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A l'assaut des Baobabs et des Tsingy

A l'assaut des Baobabs et des Tsingy

Publié le 26 juil. 2024 Mis à jour le 26 juil. 2024 Voyage
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A l'assaut des Baobabs et des Tsingy

Mardi 2 juillet 2024

 

Après ce bref séjour passé dans le village natal de mon amie Liliane dans les Hautes Terres, nous nous séparons à Antsirabe, elle devant s'envoler pour le Kenya avec ses enfants, moi entamant alors la partie touristique de mon voyage. Objectif : plein-ouest, pour aller admirer la fameuse « Allée des Baobabs », puis découvrir les incroyables formations géologiques que sont les Tsingy de Bemaraha, que vous avez peut-être déjà aperçues dans un National Géographic ou dans un reportage à la télé...?

Et pour se faire, sur les conseils avisés de Liliane, je me suis offert le luxe de prendre un 4X4 avec chauffeur, une première pour moi, et l'impression d'une certaine entorse à ma façon de voyager « comme et avec les locaux ».... Mais bien m'en a pris, car la route est longue est chaotique, il faut compter 2,5 à 3 jours de transport, et mise à part la portion de RN34 reliant Antsirabé à Morondave qui est goudronnée, le reste n'est que de la piste !

Entre les départs différés, les escales et correspondances prolongés, la progression à vitesse plus ralentie et ponctuée de nombreux arrêts, et enfin les éventuels « arrêts non programmés » pour cause de réparation d'une pièce endommagée, je pense qu'on peut facilement doubler ce temps en taxi brousse ! D'ailleurs, la piste de Morondave aux Tsingy se fait plutôt en camion brousse, serrés comme des sardines et secoués au shaker dans un nuage de poussière de terre et de sable... Un peu de « confort » pour parcourir cette route ne fut donc pas pour me déplaire, bien au contraire !

Après donc avoir rejoint Antsirabé (4h de route) et fait mes au revoirs à Liliane et sa famille, je pars donc en compagnie de Onja, un ami de la famille et le reste du temps négociant de pierres semi-précieuses, qui fera office de chauffeur avec son 4X4 durant tout mon périple. Et même si son français est un peu limité et approximatif (la malgachisation de l'île decidée par le président Ramanantsoa, élu en 1972 à la suite d'un soulèvement  populaire contre le néo-colonialisme français, fait que le français n'est enseigné comme langue de référence que dans les établissements privés ; et pour ceux issus de l'enseignement public ou n'ayant pas prolongé leur scolarité, le français apparaît plutôt comme une langue étrangère plus ou moins bien maîtrisée), nous allons passer ensemble quelques 6 jours ensemble bien sympathiques, avec force de complicité et de rires... Onja, un chouette compagnon de voyage !

Madagascar est à l'image de la Réunion, une île (bien plus grande) plongée au cœur de l'Océan Indien, à une latitude sensiblement équivalente, proche du tropique du Capricorne. Et à ce titre, elle est confrontée au même climat, aux mêmes vents et courants marins, aux mêmes cyclones en saison des pluies également, et aux mêmes alizées provenant de l'est et se dirigeant vers l'ouest. Ainsi, quand la côte Est est très arrosée et donc siège d'une végétation tropicale luxuriante, la façade Ouest est beaucoup plus sèche et aride, les nuages étant bloqués comme à la Réunion par le relief très montagneux du centre de l'île.

Nous voici donc à parcourir une RN 34 dont la qualité se dégrade au fur et à mesure de notre progression, au milieu d'un paysage de savane, avec des herbes hautes jaunies et desséchées à perte de vue, au milieu desquelles poussent de ci de là des buissons et quelques arbres disparates. Zone d'innombrables collines qui se succèdent, la région dévoile une immensité désertique, au milieu de laquelle apparaît par moments un petit village d'une quinzaine ou d'une vingtaine de cases faites de terre séchée, de branches, de paille ou de torchis, perdues au milieu de nulle part. A proximité, des petites surfaces calcinées qui ont été brûlées volontairement pour défricher un bout de terre, quelques jeunes hommes conduisant un petit troupeau de 3 ou 4 zébus, ou bien une charrette tractée par deux de ces bovins, des femmes et des enfants qui jouent, discutent, trient le riz, et qui s'interrompent pour observer et saluer de la main ce véhicule qui vient interrompre quelques secondes la monotonie de leur quotidien. Ou encore quelques ilôts de verdure et des cultures en terrasse dès qu'un peu d'eau s'écoule à un endroit, ramenant la vie qui s'infiltre partout où ce précieux liquide jaillit.

Les malgaches ont une relation très particulière et privilégiée avec les zébus : si c'est un animal précieux pour la réalisation des laborieux travaux des champs, et une source majeure de protéines dans l'alimentation de par son lait et sa viande, c'est également un placement, témoin de la richesse d'une famille qui investit dans l'achat de quelques zébus quand elle parvient à dégager un petit pécule. Et c'est également un animal qui participe de la plupart des grands évènements de vie, que l'on va sacrifier à l'occasion d'un mariage, d'une commémoration, de l'inuaguration d'une nouvelle maison ou d'une circoncision, afin d'encourager des conditions favorables à la réalisation d'un projet, ou pour honorer les esprits et les ancêtres à l'occasion d'un événement de vie rituel, festif et heureux.

 

Soudain apparaît dans le paysage de grands arbres, massifs et robustes, surmontés à leur sommet de branches fines et entrelacées, faisant évoquer l'image d'un réseau racinaire en position inversée : les premiers baobabs se dressent fièrement devant moi. Au milieu de cette végétation aride composée pour l'essentiel d'herbes et de buissons, ces mythiques et imposants baobabs font figure de monuments. Leur nombre s'accroît à mesure que nous progressons, et après avoir déposé mes affaires dans un hôtel à Morondave (en bord de mer), nous prenons la piste pour nous diriger vers la fameuse et très photogénique Allée des Baobabs.

Les baobabs sont des arbres qui existent également sur le continent africain. Mais l'insularité de Madagascar en fait un territoire à l'endémisme unique. S'il n'existe qu'une seule variété sur le continent, Madagascar en compte 7. Et dans cette région, ils pullulent et dominent tout le paysage. Les baobabs sont sacrés à Mada, et de nombreuses croyances et interdits les entourent. C'est peut-être parce qu'on ne les rase pas alors qu'on défriche en même temps les terres alentours par la culture sur brûlis qu'ils sont si saillants dans le paysage local ? En témoigne, un peu plus loin sur la piste, la forêt de Kirindy où je pourrais les observer cette fois au milieu d'une végétation beaucoup plus dense composée d'arbres, d'arbustes et de lianes. Quoi qu'il en soit, ils en imposent, avec leur tronc massif et leur grande taille, sur lequel une voiture ou un camion pourraient venir s'écraser sans en faire frémir son solide enracinement !

Après être allés admirer les baobabs amoureux, symbole très esthétique de 2 troncs entrelacés souvent reproduit par des petites statuettes en bois de pallissandre, de bois de rose ou d'ébène, nous revenons admirer le coucher de soleil sur la fameuse allée des baobabs, où de nombreux touristes se sont donnés rendez vous pour prendre les plus belles photos de leur séjour.

 

Nous poursuivons le lendemain la route, ou plutôt la piste désormais, en direction des Tsingy. Des baobabs disséminés et nombreux encadrent le chemin de terre ou de sable, que nous parcourons à basse vélocité, (20 à 30 km/h) afin de ne pas être trop secoués. Par moments, la route gondole tel un parcours de moto-cross. A d'autres moments, la piste est parfaitement aplanie, nous permettant d’accélérer un peu. A chaque fois que nous croisons une voiture, nous fermons les fenêtres pour ne pas respirer trop de poussière. Des camions imposants parcourent également cette route. De temps en temps, l'un d'entre eux est arrêté le long du bas côté, le temps de procéder à une réparation. Des camions brousse, bâchés, transportent des malgaches entassés à l'arrière. Ici, nous traversons un cours d'eau. Là, des pierres, rares jusque là, refont leur apparition, formant un chemin chaotique et caillouteux.

Par moments, nous croisons un village composées de quelques cases, au bord desquelles des enfants nous saluent. Quand nous nous arrêtons pour admirer le baobab sacré, un très vieux et massif baobab, une horde d'enfant vient à notre assaut pour réclamer quelques bonbons, ou à défaut nos bouteilles d'eau vides. Ce simple contenant en plastique revêt une importance certaine dans cet endroit reculé de tout.

Nous arrivons au bord du Tsiribihina après 4h de route, un grand fleuve que nous traversons à bord d'un bac public rustique des temps anciens. Après avoir traversé la ville de Belo sur Tsiribihina, animée d'un grand marché, nous repartons pour 4 nouvelles heures de piste encore plus chaotique (c'est quand même la RN8 !) où l'on ne croise quasiment plus de camions, afin de rejoindre Bekopaka. Et c'est donc au bout de 9h de route que nous pouvons enfin trouver à nous reposer, dans un charmant hôtel composé de bungalows, dispersés dans une clairière au jardin botanique méticuleusement amenagé et entretenu.

Visite des Tsingy le lendemain : ces incroyables formations géologiques, composées de calcaire issu de la sédimentation de coraux et coquillages morts, du temps où le plateau de Bemaraha était encore immergé (il y a 200 millions d'années), ont été formées par la fissuration du calcaire séché, au fur et à mesure que le niveau de la mer baissait, puis par l'érosion de la roche par les pluies acides. Laisse apparaître ces formations uniques, classées au patrimoine mondial de l'Unesco, composées d'innombrables pointes, arêtes acérées (lapiaz), cassures (diaclases) et canyons pouvant atteindre la hauteur au sol de 80m. Là dessus, des mousses et des champignons se sont développées, donnant cet aspect gris à ces formations quasi exclusivement calcaires. Tout ceci est finalement éminemment karstique !

Promenade obligatoire avec un guide, dont le prix se rajoute au tarif d'entrée du parc national, à ajouter à d'autres taxes sorties d'on ne sait où... C'est pas donné ! Mais quel bonheur que de se faufiler puis grimper à travers ces formations rocheuses singulières, sécurisés par un baudrier et une double longe nous reliant à une via ferrata, afin de surplomber et d'admirer l'étendue de ce champ de Tsingy du haut des belvédères ! Par dessus, une végétation unique a réussi à trouver racine dans ce décors quasi exclusivement minéral. Attention toutefois au vertige, notamment quand on traverse les ponts suspendus !... Trêve de bavardages, je vous laisse admirer la vue..

On redescend ensuite par des échelles au fond de ces canyons, passages déconseillés aux personnes corpulentes, passant dans des grottes où circulaient jadis des rivières souterraines qui se reforment à la saison des pluies, rendant inaccessible ce site à cette époque de l'année. Puis traversée de la forêt au sein de laquelle on peut observer quelques lémuriens et caméléons.... nous reviendrons là dessus dans mon prochain article.

La route est longue et aventureuse pour venir jusqu'ici, mais cela vaut vraiment le coup ! 4X4 obligatoire donc, pour que ces 2X200km ne se transforment pas en cauchemar interminable... Il nous faudra ensuite 3 jours pour rejoindre à nouveau Tana, par la même piste/route au retour... Heureusement que j'avais de la bonne musique africaine à diffuser dans la voiture !

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Commentaires (2)

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Charlie il y a 3 mois

Con gusto, lecteur émérite de mon blog! 😁 j'espère que tout va bien de ton côté ? Au plaisir

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Stéphane Hoegel il y a 3 mois

Merci Charles de nous emmener un peu avec toi. Encore une fois, on en prend plein les yeux ! Superbes photos, merci pour le récit de voyage.

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