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La Légende d'Azénor

La Légende d'Azénor

Publié le 2 nov. 2024 Mis à jour le 2 nov. 2024 Culture
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La Légende d'Azénor

 

La légende d'Azénor - Journal d'Eléonore par Juliette Norel

 

Au fil des pages de ce que j’appelle mon grimoire mystique, entre deux feuilles collées par les années, enseveli sous l’âtre d’une cheminée, se trouvait presque dissimulée une histoire qui m’a interpellée, pour de multiples raisons. 

La légende d’Azénor. 

Un prénom qui, de prime abord, résonne en moi par les sonorités similaires qu’il possède avec le mien. En une sororité de consonnes et de voyelles, une bienveillance d’ores et déjà acquise par la mélodie assez similaire de nos appellations. 

Azénor, lu par Eléonore. Plus d’un millénaire et demi plus tard. 

C’est donc avec délectation et gourmandise que j’ai lentement décollé les feuillets de ce récit emprisonné par le temps, pour découvrir une histoire qui m’a évoqué certaines similitudes en termes de détestation d’une catégorie de personne bien à part du reste de l’humanité : les belles-mères. 

 Une histoire qui résonne encore aujourd'hui. Celle d'Azénor la Belle, noble âme déchue par la jalousie, l’injustice et la calomnie.  

Il était une fois, donc, en l'an de grâce 537, en terre de Bretagne, une dame d'une beauté et d'une vertu sans pareilles prénommée Azénor. Elle était fille du comte de Goëlo et comme il était d’usage pour les filles de son rang, épousa un homme de statut similaire : le comte de Brest.

Mais la jalousie de ce dernier, attisée par une belle-mère perfide, la condamna à un sort cruel. Accusée d'adultère, elle fut d’abord enfermée dans une tour du Chateau de Brest en vue d’être brûlée vive, avant d’être jetée à la mer dans un tonneau, à la merci des flots déchaînés. 

Emportée par les courants impitoyables, Azénor priait sans cesse pour le salut de son âme et de l'enfant qu'elle portait en son sein. Les vagues et le vent devinrent ses compagnons de route, la mer son seul refuge. Mais la Providence veillait sur elle, protégeant la noble dame dans son éprouvant voyage. 

Après des mois de dérive et avec l’aide des anges qui pourvoyaient à son salut, le tonneau s'échoua sur les côtes de l'Irlande.  

Recueillie par des moines bienveillants, Azénor donna naissance à un fils béni, qu'elle prénomma Budoc. Cet enfant, pur et pieux, grandit dans la foi et la dévotion, et devint un saint vénéré en Bretagne. Ses miracles et sa bonté laissèrent une empreinte indélébile dans le cœur des hommes. 

Ainsi, Azénor, la noble dame injustement condamnée, trouva rédemption et renaissance en terre étrangère. Son nom, tâché d'opprobre, fut lavé par les eaux et les siècles. La légende d'Azénor, symbole de courage et de foi, perdura à travers les âges, rappelant à tous que même dans les ténèbres les plus profondes, la lumière de l'espérance ne s'éteint jamais et à quel point il convient de se méfier des belles-mères... 

D’un coup sec, je refermai le grimoire, le plexus noué par la cruauté de ce récit et par l’ampleur des vilenies dont sont capables les humains les uns envers les autres, les unes avec les autres, sans savoir, si je devais me sentir rassérénée d’être née à mon époque, ou au contraire terriblement chagrinée de constater que les conflits entre belle-filles et belle-mères se perpétuent depuis plus d’un millénaire et demi... 

Eléonore 

 

Une femme dans un tonneau au large des côtes de Bretagne, des anges lui donnent à boire et à manger. Au loin un chateau du VIè siècle.

 

La légende d'Azénor, par Jean-Christophe Mojard

Enfermée dans la tour du château de son père,
Azénor prie le ciel de lui rendre justice
Face aux allégations d’une marâtre amère,
Jalouse de ses traits, quand les siens décrépissent.

C’est d’un enfant à naître que vint le répit,
Empêchant le bûcher, mais la livrant aux flots.
Des anges de bonté pourvurent à son sursis,
Et elle gagna l’Irlande, rescapée du complot.

Là, en terre étrangère où son fils naquit,
La vérité chassa la fourbe calomnie.
Le comte, pénitent, rappela son épouse.

Mais il ne suffit pas de quelques repentances
Pour gagner le pardon et chasser la sentence.
On ne survit jamais à ce que l’on jalouse.

 

Note : 

Illustration réaliser par IA via Seelab, puis retravaillée sous Affinity.

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