Mercredi 16 juin 1982 : Exam de mécanique des solides en cette chaude après-midi. Ça ne s’est pas trop bien passé, alors que c’est une discipline pour laquelle je ne suis pas trop mauvais habituellement. Fin d’après-midi triste. Aucun de mes potes n’est sur Lyon. Je m’étais dit la veille que j’irais peut-être du côté de Gerland : concert des Rolling Stones.

Finalement, pas le goût. Je me rappelle même d’être allé bouffer une daube dans un fast food rue de la République : c’est dire la déchéance…

                                                                          Stade de Lyon Gerland – 16 juin 1982

Printemps 1998 : Coup de fil de mon pote Michel : ”Jojo, concert des Stones le 5 juin à Eurexpo. J’ai une proposition des organisateurs : on régule le parking et ensuite on peut voir le concert gratos. ”

“Dakodak”, que je lui dis !

Quelques jours avant, ce crétin de Keith Richards se casse la gueule chez lui (officiellement, il est tombé d’un escabeau en allant chercher un bouquin dans sa bibliothèque - https://www.nme.com/news/music/the-rolling-stones-577-1390914).

Bon, ben c’est râpé pour le combo parking + concert.

Mardi 19 juillet 2022, 18h16 : Je rentre de la boulangerie, une baguette dans une main, la laisse de Siam dans l’autre. Bzzz du téléphone : c’est Jules : « Papa j’ai deux billets pour le concert des Stones. Un copain les a sur les bras et aimerait s’en débarrasser. Je vous les offre si ça vous dit ».

« OK rétorqué-je. Je vois avec Maman (qui est à L’Arbresle) et je te dis quoi ».

Avec Carole, on a mis moins d’une demi-seconde pour établir une cellule de crise : on se donne rendez-vous à Meyzieu d’où on prendra le tram pour le stade. 

À 20h15, on est dans le stade qui finit de se remplir au son du groupe qui assure la première partie.

À 21h20, les écrans s’illuminent pour un hommage à Charlie Watts sous forme d’un diaporama : une foule plus qu’émue.

Puis le ton est donné avec « Street fighting man » (1968) chanson de mauvais garçon :

Je retiens surtout de ces deux heures :

-Un Mick Jagger qui tient à bout de bras 50 000 spectateurs et qui nous fait réaliser que la scène sera sa vie jusqu’à sa mort.

- Ron Wood qui prend toute la place que lui laisse Keith Richards, avec quelle simplicité et quel brio !

- Keith Richards qui chante « You got the silver » à la manière de Bob Dylan : hommage à peine masqué…

- Les gens qui lançaient des "Woo Woo" (Sympathy for the devil) alors qu'on était dans le tram qui nous ramenait au parking...

Il s’est passé bien d’autres choses en quarante ans, mais la soirée d’hier est gravée dans mes entrailles.

Un grand merci Jules ! La générosité est un des traits de caractère que tu as hérités de ta mère.

Sérézin, le 20 juillet 2022