Chapitre 7 - Des réponses aux questions.
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Chapitre 7 - Des réponses aux questions.
La nuit, aussi cauchemardesque que la fin de la journée de la veille, ne m'a pas reposée. Les images se bousculent. Le puzzle se constitue pour le pire plus que le meilleur. J'attrape un livre de Jane Austen posé sur une étagère et entre en trance jusqu'à la plage. Je me souviens de chansons que j'écoutais autrefois. Toujours les écouteurs collés aux oreilles, une application de musique ouverte sur mon téléphone. Le dessin, le soir, pour canaliser les mauvaises ondes, redoutant son retour à la maison. Penser que tout serait mieux si j'atteignais cette fenêtre au bout du couloir. Six étages devraient suffire à apaiser mes souffrances. Cette solution n'a pas été privilégiée à l'évidence.
Arrivée à la plage, le paréo sur la taille, le bikini qui me colle et me gêne déjà. La peur s'amène à moi. Et s'il y avait des hommes, et si certains venaient me voir, me parler, me draguer, me toucher. Ecoeurée, mes yeux font le tour de la plage à la recherche de cette gente qu'on ne souhaite voir sous aucun prétexte lorsque nous sommes seules. J'entame mon livre, la tête en partie concentrée sur mes souvenirs et ma peur. Et si je me prenais un coup sans le voir venir. Et si quelqu'un se tenait derrière moi à m'épier. Et si quelqu'un sortait de derrière la dune sans que je ne le voie et me surprenne, s'installe et prenne part à mon après-midi sans que je ne le veuille et sans que je ne puisse l'en dissuader de peur de me reprendre des remarques [ou plus]. Je tente de me concentrer sur ma lecture mais je ne peux empêcher mon esprit de revenir sur les priorités d'une femme seule, à moitié nue dans un espace public. Trois heures plus tard, la chaleur se fait pesante. Je ne me sens toujours pas capable de bouger, même si ce n'est que pour repartir. Je ne sais pas quoi faire. L'eau me tente mais toutes ces personnes autour me font fuir. Je décide de partir. Je ne me sens pas capable d'affronter autrui, d'affronter les regards insistants ou simplement l'impudeur des autres personnes. Le chemin du retour se fait rapide, je me précipite jusque chez moi.
Une douche. Une glace. Un peu d'eau. La paix. Le sommeil. L'angoisse me donne envie de dormir. Une bonne sieste et je repars au bar. Je ne souhaite pas me victimiser face à Jacob, il me semple important de lui montrer que je suis toujours là, je suis quelqu'un de lambda et ne le laisserais pas prendre le dessus. Je vais aussi mener ma barque et vais le lui prouver. Je reste un moment sur le bord de la terrasse à boire mon verre de jus, l'air pensive, l'horizon de baignade devant moi. Je réfléchis aux manières de faire évoluer mon entreprise, l'impact qu'elle a sur le village. J'envisage des sortes de petits marchés, de promouvoir mes créations dans des lieux publics comme le bar ou d'autres commerces. Je repars exposer mes idées à mes employés, que je considère dorénavant plus comme des collaborateurs. Une réunion s'impose. Nous nous réunissons autour d'une table et discutons longuement. La suite se fera par trois duos qui tourneront. Chacun leur tour, ils feront fonctionner un petit marché, sur une place proche du bar où tout le monde passe dans sa journée de travail. Chacun leur tour, ils iront vanter nos mérites auprès d'autres commerces et notamment devant le bar où pourra être installé un petit stand dans lequel des commandes pourront être prises. Pendant ce temps, le troisième duo restera au magasin pour qu'il puisse continuer de tourner. Mon rôle sera d'organiser tout cela, de faire la comptabilité, de gérer les commandes et les délais, la publicité. Une fois nos rôles établis, chacun s'attelle à préparer ce qu'il fera dès le lendemain. Ce qui est génial sur cette île est que les projets avancent à une vitesse folle une fois que nous les décidons. Il n'y a pas besoin de passer par un quota phénoménal de paperasses et papiers administratifs en tout genre. Une idée, une question auprès de la bonne personne et tout se crée.
La fin de journée approche et nous décidons de faire un dernier point sur nos avancées de la journée. Une fois cela fait, nous partons en direction du bar fêter l'avenir de la boutique. Arrivée sur place, je vois que Jacob est attelé à des cocktails. Des femmes, toujours les mêmes, bloquent le bar dans l'objectif de glousser devant Jacob pour qu'il les remarque. Encore et toujours, peine perdue. Nous restons un moment à discuter et à rigoler assez fort pour que d'autres personnes se retournent l'air amusées. Après deux heures de grands débats, nous nous séparons pour une nuit qui se voudrait pleine de sommeil. Demain sera une longue journée.
* * *
La soirée fut longue et pénible. Mes yeux ne voulaient pas se fermer. Je ne faisais que penser. La suite de ma petite entreprise semble logique et surtout semble faire l'unanimité. Seulement, il manque quelque chose. Le rappel de souvenirs de la nuit dernière m'a laissé un goût d'inachevé. Quelque chose ne s'est pas passé. Une remise en question, un bouleversement de situation. Il me reste encore beaucoup de problèmes à régler.