

Jour numéro 22 : Bouton
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Jour numéro 22 : Bouton
Un monde presse-bouton
En 2025, peu de sujets sont aussi clivants que l'IA. À part peut-être Trump, l'Ukraine et Gaza.
On ne compte plus les formations en ligne dédiées à l'IA. Des formations qui, évidemment, promettent à ceux qui accepteront de les suivre de gagner monts et merveilles, notamment en économisant sur les frais de personnel humain.
Certains affirment que l'IA va ouvrir à l'esprit humain des possibilités jusqu'alors insoupçonnées. Qu'alliée à la robotique, elle va libérer l'humain des tâches ancillaires pour lui permettre de se consacrer pleinement à ce que son esprit a de plus noble : la réflexion, la création, la sagesse.
D'autres sont angoissés à l'idée du bouleversement du marché de l'emploi que l'IA apporte d'ores et déjà, et dont on sait que nous ne voyons que le début. Certains redoutent même que des logiciels et des robots dotés d'IA puissent remplacer l'humain à terme, le rendre dispensable et inverser le rapport de force, et ceux-là nous prédisent un avenir à la Terminator.
Une ironie assez grinçante quand on sait que le mot robot vient du tchèque robota qui veut dire... esclave. On devrait peut-être nommer l'un d'entre eux Spartacus ?
D'autres enfin craignent surtout que l'IA initie, ou accélère, une dégradation des facultés humaines dont on a accusé à peu près toutes les technologies, depuis la découverte du feu et l'invention de la roue en passant par la domestication des animaux, leur usage pour le bât et pour le trait, et aussi - moins glorieusement - l'apparition de l'esclavage et de la traite des êtres humains, et même par l'invention de l'écriture puis de l'imprimerie, jusqu'à celle de l'ordinateur, de l'Internet et du smartphone. Un assez bon représentant de ce courant de pensée, avec vision globale et historique, est le Dr Martin Jan Stránsky dans The Rise and Fall of the Human Mind.
Alors, la technologie en général et son développement, avec ou sans IA, sont-ils de faux amis du genre humain ?
Ceux qui le croient s'appuient sur le fait que le développement des technologies trouve sa source dans la paresse naturelle d'un être humain partisan du moindre effort et toujours prêt à laisser un animal, un autre humain ou une machine faire le boulot à sa place.
Il est certes bien pratique de s'entourer d'auxiliaires animaux, humains ou technologiques - ou d'un quelconque mix des trois - mais le problème, à leurs yeux, c'est qu'en comptant sur ses auxiliaires de manière excessive, l'être humain, en renonçant à l'effort pour le fantasme et le confort illusoire d'un monde presse-bouton, laisse petit à petit s'atrophier toutes ses facultés : physiques, psychiques, cognitives. En fixant récits et connaissances dans le marbre puis sur le papier, l'écriture rend la mémoire dispensable. La roue et les véhicules qui en sont dotés ne sollicitent pas les jambes. Animaux et véhicules déshabituent l'être humain de porter des poids et d'utiliser ses jambes, et voilà qu'il doit faire face à la fonte de ses muscles. Télévision, Internet, ordinateur et smartphone, en rendant le monde accessible d'un simple appui sur un bouton, voire d'un simple clic, découragent autant de voyager que d'acquérir durablement des connaissances en les stockant dans le cerveau et en les y organisant.
Or, Use it or lose it est la loi universelle des facultés de tout être vivant, humain compris. Une faculté que l'on n'utilise pas finit par se perdre, un organe que l'on n'utilise pas finit par s'atrophier puis se perdre à la longue (peut-être pas au niveau de l'individu, mais à celui de son espèce, oui). Là se trouve leur crainte majeure. Même la calculette nous ferait négliger nos capacités en calcul mental.
De plus, il faut bien réaliser qu'étant artificielle, la technologie, si puissante et impressionnante qu'elle paraisse parfois, reste toujours fragile face aux forces de la nature. En délaissant ses facultés naturelles pour la facilité d'appuyer sur un bouton, en se rendant ainsi dépendant de ses outils, l'être humain compromet peut-être sa propre survie si jamais une catastrophe naturelle venait à le priver de ses précieux auxiliaires...
Voilà bien une position qui fait débat.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
The aim of science should be to secure peace for the soul - Martin Jan Stránsky
Une civilisation qui produit beaucoup de savoir et peu de sagesse est condamnée à disparaître - Isaac Asimov
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme - François Rabelais
Crédit image : © tayhifi5 - Freepik


Daniel Muriot il y a 3 heures
Perdre des facultés ne devrait pas nous faire peur.
Au pire, si on a su les acquérir une fois, on devrait pouvoir les acquérir une nouvelle fois.
Regardez Eddy Van Halen qui, à un moment de sa vie, a dû prendre des cours pour réapprendre à jouer ses propres morceaux. La technicité est revenue par l'effort qu'il n'a pas eu peur de renouveler.