Chapitre 1 : Marbella McKenzie – L'éclosion de l'amertume
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Chapitre 1 : Marbella McKenzie – L'éclosion de l'amertume
Chapitre 1 : Marbella McKenzie – L'éclosion de l'amertume
Assise contre la paroi métallique de sa caravane, Marbella McKenzie, 35 ans, sirote lentement son café. Ses longs cheveux roux, souvent noués en un chignon négligé, encadrent un visage parsemé de taches de rousseur, partiellement cachées derrière une paire de lunettes rectangulaires noires. Le matin est encore frais, et la campagne environnante est baignée d'une douce lumière matinale. Des arbres touffus entourent la caravane, avec en arrière-plan, le murmure constant d'une rivière qui serpente quelque part dans la Creuse. Cet endroit isolé est devenu son refuge, loin des regards et des jugements.
Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Pourtant, Marbella n'éprouve aucune joie. Depuis des années, ses amis l'ont abandonnée, lassés de ses frustrations répétées, et sa famille est un lointain souvenir, conséquence de vieilles querelles jamais résolues. Chaque année, elle fête son anniversaire seule, dans un pub discret où peu de gens se rendent. Elle aime cet endroit pour sa tranquillité et espère secrètement, en cette journée particulière, recevoir une bonne nouvelle pour son dernier livre.
Mais cette année, quelque chose est différent. Une inquiétude sourde la ronge, celle de recevoir un nouvel e-mail de refus de la maison d'édition. Son esprit vagabonde, envisagé l'impensable. Depuis quelque temps, une idée lui traverse l'esprit, une idée à laquelle elle tente de ne pas prêter attention, mais qui revient sans cesse, comme un murmure insistant. "Voler les écrits des autres… mais comment pourrais-je faire ça ?"
Elle baisse les yeux vers son cahier posé à ses côtés, un cahier vierge qui lui renvoie cruellement le reflet de son blocage créatif. L'idée se précise, et malgré elle, elle sent qu'elle pourrait franchir cette ligne. Mais avant de s'y plonger davantage, elle se redresse et rentre précipitamment dans sa caravane alors que les premières gouttes de pluie commencent à tomber.
À l'intérieur, l'atmosphère est froide et impersonnelle. La décoration est presque inexistante, seulement quelques meubles usés et des piles de papiers éparpillés un peu partout. Les manuscrits inachevés jonchent le sol, un désordre qui reflète le chaos de ses pensées. Marbella a souvent du mal à retrouver le bon document parmi ce fouillis, comme si même ses mots se dérobaient à elle.
Alors qu'elle referme la porte pour s'abriter de la pluie, un signal sonore retentit depuis son téléphone posé sur la table. Le cœur battant, Marbella se précipite pour vérifier son écran. Un nouvel e-mail vient d'arriver. Avec une anxiété croissante, elle ouvre le message, espérant désespérément une lueur d'espoir. Mais au lieu de cela, elle lit les mots qui confirment ses craintes : "Nous sommes dans le regret de vous informer que votre ouvrage 'Le voyage du commissaire Congy Olive' ne sera pas publié…"
Les larmes montent immédiatement à ses yeux, mais cette fois, elles ne coulent pas seulement à cause de la tristesse. Une rage sourde s'empare d'elle. "Puisque c'est ainsi," murmure-t-elle en serrant les poings, "je vais tout faire pour voler à d'autres, sans qu'ils s'en rendent compte ! À moi la gloire !"
Son regard se pose de nouveau sur le cahier vierge. Une idée germe, une idée aussi perverse que séduisante. "Le syndrome de la page blanche," se dit-elle en souriant à travers ses larmes. "Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?" Elle imagine déjà les auteurs amateurs, comme Folio Eugénie, Marc Dupuis, et Maryse Giutre, tous ces noms qu'elle voit réussir là où elle échoue. "Purée, mais comment ils font ?", marmonne-t-elle en fermant le cahier avec un sourire de plus en plus déterminé.
Marbella essuie ses larmes, le visage désormais marqué par une nouvelle résolution. Elle est prête à se venger du monde littéraire, prête à manipuler ceux qui, à ses yeux, ne méritent pas le succès qu'elle convoite. La machine est lancée, et rien ne pourra l'arrêter désormais.