Une terre gorgée d'eau
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Une terre gorgée d'eau
8 oct 22
Ici, on ne souffre pas du manque d'eau... bien au contraire ! On imagine Tahiti avec ses eaux transparentes, sa barrière de corail poissonneuse, ses cocotiers au bord de plages paradisiaques... C'est vrai.. Mais pas que !
La Polynésie, c'est un ensemble de vieux volcans éteints, donnant aux îles l'aspect de véritables montagnes au milieu de la mer (le plus haut sommet de Tahiti, le Mont Orohena, culmine quand même à 2241m d'altitude). Et en outre, il pleut souvent ! La saison sèche n'a pas été vraiment sèche, il a beaucoup plu cet été me dit Antoine, et je le constate également par moi-même depuis mon arrivée. Le temps ici est extrêmement changeant ! La pluie et le soleil alternent avec une fréquence encore plus importante qu'au pays basque, changeant de climat en à peine quelques minutes..
Vue du balcon de chez Antoine et Gigi
Le mont Orohena depuis la pointe Venus
Tout ceci fait de Tahiti une île gorgée d'eau, de rivières et de cascades, et un superbe point de départ pour de nombreuses randonnées. Elles partent de la côte pour remonter le lit de rivières dans des pentes abruptes, et sont l'occasion donc de contempler de multiples cascades de plusieurs dizaines voire centaines de mètres d'eau ! C'est ce que nous avons fait avec Antoine aujourd'hui dans la vallée de la Fara'ura...
Randonner ici n'est pas ce qu'on imagine classiquement. Il faut venir avec des chaussures aptes à aller régulièrement à l'eau, et beaucoup de personnes randonnent ici avec des sandales en plastique pour mieux s'adapter aux multiples traversées du cours des rivières. Je dirais même pour ma part que la randonnée que nous avons faite avec Antoine relève plus du canyoning à sens inverse, que de la classique randonnée ! Allez, on va dire de la rando-canyoning !...
A l'embouchure de deux cours d'eau, nous nous égarons et remontons sur plus d'un kilomètre une rivière les jambes dans l'eau, remontant parfois jusqu'aux cuisses, grimpant ou sautant d'un rocher à un autre, en évitant autant que possible (mais pas toujours!) de glisser sur les pierres parfois particulièrement glissantes. ..Sportif ! Mais l'aventure ne nous fait pas peur, et le spectacle est bien là au bout...
Nous rebroussons chemin et reprenons ensuite le cours normal de la randonnée, qui serpente plus sur le bas côté de la rivière, puis dans sa dernière partie qui nécessite de se tracter avec des cordes pour grimper les parois raides et abruptes, et pouvoir accéder à de fabuleuses cascades que je vous laisse admirer. En toile de mire, la puissante cascade Tapatea d'où l'on peut sauter et se baigner dans une vasque, les superbes et impressionnantes cascades jumelles, et pour terminer une majestueuse cascade de 180 mètres avec son bassin dans lequel on peut également se baigner, à condition toutefois de bien prendre garde aux chutes de pierre !
Vous imaginer bien me connaissant que je n'ai pas loupé une seule occasion d'aller à l'eau...et pouvoir sentir pleinement l'énergie qui se dégage de ces chutes d'eau, la puissance du courant, le souffle de vent horizontal gorgé de particules d'eau à la surface qui me gifle le visage, le massage plus que tonifiant sur la tête et les épaules de cette masse d'eau qui a chuté depuis plusieurs dizaines de mètres. Puissant. Enorme...
cascade Tapatea
cascades jumelles
cascade de 180m
Pour aller plus loin : les îles naissent de l'eruption d'un volcan actif océanique ou s'il est suffisamment puissant, d'un volcan aérien. Elles forment alors une île haute. Puis conformément à la tectonique des plaques, elles dérivent de 10cm/an, s'éloignant du point chaud et s'affaissant également de 1cm/an (la subsidence). Le volcan toujours actif, une nouvelle île se créé puis dérive, donnant ainsi lieu à la formation d'un chapelet d'îles.
Se forme alors sur les flancs immergés de l'île une frange de coraux, donnant naissance à un récif dit frangeant. Puis au fur et à mesure que le récif se développe et que l'île s'affaisse, le récif s'élargit, donnant lieu à la création un récif dit barrière, circulaire autour de l'île. En son sein se forme le lagon, cette zone d'eau peu profonde aux eaux turquoises ou cristalline, protégée de la houle, sur laquelle on peut naviguer paisiblement, et où se développe une vie sous marine abondante de petits poissons au milieu des coraux, que l'on peut admirer en pratiquant le snorkelling (masque+tuba).
Enfin, l'île continue de s'affaisser, ne reste plus que la couronne corallienne entourant le lagon, donnant naissance à ce qu'on appelle un atoll.
C'est cet ensemble d'îles d'âges différentes que l'on peut observer ici en Polynésie. Sur les îles de la Société sur lesquelles je vais rester, ce sont surtout des îles jeunes, donc des îles hautes