L'accueil de tous et de toutes : un droit humain de base
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L'accueil de tous et de toutes : un droit humain de base
Que des bâtiments vides s’ouvrent au bénéfice de réfugiés et de migrants obligés de fuir leur pays pour simplement vivre relève du miracle.
La lecture d’hier à l’office de vêpres
« Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ? Celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte. Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jacques 2, 14).
rappelle l’importance de l’union de la « foi et des œuvres ». La preuve de la profession de foi en un Dieu père des tous les humains ne réside-t-elle pas dans le respect que le croyant manifeste envers les hommes et les femmes rencontré(e)s ? Tous frères et sœurs. Dire : je crois en Dieu le Créateur et, en même temps, rejeté son proche relève du mensonge.
Des habitants de l’Europe disent respecter les droits humains et en même temps ils bloquent des frères et des sœurs à leurs frontières. Ceux qui disent croire en Dieu soutiennent majoritairement ces politiques d’exclusion. Les résultats des élections le montrent.
D’une façon ou d’une autre je le dis souvent dans ces pages en me posant la question : comment sortir de nos comportements inhumains ?
Ma réponse dans la ligne de l’enseignement de Jésus Christ consiste à inviter à se mettre à l’école de l’Évangile. Nous croyons ! Devenons de vrais disciples de Jésus, Parole de Dieu dans notre monde. Alors, nous pourrons affirmer la foi en Dieu et prouver cet attachement par les actes que nous posons. Respecter les personnes rencontrées. Répondre à leurs attentes et besoins.
Devant la réalité des migrations, des gens dorment dehors, s’organiser pour que tous soient dignement écoutés et secourus. Prendre les moyens pour cela.
Je fais bref. À la vue de ce qui se passe ces jours en Grèce, ce n’est pas le cas. Les bons et nécessaires moyens ne sont pas pris.
Agir. Agir vite.
Comme je l’écrivais récemment, le résultat bénéfique de cette action relève du miracle. Un miracle que j’attends et ne vois pas venir.
Quel miracle ?
Personne n’est tenu à répondre à toute la misère du monde. Mais chacun est invité à en prendre une part. L’action des membres de la Coordination Urgence Migrants entre dans cette dynamique. Prendre sa part en cherchant un logement pour des sans-abris, un travail apportant de quoi vivre au quotidien. Le minimum nécessaire. Prendre sa part en accompagnant les personnes exilées dans la connaissance de la langue, des démarches administratives, etc….
Revenons à l’idée de miracle.
En cet instant, je vois ce miracle sous la forme d’un industriel mettant des locaux inoccupés à la disposition des personnes en déplacement par le biais d’une organisation œuvrant auprès des migrants et réfugiés. De fait, regardant l’histoire du Père Antoine Chevrier, je pense à ce jour où, cherchant un local pour les jeunes enfants de la rue, il vit une pancarte sur la porte de la salle du Prado : « à louer ou à vendre ». Amis et connaissances donnèrent l’argent nécessaire et l’équipe attelée à l’accompagnement de ces enfants put améliorer leurs tâches.
Miracle pour aujourd’hui : que des bâtiments vides soient enfin, d’une façon ou d’une autre, ouverts à celles et ceux qui vivent dehors. Réquisition conduite en forme légale.
Je repense à Antoine Chevrier. Il a connu plusieurs miracles de ce genre en recevant quand il en avait besoin des maisons qui lui tombaient opportunément dans les mains. Je vous livre à ce propos le récit que je viens d’écrire pour la revue du Prado Quelqu’un parmi nous.
Dans ses dialogues avec ses compagnons et compagnes, sœurs Marie, frère Pierre et beaucoup d’autres… avec les jeunes élèves de « la série », de l’école cléricale et les séminaristes, Antoine Chevrier ne visait qu’un but : devenir des saints. Que toutes et tous soient sanctifiés par Dieu. Henriette Waltz l’exprime ainsi : « Au milieu des tracasseries qui n'ont jamais tout à fait désarmé, pas un instant le Père Chevrier ne dévie de la haute dimension que renouvellent en lui chaque jour la méditation et la prière. Aux sœurs qui le tourmentent, aux latinistes encore écoliers, à des pénitentes qui résistent, il ne se lasse pas de répéter : Il faut devenir des saints ».
Il y a chez ce fils de petites gens, chez ce Lyonnais sans éclat, un sens étonnant de la grandeur. Point de petits remèdes, d'accommodements tels quels, de compromis boiteux : devenir des saints... — que ça… » (p. 107)
Il voulait vivre avec les petits et pour cela, « il était en permanence en présence de Dieu. Dieu et les âmes étaient la seule et unique occupation de ce Père, qui ne vivait pas pour lui-même, ne se croyant rien et voulant passer pour n'être rien. Dans ces paroles, comme dans ses actions, je l'ai vu continuellement pressé par l'amour de Jésus ». H. W. page 109
Assurer l’avenir de l’œuvre par des achats audacieux
Être continuellement pressé par l'amour de Jésus ne l’empêchait pas d’avoir des audaces et de se trouver dans des situations périlleuses justement pour que les « petites gens » avec qui on vivait au Prado puissent grandir humainement, spirituellement selon l’Évangile. « Sœur Gabriel Mathieu, disait : “On ne pouvait plus demeurer indifférent et tranquille, parce qu'on était comme pressé d'agir, de faire du bien, de l'imiter, de faire ce qu'il faisait, de se dévouer sans mesure. Le travail ne faisait pas peur, au contraire, il semblait que jamais on ne ferait assez » (109).
« il n'y avait pas à ses yeux de “petites choses” — encore moins “de «petites gens” » (108). Tous avaient droit à une bonne éducation et à une juste connaissance de la force de l’Évangile. Appels des « petits » pour qu’ils se sentent et reconnaissent grands.
Au moment où il y avait vraiment beaucoup de monde dans l’ancienne salle de bal du Prado, Antoine Chevrier se laissa convaincre qu’il fallait acheter à Limonest, dans la hameau de Saint-André, une, voir deux propriétés, Saint-André et Saint-Claude. C’était vers septembre 1872 que ces deux maisons de campagne appartenant à de riches commerçants lyonnais lui tombent pour ainsi dire dans les mains. Henriette Waltz écrit que « cela va lui permettre d’aérer tout son monde, de séparer les latinistes, il ne l’accepte pas sans une gêne au début, et, par manière de compensation , il y a fait monter vingt enfants idiots (comme on disait à l’époque) - dont ce Pierre Pacalet qui avait été sa première recrue en 1860 » ( H. W. p. 158).
Un Prêtre du diocèse de Lyon, l’Abbé Guy-Henri, avait le projet d’établir en ce lieu une communauté de contemplatives. Il souhaitait pour cela, en mars 1866, acheter une propriété située au hameau de Saint-André.
Mlle Alexandrine Janon entra dans les projets de l’Abbé Guy, mais elle se rendit assez vite compte qu’elle ne se sentait pas une vocation contemplative. Alors l’Abbé Guy l’engagea à acheter une autre propriété également en vente, située presque en face, de l’autre côté du chemin, la future maison Saint-Claude (Voir Yves Musset, Historique de la maison du Prado sait-André à Limonest). L’Abbé Guy aurait voulu que l’achat se fît au nom de « sa société » avec la présence d’autres personnes, dont Mlle Prat, « mais le notaire de Mlle Janon ne le voulut pas. » Mlle Janon qui en devient l’unique propriétaire deviendra au Prado Sœur Claire.
Revenons à la maison Saint-André. Son Achat en septembre 1872.
Richard Holterbarch, dans la Petite vie d’Antoine Chevrier écrit : « Le couvent de l'abbé Guy à Limonest n'arrivait pas à prendre son envol. Le curé de Limonest, l'archevêque de Lyon lui conseillaient vivement d'arrêter cette fondation sans avenir. On fit savoir au père Chevrier que l'archevêque, Mgr Ginoulhiac, verrait d'un bon œil qu'il achetât cette demeure. Elle n’est pas loin de Lyon, l'œuvre du Prado prenait de plus en plus d'importance, en face il y a la propriété de Saint-Claude. Le père Chevrier se lance. L'acte de vente se fait en septembre 1872. Une bienfaitrice donne dix-huit mille francs, quelques mois plus tard les demoiselles de la Mairie donnent vingt-cinq mille francs. La propriété, bien située sur le penchant méridional du Mont d'Or, comprend de vastes terrains, une très belle maison du XVIIe siècle à deux étages, une petite chapelle. En novembre 1874, le père Chevrier écrit à ses amies Mercier et Bonnard : « Nous allons commencer notre petite œuvre de Limonest, je désire bien que vous y fussiez pour en compléter l'inauguration. Demain soir, mardi, monteront à Limonest sœur Marie, sœur Joséphine, sœur Françoise et sœur Catherine. Mercredi matin, je dirai la messe pour attirer les bénédictions de Dieu sur ce petit commencement, et M. Jaricot montera à la fin de la semaine pour y rester et faire le service religieux ».
Finalement Henriette Waltz a ne se trompe pas quand elle écrit que ces maisons lui tombent pour ainsi dire dans les mains.
Audace d’Antoine Chevrier et de son équipe pour en accepter l’acquisition. Désir du Prado d’offrir à des jeunes qui manquent de tout un cadre de vie confortable sans que soit pour autant oublié l’appel que tous sont appelés à devenir saints.