

RÉFLEXIONS D'IMPACT - Nos personnages, masques et faux self
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RÉFLEXIONS D'IMPACT - Nos personnages, masques et faux self
Je n'ai pas compté combien de personnages j'ai vécu en moi-même, combien j'en ai découvert en face de moi, combien conspirent encore à naître, à percer la voûte des potentialités. Ils me paraissent infinis, en apparition à un moment défini, allant, venant, et certaines fois demeurant.
Et là quand même, et non reconnaissables, et transis de nous assiéger à leur guise.
Connaissez-vous les vôtres, vous servent-ils ? Sont-ils vos alliés ou vos ennemis ?
Découvrons-le ensemble, regardons.
Qui sont les personnages ?
En toute situation, vous rencontrerez des personnages en vous-même que vous enfilerez si aisément que vous ne vous en rendrez même pas compte. Ces personnages naissent d'abord dans la proximité d'autrui, dans le bain du monde, celui dans lequel on essaye tant bien que mal de nager correctement.
Enfant, on s'associe à ces premiers personnages parce qu'on détermine au fur et à mesure de notre croissance, la personne que l'on est. C'est tout à fait normal, déroutant et fort en réflexion, mais normal. Notre personnalité est en émergence et on rencontre bien des difficultés à s'en approcher, à l'incarner pleinement.
Alors on essaye des attitudes qui passent mieux, pour les parents, pour les enseignants, pour les vies qui s'animent autour de nous et qui sont plus matures. On copie des comportements, ceux des figures d'autorité parce que ça semble être la voie du vrai, ça semble être ce qui est. À un âge où on ne sait pas, on recopie et on intègre, sans savoir si c'est bien nous, sans même deviner qu'il faut réfléchir à ça. Et j'insiste, c'est encore normal, c'est un principe d'évolution passant par l'expérimentation.
En société c'est le test : savoir bien se tenir, être poli (s'en souvenir) et bien paraître, bien être pour les autres. Le regard des autres est cette vérité pesante, la sentence houleuse, l'accord dont on semble nécessiter, le faux qui veut démanteler le vrai. Et au final, n'est-ce pas un départ de sa personnalité ? On est jeune, on ne sait pas toujours faire preuve de discernement. On part ailleurs, le sait-on seulement ?
À l'adolescence, ces personnages sont ébranlés. La conscience nous a prise de court, la mentalisation nous permet d'autres discours et alors, on essaye encore, bien d'autres personnages. À un âge où les fréquentations sont moins contrôlées par la figure parentale -entre autre, l'influence est elle libre de nous saisir, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Notre libre arbitre, bien qu'il demeure là, peut très vite se retrouver fragilisé par la nécessité de bien faire, de plaire, d'être apprécié sur le plan social. Alors les personnages évoluent dans de nouvelles directions, se détendent et gagnent encore plus de place.
Mais qui sont-ils, que nous veulent-ils et surtout, comment les reconnaître ?
Je vous dirais qu'il y a soi, le véritable soi, la nature de notre être, ce que nous sommes véritablement dans toute notre intégrité. Cette intégrité ne subit aucune influence autre que le juste et en cela, ne part dans aucun extrême. Ce soi est pondéré, personnalisé par nos aspirations propres, nos expériences, nos succès, nos déflagrations.
Il est infusé de notre personnalité et est autonome, il se suffit à lui-même et n'a que faire des ruminations, qu'elles proviennent de nous ou des autres. D'un point de vue spirituel, on peut vraisemblablement évoquer l'âme pour en parler, car l'âme est complètement libérée de préoccupations mentales ou physiques. L'âme suit sa voie et si vous l'entendez consciemment alors ces lignes ne vous concernent pas.
Les personnages qui se créent au cours de notre vie ne nous veulent pas de mal. Ils sont une réaction à un environnement où être soi-même n'est pas confortable dans l'instant. Que ce soit un personnage enfilé lors d'une récréation à l'âge adolescent ou un autre, des années après, lors d'une pause déjeuner entre collègues, les personnages sévissent dans des situations où vous vous retrouvez et où vous n'avez pas la pleine décision d'être là.
Je m'explique : vous vous rendez à l'école pour étudier, vous enrichir, mais vous ne choisissez pas votre environnement social. En quelques sortes, vous le subissez, que l'on parle du corps enseignant, des adultes ou des élèves autour. Au travail, c'est la même chose. Je vais généraliser, mais si vous êtes dans le cas où vous avez choisi votre emploi, vous n'avez cependant pas choisi votre patron, vos collègues, les potentiels personnes qui gravitent au plus proche de vous dans un cadre donné. Ici, vous développerez alors un ou des personnages afin de rendre votre passage pérenne et confortable.
Dans ces cas-là, les personnages servent, ils viennent accompagner votre expérience et vous permettent de prospérer.
Nous avons tous des personnages dans la vie, pourvu qu'ils aient une utilité profitable et saine.
Il arrive cependant que ces personnages intérieurs soient plus vils, plus mesquins, sujets à vous faire explorer l'ombre et vous mener vers des relations ou des expériences ternes, visant à vous éloigner de ce que vous êtes. On parlera alors de comportements inconscients, des masques que l'on porte, sans même nous en apercevoir.
Les masques, déviances et artifices
Connaissez-vous les masques ?
De ceux qui sont invisibles, que l'on porte sans le savoir, que l'on supporte -pour être plus juste- et qui se targuent de fausseté ? Ces masques, objets immatériels, collectés depuis l'enfance et tout ce qui a suivi l'enfance ; ces masques qu'on n'a jamais regardé et qui pourtant devant le miroir, se voyaient.
Ceux-là vous font défaut. Ils n'ont rien à voir avec ce que vous êtes et vous desservent, c'est alarmant. Ils peuvent naître d'une suite de "riens" ou d'un énorme tout. Ils vont ont avalé à un endroit où vous étiez désarmé et maintenant vous les sortez un peu comme ces sourires qui ne veulent rien dire et qui surviennent automatiquement.
Sauf que vous n'êtes pas automatique.
Au commencement, vous êtes naturel. Vous êtes un être vivant, vous avez votre propre nature au même titre qu'un arbre ou que tout autre être vivant a sa propre nature. Vous disposez d'un fonctionnement naturel qui découle de vos propriétés et qui est donc fonctionnel.
Et malgré ça, les tribulations de la vie mettent à l'épreuve cette nature, la défie. Et il arrive qu'elle se retrouve pervertie, oubliée. Pour vous protéger de ces perversions, pour les gérer, vous développez alors des masques parce qu'une alarme s'est déclenchée en vous et qu'au moment de l'alerte, les ressources manquaient.
Voilà arrivé, un premier masque. Et un masque qui a dû donner certains fruits, ou vous satisfaire quelque part, parce que si vous le portez toujours, c'est que d'une manière ou d'une autre, il vous a sauvé la mise et que vous l'avez toléré.
Vous avez toléré sa présence, toléré son attitude, et vous l'avez embrassé. Désormais, il préside une partie de votre être et vous le ressortez comme lors de la toute première fois, dans des situations similaires à celles qui l'ont fait arriver.
Est-ce que ça vous parle ?
Vous n'avez pas d'intérêt à avoir la réponse tout de suite. Ce genre d'information demande une réflexion certaine et un certain recul. Il faut prendre le temps, il faut accepter de voir -et ses conséquences.
Les masques sont des pièges dans lesquels il est facile de s'enfoncer. On peut en porter toute notre vie sans s'en apercevoir. Ils sont une réaction à un égo vulnérable, mis à nu et désarmé, un égo sensibilisé, affaiblie, qui n'a pas trouvé autre chose qu'un masque pour continuer d'avancer. Dès lors que le masque est devenu synonyme de confort, espace de sûreté et élan vers un semblant d'utilité, de serviabilité, le masque s'est développé, s'est déformé jusqu'à vous engloutir tout entier. Vous ne l'avez pas vu venir et pourtant, vous êtes sur la voie qui mène au faux self.
Le piège du faux self
Le faux self (faux soi) est un dépouillement identitaire, une dépersonnalisation.
Il existe des approches psychanalytiques du terme que je vous encourage à étudier si le sujet vous intéresse. Je fournis ici une analyse par mon prisme, aussi, je ne vais pas me perdre en détails trop théoriques car je ne suis pas psychanalyste. Le terme étant vulgarisé, je me l'approprie mais n'en refais pas une définition pour autant.
Le faux self, c'est tout simplement un faux vous. Comme une contrefaçon que vous laissez agir à travers vous. C'est différent d'un alter ego, d'une poker face ou de ce genre de termes car vous n'en avez pas conscience. Vous n'avez pas le contrôle sur lui, vous vous êtes tout simplement adapté en lui laissant la place de faire à votre place.
Autrement dit, vous vous êtes déresponsabilisé de vos émotions.
D'une certaine manière, vous lui avez ouvert la porte, vous l'avez installé, vous l'avez entretenu. Il est désormais en vous, et apparaît à l'extérieur comme étant vous. C'est une sorte de suradaptabilité au monde, à son environnement et en cela, un faussaire.
Le faux self n'est pas nécessairement vilain, il n'a pas vocation à vous faire sombrer. Mais il a certainement un pouvoir déconcertant à vous destituer de ce qui vous définie en tant qu'individu, en tant que personne à part entière.
Le faux self existe d'abord en société et prospère par la suite une fois votre seule compagnie venue. À ce moment-là, votre solitude est insupportable, étrangère et dérangeante. Elle n'est pas naturelle, elle est subie, nocive pour vous.
Il n'y a d'importance et de sens à votre existence que si la compagnie est. Sans ça, apparaît le vide, sans ça l'abîme, le grand vertige.
Le faux self est un comédien. Il évolue dans une pièce de théâtre et s'applique à servir la bonne réplique. La spontanéité disparaît, il n'y a plus de place à la créativité, à l'opportunité, à l'intention. Tout semble tourner d'une certaine façon et on suit machinalement ce mouvement parce qu'on s'est entraîné à le faire.
Le danger, c'est évidemment d'en devenir prisonnier et de perdurer là sans jamais avoir la prise de conscience que quelque chose cloche. On perd le soi, on s'enracine dans un rôle qui n'est pas nous. On se convainc alors d'un tas de choses différentes, la liste est non exhaustive ici (être un dur à cuire, être hypersensible, être une femme fatale...). Être un extrême, être un trop plein de quelque chose.
Au final, on cherche une case où rentrer au plus vite pour être à l'abri de ce que l'on n'arrive pas à saisir : soi-même.
Si vous vous êtes reconnu dans ces lignes, pas de panique. La reconnaissance est un pas vers la prise en charge de soi. C'est votre responsabilité de vous occupez d'être vous-même, qui peut le faire à votre place ? Qui peut être vous mieux que vous-même ? Peu importe l'intensité du masque, ou du faux self, ce qui compte ici, c'est d'en avoir conscience. Une fois la prise de conscience faîte, il faut étudier, s'observer, se critiquer et se soutenir. Le reste, c'est votre façon de procéder. Je ne livrerai pas de solutions miracles, d'itinéraires plus favorables parce que l'individu à un parcours et que copier le chemin d'un autre donne à se perdre sur le sien. On peut s'en inspirer bien évidemment, en tirer conseil et sagesse. Mais au bout du compte, vous êtes votre propre artisan, façonnez-vous en tant que tel, avec volonté et patience.
Je rappelle seulement que chercher à aller plus vite ne vous fera pas mieux avancer.


Alexandre Leforestier il y a 2 jours
Je n’ai pas beaucoup croisé de personnages, ni de faux dans ma caboche. Mais alors, quelle galère ! 🤣Une publication qui sonne juste, ici… ))
Marissa Brugallé il y a 1 jour
Quelle galère comme tu dis, parce qu’il sont si bruyants… Merci ☺️
Alexandre Leforestier il y a 1 jour
Pourtant, je vis beaucoup en silence... D'où la musique des montagnes... ;-)
Marissa Brugallé il y a 1 jour
La musique des montagnes, une des plus belles mélodies 🎶
Alexandre Leforestier il y a 1 jour
Avec ou sans Ranz Des Vaches, de toute façon, la bonne Zik et Cloche, c'est là-bas ! ))
Marissa Brugallé il y a 13 heures
Tant que l’air respire la santé et la nature (la vraie), pas besoin de bien plus. Et puis le son des cloches, c’est purifiant 😇