L'autre petite fille aux allumettes
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L'autre petite fille aux allumettes
Comme il faisait froid !
Un froid comme seuls les hivers les plus rudes étaient capables de déployer. A la sortie du village, une petite fille se tenait toute recroquevillée contre un arbre, modeste barrière contre le vent glacial. La faim et le froid s’étaient ligués pour saper ses dernières forces. A peine parvenait-elle à tenir dans sa main la boîte d’allumettes, qu'elle avait espéré vendre pour quelques sous. Son corps commençait à s’engourdir, sensation à la fois terrifiante et exaltante, car elle ignorait si au bout l’attendait une mort implacable ou un sommeil profond et réconfortant.
A bout d’espoir, elle se résolut à profiter d’une allumette, une seule. Un soupçon de chaleur pour amoindrir sa souffrance, un halo de douceur en guise d’ultime expérience. Ses doigts gelés peinaient à frotter l’allumette mais quand enfin la flamme surgit, une merveilleuse image apparut. Une silhouette, d’abord floue puis de plus en plus nette, dansait. Son corps ondulait avec volupté, les longs cheveux en volutes ondoyantes. C’était une sirène comme celle des contes de sa grand-mère. Sa peau couleur abricot, ses écailles aux reflets argentés, ses yeux bleus et sa chevelure blonde, tout chez elle incarnait le ravissement. La petite fille éblouie tendit la main en espérant la toucher, mais la flamme s’éteignit et la sirène disparut. La dure réalité reprit le dessus : le froid était encore plus intense et ses doigts tellement engourdis qu’ils renoncèrent à tenir la boîte d’allumettes.
La petite fille ferma les yeux en espérant raviver l’image de la sirène. Au loin, des bruits de pas percèrent le silence hivernal, d'abord légers puis de plus en plus lourds, malgré la neige qui était tombée massivement ce soir-là. Ça devait être un homme immense, un géant. La petite fille reconnut le yéti qui faisait tant parler les chaumières. On racontait qu’il ne quittait jamais sa montagne. La petite fille n’avait pas peur, malgré la légende qui en faisait un monstre redoutable. Sans un mot le yéti la prit dans ses bras. Sa fourrure était si chaude et tellement douce qu’elle ne se souvenait pas de s’être sentie aussi bien. Elle s’endormit, bercée par les pas du yéti qui l’emmena loin, très loin. Il faisait jour quand elle se réveilla, au bord d’une étendue d’eau tellement vaste que cela ne pouvait être que la mer. Le yéti semblait attendre quelque chose, mais quoi donc ? La petite fille se serait bien rendormie, bercée par le clapotement de l’eau sur les rochers.
Soudain, l’eau à l’horizon se mit en mouvement. Un sillage se dessinait et s’avançait vers le rivage, ne laissant dépasser à la surface qu’une queue de poisson scintillante au soleil. Quand le corps de la créature sortit de l’eau, la petite fille la reconnut. Le yéti confia la petite fille à la sirène, tout aussi muette que le géant des neiges. Il y avait des regards bien plus forts que les mots et ces deux-là n’avaient pas besoin de paroles pour communiquer.
Le yéti repartit vers sa montagne et la sirène emmena la petite fille vers son royaume. Toutes les deux plongèrent, nagèrent, se laissèrent porter par les courants avant de rejoindre le peuple de la mer. Une végétation dense, des coquillages débordants de perles lisses et brillantes, des anémones colorées, un monde extraordinaire l’accueillait. La petite fille aux allumettes s’était métamorphosée, avec une nageoire aux reflets d’argent, une peau couleur abricot et de longs cheveux roux.
Ariel était devenue la petite sirène.
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