Colorés, les morceaux liés

Forment le kaléidoscope,

Que je suis une fois soignée.

Sinon, l'esprit trop loin galope.

Mon mal, je ne peux le nier,

De chimie le cerveau se dope.

La médication nécessaire

Fatigue le corps et l’esprit.

La maladie est délétère,

Je fais des choix, je fais le tri.

Si je manque mes soins je perds,

Sans eux, j’égare mon esprit.

Je dis cela comme un rappel,

Pour éviter de fragmenter

Le kaléidoscope frêle,

Qui peine à rester unifié.

Alors chaque jour je m’attelle

À garder son intégrité.

Ce n'est pas une mince affaire

De composer avec ce mal,

Et chaque jour le faire taire

Afin d’éviter que je cale ;

Pour ne pas vivre cet enfer

Personnel, aussi familial.

Je suis un kaléidoscope,

C’est mon côté haut en couleurs.

Je suis même un peu philanthrope,

Je peux prendre de la hauteur.

J’évite tous les psychotropes,

De démence ils sont les vecteurs.

Je n’ai pas dit de quoi je souffre.

Je le dis, je suis schizophrène.

Certains connaissent bien ce gouffre,

Qui fait que la destinée freine.

Ce mal peut brûler tel le soufre,

Les âmes en peine, celles qui traînent.

Croire en ce qui n’existe pas,

Voir, entendre et imaginer

Des éléments à chaque pas,

Et aussi beaucoup ruminer,

Peut provoquer quelque trépas.

Voilà ce qu’est ma destinée.