donc, un personnage apprêté, dont la chevelure blonde mi-longue, ondule autant grâce aux mouvements de tête élégants, très étudiés, qu’à la compétence très bien rémunérée de son coiffeur.
Il faut reconnaitre, se dit le Président, qu’il porte beau et que son coiffeur visagiste connait bien son métier. Les mèches encadrent un visage masculin, discrètement maquillé, posé sur un corps taillé en salle de musculation, dont la poitrine épilée apparait grâce à la chemise ouverte...
Cette qualité de travail tant du visagiste que de la salle de sports et de son artisan-chemisier, lui a permis d’en obtenir la prise en charge financière par les frais de représentation de la Mairie.
Mais ce ne sera pas aujourd’hui qu’il marquera des points en lorgnant sur les indemnités de Président.
Le Président se tourne, avec un léger sourire vers le délégué du service courrier :
« Quant à vous, monsieur le délégué au courrier, je vous saurais gré de m’indiquer si nous ne recevrons plus de courrier pendant votre absence ? »
« Je vous remercie, monsieur le Président de noter que je ne suis pas délégué au courrier mais du « service courrier ». Je suis responsable de la désignation des agents accrédités.
J’ai fait une note à ce sujet l’année dernière au retour de congés, pour réclamer des agents supplémentaires. »
« Nous ne sommes que 2 cadres et mon second est absent pour congés. »
« Et vous ne pouvez pas décaler vos vacances entre vous ! »
« Un repos indispensable, monsieur le Président, pas des vacances ! Quant à décaler je vous rappelle que c’est mon épouse ! ».
« Alors, donnez l’accréditation à un autre agent. On ne peut rester sans courrier pendant 4 semaines ! »
« Mais monsieur le président, outre que l’on ne peut donner cette responsabilité à un agent, mais seulement à un cadre, je vous rappelle qu’il faut une réunion plénière des commissions municipales, en présence du Maire et du délégué de la Préfecture, pour valider une demande d’accréditation, après le recrutement d’un cadre supplémentaire.
Lorsque la Préfecture recevra l’arrêté, elle désignera les membres de la commission d’enquête et, dans le cas probable d’enquête favorable, demandera au Juge de faire prêter serment. »
« De plus, monsieur le Président, les cadres accrédités bénéficient d’une prime de risque et de repos compensateurs, que la commission budgétaire doit valider. »
Il n’ose, cependant, rappeler que cette absence de courrier pendant 4 semaines, l’été précédent, n’avait pas entrainé de question… Cela risquerait de mettre en doute l’utilité de son service.
Un murmure bruyant se fait entendre dans la salle. Nombre de noms d’oiseaux s’élèvent…
Le Président exige immédiatement le silence, et prend un temps de réflexion. « Monsieur le secrétaire, veuillez noter sur l’agenda des réunions de septembre de fixer une date pour aborder la question des accréditations. »
« Mais monsieur le Président, outre que le planning n’est pas de ma responsabilité, je ne peux assumer seul la charge de travail de ces réunions ».
« Mes agents sont à bout ! Cela fait au moins un mois qu’ils n’ont pas pris leur jeudi AM ! Et j’ai même dû venir un vendredi matin !»
De nouveau un murmure dans la salle mais d’acquiescement cette fois-ci.
Nombreux, sinon tous les délégués, font état de la surcharge mentale excessive de leurs agents. Les adjoints et chargés de mission ne peuvent que soutenir leurs délégués.
Tous savent que les débats de la commission sont immédiatement rapportés aux syndicats !
Certains soutiennent qu’il s’agit d’exploitation et qu’il faut mettre en place un service psychologique de soutien, pour soigner les agents en burn-out ou soutenir les autres.
Le secrétaire explose devant le nombre de réclamations à transcrire et fait jouer son droit de retrait pour quitter la réunion. Il est déjà 11 heures et un seul dossier a été abordé !
Le Président lève la session et renvoie l’ensemble des dossiers à septembre.
[1] Si elle est hebdomadaire, il n’en demeure pas moins que le planning peut être modifié en fonction du rattrapage des arrêts maladie, des vacances et des RTT. D’où l’importance des convocations ?
CHAPITRE III : Où il apparait qu’il est l’arrière-petit-fils de Louis
Monsieur Dupont est un homme de belle taille, sans doute de plus d’un mètre 80, dont la démarche garde le souvenir de sa puissance passée qui transpire encore dans ses mains fines et fortes comme celles d’un chirurgien.
Il tente par un costume de camoufler un léger embonpoint inhérent à son âge.
Cette tenue stricte de couleur monotone et d’une certaine tristesse, le rendent presque invisible.
Cela lui permet de s’absorber dans la contemplation de son univers, ou plutôt de sa petite bulle.
Il est un des descendants d’une vieille famille de la commune.
Il n’en fait pas particulièrement état, sans doute par humilité, tant naturelle que liée à sa situation de chômage.
Il avait appris par son père qu’un conflit avait opposé son arrière-grand-père à son grand-père, au point d’entrainer le départ de ce dernier.
Ainsi son grand-père n’avait pas repris l’activité de boucher-maquignon et s’était orienté vers la carrière militaire, après avoir vécu, semble-t-il, une expérience de maquis, alors qu’il était encore adolescent, à la fin de la guerre.
Ils s’étaient réconciliés, malgré tout, quelques années avant le décès précoce de Louis, l’arrière-grand-père.
Et son grand-père avait toujours refusé de lui parler du sujet, tout en laissant entendre qu’il fallait, dans la vie, conserver la plus grande humilité sur les choses que l’on croit connaitre.
Même s’il ne sut jamais la raison profonde de ce conflit, il en avait conçu un doute sur l’attitude de son grand-père et, suite aux allusions du reste de la famille, il pensait que Louis n’avait pas voulu mêler son fils à son implication dans la résistance.
Il aurait nourri avec constance le maquis local, après avoir recueilli plusieurs aviateurs anglais et un pilote français, qui était né dans la région.
Et son inquiétude paternelle l’aurait rendu particulièrement « autoritaire » à l’égard de son fils au moment où ce dernier se serait engagé dans ses premières actions de résistance.
Mais pour un père, lui-même impliqué, comment lutter, contre la volonté, l’inconscience et la témérité d’un adolescent, en 1943, dans une telle période trouble du combat, de si peu, pour la liberté de tous.
Le père de monsieur Dupont vivait, depuis quelques années, en maison de retraite médicalisée, du fait de sa perte d’autonomie et les visites devenaient chaque jour plus désespérantes, de voir un homme d’une telle qualité perdre ses repères et capacité intellectuels.
Cependant, lors de l’un des derniers passages, son père lui avait donné l’impression d’un secret qu’il voulait lui transmettre mais dont les termes lui échappaient.
Pourquoi avait-il autant insisté sur un papier chez un notaire ?
Après avoir téléphoné à toutes les études locales, et envoyé les courriers et mails exigés, il n’avait pas avancé d’un pouce et craignait de ne jamais découvrir le fin mot de l’histoire.
Il s’était donc décidé à en parler à sa sœur, qui lui avait acheté, lors de la perte de son emploi, à vil prix, sa part de l’ancienne demeure familiale, pour pouvoir la convaincre de le laisser effectuer toutes recherches utiles dans les lieux et les archives.
L’histoire de la famille DUPONT est source d’importance dans le déroulement de la vie municipale et ses archives sont certainement plus complètes et surtout plus représentatives de cette vie, que celles des journaux locaux.
Sa sœur avait fini par accepter sous la réserve expresse, conseillée par son mari, d’un partage inégalitaire deux tiers / un tiers des découvertes éventuelles.
Depuis quelques mois, maintenant, il se rendait régulièrement sur place, pour sonder les murs, lire les documents qui s’étaient accumulés par milliers au gré des multiples générations y ayant vécu, et respirer l’ambiance de la maison en cherchant à y déceler l’odeur du secret.
Il retrouvait avec un certain plaisir, et beaucoup de nostalgie, nombre de souvenirs d’enfance dans cette immense bâtisse, sur 4 niveaux, dont un sous-sol et un grenier couvrant la totalité, à la surface initiale de plus de 400 m² au sol, qui avait été divisée au cours des années, en de multiples pièces, couloirs et accès divers.
Il sentait remonter ses impressions d’enfant d’appréhension devant certains lieux tant parce que certains lui étaient interdits que par une certaine crainte de pénétrer dans des pièces isolées par leurs secrètes dispositions.
Il lui semblait, alors, que seuls les adultes pouvaient comprendre la raison de ces labyrinthes.
Lors d’une belle journée, pendant cette période de recherche, il avait profité de la cour arrière, en s’installant près du puits, dont l’approche était, à l’époque, si férocement interdite par la bonne, aux enfants qu’ils étaient.
Sa perte d’emploi et les conséquences financières lui en devinrent presque insupportables, et dramatiquement douloureuses.
Une forme de haine contre sa sœur, et son mari, explosa, ce jour-là, au point de laisser choir un caillou dans le puits pour en estimer la profondeur !
Pour le reste, il avait, les faits s’étant déroulés dans la période de la guerre et de la résistance, commencé ses recherches par les sous-sols, pensant qu’il pouvait y avoir une cache sinon un souterrain.
L’une des pièces, en particulier, qui avait servi de lieu d’hébergement des aviateurs, avait fait l’objet de toutes ses attentions et chaque pierre avait été testée, hormis la partie de stockage des vins collectionnés par le mari de sa sœur.
En effet, ce personnage avait construit, ou plutôt fait construire, des casiers en pierre et bois directement scellés dans le mur.
Monsieur Dupont regrettait d’autant plus cet obstacle que ce mur était orienté vers la falaise du « suicidé », dont la hauteur et les grottes avaient été utilisées par la résistance avant qu’elle ne soit écrasée militairement sur le plateau.
La deuxième phase de ses recherches portait encore sur les documents entassés dans les combles et grenier.
Il avait commencé par les cartons, d’utilisation plus moderne, plutôt que par les malles anciennes, en espérant que c’était son père qui y avait archivé les documents importants.
L’un de ces cartons, camouflé par les dizaines d’autres, après les multiples heures de lecture déjà passées sur ceux qu’il avait ouverts, lui apparut être un peu différent.
Intuitivement, il sentait que ce carton était celui du secret.
Comme il ne souhaitait pas faire état, devant son beau-frère, d’une découverte éventuellement gênante pour la famille, il profita de sa solitude dans la maison pour le charger dans sa voiture et le ramener chez lui.
Malgré les tensions entre lui et sa sœur, il l’en informa en lui faisant promettre de n’en parler à personne. Absolument à personne.
Il n’avait pas vu que son beau-frère avait arrêté son véhicule à quelque distance, en le voyant charger le carton…
[1] Si elle est hebdomadaire, il n’en demeure pas moins que le planning peut être modifié en fonction du rattrapage des arrêts maladie, des vacances et des RTT. D’où l’importance des convocations ?