Lexi eu un flash. Elle se souvenait oui, de ce qu’elle a personnellement vécu comme une terrible période. Celle de la libération. Il y a 30 ans.

Les flottes de MENTOR parcouraient l’univers en quête de la libération des espèces soumises par les Ruvorgs. Lexi n’était alors qu’une infirmière, son travail était de s’occuper physiquement et psychologiquement des espèces libérées.

Lors de ces libérations, les flottes de l’USDLP ont suivi des transmissions Ruvorgs, elles menaient vers un secteur qui jusqu’ici appartenait à l’univers inconnu. Aucune espèce suffisamment développée n’avait été recensée et le secteur n’avait rien qui aurait pu prioriser son étude.

Cependant en suivant ses communications, les flottes d’éclaireurs ont découvert un système dans lequel une espèce s’était développé, pas suffisamment pour sortir de leur secteur, mais suffisamment pour commencer la colonie de leur système stellaire. Il s’agissait d’une espèce jeune et très avancée pour son âge. Cette espèce serait plus tard connu sous le nom « Humain ». Malheureusement, c’est avec l’empire Ruvorg que leur premier contact avec une forme de vie étrangère. Quelques milliers d’années à l’humanité leur aurait sans doute permis de rivaliser technologiquement parlant, mais à ce stade de leur évolution, il n’y avait rien à faire, et ils fut réduit en esclavage, servant de main d’œuvre pour extraire toutes les ressources naturelles de leur système pour alimenter la machine de guerre Ruvorg.

Personne ne connaissait réellement les plans de MENTOR pour l’univers, cependant ses consignes étaient claires :

Mais pour le moment, elle était en attente. La libération de la planète que les humains appelaient « Mars » était terminée, c’était une grande colonie avec plusieurs milliards d’habitant et le premier contact de Lexi avec cette nouvelle espèce. Celle de la terre, était presque terminée.

Avec ses presque deux-cents ans de vie, elle avait déjà vu la libération de plusieurs espèces, et malgré ses nombreuses publications la xeno-psychologie, elle n’arrivait pas à comprendre les humains.

Ils étaient absolument tous différent.

La plupart des espèces qu’elle avait vue jusqu’ici avait une base, quelque chose qui les liait tous. La rage, la sagesse, le courage … il y avait des variations bien-sûr, mais elle s’avait à quoi s’attendre en recevant un patient.

Les humains étaient imprévisibles. A chaque fois qu’elle en recevait un, elle devait apprendre à le connaître, à l’écouter. Aucun remède n’était préconstruit. Leurs émotions semblaient être bien plus nuancées que celles des autres espèces, comme s’ils ressentaient les choses de manière bien plus vive. Les traumatismes subis par les Ruvorgs prenaient la forme de conséquences aussi nombreuses que variées, certains cas restant même sans réponses jusqu’à la mort des patients.

Au-delà des blessures morales, les blessures physiques étaient aussi extrêmes. Les humains étaient intelligents certes, mais ils étaient physiquement très fragiles, un simple changement trop brutal de température pouvait les rendre malades, leur peau était fine et leurs organes frêles.

Et les Ruvorgs semblaient l’avoir très bien compris.

Jamais elle n’avait vu un tel déferlement de violences sur une espèce. D’après les données qui avaient été retrouvées sur Mars, leurs tortionnaires semblaient avoir bien du mal à les garder sous contrôle. Ils se sont donc mis à les étudier plus qu’à l’accoutumer, pour trouver des solutions.

Au-delà des systèmes de torture physique mis en place comme l’arrachage de peau, d’ongles, suppression de membres non utiles pour le travail physique, viols … Ils ont vite compris que les humains étaient des êtres égoïstes.

Ils ont donc mis en place sur leur planète un système qui avait déjà été observé sur d’autres espèces. Ce système permettait d’avoir des peines moins lourdes, des journées de travails moins longues en échange d’informations, ou de dons. Les Ruvorgs récompensaient ceux qui utilisaient leurs méthodes certains humains avaient donc des petites responsabilités, ce qui leur évitait l’utilisation de gardes de leur espèce.

La libération de la planète terre était proche, Lexi s’était donc mis à regrouper ses notes pour établir de nouvelles méthodes de traitement quand un signal sonore provenant de son M-8 la sorti de ses pensées.

-Unité médicale, on va avoir besoin de vous dans le Hangar 2, une navette à été intercepté en direction de la flotte Ruvorg, il n’y a que des civils humains à l’intérieur. Une majorité d’enfant semble-t-il.

Lexi soupira à cette dernière précision, les enfants humains sont particulièrement difficiles à gérer, comme s’ils ne possédaient aucune raison. Même si elle était de nature patiente, elle savait qu’ils étaient particulièrement compliqués à gérer.

Elle se saisit néanmoins d’une mallette remplie du nécessaire pour appliquer les premiers soins à des humains. Puis pris la route vers le hangar, le son de ses bottes sur le métal du vaisseau rapidement rejoint par celui de ses collègues.

Elle les entendit parler mais ne prit pas part au conversations, Lexi était plutôt du genre réservée et ne s’intéressait pas vraiment à autre chose que son travail, ce qui lui valait néanmoins le respect de ses collègues et supérieur.

Alors qu’ils approchaient du hangar, un cri se fit entendre, puis deux. Une agitation suivit, quelques gardes rentrant dans le hangar en courant, passant devant Lexi.

Elle le vit alors, ce jeune humain avec une épée, volée à un des gardes, et le corps de deux adultes étendus au sol à la sortie de la navette interceptée. Les autres humains autour semblait effrayés, les enfants pleuraient à l’intérieur de la navette, et les gardes lui crièrent de lâcher son arme.

Ses collègues se précipitèrent vers les deux adultes au sol, l’enfant le vit, et frappa d’un nouveau coup dans la nuque des deux personnes au sol, les achevant pour de bon.

Il lâcha ensuite son arme, laissant les gardes l’encercler sans résistance. L’un deux lui passa des bracelets autour des poignets pour restreindre ses mains. Les collègues de Lexi confirmèrent la mort des humains adultes au sol. Et alors que les gardes s’apprêtaient à l’emmener en cellule. Lexi intervint.

-Excusez-moi, mais cet enfant n’ira pas en cellule. En tant que rescapé, il est sous ma responsabilité. Fit-elle avec fermeté en attrapant le bras du garde passant.

-Vous avez vu ce qu’il vient de faire ? Il est un danger docteur. S’il vous fait du mal c’est ma responsabilité.

-C’est un enfant. Insista-t-elle, mettez le dans une infirmerie sécurisée, je vais m’occuper de lui.

Le garde ne protesta pas, les Ultas avait une très grande mémoire, et tout le monde savait que Lexi s’en était servi pour apprendre par cœur tous les règlements, le garde ne chercha même pas à protester et hocha la tête avant de s’exécuter en silence.

Elle prit un instant pour observer de plus près les cadavres des deux humains au sol, ils étaient initialement sur le ventre, mais ses collègues les avaient depuis retournés. Un silence pesant s’était crée entre ceux qui étaient restés pour observer leurs blessures.

Elle comprit rapidement la raison de ces non-dits en regardant leurs visages. Ils avaient tous les deux des traits qui appartenaient au jeune garçon. Un humain male et une femelle.

Elle comprit alors.

Elle se précipita dans l’infirmerie, ou le garde attendait devant la porte. Il commença alors à ouvrir la bouche, mais Lexi l’interrompu.

-Je ferai attention, oui.

Elle ouvrit la porte, le jeune garçon le regarda dans les yeux. Il avait un regard froid, il était assis immobile, les mains toujours liées par les bracelets. Il semblait calme, presque détendu. Les enfants humains étaient normalement les plus fragile, et à voir les cicatrices qui parcouraient le corps de celui-ci, il aurait déjà du craquer.

Lexi régla son traducteur pour qu’il puisse comprendre ce qu’elle disait.

-Je m’appelle Lexi, je suis une infirmière, tu n’as rien à craindre sur ce vaisseau.

Il ne répondit pas, se contenant d’observer les environs.

-Ces gens que tu as tués, était-ce tes parents ?

Il hocha la tête sans montrer le moindre remord

-Pourquoi ? Vous étiez en sécurité ici, aucun mal ne vous aurez était fait.

-Justement. Finit-il par répondre d’un ton froid.

Elle écarquilla légèrement les yeux.

-Qu’est ce que tu veux dire exactement ?

-Les Ruvorgs … ils proposent aux parents d’offrir leurs enfants en échange récompenses, ils promettent la liberté à ceux qui le font, ou une bonne place dans leurs rangs. Ces traitres ont voulu me vendre pour apaiser leurs seules douleurs. Expliqua-t-il, le ton toujours froid.

-Donc, tous les adultes de cette navette …

-… sont des pourritures. Ils ne méritaient pas de vivre. Je craignais qu’ils ne soient pas punis ici.

Elle ne dit rien de plus. Elle comprenait un peu son regard à présent, un regard fort, mais qui ne reflétait rien, un regard dérangeant. Comme tant d’autre il n’avait reçu rien à part la violence, contrairement à eux cependant, les coups incessants des tortures ne l’avaient pas brisé comme tant d’autres, ils l’avaient forgé.

Elle soupira intérieurement, la stoïcité dont il faisait preuve n’était à ces yeux qu’un résultat différent de la fragilité habituelle de cette génération brisée.

-Comment t’appelles-tu ? Demanda-t-elle, plus calme.

-Nyr.

Elle s’approcha de lui doucement, il venait de tuer froidement ces parents, certes, mais elle pouvait sentir qu’il n’avait pas de mauvaises intentions. Elle passa son M-8 devant les bracelets, et avec un petit signal sonore, ces derniers se démagnétisèrent.

-Merci. Fit-il simplement, en remettant ses mains en place sur ces cuisses.

-Je m’attendais à ce que tu essai quelque chose. Mentit-elle pour tester sa façon de penser.

-Je n’ai rien contre vous. Et puis même si je sors de cette pièce, je ne sortirai jamais du vaisseau.

Il ne semble pas traumatisé. Pensa-t-elle

-A ce propos, c’est un peu tôt pour parler de ça et pour tout te dire je déteste ça … mais j’ai l’impression que ça pourrait t’intéresser… ils recherchent toujours du monde pour rejoindre les rangs de l’armée. Les mêmes personnes qui essaient de libérer la Terre, si ça t’intéresse bien-sûr. Elle le testait à nouveau pour savoir

Il hocha de nouveau la tête.

-Il faudra du temps cependant, tu es trop jeune pour ça pour le moment. Tu as beaucoup de choses à apprendre, et l’entrainement sera long. Mais tout ça est encore loin, je vais commencer par m’occuper de toi.

Les années suivirent et Lexi observa de près l’évolution physique et psychologique de Nyr. Il avait rapidement fait la promesse qu’il s’engagerai dans l’armée et il s’était porté volontaire pour être étudié en détail par Lexi en attendant, puisqu’il n’avait plus de parent et qu’il avait accepté d’être étudié, quelque chose de très rare à ce stade de découverte de l’humanité, une dérogation spéciale fut mise en place pour lui permettre de rester sur le vaisseau.

Les quelques années qui séparaient Nyr de l’envoi en camp d’entrainement passèrent vite pour Lexi.

Elle avait passé des mois à gérer des humains qui étaient tous plus compliqués les uns que les autres, et même si elle ne détestait pas cette espèce pour autant, elle avait rarement été aussi stressée par sa charge de travail.

Nyr était beaucoup plus simple, du moins à la surface. Il ne parlait quasiment pas avec elle et jamais avec les autres, il était toujours silencieux et calme, un calme presque dérangeant. Lexi effectuait régulièrement des tests sur lui, elle avait beau préciser à chaque fois qu’il avait le droit de refuser, qu’il n’était pas obligé de s’y plier, il acceptait toujours sans même demander de quoi il s’agissait.

Sous la surface cependant, il semblait tout accumuler. Avec les années Lexi avait remarqué qu’il avait une grande mémoire et qu’il accumulait tout, après des centaines de séances de psychologie humaine cependant, elle n’a jamais réussi à percer l’armure d’émotions qu’il s’était créer.

Quand Nyr obtint finalement l'âge humain nécessaire pour s'engager dans l'armée et aider dans les campagnes de libération et l'attaque des systèmes Ruvorgs, il le fit sans hésiter. Il esquissa tout de même un très fin sourire à l'intention de Lexi avant de partir, la remerciant pour ses 3 ans de soins.

Grâce à toutes les expériences menées par Lexi sur Nyr puisqu'il ne refusait aucun test, elle put rapidement établir des nouveaux protocoles et de nombreuses études sur l'espèces humaine, devenant assez rapidement une experte reconnue sur le sujet. Elle combina ses efforts avec ceux d'autres médecins des campagnes de mars et de la terre pour publier les premiers ouvrages sur le traitement des maladies psychologiques et les traumatismes des humains. Un ouvrage considéré comme une référence absolue, tellement populaire qu'il lui valut le titre de docteure. Chez les Utlas docteur n'est pas un simple métier, mais un grade qui s'obtiens en faisant progresser de manière significative le domaine scientifique.

Lexi n'oublia jamais vraiment sa rencontre avec Nyr, il contrastait trop avec la plupart des humains. Par curiosité, elle avait suivi sa carrière militaire. Elle était ponctuée de victoire et de promotions, il prit rapidement le commandement d’un vaisseau tout entier, puis d’une armée tout entière. Les humains de manière général sont des combattants redoutables bien que physiquement fragiles, leur bonne assimilation des implants et leurs stratégies imprévisibles au début de la guerre les rendant particulièrement dur à affronter quand ils commandaient des armées.

Cette montée en puissance des humains fut rapide, bien que MENTOR se fichaient éperdument de qui était à la tête des armées tant que le travail était fait, et bien que la plupart des espèces étaient méfiantes, personne n’osait contredire celui qui avait unifié l'univers contre l’empire Ruvorg.

Puis un jour, L'univers, alors presque entièrement sous la même bannière, fut de nouveau déchiré lors de la bataille de Djua. Les rumeurs qui courraient indiquaient qu'un humain avait assassiné MENTOR, presque aussitôt l'entente des systèmes de Sveda et la Coalition se créèrent.

Dans ce nouvel univers, la plupart devait choisir son camp. Lexi, elle, comme beaucoup, avait techniquement perdu son poste dans cette armée qui avait disparu du jour au lendemain. Grâce à sa renommée, des dizaines d'entreprises se battaient pour lui offrir un poste toujours plus intéressant, avec une paye toujours plus absurde et des avantages toujours plus confortables.

Le grand exode de la fracture, c'est comme ça qu'avait été nommée cette période qui avait causé le plus grand déplacement de population de l'histoire connue. Lexi avait compris de ces anciens camarades et collègues que beaucoup d'Utlas partiraient pour l'E2S, cependant, contrairement à beaucoup d'espèces, elle ne détestait pas vraiment les Humains. Elle les avait suffisamment étudiés pour savoir que les actions de l'un d'entre eux ne représentait jamais les pensées de tous les autres et ne s'était pas vraiment décider sur sa destination.

Elle se trouvait dans un port-spatial avec ses quelques affaires sur le dos autour de Svri-2, une planète appartenant à son espèce mais qui se trouvait dans le futur territoire de la Coalition. Beaucoup d'Utlas partaient pour rejoindre leur système d'origine, se pressant les uns contre les autres dans une agitation sans précèdent. Les personnes qui ne prenaient pas encore part à cette foule, en créait une autre devant les divers écrans, qui passaient des milliers d'informations différentes sur la situation actuelle de l'univers. Dans cette déferlante d'informations, Lexi aperçu un visage familier.

-Lexi ?... Lexi?

La docteure sursauta en se faisant sortir de ses pensées, remarquant qu'elle essuyait machinalement dans le vide, étalant plus de sang qu'autre chose.

-Oui, général, je me souviens. Pardon …

-Mes techniques vous paraissent peut-être violentes, mais tout ce que je fais c'est raccourcir des conflits, ce qui finalement est plutôt positif. Répéta-t-il, comprenant bien que Lexi n'avait pas écouté.

-Toutes les planètes ne céderont pas aussi vite. Fit-elle en secouant la tête pour se reprendre complétement.

-Je sais bien, et beaucoup de victimes seront inévitables, à moins que la diplomatie arrive à trouver un accord. Mais vous savez aussi bien que moi que ces méthodes sont longues, fastidieuses, et remplies d'égo.

-Nous sommes au moins d'accord sur une chose …

Elle se releva après avoir fini d'éponger le sang avec Nyr. Maii rentra alors dans la pièce.

Elle vit les traces de sang au sol et un silence, accompagné d'un regard interrogateur parcouru l'infirmerie.

-Je …euh… je venais pour mes tests quotidien Lexi … mais je peux passer plus tard si vous le souhaitez. Annonça-t-elle un peu désemparée

-Pardon Maii, ça m'est sorti de la tête… non tu peux rester, Aranne est stable on va pouvoir les faires.

Le M-8 de Nyr se mit alors à sonner.

-Et merde, j'avais oublié. Je vais sur le pont, il faut que je discute reddition avec Ta'kor.

-Déjà ? Il n'y a pas eu de bataille au sol pourtant.

-Certes, mais je n'ai pas vraiment envie de faire un assaut au sol, il y a toujours les canons de défense, et maintenant que le gros de leur flotte a été détruit, je peux utiliser la menace nucléaire. Inutile de sacrifier du matériel pour rien.

-Ils n'ont pas d'armes nucléaires eux ? Questionna Maii en prenant place sur un lit médicalisé adjacent à celui d'Aranne, toujours apaisée par le sommeil.

Un léger sourire franchit les lèvres de Nyr, contrairement à Lexi qui n'aimait pas voir une jeune fille parler d'armes de la sorte.

-Oui ils ont aussi des missiles. Fit-il finalement.

-Pourquoi ne l'utilisent-ils pas contre la flotte ?

-Nous sommes assez proche de la planète pour que les retombées radioactives atterrissent à la surface, sans compter que c'est dur de viser avec un missile de ce genre depuis le sol, la distance les rende prévisible, si il est détruit, tout retombe à la surface également.

-Je vois …

-Je dois filer, je vous laisse surveillez Aranne pour moi le temps que je revienne.

Elles hochèrent la tête et Nyr sorti de la pièce, puis, le silence retomba.

Lexi s'approcha alors pour faire une prise de sang à la jeune fille.

-Comment tu te sens depuis hier ? Commença la docteure comme un mécanisme forgé par des années de pratique.

-Bien. Répondit la concernée avec un ton qui commençait aussi à devenir une habitude.

-Tu n'as pas remarqué de réaction bizarre à la pâte nutritive ?

-Mis à part que c'est mauvais, non.

Lexi souffla du nez en continuant la prise de sang

-Tu as de la chance les vaisseaux de Nyr sont bien plus axé sur le confort que la plupart des vaisseaux militaires. Mais la cuisine personnalisée de l'UF-0 me manque déjà aussi.

-Dites docteure … j'ai vu aujourd'hui d'un peu plus près la réalité de la guerre, et … je ne sais pas… quand Dru'zon à utiliser le vaisseau pour tuer toutes ces personnes dans le hangar, ça m'a perturbé.

- C'est plutôt normal, tu n'as pas encore connu des affrontements de près, et tu n'as également fait aucune simulation. C'est le réflexe de quasiment tout le monde la première fois.

-Vraiment ?

-Oui, pour le moment tu apprends la base de la base donc tu n'est pas encore passé aux simulations, mais elles sont extrêmement réalistes, c'est une bonne première approche pour les gens qui n'ont pas l'habitude de tuer.

-C'est des choses auquel je n'avais pas pensé à force de m'entrainer contre un robot…Soupira-t-elle. Le chemin est encore long.

-Vu comment c'est parti, tu as tout le temps de t'entrainer.

Plusieurs dizaines de minutes passèrent, les deux étaient restées dans l'infirmerie même après avoir fini les tests. Lexi s'occupait de lancer les analyses pendant que Maii, qui tournait toujours plus en boucle les images de la journée dans sa tête n'avait pas vraiment envie de s'entrainer et avait décider de rester en regardant avec curiosité de plus près Aranne, toujours apaisée par le sommeil.

Les légers bips des machines étaient la seule chose qui rythmait le silence de l'infirmerie, et dans la pénombre indiquant la nuit sur le vaisseau, les écrans était quasiment la seule source de lumière.

Dans cette atmosphère bleutée, Maii s'était branché sur l'armure d'Aranne pour regarder les enregistrements de la bataille du point de vue de la mercenaire sur son M-8.

Elle observa son style de combat et son habilité au tir, son stylé de manière générale ressemblait beaucoup à celui de Nyr. Cependant elle-même et son entrainement limité pouvait déduire qu'elle avait un style qui poussait l'agressivité des techniques de Nyr au maximum. Elle plongea son attention dans l'enregistrement, jusqu'à ce que la chute d'un récipient du bureau de Lexi brise le silence.

Maii détourna le regard pour regarder furtivement l'origine du bruit. Lexi se tourna vers elle et leurs pupilles se croisèrent.

-Je commence à fatiguer. Je vais demander au général de venir veiller sur Aranne, tu devrais aussi aller te coucher, on ne sait jamais ce que l'on va faire le lendemain dans ce genre de périodes. Annonça la docteure en quittant la pièce.

Elle hocha la tête, puis la porte se referma. Elle continu cependant à regarder la discussion entre Nyr et Aranne dans le vaisseau-capitale des Quans.

-J'aimerais être aussi forte. Soupira-t-elle pour elle-même en débranchant les câbles qui allait de l'armure de la Kortashan à son M-8.

-Tu as encore le temps.

Elle sursauta brutalement en entendant ces paroles.

-Vous … vous dormez déjà plus ? Depuis quand ?

-Je sais pas, j'ai entendu un truc tombé ça m'a réveillé, mais j'ai pas réussir à bouger jusqu'à maintenant.

Elle commença à se redresser mais la fatigue, sa blessure lourde et les médicaments, lui rappelèrent sa condition et elle tomba de nouveau sur les draps.

-Vous devriez rester au lit pour le moment, Nyr devrait arriver bientôt. Fit-elle avec un ton inquiet.

-Je crois que je suis pas prête de bouger à nouveau. Dis-moi, pourquoi tu regardais les enregistrements de mon armure ?

-Je … heu … j'étais curieuse d'en savoir plus sur vôtre bataille, comment vous vous battez, ce genre de choses.

Aranne marqua une pause, affichant un visage étonné.

-Tu n'es pas une combattante, si ?

-J'aimerais le devenir… j'aimerais payer la dette que j'ai envers le général. Je me disais que je pourrais m'inspirer de vous en regardant comment vous avez combattu

Elle souffla du nez en souriant légèrement

-Je comprends ce que tu ressens. Je suis pas sur que je m'inspirerai du style de combat ou des décisions d'une personne qui a fini avec une hémorragie cependant.

La jeune fille sourit à son tour. Puis regarda son enregistrement.

-Dites … est-ce que je peux vous poser une question ?

-Je vais faire de mon mieux, mais j'ai du mal à me concentrer avec le vertige que j'ai depuis tout à l'heure.

-J'aurais aimé savoir pourquoi vous êtes aussi sensible envers le général.

Le visage de la mercenaire se ferma, montrant des traits plus sévères. Ce qui provoqua un frisson chez la jeune fille.

-Ça te pose un problème ? Fit-elle d'un ton sec, sans pour autant être agressive.

Maii savait déjà que le sujet était sensible, elle choisit donc ses mots avec soin.

-Pardon… c’est juste que le contraste est frappant et je …

Aranne secoua faiblement la tête pour l’interrompre.

-Tu étais la pourtant quand j’ai parlé de mon passé avec lui. C’est lui qui m’a recueilli quand j’étais jeune. Reprit-elle avec un ton plus calme. Elle marqua une longue pause, puis repris, la voix légèrement brisée par la fatigue. Dans les camps d’esclavages Ruvorgs, je pleurais souvent. De douleur, de peur, ou tout simplement de désespoir. C’était la seule expression de sentiments que je n’ai jamais eue. Nyr a toujours tout fait pour moi dès l’instant ou il m’a prise sous son aile, mais il faut bien l’admettre, s’il y a bien une chose ou il n’est pas doué, c’est exprimer ses émotions. Sourit-elle légèrement. Il m’a toujours réconforté à sa façon, avec des actions et des gestes, mais les mots… c’est pas vraiment son domaine. Puisque j’étais petite, j’ai essayé le plus possible de ma calquer sur lui, restée stoïque, froide… mais avec Nyr c’est impossible. Il est la seule personne avec laquelle je n’ai pas besoin de me retenir, il ne m’a jamais jugé ni renié pour mes faiblesses, donc quand je suis avec lui je baisse plus facilement mes défenses émotionnelles… mais… pourquoi cette question ?

-Justement … comment avez-vous fait pour passer d’un extrême à l’autre ? Comment faites-vous pour contenir vos émotions ? Vous avez toutes les raisons d’être traumatisée et émotive et pourtant en dehors de Nyr, vous ne laissez rien transparaître.

Aranne marqua une pause. Cherchant visiblement une explication à un mécanisme devenu naturel pour elle.

-Je suis pas vraiment une experte … mais j’ai appris à être plus bienveillante envers moi-même. Pour être honnête, tu n’as pas l’air d’avoir confiance en toi, surtout si tu me demandes ce genre de choses. Le doute c’est probablement la pire des choses, surtout dans un champ de bataille, personne n’y échappe vraiment, mais moins tu en as, mieux c’est. Fit-elle en touchant la cicatrice qui ornait son visage. Un truc plus simple, c’est d’écrire tes doutes ou tes peurs, puis une fois que tu as un scénario, tu peux simplement trouver des solutions.

Puis la porte de l'infirmerie s'ouvrit. Révélant l'imposante silhouette de Nyr.

-Tu es déjà réveillée Aranne ?

-J'ai déjà la tête qui tourne … je pense pas que je vais rester longtemps consciente. On à gagnés ?

- Difficilement, mais oui. Ta capitaine générale Lagah à bien aidé durant leur

reddition.

- Je devrais peut-être la nommer comme bras droit. Fit Aranne pour elle-même à

haute voix, en regardant le plafond, la voix faible.

- T'en as perdu deux en seulement quelques jours … t'es vraiment sûr que ce soit

une bonne idée ? Se moqua gentiment Nyr.

- On se demande à cause de qui …

- J'avoue en avoir tué un mais l'autre c'est pas ma faute.

La mercenaire qui semblait au bout de ses forces, eu un léger sourire étouffé par la

fatigue. Elle se rendormit alors en un éclair, se sentant à nouveau en sécurité. Le général

dirigea son regard vers Maii.

- Lexi m'a dit qu'elle allait dormir, même si Aranne s'est réveillée, ses signes sont

stables. Tu devrais surement aller te coucher aussi, la journée à été longue.

La concernée était sortie de l'infirmerie, réfléchissant à la bataille qui s'était écoulée. En

passant devant la salle d'entrainement du vaisseau, elle y vit Valari, en train de

s'entrainer contre un robot d'entrainement, bien supérieur à ceux que Maii avait eu à

faire jusqu'ici. La Valtron mis un puissant de coup de pied dans le robot qui l'envoya à

l'autre bout de la salle d'entrainement. Elle jeta ensuite un coup d'œil vers les portes de

la salle, sentant quelqu'un la regarder.

- Tu veux venir t'entrainer ? Fit-elle en changeant de la concentration à

l'enthousiasme.

- Pas directement contre vous, je crois que je risque d'y perdre quelques os. Se

pressa Maii de répondre en regardant le robot démembré par le choc de l'impact.

Valari suivit le centre de l'attention de la jeune fille. Observant avec satisfaction sa force

de frappe.

- Pourquoi vous entrainez vous aussi tard ?

- Tu peux lâcher le "vous", je suis qu'une soldate moi. Annonça-t-elle en essuyant

la sueur sur elle avec une serviette, déjà visiblement bien imbibée. T'as pas à te

sentir moins bien que nous parce que tu combats pas.

Un faible sourire, bien que sincère apparu sur les lèvres de Maii.

- Merci, Valari. A ce sujet … je me demandais si tu voulais bien m'entrainer ?

J'essaie de regarder les styles de toute le monde pour trouver une voie à suivre.

- T'es plutôt studieuse, mais je pense que tu loupes l'essentiel : c'est plutôt défini

par ta façon de combattre et ton physique que par réellement ton envie, enfin, tu

peux choisir un style que tu aimes, mais il doit te correspondre. Je suis bien plus

grande que toi, si tu essayais de copier mon style alors que tu n'as pas d'allonge,

tu t'encombrerais plus qu'autre chose.

- Oui … un style réaliste pour ma condition physique… Marmonna Maii à voix

haute, comme si elle prenait des notes dans sa tête.

- Nyr à bien du t'enseigner des trucs non ?

- Surtout les bases finalement, quelque chose de classique.

- Ca parait logique quand tu y penses, après tout tu va pas rester aussi petite, enfin

j'espère… S'amusa Valari. Quand tu seras plus grande tu sauras si tu as plutôt un

profil rapide, fort, athlétique … c'est pas les exemples qui manquent dans le

vaisseau.

- Quand je regarde Néah pourtant … c'est comme si elle avait tout fait à l'envers,

elle est athlétique et agile, mais pourtant elle n'utilise quasiment que des armes

lourdes qui la ralentisse.

- Pour autant que je la trouve bizarre, il faut admettre que ça marche, vu comment

elle se met en danger, si ça ne fonctionnait pas elle serait déjà morte. Et puis… ca

me coute de l'admettre, mais peu importe la force physique, si la moitié de tes

organes sont partis à cause d'un tir, tu meurs.

- Je suppose que c'est vrai… d'ailleurs je me demandais, je pense avoir cerné vôtre

style à tous … sauf Dru'zon, est-ce que tu sais comment il fonctionne ?

- Je comprends … mais non … les seuls qui l'aient jamais vu combattre, c'est le

chef et I2A d'après ce qu'il m'a dit. Tout ce que je peux te dire c'est qu'il ne faut

pas le sous-estimer, mais à chaque fois que je lui ai demandé directement il m'a

pas répondu.

Maii ne répondit pas dans un premier temps, puis avant qu'elle puisse ouvrir la bouche,

une communication de Nyr se fit entendre dans tout le Daktalos

- Pour information tout le monde, on se dirige vers Virle-2 la planète des

Virletakoides, c'est la plus proche planète alliée avec la technologie suffisante

pour installer l'Hyper-Ordinateur sur le vaisseau.

Alors que Maii avait levé inconciemment la tête vers les haut-parleurs, elle entendit

Valari faire un bruit de dégout.

- Oh bordel, pas eux. Se plaignit-elle.