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Le Borgne de Guirechia

Le Borgne de Guirechia

Publié le 16 avr. 2022 Mis à jour le 16 avr. 2022 Culture
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Le Borgne de Guirechia

   Au beau milieu de la nuit, un jeune homme de Guirechia rentra chez lui. Il avait un panier rempli de provisions sous son bras. Il quitta le port et se rendit sur une plage. Le bruit des vagues, à quelques mètres de lui, étouffait celui de ses pieds nus dans le sable mouillé. Il se dirigeait vers un sentier de randonnée pour se rendre chez lui et retrouver le reste de sa famille.

  Quand soudain, au loin, il aperçut une petite grotte qu’il ne connaissait pas. En voulant s’y approcher, il découvrit des créatures qu’il reconnut de suite, grâce à leur costume ainsi que leurs ailes dans le dos. C’était des fées. Tout en gesticulant, celles-ci palabraient entre elles. Étant trop loin, le jeune homme n’arrivait pas à entendre leur discussion.

  Au bout de quelques minutes, il les vit se frotter les yeux avec une sorte de baume. À son grand étonnement, les petites créatures féériques devinrent des femmes ordinaires. Lorsqu’elles se décidèrent à quitter la plage, le jeune homme alla se cacher avec soin, derrière un gros rocher. Les jeunes femmes passèrent à côté de lui sans se douter qu’il restait là, en train de les observer.

  À l’instant, où elles disparurent du paysage, le jeune homme regarda la grotte. Il en était sûr. Jamais il n’avait vu celle-ci sur cette plage. Curieusement, il se rendit près de cet endroit qui à sa grande surprise, possédait une allure sombre et lugubre. Pris de peur, il renonça d’y rentrer. Pourtant, il découvrit un reste de pommade sur la paroi des rochers. Alors, du bout des doigts, il s’en appliqua autour de son œil droit pour savoir s’il découvrirait à cette occasion, la magie des fées et pourquoi pas les cachettes de leurs trésors. Étrangement, il ne se passa rien et le jeune homme reprit son chemin pour retrouver sa famille.

  Quelques jours plus tard, une étrange fille arriva dans son village. Elle demandait la charité en tapant à la porte de chaque maison. Elle avait l’allure d’une clocharde. En la voyant, on aurait pu croire qu’il s’agissait de Cosette issue d’un des beaux livres de l’écrivain Victor Hugo. Mais celle-ci était adolescente. Ses vêtements étaient déchirés à certains endroits, elle avait la peau sur les os. Son teint était blême et ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré.

  Quand elle sonna chez le jeune homme, celui-ci la reconnut aussitôt par la fenêtre. Il s’agissait de l’une des fées qu’il avait vues se transformer, près de la grotte, sur la plage. Il avait entendu dire que certaines fées jetaient des sorts sur des habitations de Guirechia. Les fées regardaient avec perspicacité l’intérieur des maisons pour voir s’il n’y avait rien à dérober. Le jeune homme, ayant peur, refusa de lui ouvrir et laissa la créature reprendre son aumône. Après tout, il était chez lui enfin, chez ses parents. Elle n’avait aucun droit de pénétrer dans sa demeure. 

  De temps à autre, son père, étant marin, lui parlait de ses dames de la mer qui nageaient quelques fois, autour de son bateau. Il les reconnaissait aussitôt grâce à leur queue de poisson aux écailles argentées. Il était le seul à pouvoir les percevoir. Pourquoi ? Il n’en avait jamais donné la raison. Il savait alors contourner leur mauvais tour de magie, car ces dames prenaient un malin plaisir d’embrouiller leurs lignes ou d’emmêler les amarres de leurs barques, source de dispute violente entre pêcheurs. Il disait souvent à son fils  : « Si tu croises une créature magique, regarde là de loin, mais éloigne-toi d’elles au maximum. » 

  Quelque temps plus tard, un beau matin sous un soleil radieux, le jeune homme se rendit à une foire dans le centre-ville de Guirechia. De nouveau, il aperçut plusieurs fées malgré leurs déguisements aux yeux des autres gens. L’une d’entre elles se faisait passer pour une voyante, une autre incitait des gens à jouer aux jeux de hasard. Beaucoup de paysans se laissaient prendre par ses charmes. Le jeune homme se garda bien d’imiter tous ces hommes de campagne et surtout, de jouer. Mais il devina une inquiétude chez les fées. Celles-ci sentaient qu’une personne les reconnaissait sous leur déguisement.

  Alors, ces dames de la mer firent des choses de travers au plus grand plaisir des paysans. Eux, qui ne gagnaient jamais d’argent, finirent par se réjouir des sous qu’ils récoltèrent. Quant à la voyante qui mentait sur leur avenir, disait désormais la vérité.

  En passant près d’une estrade, le jeune homme comprit qu’il avait aussi été aperçu et découvert. Les fées se trouvèrent en colère et le regardaient avec beaucoup d’agacement. Le jeune homme décida alors de s’en éloigner le plus rapidement possible. Rapide comme une lance, une fée le rattrapa et sans aucune autre seconde de réflexion, elle lui lança un enchantement. Le jeune homme tomba au sol. En un claquement de seconde, il perdit la vue de son œil droit.

— Cela te servira de leçon, lança-t-elle. Personne n’a le droit d’observer les dames de la mer sans leur permission.

— Pitié, redonnez-moi la vue de mon œil droit, rétorqua le jeune homme.

— Si tu m’avais offert l’hospitalité, l’autre soir, dit une autre, nous aurions pu te laisser une chance. Désormais, il est trop tard !

— Vois le côté positif, dit une troisième. Si tu avais mis de la pommade sur tes deux yeux, tu aurais été complètement aveugle, conclut-elle.

  Et c’est ainsi que le jeune homme devint le borgne de Guirechia. Sa curiosité de vouloir découvrir les secrets des fées de la mer lui avait ôté la vue de son œil droit par le biais de la pommade qu’il s’était posée dessus sans avoir demandé la permission. Pour ces fées, la curiosité demeure un vilain défaut et parfois, certains secrets méritent mieux de rester enfermer dans leur coffre fort à tout jamais.

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