Exil et cinq espagnes
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Exil et cinq espagnes
Federico Garcia Lorca
Son cœur blessé de cinq espagnes, est un fruit mordu, pressé dans les madragues. Il s’égoutte vers le crépuscule noir et salé du nord, loin de lui-même, loin de la naissance. Sa prunelle est d’un feu d’exil et d’anarchie, de paysans barbus les bras dans la terre, d’un soleil de midi sur les rails brûlants d’une gare. Peu à peu, c’est la rivière qu’il dut choisir,le voyage des forêts vertes et froides.
Son cœur blessé de cinq espagnes, est une brume chaude, un vent d’été sur la peau, et ses yeux d’un exil brûlant s’éteignent étouffés d’hiver et de pluie. La naissance est sur sa joue la larme qui remplit les rives lointaines du passé de la guerre et de l’oubli et j’ai vu dans son pas fondre l’espoir comme une cire brûlante, laissant des traces d’espérance durcir sur le béton et lavées ensuite par les pluies de l'automne.
Son cœur blessé de cinq espagnes pleure une guitare lointaine, et des enfants jouent dans les flaques –des cordes s’éloignent et s’échancrent sur la rive lointaine des cinq espagnes d’été, d’un village de pêche où le poisson mouillait les narines, et la mer blanche écumait le visage, son regard bleu vers le cri de la mouette.
(Il est certain que je souffre, et que la larme n’est que le souvenir qui remonte à la gorge).
Son cœur blessé de cinq espagnes, se brise sur le ciel gris des orages, les vents de l’ouest se rafraîchissent –une cigarette brûle à son bec et aspire la douleur de l’exil ; et les larmes s’envolent, comme un ballon de paix.
Tout est guerre et silence dans le cœur des cinq espagnes.