Sage conseil d'un Prix Goncourt
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Sage conseil d'un Prix Goncourt
Mon roman continue son petit bonhomme de chemin. J'en suis au chapitre 90 et mon souhait est de boucler en 100 chapitres, exactement.
L'avantage avec ce confinement est de pouvoir travailler de mes mains et je n'ai que trop sous-estimer les bienfaits que l'on peut tirer du travail manuel.
En effet, si les doigts sont tout à leurs besognes quotidiennes (tailler une haie, faire la vaisselle, ratisser un champ, balayer une terrasse...), l'esprit, lui, se trouve allégé, volant d'une page à l'autre du roman en cours d'écriture, et les idées germent à mesure que les mains arrachent les mauvaises herbes.
Les personnages semblent attendre patiemment - qui assis dans l'herbe, qui allongé sur le carrelage, ou en file indienne - et on les sent tout désireux de s'accaparer cet espace cérébral incroyablement libre. L'un aura une idée à soumettre au sujet de sa relation avec tel autre, un deuxième rediscutera les circonstances de sa mort, jugées banales ou infâmantes, un troisième profitera de l'intimité des tulipes à arroser pour dévoiler un secret du bout des lèvres.
Et les chapitres que l'on connaissait dans les grandes lignes exposent leurs phrases inattendues, leurs paragraphes à ajouter car voyons, tu n'y avais pas pensé ?
Et l'on se souvient du précieux conseil donné par Jean Echenoz, Prix Goncourt 1999 pour son roman Je m'en vais, Prix Médicis 1983 pour Cherokee, bref, pas un petit joueur qui se la ramène, mais plutôt le gars qui, quand il parle, donne envie d'écouter.
Quel était ce conseil ?
Simple, limpide, tellement efficace : Pensez, avait-il dit devant ce parterre d'étudiants en lettres, chapitre, paragraphe, phrase. Ce découpage est essentiel et permet de construire le roman.
Voilà.
Les rosiers son taillés et les idées redécoupées.