Enlèvement
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Enlèvement
Aout 2018 - Ougarou - Est du Burkina : Un voiture des forces de sécurité escortant un convoi vient de sauter sur un engin explosif improvisé (IED)
Le Covid 19, tout le monde en parle. Le continent Africain n'est que peu touché avec 150.000 cas et 4.300 morts sur 1 milliard 216 millions d'Africains et ceci malgré les prévisions de l'OMS qui brille par son incompétence et sa malhonnêteté. L'organisme avait prévu 300.000 morts et 26 Millions de cas. On peut se tromper mais il y a des limites à ne pas dépasser.
Les mesures totalement inappropriées aux réalités africaines sont en train de dévaster les économies de nombreux pays du continent. Certains pays comme le Mali n'ont pas appliqué les mesures préconisées par l'ordre mondial. Ces mesures auraient rapidement mené à des troubles sociaux extrêmement graves. Cependant, au Mali, le nombre de morts est d'environ 80 et au Burkina d'une soixantaine. Les mesures n'auraient servi absolument à rien concernant le virus. Malheureusement, d'autres pays n'ont pas eu cette clairvoyance. La fermeture des frontières internationales et la crise économique mondiale en gestation vont impactées sérieusement les économies déjà sous perfusion de ces pays. La misère et les famines qui vont s'en suivre vont rendre encore plus fertile le terreau du terrorisme qui se nourrit principalement de la pauvreté.
Durant ces deux jours (30 et 31 Mai 2020) plusieurs attaques terroristes ont eu lieu dans le nord et l'est du Burkina faisant une soixantaine de morts, à comparer avec l'unique mort dû au Covid19. Les victimes innocentes sont des hommes, des femmes et des enfants se trouvant dans un marché.
Les médias putassiers n'en ont naturellement pas parlé. Ce n'est pas vendable, en tout cas beaucoup moins que le déconfinement, que les parents et les enfants s'ébattant joyeusement dans les piscines ou les fontaines, que les amis buvant un verre à la terrasses des cafés, que les estivants bronzant sur les plages,...
Le texte qui suit commente l'enlèvement et la délivrance de deux touristes français en Mai 2019 vu d'Afrique.
Rappel des faits : Le 1er Mai 2019, deux touristes français étaient enlevés dans le parc de la Pendjari dans le nord du Bénin. Le 9 mai, ils étaient libérés ainsi qu'une Sud-Coréenne et une Américaine par les forces française stationnées en Afrique. Durant l'assaut 2 militaires du commando Hubert de la Marine Nationale perdaient la vie.
N’Djaména-10 mai 2019-Hotel La Tchadienne
Il fait chaud à N’Djaména, 44°C à l’ombre. Après une matinée difficile passée à bosser sur les moteurs, nous déjeunons, mes collègues et moi au restaurant de l’hôtel.
Aujourd’hui, il y a une grosse animation au buffet. Sûrement un séminaire sur «l’acclimatation de la baleine blanche dans les marigots du sahel» ou un symposium «pompe à fric»du même acabit.
Depuis quelques instants, je vois Eric, mon collègue mécanicien, s’activer nerveusement sur son smart phone en envoyant des textos.
Puis il reçoit un appel téléphonique et sort précipitamment de la salle. Quelques minutes après, il revient, la mine défaite.
«Le copain à mon fils, il est mort, il a pris une balle pendant l’assaut».
Je ne suis encore au courant de rien. Je me renseigne.
Il m’explique que les 2 otages français ont été libérés mais que 2 militaires sont décédés pendant l’attaque. Une grande tristesse m’envahit mais aussi la colère. Ces 2 morts viennent s’ajouter aux nombreux tués de ces derniers mois.
«C’tait un bon gamin, j’le connaissais bien, y v’nais souvent à la maison voir mon gars» nous dit Eric.
Ca fait mal.
L’après midi je retourne au boulot et le soir, à l'hôtel, je «surf» sur internet. Il y a de nombreux articles qui commentent l’affaire.
Le pire ce sont les commentaires imbéciles de gens ignorants. Il y en a même qui vont jusqu’à excuser les terroristes à la manière d’un Jean-Jacques Rousseau moderne.
Comment peut on trouver des excuses à des gens qui équipent des bombes sur des enfants et les envoient au marché pour les faire exploser?
Ca pique, hein? Des histoires comme ça. Mais dans notre monde médiatique et mercantile on en parle pas. C’est «haram». C’est sale.
Le soir, je descends au bar voir mes amis. La télé est allumée sur FR24. Durant plusieurs minutes, les journaleuses ne parlent que de ça. Le reste de l’actualité est occulté.
On voit la photo des 2 militaires et des 2 jeunes tourtereaux amoureux des grands espaces et ex-otages
«Tiens, c’est lui l’gamin qu’est mort, un chouette type» commente mon collègue en montrant la photo d’un des militaires
Sur l’écran, la journaleuse de service, maquillée comme un carré d’as, interviewe un grand spécialiste de l’Afrique, grand maître professeur chercheur de tout et de rien à l’université de Pétaouchnok, comme si elle interviewait le viril et défunt Karl Lagerfeld sur la création de son dernier slip en fibre de carbone pour richissimes émirs du Golf.
J’ai envie de balancer ma canette dans la télé pour ne plus voir ces têtes de hareng saur, mais pour des raisons économiques, je me retiens et préfère quitter la salle.
Le lendemain, ça continue.
Maintenant, c’est not’ président «Jimmy Foxtrot» qui se pavane à la télé. Il est habillé en noir, il est beau. Il est venu seul. Sa Mémé est restée à la maison pour lui préparer un chocolat chaud et des croissants qui le réchaufferont quand il rentrera de son opération de communication. En effet, à Villacoublay, ou Jimmy est venu accueillir les otages, il pleut et il fait froid. Un vrai temps de deuil. Un garde du corps lui tient son parapluie. Jimmy a beaucoup à faire et ne doit pas se fatiguer inutilement.
Et puis, c’est l’arrivée des otages. Un peu sonnés mais vivants. Ils sont 3. Les 2 Français et une Sud Coréenne qui a l’air de se demander ce qu’elle fait là, du haut de son mètre cinquante. Elle à l’air d’une orpheline adoptée par un couple gay. Je ne vois même pas un officiel Sud Coréen pour remercier le France.
Quant à l’américaine, à l’image de son clown triste de président, elle nous «pisse carrément à la raie».
Elle n’est même pas là! Là, encore, aucun remerciement officiel. Nos gars sont quand même morts pour elle aussi! Non?
Si ce n’était que moi, la prochaine fois, elle rentrerait à pied.
Officiellement, personne ne savait qu’elles avaient été kidnappées. C’est aussi crédible que si on nous disait que le Pape François avait été vu en compagnie de Dodo la Saumure pour l'organisation d'une partouze ecclésiastique avec DSK comme Guest Star.
En Afrique, lorsqu’il y a un blanc dans un village, tout le monde est au courant à 100 km à la ronde. De plus c’est un secret de Polichinelle que les forces spéciales américaines tournent dans la région.
Il faut savoir que pour beaucoup de noirs africains; les blancs, les jaunes, les arabes, les indiens blancs, tous ça, c’est des «blancs» et source possible de revenus pour des bandes de malfaiteurs qui les revendront à des groupes djihadistes.
Alors quand le «blanc» est enlevé, ça se sait forcément.
Ensuite, après le discours des ex-otages, vient le discours des autorités.
On voit Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Florence Party (Ministresse des Armées) en train de faire leur speech.
On dirait 2 petits bourgeois de province, Raoul et Mauricette Dubranlard, montés à la capitale pour assister à l’enterrement de tonton Christobal, leur riche oncle notaire.
Florence, avec son regard de cocker triste ménopausé, nous débite une baveuse qui arracherait des larmes au crocodile le plus endurci. On a envie d’y croire.
On est loin des discours de Général Charles De Gaulle. Et dimanche soir, ça repart avec la fiancée éplorée qui nous la fait façon mélodrame sur France 2. Ce n'est plus de l'information, c'est de la télénovelas mexicaine.
J’ai honte et je suis triste pour les parents des 2 militaires.
Et vient la polémique. Celle-là on l’attendait.
Fô ben causer ma pov’dame.
Qu’allaient ils faire dans cette galère? Alors que la zone était notée rouge.
Et pis, Jean-Yves il a dit: «Fô pas aller là où c’est rouge. C’est pas bien»
A ceci, les ex-otages répondent: «Ben, oui M'sieur, on aurait pas du.»
Et les autres ils sont morts. C’est ballot quand même. Nos ex-otages seront réduits à aller visiter la réserve animalière de Paul de la Panouse. Mais c'est vrai qu'un selfie avec un lion sous un chêne et des sapins en arrière plan, ça fait pas authentique.
Sauf que le big trou in the raquette est que ...la zone en question n’était pas vraiment en rouge au moment des faits. Ah! C’est con. Hein, Jean-Yves ?
Grosse erreur de la part de «conseils aux voyageurs» qui est toujours en retard d’une guerre et qui parfois ne met en rouge que lorsqu’il y a eu des français de tués ou d’enlevés. Alors que d’autres zones pourraient être en orange au lieu de rouge ou jaune au lieu d’orange. Si c'est pas des Français, ça compte pas.
Cela fait plus de 6 mois que ça massacre et ça castagne à tout va dans la région du Burkina située à quelques kilomètres au Nord de la Penjari. De plus, un parc national est une aubaine pour bandits, terroristes et autres djihadistes. Il y a plein de bonnes choses à y manger.
La dernière fois que je suis passé en voiture dans cette région du Burkina, en juillet 2018, nous avons choisi, mon collègue Burkinabé et moi-même, de ne pas suivre le convoi et de ne dire à personne l’heure de notre départ.
En passant vers Ougarou, dans la forêt, je sentais mon collègue anxieux. Il faut dire qu'il a un peu l'habitude vu qu'il était au Sud Soudan pour l'ONU.
Depuis, je m'y rend en hélico et l'endroit est gardé par des mecs enfouraillés jusqu'aux oreilles, pire qu'au Pentagone chez Donal De Trump le bouffon transocéanique.
Quinze jours après, le convoi qui faisait la liaison Ouagadougou - Boungou (Diapaga) sautait sur une mine, justement à Ougarou, faisant 5 ou 6 morts.
C’était la première attaque d'une longue série dans cette région.
Les médias français n’en ont pratiquement pas parlé, c’était des FDS (Force de sécurité) Burkinabé, donc des morts pour rien qui ne comptent pas.
Depuis, il y a eu de très nombreuses victimes chez les militaires et les gendarmes ainsi que chez les civils.
Aucun média français n’en a plus parlé. Ils n’ont pas parlé non plus de l’opération de nettoyage menée par l’armée Burkinabé dans cette région en Mars-Avril. Les bandits se sont réfugiés au Bénin et au Togo voisin.
Mais c’est un peu comme les radiations de Tchernobyl qui s’étaient arrêtées à la frontière française, les tueurs ne pouvaient pas traverser la frontière. Impossible! Le syndrome de la ligne Maginot.
J’essaye parfois d’attirer l’attention de certains organismes chargés de la sécurité, mais à chaque fois, on m’explique gentiment de m’occuper de mes affaires et d’aller jouer avec les gamins de ma rue. Quant aux médias, inutile d’essayer, ils ne répondent même pas, trop occupés à trouver la prochaine victime d'un harcèlement sexuel du méchant patron ou du producteur de cinéma érotomane.
Il faudrait qu’un jour, les médias sortent de leur proxénétisme informationnel et qu’ils comprennent que le mot «information», a la même racine qu’informer.
C’est bien de raconter pendant un quart d’heure que Awa vient de monter un atelier de couture à Ouaga ou bien que Rebecca (né Mamadou) a pris une branlée alors qu’elle (il) allait honnêtement gagner sa vie en vendant ses charmes aux différents experts logés dans les grands hôtels de Bamako. Les vendeurs de brochettes ou de cartes de téléphone étaient fatigués de la (le) voir déambuler en robe de soirée et talons hauts... Au Mali, on n’est pas à Rio do Brasil.
Si l’information s’en tient à ça, elle ne sert pas à grand chose. Au contraire, cela fait passer au second plan le fait que ces pays sont en guerre et que les gens qui les traversent s’exposent à des risques majeurs.
Ca ne sert à rien non plus de faire passer aux informations des pseudo-experts de l’Afrique sub-saharienne qui sont aussi experts que je suis nonce apostolique. Personne n'y bite que dalle dans ce merdier. Même pas le simplet défoncé au Captagon ou autre saleté et qui va flinguer des croyants dans une église comme nous on va au cinéma ou à la patinoire. Il y a si peu de distractions dans ces contrées lointaines.
Lorsqu’une attaque, une embuscade, une tuerie est perpétrée dans ces zones, il faut en parler aux informations en indiquant le lieu où ça s’est passé.
Ce n’est pas la peine d’en faire la une durant des jours, quelques minutes suffisent.
Et le guide Béninois ?
Hein? y'avait un guide? Il est mort? Bon, tant pis. De toutes façons, il n'était pas français. Ca fait rien.
Et Sophie Pétronin ?
Ah oui, Sophie Pétronin? Ah, ben elle, on sait pas et pis c’est une vieille, elle va bientôt clamser et elle nous fera plus chier, pas vrai Jimmy-Manu.
C’est vrai qu’une humanitaire qui donne sa vie aux plus démunis, c’est moins glamour que 2 amoureux en voyage de noce dans de beaux paysages tellement romantiques.
Et nous, on est là, on attend et ça fait longtemps que l’on a compris que prendre une balle ou se faire enlever, c’est comme d'attraper la chaude-pisse, ça n’arrive pas qu’aux autres. Mais que peut on faire ?
Dernière Minute : 6 morts dans l'attaque d'une église au Centre Nord Burkina. Celle-là on en parle un peu car elle tombe au même moment que l'enlèvement des 2 touristes. Sinon elle serait passée inaperçue comme tout le reste. Il n'y avait pas de Français dans les 6 tués. Par contre, les 12(?) morts à Niono au Mali aujourd'hui, eux ils ont pas eu de bol, c'est arrivé un peu tard, aux informations, on en parle déjà plus.
Avertissement : Sur les commentaires des articles concernant l'enlèvement je vois de nombreuses réflexions haineuses concernant les musulmans. Cette guerre n'est pas une guerre de religion mais une guerre de terroristes qui se cachent derrière une idéologie comme les SS se cachaient derrière la chrétienté Leurs devise était "Gott mit uns" (Dieu avec nous). Personne n'a jamais osé dire que le génocide juif était une guerre sainte du Christianisme contre le Judaïsme.
J'ai rencontré des milliers de Musulmans, même de très pratiquants. Tous les jours je travaille et vis avec. Certains ne boivent pas dans les verres des restaurants de peur qu'ils aient contenu de l'alcool. Je les respecte et ils m'ont toujours respecté même si ma confession de base est le catholicisme et que je suis maintenant athée au regard des religions traditionnelles. Je discute avec, ils m'invitent chez eux, on échange...
J'ai écrit cet article en Mai 2019. En novembre 2019, toujours dans la même région, au Burkina, un convoi minier de 5 bus était attaqué faisant officiellement 40 morts mais réellement beaucoup plus (Au minimum 60)