La Nuit de la Madeleine-Garou 🌕
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La Nuit de la Madeleine-Garou 🌕
Une légende contemporaine pour "plumes, contes et légendes" #2024PEUR
Vous aimez la brume ? Et les nuits de pleine lune ? Vous aimerez peut-être moins tout à l’heure.
Au cours de ces nuits qui excitent l’imagination de l’homme depuis fort longtemps, vous pouvez être témoins d’évènements perturbants. Surtout quand vous allez à l’encontre des consignes sur certains emballages.
Mais commençons notre histoire par une belle journée ensoleillée d’octobre. L’été indien s’y fait particulièrement chaud et radieux après un mois de septembre tout tristounet et maussade. 26°C en plein mois d’octobre, c’est même assez exceptionnel. C’est parfait pour prendre le café sur la terrasse avec quelques douceurs au beurre. Les madeleines apportent une paix de l’âme comme aucune autre pâtisserie au monde.
— J’aime bien ta boîte. Elle est originale.
— Merci. C’est un cadeau.
— Pourquoi “Ne pas tremper dans le lait les soirs de pleine lune” ?
— Pardon ?
— L’inscription à l’intérieur du couvercle.
— Ah. Oui. Elle est amusante !
Faites de sapin des Vosges ou de de hêtre, les boîtes à madeleines qu’on vendait sur les quais de la gare de Commercy aux temps de Napoléon III et de Bismarck sont tout un symbole. Mais sur celle-ci, point de cloche ou d’images d’Epinal. En plus, c’est une boîte en fer, toute en couleurs vives et en reliefs illustratifs. Des scènes en relief que chaque observateur interprète à sa manière.
Mais nous serons certainement d’accord pour dire que son détail le moins banal demeure en cette inscription, amusante ou inquiétante. C’est selon qu’elle vous évoque ou non un mauvais rêve.
Il se raconte beaucoup de choses à propos des soirs de pleine lune. L’astre qui veille silencieusement sur la nuit a éveillé l’imaginaire des hommes - et peut-être celui des bêtes - qu’elle que soit l’époque. Comment ? Je l’ai déjà dit ? Ha, bon !
Je disais donc qu’il se raconte beaucoup de choses à propos des soirs de pleine lune. L’une des légendes qui vous vient peut-être le plus facilement à l’esprit, popularisée par le cinéma et la littérature est celle du loup-garou. Mais il sera question ici d’un tout autre phénomène, bien qu’il offre quelques similitudes.
Ai-je piqué votre curiosité ?
Nous avons au moins un témoin oculaire. Monsieur Sciorto (1), délégué à la collecte des déchets de l’unité urbaine, revenait du bingo tenu par sa loge en ce soir de pleine lune particulier. En apercevant une monstrueuse créature traversant la route, il perdit le contrôle de sa puissante berline allemande. Une voiture fraîchement financée par le traditionnel pot-de-vin d’attribution du marché, remporté par une entreprise en redressement judiciaire. Une voiture qu’il ne maîtrisait absolument pas.
Monsieur Sciorto n’avait jamais connu une telle frayeur jusqu’à ce soir-là. Et pourtant, le petit homme bedonnant est facilement sujet aux accès de terreur. C’était déjà un enfant craintif et le courage ne faisait pas partie des cadeaux Bonux. Même son imposante femme a le dessus sur lui. N’eut été un protecteur pour le pistonner dans l’administration et dans la confrérie, l’occasion de mettre un véhicule coûteux dans le fossé ne lui aurait jamais été donnée.
Le personnel chargé de le secourir et de recueillir son témoignage a d’abord cru a des propos décousus sous l’effet de la drogue. Mais il n’en était rien. Au contraire, ses propos décousus coïncidaient avec une série d’incidents dans le voisinage de l’accident. Domiciles et frigos fracturés. Briques cartonnées éventrées et bouteilles de lait vidées de leur contenu. Certaines victimes disaient avoir aperçu un “individu massif” s’enfuir par les jardins après son forfait. Pleine lune aidant, on évoqua même un loup-garou. Mais j’imagine mal un loup-garou vandaliser un frigo pour trouver du lait. Ou alors, quelque chose m’échappe. En outre, le coupable laissait des traces de pas grasses et des miettes qu’un jeune enquêteur téméraire identifia comme étant des miettes de madeleine. Ne demandez pas comment il l’a su.
Vous pensez à la même-chose que moi ? Est-il possible que nous ayons affaire à une madeleine-garou ? Est-il possible qu’un plaisantin ait trempé une madeleine, ou plusieurs, dans du lait un soir de pleine lune ?
A la lueur de ce que nous avons appris plus haut, cela semble plausible. Et comme son homologue loup est assoiffé de sang, la madeleine-garou est assoiffée… de lait ! Mais j’espère sincèrement qu’il n’en a pas trempé plusieurs pour faire la famille avec le papa, la maman, et les enfants. Même si cela pourrait faire une comptine amusante.
Oh oui… une comptine !
Vous connaissez l’air de “La Famille Tortue” ?
La Ritournelle des Madeleines-Garou
J’aimais on a vu, jamais on ne verra
La famille Madeleine dans un cabriolet
Le papa Madeleine et la maman Madeleine
Et les bébés Madeleine
Toujours boiront du lait
J’aimais on a vu, jamais on ne verra
La famille Madeleine boire du Beaujolais
Le papa Madeleine et la maman Madeleine
Et les bébés Madeleine
Toujours boiront du lait
J’aimais on a vu, jamais on ne verra
La famille Madeleine manger du poulet
Le papa Madeleine et la maman Madeleine
Et les bébés Madeleine
Toujours boiront du lait
J’aimais on a vu, jamais on ne verra
La famille Madeleine lire du Rabelais
Le papa Madeleine et la maman Madeleine
Et les bébés Madeleine
Toujours boiront du lait
J’aimais on a vu, jamais on ne verra
La famille Madeleine monter sur un mulet
Le papa Madeleine et la maman Madeleine
Et les bébés Madeleine
Toujours boiront du lait
Ces chansonnettes sont toujours follement amusantes, n’est-ce pas ? Mais vous imaginez le chaos engendré par toute une famille de madeleines monstrueuses ? Laissons Michel nous parler de ce dont est déjà capable une seule d’entre elles. Il était aux premières loges.
Journal de Michel
Journal de Michel - 17 octobre 2024 - soir de pleine lune
“Ne pas tremper dans le lait les soirs de pleine lune”
Je pensais vraiment que c’était un bon mot comme ceux de Pierre Dac ou de Pierre Desproges. Comment pouvais-je imaginer un instant qu’il s’agissait-là d’un avertissement tout ce qu’il y a de plus sérieux. Non mais sérieux, quoi !
Pour remettre un peu l’évènement dans le contexte, j’étais chez Pierre. Non, pas un de ces deux-là. L’autre Pierre. Enfin, le mien. Pas vraiment, le mien, mais un copain. Un camarade. Il a sorti ses madeleines pour accompagner le café. Madeleines qu’il conserve dans une jolie boîte dont la face interne du couverte porte la mention “Ne pas tremper dans le lait les soirs de pleine lune.” Vous pensez bien que je ne pouvais pas résister.
J’ai donc emporté une ou deux de ces madeleines chez moi pour tenter le coup vu qu’on était en plein dedans. J’ai attendu que la nuit tombe. Heureusement, je n’ai trempé qu’une seule madeleine dans le lait. Au début, il ne se passait rien de spécial. Mais plus tard dans la nuit, j’ai été alerté par un effroyable vacarme.
Et c’est dans une cuisine dévastée que je me suis trouvé nez à nez avec une… une créature… une madeleine de deux mètres de haut, sinon plus. Deux bras, deux jambes, deux yeux furieux, une grande bouche pleine de dents.
La porte du frigo avait été arrachée par cette chose attirée par ce qu’il me restait de lait.
Je n’ai aucun doute sur le fait que ma madeleine s’est transformée sous l’action conjuguée du lait et de la pleine lune.
Elle m’a bousculé pour s’enfuir et visiter les maisons des voisins à la recherche de lait. À en juger par le raffut, la madeleine-garou a besoin de grandes quantités. Je crois qu’elle se dirige vers la ferme de l’Albert et de l’Huguette.
En entendant une publicité pour le Thé Rible, je prends conscience que la radio est allumée. Et j’ai une pensée émue pour Marcel Proust, aussitôt interrompue par un flash spécial indiquant qu’une créature monstrueuse a été aperçue dans les environs. Le présentateur nous invite à rester à l’abri et à fermer portes et fenêtres. Quelle ironie !
Dans la foulé, mon téléphone s’affole émettant le signal strident du système d’alerte à la population. Un autre lui fait échos juste derrière moi ! Je me retrouve face à la lumière aveuglante d’une lampe torche.
— Ça va ? Vous n’êtes pas blessé, demande alors mon voisin un peu bizarre du 13 ?
— Ça va Schüefli ! Vous m’avez flanqué la frousse !
Notes en bas de page et Crédits illsutrations :
(1) En ligure, “sciorto” signifie “musaraigne”.
Illustrations de monstres générées sous Microsoft Copilot et Seelab.
Illustration de couverture réalisée sous Affinity Photo 2 et Adobe Express. Tous droits réservés.
Affiches réalisées sous Adobe Express. Polices sous licences Adobe Fonts. Tous droits réservés.