

Chapitre 1 : Poema, perle des mers profondes
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Chapitre 1 : Poema, perle des mers profondes
[Attention : présence de scène violentes, scènes d'amour (pas trop explicites), mentions de vi*l et su*cide]
Perdue au cœur de la forêt, Poema courait à en perdre haleine. Elle cherchait la mer. La pleine lune l’aidait en éclairant les alentours de sa lumière blanchâtre.
La jeune fille ne faisait pas attention aux branches qui la blessaient à son passage, ni aux roches qui éraflaient ses pieds, ni au vent qui fouettait son visage. Une seule chose l’importait : s’enfuir loin, très loin de ces terres qui lui avaient fait tant de mal, et surtout, lui échapper.
Le parfum de sel la guidait, elle savait où se trouvait la mer qu’elle aimait tant. Même si les eaux de sa maison natale l’attendaient à l’autre bout du monde, elle les retrouverait, toujours.
Elle sentit ses jambes se fatiguer de plus en plus : elles étaient encore toutes nouvelles pour Poema et elle peinait à avancer rapidement. Sa queue de sirène lui manquait. Ou pas. Mais elle ne pouvait abandonner : elle était si proche du but ! Elle se força à ralentir, dans l’espoir de garder des forces.
Soudain, elle entendit des bruits de pas qui se rapprochaient d’elle. Une personne courait dans sa direction.
- Poema ! Je sais que tu es là, je t’en prie, reviens !
C’était lui. Cette voix brisée, déchirée… La sirène hésita, elle l’aurait rejoint si elle n’avait pas vu la mer qui brillait à travers les branches d’un arbre mort. "Enfin !" pensa-t-elle.
Une fine pluie commença alors à tomber, lui redonnant de l’énergie.
- J’y suis presque ! chuchota Poema en écartant les feuilles qui lui barraient la route.
Cependant, à peine eut-elle le temps de toucher le doux sable blanc de ses pieds qu’elle croisa le regard de l’homme qui la poursuivait. Elle n’avait pas remarqué que celui-ci l’avait rattrapée. Pétrifiée, elle le regarda en silence, n’arrivant pas à se décider. Il l’attirait mais elle devait le repousser, pour son propre bien. Était-il sa faiblesse ou sa force ? Plus elle observait ses yeux noirs et plus elle voulait rester. Il était si beau mais… Qu’est-ce qui inondait ainsi son visage ? S’agissait-il de gouttes de pluie ou de larmes ? Et cette expression de douleur ? Poema se détourna vivement de lui. Elle ne voulait pas le voir si triste.
- Pourquoi… Pourquoi es-tu partie…? As-tu oublié que tu étais blessée ?
Il prit avec douceur la main de la sirène.
- Rentrons. Tu dois être fatiguée.
Il la prit dans ses bras, sans oser la regarder à nouveau. Elle le laissa faire, déjà attendrie.
- Tu n’es pas énervé contre moi…? s’étonna Poema.
- Je sais que tu souffres par ma faute… J’ai voulu te laisser partir, crois-moi, mais je n’y arrive pas… Je me moque de tous ceux qui sont contre toi… Je…
- Mais… Tu sais bien que je dois rejoindre la mer… Je ne peux pas rester ici…
Elle prit le visage de l’homme entre ses mains et écarta les mèches noires qui cachaient ses yeux. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à quel point il était beau…
- Si tu ne peux pas me suivre, alors c’est moi qui te suivrai, dit-il avec détermination.
- Qu-Quoi ? Mais… Tu es prince, ton royaume a besoin de toi !
- Je m’en moque, je suis prêt à tout abandonner pour toi. C’est ce que tu as fait quand tu as quitté la mer, mais mon monde t’a rejetée… Je les déteste tous. Je ne suis pas une bonne personne, je pourrais tuer rien que pour toi… Alors ne te sens pas obligée de rester avec moi, ça me suffira de te suivre et de te protéger de loin.
- Si j’ai quitté ton royaume, c’était surtout pour qu’il ne t’arrive rien par ma faute… Alors si tu as choisi de me suivre, viens. Je… Je ne pourrai pas vivre sans penser à toi… Tu m’as acceptée même quand tu as découvert que j’étais une créature marine… J’ai fait comme si tout allait bien, mais c’est complètement faux, je…
Poema ne termina pas sa phrase et se mit à pleurer.
Le jeune homme déposa un baiser sur la joue de la sirène et sécha ses larmes. Il la serra contre lui et caressa ses longs cheveux, aussi sombres que les siens… À l’exception des yeux de Poema, qui étaient d’un bleu aussi profond que la mer, ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau.
- Désormais, je n’ai plus de prénom et je ne suis plus un prince.
- Qu’est-ce que…
- C’est ma décision. Tu n’y es pour rien, cela fait longtemps que je me sens à l’écart de mon propre peuple. Donne-moi un prénom, je ne veux plus entendre parler de ce royaume sans cœur.
- Alors, que dis-tu de "Blake" ?
- On dirait un prénom de marin… J’aime beaucoup ! Maintenant, dépêchons-nous de rejoindre la mer, je suis sûr que les gardes sont déjà partis à ma recherche… Comment as-tu fait pour avoir des jambes ?
- La magie fait partie intégrante de la vie dans mon royaume…
- Est-ce que cela signifie que je pourrais respirer sous l’eau ?
- Oui. Essayons !
Blake la reposa par terre puis enleva ses chaussures. Poema n’en avait pas car elle n’arrivait pas à s’y habituer et préférait marcher pieds nus. Ils s’approchèrent de l’eau jusqu’à ce que les vagues les effleurent.
- Prends ma main, lui dit la sirène.
Il lui sourit et s’exécuta.
Ensemble, ils entrèrent dans l’eau glacée. La pluie avait cessé mais le vent rugissait de plus belle. Blake enlaça Poema afin que la tempête qui se préparait ne les sépare pas.
Cependant, malgré tous les efforts de la sirène, rien ne se passait.
- Pourquoi ça ne marche pas ?! Non seulement je ne me retransforme pas, mais en plus, je ne parviens pas à utiliser ma magie pour te permettre de respirer sous l’eau !
- Comment ça ?!
- Je… Ne me dites pas que mon peuple aussi ne m’accepte plus…? Est-ce parce qu’ils considèrent mon départ comme une trahison ? Je… Je n’ai nulle part où aller, maintenant… Il vaut mieux que tu partes, ton royaume sera heureux de te retrouver, car si tu restes avec moi, tu… sanglota la sirène.
- Je refuse de te quitter, je te l’ai déjà dit. Peu importe ce qui arrive, je serai toujours avec toi. Suis-moi, je pense savoir où nous pouvons aller.
Il s’efforçait de ne pas le montrer, mais son cœur saignait pour sa bien-aimée, rejetée de tous.
- Je te promets qu’ils le regretteront. S’ils pensent que nous allons abandonner, ils se trompent lourdement. Si nous sommes rejetés par la mer et par la terre, il ne nous reste qu’une seule solution : vivre entre les deux. Je ne suis plus prince, tu n’es plus sirène, nous pouvons donc être nous-mêmes. Moi, j’ai toujours voulu être plus proche de la mer, ne plus être enfermé dans mon palais, toi, tu as toujours voulu découvrir le monde et non rester cachée dans les profondeurs des océans. Es-tu d’accord pour me suivre ? Je vais te prouver que nous pouvons être heureux sans eux.
- Oui, je te suivrai où que tu ailles.
- Parfait.
Il l’aida à sortir de l’eau, plus sombre que la nuit, et jeta leurs vestes trempées afin de ne pas prendre froid.
- Quand les gardes trouveront ma veste sur la plage, ils penseront que tu m’as enlevée, ricana l’ancien prince.
Blake s’arrêta un instant et fixa Poema dans les yeux.
- Ne t’inquiète pas, je te fais confiance, lui dit-elle.
- Serre-toi contre moi, je ne veux pas que tu tombes malade…
- Une sirène ne tombe jamais malade.
- Tu es humaine désormais, je ne veux pas qu’il t’arrive malheur, après tout, tu n’as plus tes pouvoirs…
Il l’entoura de ses bras avant qu’elle ne puisse protester et rougit. Elle était si belle, même dans sa fine robe blanche abîmée… Il aurait bien défait le nœud sur la poitrine de… "Mais à quoi est-ce que je pense ?! Je crois que je commence à devenir fou, à moins que je ne le suis déjà…" se reprit-il.
- Allons au port, je t’expliquerai. Tes jambes doivent être douloureuses, je vais te porter.
- Ce n’est pas la peine !
Mais comme à son habitude, Blake ne l’écouta pas et la prit dans ses bras. "Si elle pense que c’est trop éprouvant pour moi, elle se trompe… Au contraire, ça me donne de la force… Être ainsi près d’elle vaut tous les efforts du monde, ça me permet de ne pas abandonner, de me battre pour elle, pour moi, pour nous." pensa-t-il.
- Nous avons pourtant tout perdu ! Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ? lui demanda-t-elle.
- Toi. Je n’ai pas perdu le plus important, et puis, notre vraie vie ne fait que commencer !

