Joyeuses Pâques !
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Joyeuses Pâques !
Vendredi, 19h30. Mes meilleurs copains du Monde viennent dîner ce soir. Chouette !
En attendant et pour patienter, je vais m’écouter un petit quelque chose. Je farfouille donc dans ma CD-thèque : en clair je pars en apnée dans le tas de CD de droite. Si je ne trouve rien, ce sera une plongée dans le tas de gauche. Je refais surface, exhibant fièrement devant le regard incrédule et désabusé de mon chat Whisky qui attaque aussitôt la dix-septième heure de son activité favorite - la sieste, un opus que je n’avais pas écouté depuis plusieurs années : « Easter » de « Patti Smith Group ». Une fois la galette avalée par le mange disque, je me sens empreint d’une grande fierté pour ce qui concerne mon sens de l’à propos : On est le vendredi saint, et j’écoute « Easter » (qui signifie « Pâques » dans la langue de Shakespeare »). En fait, je ne l’ai pas fait exprès et je me refuse à admettre que c’est un signe du Ciel visant à ramener dans le troupeau des fidèles la brebis égarée que je suis.
En parlant de brebis, revenons à nos moutons.
Dès le premier riff du premier morceau, le bas de mon dos est pris de ce frisson caractéristique résultant d’un cheminement sans doute assez complexe prenant son origine au niveau de mes tympans excités par une vibration musicale qui va ensuite solliciter les parties de mon cerveau les plus réceptives à la musique, créant un influx oscillatoire entrant en résonance avec les éléments de mon anatomie dont la fréquence caractéristique correspond à la dite vibration. Je ne sais pas si cette représentation pseudo scientifique est exacte, mais ce type de frisson, c’est vachement agréable.
« Easter » est un album où il n’y a rien à jeter, comme par exemple le premier album de Franz Ferdinand. On peut aussi comparer avec un album de Francis Lalanne où là il y a tout à jeter.
On est au milieu des années 70. Les États-Unis étaient les premiers sur la Lune en 69, mais ils se sont fait doubler par les anglais pour la conquête de la planète Rock’n Roll : le vaisseau USS Presley est parti trop tôt. HMS Rolling Stones et Beatles étaient en embuscade et ont raflé la mise. La côte Ouest a contre attaqué avec les Doors et les Beach Boys, New-York a réagi avec le Velvet Underground, puis Patti Smith et en important Iggy Pop et Alice Cooper de Detroit City.
« Easter » est un concentré de rock’n roll, troisième album de P. Smith après l’excellent début « Horses » et « Radio Ethiopia ».
On trouve dans « Easter » avec des morceaux très frappés comme « till victory » qui ouvre le bal, d’autres plus tournés vers le folk comme « ghost dance ». Patti Smith nous emmène dans les bouges enfumés de Manhattan avec la suite « Babelogue » / « Rock’ roll nigger » : deux morceaux totalement indissociables où elle nous fait partager sa transe sur fond de stratocaster en feu et d’une batterie ayant copulé avec un marteau piqueur. Le tout en alternant harangues complétement égosillées et litanies éthérées.
Babelogue commence comme ça :
I don’t fuck much with the past
But I fuck plenty with the future
R’n R nigger commence comme ça :
Baby was a black sheep, baby was a whore
Baby got big and baby get bigger
Baby get something, baby get more
Baby, baby, baby was a rock n' roll nigger
On sait de qui elle parle à la fin de la chanson :
Jimi Hendrix was a nigger
Jesus Christ and grandma, too
Jackson Pollock was a nigger
Pour conclure par :
Outside of society, they're waitin' for me
Outside of society, if you're looking
That's where you'll find me
Bon, faut dire qu’à cette époque, Madame Smith ne devait pas tourner qu’à l’infusion des îles…
Et puis, c’est dans « Easter » que l’on trouve cette chanson que Bruce « The Boss » Springsteen avait donnée à P. Smith. Elle en a écrit les paroles. C’est une chanson magnifique qui a rendu P. Smith célèbre. Quelques vers inoubliables :
They can't hurt you now,
Because the night belongs to lovers
Because the night belongs to lust
Le tout sur une inspiration musicale époustouflante qui me rappelle un soir de 1980 à Lyon où Springsteen et son E-Street band – sur cette chanson - firent traverser le toit du palais des sports aux 12000 personnes venues les voir et les écouter…
Babelogue & Rock’n roll nigger : on peut trouver là :
https://www.youtube.com/watch?v=G8SoVfTVLrk
Because the night, l’originale :
https://www.youtube.com/watch?v=VF6F0kBGYiY
Superbe version en public du Boss accompagné de Michael Stipe de REM :
https://www.youtube.com/watch?v=YujxTNC6VXM
Avec l’apparition de l’immense et regretté Clarence Clemons au saxo.
Un conseil : achetez-vous la galette (il y a une vie en dehors de Youtube) et faites-vous plaisir de temps en temps à l’écouter…
Bien à vous.
PS 1 : N’oublions pas que cet album est joué par le « Patti Smith Group » : elle était en effet accompagnée par de sacré bons musiciens.
PS 2 : Avec tous les animaux que j’ai cités (chat, brebis, moutons, chevaux, vachement), je pense que la prochaine fois que j’écouterai « Animals » de Pink Floyd, je vais écrire quelque chose de chouette (et un de plus !!!).