Entre ses mains.
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Entre ses mains.
Je vous le promets, je n'y suis pour rien. Je n'ai jamais voulu en arriver là. Comment l'aurais-je pu? De quelle conscience suis-je dotée? Je me sens comme une Andromaque moderne. Jouet des dieux, sans possibilité aucune d'échapper à cette fatalité. Il est là, étalant ses fantaisies, sculptant ma silhouette autant que mon âme. Je suis entre ses mains, une poupée. Au bout de ses doigts, sa chose. Sa réussite. Mon libre arbitre est totalement soumis au sien.
Alors c'est vrai, je l'ai fait. Mais je n'ai pas eu le choix. Je n'ai pas prémédité.
Je suis entrée dans cette cabane. Ah cette cabane! Si bien pensée, si joliment dessinée, au milieu de la forêt. Comme prévu "le soleil filtrait entre les arbres, éclairant le toit pentu dont le bardage se couvrait du doré des feuilles chues. " Comme prévu, "une petite musique s'échappait de la fenêtre entrouverte." Je m'approchais. Il paraît que mes "pas laissaient leurs empruntes sur la mousse fanée par la chaleur de l'été." J'ouvrais la porte. Apparemment, elle n'a pas grincé. Tout avait été si bien pensé. Mon Dieux bienveillant avait prévu jusqu'au dégripage des gonds métalliques. Je franchisssais le seuil. Y-ai-je réellement senti cette "odeur de bois séché"? Je ne pourrais vous l'affirmer. Mais si il le dit alors vous devez le croire.
De mes expériences passées et de mon passage dans l'armée, j'ai dû retiré une sacrée bravoure, car à ce moment précis il semblerait que ni mon corps, ni mon esprit n'aient flanché, alors que j'assistais à la plus horrible des scènes qu'il m'ait été donnée de voir.
Ma main a saisi l'arme. Sans bruit, j'ai retiré le cran de sécurité. Sans une parole, j'ai fait feu. La balle lui a éclaté la cervelle. Il faut dire que la distance avait été bien calculée. Ni trop loin pour m'obliger à tirer une seconde fois, ni trop près pour être repérée. La juste distance, celle qui rend l'acte efficace. L'odeur de poudre a soit disant envahi la pièce. J'y suis habituée. Peut-être est-ce pour cela que je n'en ai pas eu conscience.
Alors oui, j'ai tiré. Je l'ai buté. Sans émotion. En contrôle. Mais ce n'est pas moi. Je suis entre ses mains, au bout de ses doigts. Je n'ai pas choisi de venir dans cette forêt. Je n'ai pas choisi de le traquer pendant des heures. Je n'ai pas librement appuyé sur la gâchette.
Je suis sortie de la cabane. La petite musique s'échappait toujours de la fenêtre entrouverte. J'ai emprunté le chemin de mousse sur lequel mes pas étaient encore visibles. Sans conscience aucune j'ai "disparu dans la lumière dorée qui filtrait à travers les arbres."
Je vous le promets, je n'y suis pour rien. C'était son idée. Je ne suis que son jouet. Le fruit de son imagination et je disparais en même temps que la pointe de sa plume trace le mot FIN.
Jackie H il y a 3 mois
Question : Qui suis-je ?
Réponse : Le personnage imaginé par l'auteur(e)
Claire Brun il y a 3 mois
c’est ça! 😉