La rumeur du monde

La rumeur du monde n'est pas toujours bruyante.

Tous ne sont pas affectés par le vacarme des mégapoles.

Mais aujourd'hui, même dans les campagnes les plus reculées, il devient difficile d'y échapper.

Radio, télévision, puis disques, magnétophones, cassettes, CD, DVD, baladeurs, puis ordinateurs, lecteurs MP3, maintenant smartphones, demain montres et lunettes connectées (ou est-ce déjà aujourd'hui ?), se sont immiscés en douceur dans tous les foyers, dans tous les sacs, dans toutes les poches et dans toutes les oreilles, pour les emplir progressivement de leur bruit sourd mais continu, de plus en plus stressant.

Là où ils avancent, le silence recule.

Et le calme aussi.

Je dis avec ABBA Thank You For The Music (je ne suis pas spécialement fan de ce groupe, mais le titre de cette chanson résume bien mon rapport avec la musique) quand j'en entends dans les rues, sur les marchés, dans les magasins, les ascenseurs, les cafés, les restaurants.

S'il est une chose au monde pour laquelle je suis reconnaissante d'être née et de vivre à mon époque, c'est bien la musique.

Mais il me faut bien reconnaître que nous vivons dans un monde bruyant qui aurait considérablement stressé nos parents.

Celui qui voudrait se contenter d'écouter le chant des rivières ou celui des oiseaux, ou qui recherche le silence propice à la méditation et à la connexion spirituelle, trouve de moins en moins d'endroits pour le faire.

Même au sommet des montagnes, nos smartphones résonnent. Si ce n'est eux, c'est le bruit des avions.

Autrefois, calme et silence étaient réputés propices à l'étude. Aujourd'hui, les travailleurs du numérique (et les autres aussi) se concentrent les écouteurs enfoncés dans les oreilles.

Certes, il ne s'agit pas forcément de musique bruyante. À vrai dire, elle est même le plus souvent relaxante.

Mais nous n'en vivons pas moins dans une civilisation bruyante.

Notre monde est bruyant, de la circulation dans nos rues aux chantiers de construction, de la rumeur de nos médias à la voix d'une population qui ne cesse de grandir et qui occupe de plus en plus d'espace sur cette planète.

Et mensongères ou réelles, la rumeur des nouvelles et des idées qui s'entrechoquent crée un stress à bas bruit qui nous mine petit à petit.

Et si nous nous déconnections du bruit ambiant ?

Crédit image : © Pierre Pineau, Christophe Bogey - Laboratoire de mécanique des fluides et acoustique