Lendemain de fête
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Lendemain de fête
Du repas de Noël de la veille, il ne restait que des effluves accrochées aux tissus des rideaux. Adrien s'était levé le premier, comme à son habitude et s'était dirigé vers le salon où trônait fièrement le sapin de Noël. La famille s'était rassemblée là, discutant de choses et d'autres qu'Adrien ne comprenait pas. Ce qu'il comprenait, c'était que certaines discussions amenaient de la détente, des sourires, papy qui reprenait un peu de foie gras alors que mamy lui faisait de gros yeux... A certains moments, les phrases étaient plus hachées, courtes. Les silences arrivaient et s'installaient aussi facilement qu'un tissu qui sert de toit pour une cabane sous la table de la cuisine. Ils partaient comme ils étaient arrivés.
Ces discussions, Adrien les percevaient pendant qu'il regardait les papiers autour des cadeaux : certains avec des personnages de l'hiver, d'autres avec des motifs qui se répétaient encore et encore et encore. D'autres en plastique, certains autres d'une seule couleur. Les étiquettes collées indiquaient le nom du destinataire. C'était un objet envoyé par une personne qu'on n'avait jamais invité à la maison : Le Pèrnouel. Tout le monde en parlait, il avait l'air d'être important. Les adultes racontaient plein de choses sur lui, disait que c'était vrai. Mais ils le racontaient avec drôles de façons de parler qu'ils ont quand ils racontent des histoires. Les adultes pouvaient bien dire ce qu'il voulait de lui, il savait une chose qu'il avait remarqué depuis qu'il s'était caché sous le lit des parents : il utilisait les mêmes papier d'emballage pour envoyer ses cadeaux...
Ce matin-là, quand Adrien est arrivé dans le salon, il l'a vu, ce morceau de papier, soigneusement plié par sa mère et posé sur la table du salon. Il s'est approché, a regardé la couleur, les reflets de la lumière rasante du matin, les ombres des pliures qui dessinaient des montagnes, des cours d'eau. Il survolait des champs, des cours d'eau, des collines fleuries, remontait par dessus les nuages, volait parmi les oiseaux qui dessinent des flèches dans le ciel, descendait en piquet pour faire peur aux marmottes, allait jusqu'à la mer, plongeait dans le creux des vagues, allait voir les animaux blancs du fond des océans, remontait car il manquait d'air, laisser couler l'air dans sa poitrine comme il laissait couler l'eau les jours d'été où il avait couru dans le jardin derrière les lézards. Le soleil était haut dans le ciel, les ombres étaient réduites à peau de chagrin, la chaleur brouillait l'air au dessus de la terrasse, la porte de la véranda s'ouvrait et il entendait la voix de sa mère...
"Tu es déjà réveillé ? Bonjour mon ange, tu as bien dormi ? Oh ton ventre gargouille, viens on va préparer un bon chocolat chaud"...
Depuis ce jour, Adrien attend avec impatience, année après année, de se lever le premier les lendemains de fête, pour voyager dans les replis des papiers colorés que le Pèrnouel a envoyé.
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