Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
Zaïre des années 80 : Pays d'Aventures

Zaïre des années 80 : Pays d'Aventures

Publié le 7 juil. 2020 Mis à jour le 7 juil. 2020 Voyage
time 9 min
2
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 0 commentaire
lecture 946 lectures
2
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

Zaïre des années 80 : Pays d'Aventures

 

Portraits

"Zaïre, Liboke moko, lisanga bo moko, tata bo moko, maman bo moko, ekolo bo moko, parti bo moko, mokonzi bo moko "
(Zaïre, une même assiette, une seule famille, un seul père, une seule mère, un seul pays, un seul parti et un seul chef.)
 « Tout comme le soleil se lève avec éclat chaque matin et se couche le soir aux horizons du grand et majestueux fleuve Zaïre, fier d’avoir apporté à l’humanité le ferment de survie nécessaire, le Zaïre, son parti national, le Mouvement populaire de la révolution, ses 30 millions de militantes et militants, hommes femmes, enfants, jeunes et vieux, tous, flambeaux du tricolore à la main, sont aujourd’hui debout, mobilisés et rangés derrière un seul homme, animés d’un seul idéal, pour bâtir dans la paix, la justice, le travail et la dignité nationale, un pays toujours plus beau, toujours plus prospère et prêt pour le grand rendez-vous du donner et du recevoir. »
 C'est par ce discours que le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, nom de code Joseph Désiré, commençait les informations de 20 H retransmises par l'OZRT dans les années 80.
 Note : Le "ferment de survie nécessaire" se rapporte à l'Uranium de Shinkolobwe au Katanga qui servit à fabriquer la bombe d'Hiroshima en 1945
 Le Zaïre, pays grandiose où tout est démesuré: La nature, la faune, la richesse et même la pagaille…
A l'époque, en 1987, ils y avaient trente millions d'habitants dont trois à Kinshasa…trente ans après il y en a quatre vingt millions dont douze rien qu'à Kinshasa.
Un pays magnifique, des richesses énormes, qualifié par certains de scandale écologique.
Léopoldville, en 1960, était une des villes les plus belles d'Afrique, devant Johannesburg disait-on à l'époque.
Puis au fil des ans, de Kin la Belle, elle est devenue Kin la Poubelle dans les années 80.
 Un pays pour aventuriers, pour le meilleur et surtout pour le pire. Ceux qui osaient encore y investir, voyaient leur retour sur investissement dans l'année qui suivait…quelle que soit la somme. La seule condition était qu'il n'y ait pas de pillage, de rébellion ou que simplement l'associé Zaïrois qui vous avez été imposé ne vous accuse pas de pédophilie ou autre déviation, ce qui, après un passage plus ou moins long en prison se terminait par l'expulsion vers le pays d'origine….Le plus souvent la Belgique ou la France. Le retour au Zaire par la petite porte était toujours possible mais la récupération des fonds était à jamais compromise.
Et surtout, surtout ne pas toucher à l'or, aux diamants, aux armes et aux deuxièmes bureaux des gros Bwanas, beaucoup ne se sont jamais remis.
Pourtant, Kinshasa, à l'époque était loin d'être un coupe gorge comme Lagos ou même Abidjan. On y était même assez tranquille si on ne traînait pas dans quelques mauvais quartiers la nuit. Il y avait bien quelques voleurs à la tire mais pas plus qu'à Dakar
 Pour beaucoup, ce pays était un gigantesque tonneau des Danaïdes où tout disparaît sans espoir de retour.
Beaucoup de ceux que j'ai connus sont maintenant morts :

    Jacky F…, Belge, arrivé comme magasinier pour la SGB (Société Générale de Belgique). Patron du "Speak Easy", il oubliait ses maîtresses dans les chambres d'hôtel. Au début, lorsqu'il revenait en Belgique, c'était tournée générale de Champagne dans les Bars Bruxellois.
Mort d'une cirrhose dans la misère et enterré par la commune à Bruxelles dans les années 90.

    Jean Pierre T…, Belge,  Ingénieur agronome, infirme d'un bras et d'un pied après avoir été fusillé par les rebelles Simba en 1964 à Stanleyville. Il possédait une villa à Waterloo à côté de Bruxelles avec piscine à l'intérieur et robinets en or dans la salle de bain.

     Poupousse, Belge, mort je ne sais où et qui avait eu la vie sauve à Stanleyville en s'échappant par la brousse.


    Tambwe (Lion en Lingala),  Belge, mort du sida en emportant dans la mort une autre cousine de ma femme et qui se disait avoir été mercenaire.

     Alfonso, Angolais blanc, avec qui nous allions à la chasse à l'outarde et s'entraîner au 357 Magnum dans le Bas Zaïre, qui vivait dans une case en brousse avec une grosse zaïroise et son gamin un peu simplet.

    Jean De Souza, mon ami, Angolais noir qui avait été l'homme à tout faire du Père De Munck, amateur d'archéologie et de….Primus (Bière locale) qui ne partait jamais en brousse sans plusieurs casiers dans sa jeep.
Il avait été recueilli par les "Mon père" de Kimpésé lorsqu'il était un gamin réfugié de la guerre d'indépendance angolaise au début des années 60 qui dura jusqu'au milieu des années 90 et ne s'arrêta qu'à la mort du salopard notoire, j'ai nommé Jonas Sawimbi . Jean était particulièrement surpris par un des Pères qui s'appelait le père Daniel et qui ne savait pas dire la messe, caractéristique surprenante pour un père. On chuchotait dans les coulisses que c'était un frère d'un des vrais Pères et qu'en fait il avait été, lui aussi, mercenaire. Version tropicalisée du Sabre et du Goupillon.
Enfin, à cette époque beaucoup de types de 50-60 ans se disaient ancien mercenaire.
Les "Mon Père" Rédemptoristes éduquaient les jeunes filles à devenir femme avec une ferveur toute particulière. Il faut les comprendre, c'était une épreuve envoyée par le Diable pour tester leur foi. Quelque chose de pire que la mortification conseillée par l'Opus Dei. La tentation de St Antoine dans la moiteur des nuits d'équateur.
Et encore, les mouquères de St Antoine c'était de la petite bière, si j'ose dire, comparées au petits seins fermes et haut placés des succubes de la paroisse.

   Richard F…, mon demi-beauf vu qu'il était à la colle avec la demi-sœur de ma femme. Il m'a escroqué de la demi chambre froide dont j'étais propriétaire avec lui en me faisant croire qu'elle avait été complétement pillée en 91 alors qu'il n'en était rien. Elle est belle la demi- famille !
C'était petit, mais je lui ai pardonné…il était Belge!
Lui, s'il n'est pas mort, il doit être plein de tuyaux…l'homme-tuyau…la version humaine du centre Pompidou au pays des moules-frites.

   Mon ami Bernard M… , Français d'origine portugaise, un vrai aventurier dans tous les sens du terme. Je l'ai connu gérant d'une ferme de plusieurs milliers d'hectares dans le Bandundu puis gérant d'un chalutier à Banana pour un riche Belge apparenté à la famille de Mobutu. A la fin, il était vers Gemena si mes souvenirs sont bons. L'argent ne l'intéressait pas, son truc à lui s'était l'Aventure. Son jouet : une carabine de calibre 458 dont je ne sais quelle marque.
Je me suis toujours demandé ce qu'il faisait avec un obusier pareil.
Il a un peu baissé dans mon estime lorsqu'il a massacré devant moi une antilope avec une 22 long rifle alors qu'il chassait au phare. Chasse particulièrement dégueulasse qui consiste à aveugler le gibier la nuit et à le canarder.

Bien qu'étant un fervent anti-chasse, j'ai mis cette photo car la chasse faisait partie intégrante du Zaïre de cette fin de siècle.

    Mon pote Yannick, attiré par un ami zaïrois pour faire fortune dans le diamant au Kasaï. En guise de diamant, il s'est retrouvé "Gros-jean comme devant" quand l'ami est parti avec son argent une fois à Kin.

    Juju, Belge, ancien instructeur des militaires de Mobutu. Arrêté comme mercenaire après avoir abattu d'un coup de fusil le chien du voisin qui l'empêchait de dormir. Après son arrestation, les militaires le prirent en photos en tenue militaire avec ses "arcs et ses flèches", comme il disait, puis présentèrent la photo à Mobutu qui s'empressa de le faire libérer et de muter dans je ne sais quel coin pourri les photographes indélicats.
Juju qui se promenait toujours avec son Smith et Wesson à canon court, était propriétaire ou gérant d'un restaurant à Kasangulu à 45 km de Kinshasa sur la route du Bas Zaïre.
On pouvait y rencontrer des gloires du passé comme Gaston Soumialot, ancien révolutionnaire assagit grâce au don, par Mobutu, d'une ferme dans les environs. C'était aussi un grand nostalgique des années Simba et de l'époque  (Novembre 1961) où ils avaient bouffé les Italiens de l'ONU qui avaient eu la mauvaise idée d'atterrir dans son fief de Kindu.
Cette rébellion cannibalo - ethnico - marxiste était dirigée par le sinistre Mulele.
Ce sacré boute-en-train de Gaston mourut paisiblement sans n'avoir jamais été inquiété par la justice des hommes. Le plus merveilleux dans cette histoire c'est que sur Internet, il existe des sites, la plupart écrit par la famille ou des proches de la famille, pour présenter Soumialot et consort comme de grands défenseurs de la liberté.
Bien sur, parler de cannibalisme gastronomique est absolument tabou en notre époque de bien-pensant.
Un bruit court que Stanleyville (Kisangani) était à l'époque le plus grand marché de chair humaine de la région. Ma femme, née à Bondo en 1964 a bien failli servir de hamburger à des villageois affamés lorsque sa mère fuyait à pied les violences.
Elle ne dû son salut qu'à une tante qui la racheta moyennant finance.

A cette époque j'ai aussi été confronté aux préjugés ethniques. Non pas de la part des Africains mais de la part des  Belges qui nous désignaient à l'époque par le gentil surnom de "Ventilateurs".
Ce sobriquet belgo-humoristique prenait sa source dans le fait que les Français étaient soi-disant de beaux parleurs qui s'agitaient beaucoup et ne produisaient que du vent.
Pour un Français qui arrivait nouvellement sur Kin, il était difficile de trouver un emploi en s'adressant à un Belge dans une société. Celui-ci n'acceptait même pas de vous recevoir pour un entretien.
On critique souvent le tribalisme des Africains mais certains occidentaux ne sont pas tellement meilleurs.

Photos

Herstal 9mm : Outil pouvant servir dans certaines conditions.

Négociations (Kilo Moto - Province Orientale)

 

Chutes du Zongo (Bas Zaïre). Il existe de nombreuses chutes spectaculaires sur tout le territoire.

Croix datant du XVIème siècle et des premiers misionnaires à M'bata Makela et petit canon Portugais. La croix fut détruite en 1994 par un ahuri précurseur des 'intellectuels' qui refont l'histoire et qui se permettent d'en détruire une partie. A droite de la croix, mon ami Jean Souza.

En pirogue sur une rivière du Bas Zaïre.

Les ponts ne sont pas toujours en parfait état

Quand il n'y a pas de pont, on se débrouille.

Les flaques d'eau sont parfois importantes (Lovo - Bas Zaïre)

Paysage de savane de la province du Bandundou

Chute Guillaume dans le Bandundou.

Piste en Province Orientale

Mission Catholique de Watsa (Province Orientale)

Eglise de la mine de Kilo Moto. Construite à l'époque par les Belges. On distingue une partie du terril dans le coin à droite.

Les dix commandements en Lingala (Langue locale)

Cette maison aurait abrité les troupes de JP Bemba chef de la rébellion dans les années 2000

Sur l'autre rive commence la réserve de la Garamba

Kolwezi (Katanga)

La piste entre Kolwesi et Lubumbashi

Traversée de la Lualaba entre Kolwesi et Lubumbashi

lecture 946 lectures
thumb 0 commentaire
2
réactions

Commentaire (0)

Tu aimes les publications Panodyssey ?
Soutiens leurs auteurs indépendants !

Prolonger le voyage dans l'univers Voyage
Le héro du jour
Le héro du jour

Par ici, presque tous les chemins mènent à Compostelle ou en reviennent. Celui-ci n'est pas vrai...

Surf Xi
1 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey