Le Complexe : 02-La Griffure
Le Complexe : 02-La Griffure
Chapitre 02
La griffure
Un rayon doré se frayait lentement un chemin sur le mur de la chambre avant de s’enfoncer dans l’œil d’Antoine. L’adolescent se retourna brusquement dans l’enchevêtrement de ses draps, préférant ignorer la lumière du jour qui se levait progressivement sur Cap aux Basques. La nuit passée, empreinte de sombres secrets, s’accrochait à lui comme une ombre visqueuse. Dans les méandres de son esprit, le murmure des vagues se mêlait aux chuintements sinistres du Complexe.
Une lente digestion
Antoine finit par ouvrir les yeux. La lumière du matin l’aveugla, mais il trouva un réconfort fugace dans le regard souriant d’Anaïs sur la photo qui trônait sur sa table de nuit. Un sourire volé, capturé dans un instant de joie et qu’il avait imprimé pour le garder près de lui. Un sourire qui contrastait avec les lambeaux de la nuit d’hier, mais qui se mêlait à l’afflux de sang matinal qui dressait sa verge. Il attrapa son téléphone, l’écran brillait d’une notification : un message d’Anaïs, comme une lueur dans son monde obscur.
« Coucou Antoine, comment vas-tu ? Tu as bien dormi ? »
Le sourire sur la photo de profil d’Anaïs lui mangeait toute la figure, mais il occulta immédiatement le fait qu’elle souriait probablement à tous les contacts auxquels elle écrivait. En dehors de la soirée d’hier, il ne l’avait jamais vu autrement qu’avec cette parenthèse qui lui dessinait deux fossettes sur les joues.
« Coucou Anaïs. Quelle délicate attention à mon réveil. Oui, j’ai bien dormi et je vais bien. Et toi ? »
Il ajouta une ligne, le cœur battant la chamade pour ce qu’il considérait comme un aveu et envoya le message avec une peur sourde de perdre ce fragile moment.
« Merci d’être là. Toujours. »
Il reposa le téléphone et sentit son corps réagir à des désirs inavouables, mais avant qu’il ne puisse se libérer de cette tension, le téléphone vibra de nouveau.
« J’en suis ravie et c’est normal. On se voit au café ? »
Antoine tremblait, honteux d’avoir sa main sur son sexe juste avant de répondre. Il notifia qu’il allait prendre une douche et s’y rendrait rapidement. Un message court, dans lequel il ne mentionna pas qu’il comptait aussi se libérer de cette envie trop prenante qui s’installait pour durer. Il lui fallait se libérer de ce plaisir, afin de ne pas être trahi par un gonflement significatif lorsqu’il sera à côté d’elle. Ce qui, somme toute, était souvent le cas. Ainsi, il reposa le téléphone et la photo, comme chaque matin, regagna le tiroir de sa table de chevet. En écartant les draps, il constata sa raideur et enfila son ample robe de chambre pour gagner, dans un silence religieux, la salle de bains attenante
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Le Complexe
de
Jean-Christophe Mojard
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