2. L'Enfer des Sucres Ajoutés
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2. L'Enfer des Sucres Ajoutés
Ma Vie Sans Sucres Ajoutés - Chronique d’une renaissance psychique et physique
Comme je l’ai évoqué dans le premier article de cette série, j’ai commencé par diminuer considérablement ma consommation de sucres. Ce faisant, j'ai pris conscience qu'il est partout et pas sous les meilleures formes pour notre santé.
Quand le Sucre est Partout
Oui, le premier levier de ma rééducation alimentaire était le sucre. Pour être plus précis, j’ai commencé par une courte période de suppression totale, histoire de couper les vivres à cette population candidas albicans devenue envahissante que j’évoquais. Ce sont les fameuses levures qui aiment tellement le sucre qu’elle te poussent à en consommer toujours plus. Cela aurait été idiot d’aller dans le sens inverse des pharmacopées conseillées par ma praticienne en médecine chinoise, n’est-ce pas ?
Évidemment, se couper totalement, d’un macro-nutriment, en l’occurrence les glucides, n’est pas une bonne idée sur le long terme. Mais ça peut-être valable quand on a une bonne raison de le faire sur une période donnée et dans un cadre surveillé. Et dans mon cas, mon foie pouvait toujours déstocker de quoi répondre à quelques besoins énergétiques.
Je mentirai en disant que c’était facile. La méthode était assez radicale. De plus la boisson chaude du matin sans sucre demande un réel effort au début. Il m’est même arrivé de me réveiller la nuit avec l’envie d’une boisson sucrée. Et puis j’ai trouvé l’enthousiasme nécessaire dans les premiers résultats. Cette courte période sans aucun glucides a contribué à rendre la suivante plus facile et naturelle. Car il n’était bien sûr par question de retomber dans les mêmes travers qu’avant.
C’est au moment de cette suppression momentanée du sucre que je me suis intéressé de près à la composition de certains produits proposés dans le commerce et que j’ai pris conscience à quel point certaines de mes habitudes alimentaires présentaient un besoin impérieux d’être changées. Le sucre était partout, notamment là où il n’apporte rien et sous des formes parfois carrément dangereuses pour ma santé : le sirop de glucose et les édulcorants. Des édulcorants ? Moi qui croyait pourtant les éviter… C’était sans compter sur l’esprit inventif des industriels.
Prenons l’exemple d’une charcuterie de type Rosette de Lyon assez basique telle que proposée en supermarché ou dans le circuit HoReCa.(1) Moi qui passe le plus clair de mon activité professionnelle en déplacement, je la croise souvent aux petits-déjeuners des hôtels qui m’accueillent. Cette charcuterie, qui n’est pas le pire exemple, contient une certaine quantité de sirop de glucose, destiné à bloquer l’oxydation et rehausser le goût, ainsi qu’un conservateur chimique qui n’inspire pas confiance : le nitrate de potassium ou salpêtre (E252). Et là, nous ne nous sommes pas encore intéressés à l’alimentation et aux traitements antibiotiques des animaux ayant servi de base à l’élaboration du produit. Ils ne sont pas toujours élevés dans des conditions adéquates pour eux, ni pour ceux qui les consomment. Question de coûts et profits.
Découvert dans les années 70 par des chercheurs japonais, le sirop de glucose-fructose, issu de la fécule de maïs a rapidement séduit le marché nord-américain. En accord avec la politique protectionniste des Etats-Unis, moins cher, plus facile à mélanger de par sa forme liquide, il conduit à des produits ayant une plus longue durée de conservation.(2)
Seulement sa présence, comme celle d’autres sucres ajoutés, dans les aliments industriels n’est pas sans poser quelques problèmes. Notamment une consommation excessive de sucre raffiné. Selon Anne-Françoise Burnol, directrice de recherche au CNRS, la consommation annuelle de sucre raffiné est passée de 2 à 35 kg par personne au cours du XXe siècle en France.
Or, quand on parle de sirop de glucose-fructose on parle d’un produit à haute teneur en fructose dont le pouvoir sucrant est supérieur au glucose. Qui dit pouvoir sucrant supérieur, dit aussi moins de produit nécessaire pour le même effet. Sauf que pour Anne-Françoise Burnol, ce serait un “super-sucre” toxique et addictif, en plus d’être beaucoup moins efficace que le glucose pour induire la satiété. Comme elle le souligne, les études sur le sujet sont malheureusement contradictoires en fonction de leur source de financement. Et les intérêts financiers en jeu sont énormes. Pourtant, elle n’hésite pas à parler d’urgence en terme de santé publique.(3) Qu’est-ce que cela t’inspire ?
Et des Edulcorants
Deuxième exemple, j’ai eu envie d’un Gin Tonic en travaillant sur cette série d’articles. De mémoire, il me restait du Schweppes acheté avant d’entreprendre ces changements. Fort de mes nouveaux réflexes, je consulte la liste des ingrédient et surprise ! Cette boisson déjà très chargée en sucre contient deux édulcorants : Acésulfame K (E950) et Sucralose (E955), une astuce d’industriel pour faire passer le sucre en deuxième dans la liste des ingrédients. Double avantage : ça fait baisser la taxe sur le sucre et laisse croire à un produit plus sain, puisque le premier ingrédient devient alors l’eau gazeuse. Oui, parce que dans une liste, les ingrédients sont classés en fonction de leur quantité dans le produit fini. Pourtant, d’autres limonadiers réussissent à faire passer le sucre en deuxième dans leur liste, sans édulcorants. Il mettent juste moins de sucre. Mais voilà, ça fait un produit plus cher.
La consommation d’édulcorants ne semble pas sans risques. Certains chercheurs nous parlent de toxicité pour la flore intestinale entrainant toute sorte de dérèglements.(4) On noterait une diminution significative des espèces bénéfiques au profits de bactéries opportunistes.(5) Cette modification du microbiote intestinal induirait notamment une insulino-resistance conduisant à l’obésité.(6) L’augmentation du risque de diabète de type 2 est aussi pointée du doigt.(7)
Une étude australienne sur la Sucralose (E955) m’a notamment interpelé. Son fort pouvoir sucrant et son faible apport en calorie serait de nature à rompre l’équilibre sucre-énergie. Le cerveau ne trouvant pas l’apport énergétique attendu avec le goût sucré nous pousserait alors à compenser, autrement dit, à manger plus. Ces chercheurs ont aussi constatés des effets sur la qualité du sommeil, avec un risque d’insomnie et d’hyperactivité. (8)
Or, tous les édulcorants possèdent ces propriétés de très fort pouvoir sucrant pour un faible apport calorique. Certes, le Pr. P. J. Rogers de l’université de Bristol n’est pas d’accord avec l’hypothèse de confusion. Il continue de défendre les édulcorants comme stratégie utile pour prévenir et contrôler le surpoids et l’obésité.(9) Toutefois, une étude américaine publiée en 2014 indique que les personnes en surpoids buvant des sodas light (chargés en édulcorants) consomment un surplus de nourriture allant en moyenne de 88 kcal à 194 kcal par jour.(10)
Là encore, les intérêts financiers en jeu sont tels qu’il paraît presque impossible de se fier aux études. Il y en a toujours une pour contredire ou invalider l’autre. Et si nous choisissions de nous fier à notre bon sens ? Quels avantages ou quels désavantages penses-tu retirer de la consommation de ces édulcorants ?
J’en reviens aux propos de Dominique Guyaux sur notre cerveau de chasseur-cueilleur et le fait qu’il soit adapté à la présentation naturelle des aliments. Partant de là, l’idée que cet organe attend un certain apport énergétique du sucre me paraît cohérente. Cette notion s’accorde-t-elle avec ta propre expérience et ton ressenti ?
Dans mon cas, une chose est certaine. C’est la diminution des glucides et la suppression des sucres ajoutés qui ont contribué à me faire retrouver la ligne. Pas des produits chimiques potentiellement nocifs.
M’intéresser à la présence des sucres ajoutés et des édulcorants dans mon panier, m’a amené à m’intéresser à celle d’autres ingrédients magiques. Ce sera l’objet du troisième article de cette série : “La Ronde des Additifs”.
Notes en bas de page et Sources :
(1) Hôtels-Restaurants-Cafés
(2) White JS. 1992. Fructose syrup: production, properties and applications, in FW Schenck & RE Hebeda, eds, Starch Hydrolysis Products – Worldwide Technology, Production, and Applications. VCH Publishers, Inc. 177-200
(3) Le fructose, un additif problématique ? - 19.11.2015, par Anne-Françoise Burnol - CNRS Le Journal
(4) Molecules 2018, 23(10), 2454; https://doi.org/10.3390/molecules23102454
(5) Advances in Nutrition, Volume 11, Issue 3, May 2020, Pages 616–629, https://doi.org/10.1093/advances/nmz118
(6) Physiology & Behavior Volume 164, Part B, 1 October 2016, Pages 488-493 https://doi.org/10.1016/j.physbeh.2016.04.029
(7) Annals of Nutrition and Metabolism 2017;70:51-58 https://doi.org/10.1159/000458769
(8) Cell Metabolism Volume 24, Issue 1, P75-90, July 12, 2016 https://doi.org/10.1016/j.cmet.2016.06.010
(9) Proceedings of the Nutrition Society Volume 77, Issue 3, August 2018, pp. 220-328 https://doi.org/10.1017/S0029665117004049
(10) American Journal of Public Health 104, no. 3 (March 1, 2014): pp. e72-e78 https://doi.org/10.2105/AJPH.2013.301556
Photo : Louis Hansel @shotsoflouis on Unsplash