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La légende de Conomor

La légende de Conomor

Publié le 11 nov. 2024 Mis à jour le 15 déc. 2024 Culture
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La légende de Conomor

 


La légende de Conomor, par Juliette Norel


Si la terre bretonne est fertile en légendes et secrets mystiques enfouis, elle rayonne et inspire de nombreuses histoires à travers les âges. Dans les pages de son livre de légendes, Eléonore en trouva une qui lui évoquait viscéralement le triste Sire : Barbe Bleue, et même l’illustre mage noir : Voldemort.  


Voici le sombre destin du cruel Conomor, le Maudit.  


Dans les vallées verdoyantes et les forêts enchantées de la Domnonée, au nord de l’ancienne Armorique, régnait un impitoyable seigneur du nom de Conomor. Ce nom résonnait à travers les terres, empreint de secrets et de terreur. 


 Un jour d’orage, il reçut une funeste prophétie annonçant qu’il mourrait de la main de son propre fils. 


 Dans sa quête désespérée pour conjurer le sort, il semait la peur parmi ses multiples épouses, les condamnant à mort dès qu'elles portaient la vie. 


 La dernière d’entre elles, Tréphine, fille du roi Waroc'h Ier, accepta d’épouser Conomor sous les conseils de Saint Gildas, ignorant les sombres desseins qui habitaient son cœur. 


 Quand elle découvrit l'enfant à naître en son sein, apprenant les sinistres phrases prophétiques, elle s’enfuit pour échapper au sort cruel du Maudit. Mais Conomor, implacable, la rattrapa et, de sa main meurtrière, lui trancha la tête. 


Par la grâce divine, Saint Gildas intervint, redonnant vie à Tréphine, bravant le destin. Terrassé par le poids de ses péchés et des souffrances qu'il avait infligées, Conomor perdit son pouvoir et son influence. Son château s'effondra sous l'action divine, le condamnant à errer, seul et abandonné, hanté par les esprits de ses épouses assassinées. 


Tréphine, quant à elle, retrouva sa liberté et consacra sa vie à la piété et à la bienfaisance. Après avoir été ramenée à la vie par Gildas, elle se retira dans un lieu sacré où elle vécut en paix, loin des horreurs du passé. Son fils et elle devinrent des symboles de résilience et de renaissance, montrant que même les épreuves les plus sombres pouvaient être surmontées par la force de l'esprit. 


Ainsi, la légende de Conomor se perpétue et se mêle à d’autres récits plus modernes. Barbe Bleue, lui, tuait ses épouses parce qu’elles découvraient les cadavres des précédentes, jusqu’à la dernière qui réussit à échapper à son destin, détournant la mort sur son bourreau. 


Quant à Voldemort, c’est précisément en cherchant à échapper à sa propre prophétie qu’il a donné, accidentellement à Harry Potter l’ultime arme capable de le détruire. 


À travers les histoires de Conomor, Barbe Bleue et Voldemort, dont les traits se mêlent et se confondent par moments, se dessinent en filigrane les thèmes de manipulation, de peur viscérale des prophéties, et de quête de contrôle absolu sur l'autre, révélant une cruauté partagée. Ces récits, qui s’inspirent peut-être les uns des autres, en Bretagne ou ailleurs, nous interrogent sur l'humain... 


Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour changer notre destin ?  


Une croyance ou la peur viscérale d’une prophétie ou même d’un Dieu peut-elle justifier de commettre le pire et de se lancer,ainsi, à soi-même la pire des malédictions ? 


 


 


 



 


La légende de Conomor, par Jean-Christophe Mojard


Penchée à sa prière, sur un agenouilloir, 

Tréphine en espérait l’assistance divine,

Pour elle et son enfant, avant qu’on le devine,

Car Conomor traquait les signes péremptoires.


Mais si le salut vînt des épouses fantômes, 

Avertissant Tréphine que Conomor savait,

Il arriva trop tard : le monarque attendait

Prêt à les sacrifier pour sauver son royaume.


En lui tranchant la tête en un geste précis, 

Pour sauver sa couronne de la prophétie,

Le roi une fois de trop offensa Saint Gildas.


Ce dernier; par les Cieux, fit revenir Tréphine,

Et détruit le château en ruines assassinent

Sur le Roi criminel qui n’y survivra pas.


 


Note


Illustration IA sous Seelab retravaillée sous Affinity

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Commentaires (3)

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Jackie H il y a 1 mois

Dans l'Antiquité, et probablement un peu au Moyen Âge aussi, la prophétie à laquelle on cherche à échapper par tous les moyens mais sous le coup de laquelle on tombe quand même symbolise le Destin qui s'impose à tous et auquel nul n'échappe, quels que soient ses désirs.

Les psychanalystes modernes, quant à eux, pensent plutôt que cette prophétie est l'expression d'un désir subconscient que l'on refuse et que l'on refoule jusqu'à vouloir en ignorer la présence, mais qui s'impose malgré tout à notre psyché et nous entraîne ainsi dans un conflit intérieur comme extérieur auquel nous ne pourrons pas échapper tant que nous ne lui aurons pas fait face...

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Jean-Christophe Mojard il y a 1 mois

Faire face, voilà une devise du capitaine Guynemer dont l'école de l'air à fait sienne. Je suis donc résoluement moderne.
Merci pour ce retour, très instructif, encore.

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Juliette Norel il y a 1 mois

Merci Jackie pour ce commentaire précieux et éclairé.
Cette notion de prophétie, dans lequel l'humain projette un implacable outil du destin nous interroge en réalité sur notre propre libre-arbitre et sur le chemin personnel qu'il nous convient d'initier pour mettre en lumière nos propres aspérités.

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