D'après un thème original proposé par une amie poétesse

Être à coeur ou à livre, lorsqu’on est ouvert,

On expose notre nature la plus sincère :

Celle de l’esprit dans le plus simple appareil,

Les pensées à l’air libre, la vérité au soleil.

Parler de soi comme un livre ouvert,

C’est dévoiler une part de son univers,

Se mettre à nu quand on veut rester couvert,

Passer à l’heure d’été en restant à celle d’Hiver.

Passer au tableau quand on souhaite se taire,

Car on écrit pour soi mais on parle pour plaire.

On n’aime pas parler à la première personne comme si c’était important,

Et on n’aime pas se la raconter et savoir qu’on va se faire perdre du temps.

Il existe de vastes espaces d’expression pour se confesser et se complaire,

Pour se narrer, se marrer, se mettre en scène et se livrer à coeur ouvert.

Faut dire qu’on a souvent tendance à juger un bouquin à sa couverture,

Dans le grand récit de ma vie, je voulais trouver une bête d’ouverture.

C’est dans l’ouverture que je me sens bien, et même que je me sens libre,

Mais comme j’aime pas trop parler pour rien, tout est une question d’équilibre.

Si je dois vraiment être à livre ouvert, il faudra m'ouvrir l'esprit,

Cette poubelle à ciel fermé où viennent mourir mes écrits.

Être à livre ouvert, c'est savoir relater son histoire sans se trahir,

Faire preuve de pudeur insolente, se mettre à nu sans se dévêtir,

Dire le vrai sans prêcher le faux, dire les choses avec justesse,

Se livrer pour se délivrer, avouer nos fautes et nos faiblesses.

J'te jure ! Ma vie n'est pas à raconter tellement elle est banale,

Ou alors on l'a raconte pas dans un livre mais plutôt dans le journal,

Tu choisis quoi ? La rubrique des chiens écrasés,

Ou la grille contrastée de tous ces mots croisés ?

C'est clairement le genre d'ouvrage

Qu'on préfère lire avec des images.

Avec moi pas moyen de garder une minute les pieds sur terre,

Dans le livre de ma vie, je suis une intrigue pleine de mystères.

Si je dois vous dire sans filtre ce que j'ai vraiment sur la patate,

Ya de fortes chances que vous me preniez pour un psychopathe.

Pour moi ce serait vertigineux alors qu'il y a si peu de hauteur,

Parce que je ne suis pas de ceux qui se livrent à leurs auditeurs.

Faut dire qu'un livre ouvert, si je t'en fais une démo,

C'est grosso merdo des mots, des mots, des mots,

On en profite pour mettre le silence sur écoute,

Et faire parler le silence pour écarter pas mal de doutes.

Ces instants passagers où le coeur fait le grand huit,

Que toutes les certitudes s'effacent de l'horizon,

Quand nos réalités prennent subitement la fuite,

Le livre devient le dernier refuge de la raison.

Avec le coeur ou avec un livre, il faut savoir lire entre les lignes,

Faire preuve d'acuité et de courage pour déchiffrer les signes,

Un livre est une fenêtre par laquelle on s'évade a dit un jour le poète,

C'est donc la grande évasion qui s'est invitée dans un coin de ma tête.

A moins que je ne confonde avec la grande vadrouille,

Ma tête est une planète de songes et d’embrouilles !

La pensée est un sac de noeuds, la mienne est un sac de rimes,

Et si j'avais du courage, j'en écrirais pour la thune et pour la frime.

Si t'essayes de lire entre mes lignes, tu verras un autre univers,

Je lis donc je suis et je suis un poète à livre ouvert,

Un poète qui connaît ses classiques, Rimbaud, Baudelaire, Mallarmé,

Grand corps malade, Souleymane, Jacques Prévert, me voilà désarmé.