Arima, la jolie sirène
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Arima, la jolie sirène
Il était une fois, deux jeunes garçons qui s’en allaient pêcher sur les bords du lagon d’Émeraude. Tout à coup, ils aperçurent une sirène, qui dormait sous l’eau et demeurait allongée sur des rochers.
Silencieusement, ils se déshabillèrent pour aller la retrouver. Ils la saisirent par ses cheveux noirs comme l’ébène et sa queue de poisson en faisant attention de ne pas la réveiller puis ils la déposèrent sur le rocher où ils étaient à pêcher.
C’est alors qu’elle se réveilla. Se découvrant hors de l’eau, elle leur dit :
— Ramenez-moi dans le lagon sinon je vais mourir.
— Que tu meures ou non, je m’en fiche ! déclara Paul, le plus vieux des deux. La seule chose qui m’importe est de goûter à ta chaire afin de devenir immortel !
— Ah ! malheureux, se choqua la sirène. Si tu mangeais ne seraient-ce que quelques millimètres de ma peau, tu ne pourrais plus jamais te nourrir ! Je ne suis pas un poisson comme les autres. Je suis une reine enchantée.
Louis, le plus jeune, força son ami à remettre la créature dans le lagon. Paul était buté et ne voulait pas l’aider à sauver la sirène. Alors, Louis négocia en lui donnant tout l’argent que sa pêche lui permettrait de récolter aujourd’hui.
Quand la sirène fut à l’eau, Paul s’en alla en continuant à se moquer de la créature et laissa son ami, seul avec sa femme poisson.
— Je m’appelle Arima. Et toi ?
— Moi, c’est Louis.
— Je te remercie de m’avoir secourue.
— Il faut excuser mon ami. Il n’a pas le même sens des valeurs que moi, déclara le jeune homme.
Soudainement, la sirène fit apparaître une flûte dans sa main et la tendit à Louis.
— Je ne vous ai rien demandé.
— Je le sais, mais reçois ce présent. Quand tu auras besoin de quelque chose, il te suffira de jouer de cet instrument. Aussitôt, je viendrai à tes côtés.
Avant de partir, la sirène invita Louis à s’approcher d’elle et l’embrassa sur la joue. Le jeune homme se sentit gêné et regretta de ne pas être un triton. Il n’avait jamais vu le visage d’une fille aussi belle, jusqu’à ce jour.
En rentrant chez lui, il raconta son aventure à ses parents, avec la sirène. Ceux-ci ne voulurent pas le croire même quand il leur montra sa flûte.
De nombreuses années passèrent et Louis souhaitait s’inscrire dans l’école de Sorgicland pour apprendre à user de magie, sur les océans, à bord d’un énorme bateau. Ses parents qui étaient pauvres ne pouvaient satisfaire sa demande. Du coup, le jeune homme fila sur le rocher où il avait vu la sirène quelques années plus tôt et joua de la flûte.
Aussitôt, la créature arriva encore plus belle que la dernière fois. Cette fois, elle ne l’embrassa pas sur la joue, mais sur les lèvres.
— Seriez-vous aussi amoureuse de moi que je le suis de vous ? lâcha Louis.
— Je le crois bien, oui. Mais, nos deux mondes demeurent différents. Que puis-je pour toi ?
Le cœur du jeune homme s’emballa lorsqu’il apprit que les sentiments qu’il éprouvait pour cette sirène étaient réciproques. Il lui avoua alors la cause de son appel.
À la fin de son récit, la sirène tourna en rond dans l’eau et joua avec ses nageoires. Elle lança au pied du garçon, une bourse remplie de pièces d’or.
— Tiens, mon ami ! Te voici une bourse. J’aimerais tellement oser dire mon amour !
— Mais, tu peux !
— Non, je ne peux pas. Tu ne vis pas sous l’eau comme moi. Et les Britanniens sont très mal vus par mon peuple. En tout cas, ça ne change en rien les sentiments que j’ai à ton égard même si celui-ci ne les approuve pas.
— Moi, on ne me croit même pas quand je parle de toi.
— Justement, n’en dis pas trop ! Cela vaut mieux.
Le jeune homme regarda ce qu’il y avait dans la bourse. À sa grande stupéfaction, il y découvrit de nombreuses pièces d’or.
— Mais, je ne peux pas accepter cette bourse ! Il y a beaucoup trop !
— Il y a plus que tu ne l’imagines, s’amusa la sirène en lui souriant. Dès que tu prendras une pièce d’or dans cette bourse, il en viendra une autre. Prends-là ! Moi, je n’en ai nul intérêt.
Louis remercia la créature et se rendit chez ses parents. Il leur montra la bourse et ceux-ci furent stupéfaits. Heureux du don de la sirène, ils mirent leur enfant dans l’école de Sorgicland. Ayant une soif inépuisable d’apprendre, le jeune homme ne tarda pas à devenir un bon maître-magicien. En quittant les bancs de l’école, il eut envie de voyager et la bourse de pièces d’or qu’il possédait toujours à portée de main, lui permit de découvrir la cité de Guirechia, les montagnes d’Aria, les villages de Camora, Mélona, les lavandières de Lorienta. Et puis, en revenant à Vanna, il pensa à Arima, sa sirène. Ça faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vue. Alors, il retourna sur le rocher, l’appela en jouant de la flûte et lui donna de ses nouvelles. Arima fut bien contente de savoir que la bourse d’or lui profitait comme il le désirait.
Quelques mois plus tard, Louis s’embarqua comme second sur un navire du port de Guirechia. Très vite, on découvrit ses compétences et le jeune homme ne tarda pas à prendre le commandement du bateau.
Avec son équipage, il fit plusieurs voyages qui lui permirent de découvrir la cité d’Éternitia, l’île des bandits… Mais un jour, en revenant à Guirechia, une terrible tempête s’enclencha et son bateau sombra au milieu de l’océan. Son équipage et lui-même eurent la vie sauve en se raccrochant à des bouts de mâts. Lorsque la tempête se calma, ses hommes aperçurent des ailerons de requins.
— Ne bougez pas ! s’écria Louis. Si vous faites des gestes brusques, ils vous tueront !
L’un de ses hommes sombra dans les profondeurs de l’océan. L’eau commença à rougir. Louis comprit. Soudain, il se souvint de sa flûte. Il en joua aussitôt et très vite, les requins partirent. Sa sirène arriva à sa hauteur, accompagnée de son peuple.
— Ah, ma pauvre sirène ! J’ai bien cru que je ne te reverrai plus jamais.
— N’aie pas peur, Louis. Je suis là.
— J’ai perdu mon navire en pleine tempête. Par ma faute, l’un de mes hommes est mort et je n’ai pas pensé à utiliser la magie.
Arima plongea et ramena à la surface celui qui avait sombré quelques minutes plus tôt dans la bouche d’un requin.
— Hubert ! Comment est-ce possible ?
— C’est un miracle, Louis ! Mais, je ne vais plus pouvoir remonter sur un bateau, désormais ! s’enquit le jeune moussaillon.
— Pourquoi donc ?
— Le requin s’est emparé de ses jambes, affirma Arima. Mais avec la magie de notre peuple, nous lui avons fait pousser une queue de poisson.
— Je suis un triton, Louis ! s’extasia Hubert.
— Et ta famille, qu’en fais-tu ?
— Si les sirènes ne m’avaient pas sauvé, je ne serais plus là !
Un immense bateau se montra à l’horizon. Il était tiré par de nombreux tritons. Arima informa que ce navire allait remplacer celui qu’ils avaient tous perdu.
— Vous n’aurez pas besoin de le manœuvrer. Ce navire est enchanté. Il vous emmènera directement dans le port de Guirechia.
Tout l’équipage monta à bord et remercia les tritons et les sirènes. Louis n’avait aucune envie de monter dans ce nouveau navire. Il enviait même la place d’Hubert. Arima lut dans son cœur et comprit à quel point il l’aimait.
— Retrouve-moi à Vanna, sur le rocher de notre rencontre.
— Je ne pourrai jamais aller à Vanna en une seule journée, observa Louis.
— Avec ta flûte, joue la chanson de la vallée des fées : « D’un bout du monde… ». Elle t’ouvrira un portail magique qui t’amènera là-bas.
— D’accord.
Le soir venu, Louis se rendit sur le rocher. Il eut beau jouer de la flûte pour appeler Arima, elle n’arriva pas. Soudain, une main se fit sentir sur son épaule. En se retournant, il fut surpris d’apercevoir sa sirène avec des jambes de femme.
— Mais, comment est-ce possible ?
— Tu remercieras Hubert plus tard. J’ai échangé ma vie de sirène contre la sienne. Je suis désormais devenue une jeune femme.
— Tu as quitté ton monde pour moi ? s’étonna Louis.
— Toi, tu étais bien prêt à quitter le tien ! Ne dis pas le contraire, j’ai lu dans ton cœur cet après-midi. J’ai vu à quel point tu regrettais de ne pas être à la place d’Hubert.
— Mais ton peuple n’a jamais apprécié les Britanniens.
— Effectivement, mais aujourd’hui, je n’ai plus aucune famille. Je suis libre de mes choix. Toi, tu as encore ton père et ta mère. Il serait peut-être temps de me les présenter.
— Serais-tu prête à m’épouser ?
— Par tous les Britannors, bien sûr ! J’ai même envie que tu me fasses de nombreux enfants ! As-tu toujours la bourse de pièces d’or ? demanda Arima.
— Comment pourrais-je m’en séparer ? Elle me rappelle à chaque instant notre rencontre.
— Ne la montrons alors à personne et profitons-en au maximum. J’ai envie de vivre heureuse jusqu’à la fin de mes jours, à tes côtés, mon amour.
Et c’est ainsi que cette histoire arrive à sa fin. Ensemble, ils vécurent heureux, eurent de beaux enfants et profitèrent de la plus belle des richesses existant dans leurs contrées. Non, je ne pense pas à leur bourse de pièces d’or, mais à l’amour qui est né entre eux, depuis le premier jour où ils se sont rencontrés. Vous vous demanderez à qui profitera leur richesse lorsqu’ils mourront à leur tour. Je suis désolé de vous décevoir, mais elle ne profitera à personne. À l’instant où ils partirent vers d’autres horizons, celle-ci s’envola tout comme leur amour qui demeure légendaire dans les contes et légendes de Britannia.