0. J'y suis, j'y reste - Elizabeth
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0. J'y suis, j'y reste - Elizabeth
Mon nom est Elizabeth, Elizabeth Evans. J’ai trente-trois ans, plus de la moitié passée en institut psychiatrique. Si j’étais comme tout le monde, je n’aurais pas atterri là. Si mes proches m’avaient soutenu, je ne serais pas restée là. Si les médecins m’avaient cru, je ne serais déjà plus là. Si, si, si… là, là, là…
J’y suis, j’y reste.
Tout le monde m’a abandonné. Ma famille, mes amis, le corps médical, même le prêtre ne vient plus me rendre visite. Je suis seule, seule avec mes pensées, mes songes, mes visions, et ce raz de marée émotionnel qui m’emporte, me balaie, me broie, m’anéantit…
J’y suis, j’y reste.
Parfois, je me blesse volontairement avec ce qui me tombe sous la main. Juste pour sentir la douleur physique, l’unique chose qui me permette encore de m’accrocher à la réalité. Une douleur si douce en comparaison de l’agonie qui ravage ma psyché à chaque crise. Le gouffre de la solitude, la chute dans le néant, le désespoir absolu, l’appel à l’aide qui demeure sans réponse depuis toujours et à jamais et me ronge de l’intérieur comme un acide.
J’y suis, j’y reste.
Tout en moi est brisé, mes pensées, mon moral, ma volonté. Je n’en peux plus… Réalité et fantasme forment pour moi deux notions plus abstraites l’une que l’autre, peut-être suis-je vraiment schizophrène après tout ? Si j’avais le choix, si l’on me donnait cette chance, je me tuerais !
J’y suis, et si je n’y restais pas ?
Mon nom est Elizabeth, Elizabeth Evans, et je n’ai plus qu’un but : en finir…