Respecter le refus de son enfant
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Respecter le refus de son enfant
Image de Myriams-Fotos sur Pixabay
Holà, je démarre cette créative room avec ce premier article qui aborde le sujet du refus de l'enfant face à nos demandes.
Avant toute chose, il faut bien comprendre que l'enfant ne s'oppose pas pour le plaisir de s'opposer et de vous faire criser.
Quand un enfant refuse d'accéder à votre demande, c'est qu'iel n'en ressens ni le besoin ni l'envie au moment T. Uniquement pour ça. Peu importe toutes vos préoccupations d'adultes. Tout ça est à des kilomètres de lumière de ce qu'iel pense/vit.
Respecter le refus de l'enfant est important.
On parle de consentement partout pour les femmes, bah pour les enfants, c'est pareil.
En effet, comment apprendre à un enfant, futur adulte, qu'il peut refuser certaines situations/demandes si on ne le laisse pas s'opposer quand il est enfant ?
Attention, je ne dis pas que si, malgré tout (par exemple pour des raisons de santé ou de sécurité) nous passons au travers de son refus, ça aura forcément ce genre de conséquences ! Je parle là du fait que nous, adulte, ne respectons parfois que rarement ce "non".
Parce que nous sommes souvent trop pris par le temps, tout ce qui nous traine dans la tête etc. Bref, tellement de choses, qu'entendre ce "non", fait parfois monter la mayonnaise bien vite et on passe au travers. Pourtant, il est important (et nécessaire) de le respecter au maximum (dans la mesure du possible, cf la parenthèse plus haut) afin que l'enfant, futur adulte en devenir, puisse s'opposer quand c'est nécessaire.
Le fait de manipuler l'enfant par des menaces pour forcer le "non, je ne veux pas" en "oui", l'enfant va effectivement le faire, mais à quel prix ? Il n'aura pas fait parce qu'il aura compris, mais par peur des conséquences. Ce ne sera pas un "oui" réel et franc.
Par exemple, je vais faire un parallèle extrême, mais quand une femme dit "non, je ne veux pas " à son conjoint pour avoir une relation sexuelle et que celui force pour que ce ''non, je ne veux pas"' se transforme en "oui'', il n'y a plus ni consentement, ni respect (et il y a même viol, mais c'est un autre sujet, bien qu'en lien puisqu'on en revient au consentement, mais là, il est question d'enfant et c'était juste un parallèle).
Eh bien, avec les enfants, c'est pareil. Cela va à l'encontre de leur valeur personnelle et donc que le 'non' n'est pas acceptable, même quand on ne veut pas et iels vont finir par dire 'oui' à tout pour être tranquille ou ne plus avoir peur.
Plutôt que de chercher à forcer ce "non", il serait profitable à tout le monde d'aller chercher le 'oui' de l'enfant. D'abord en comprenant pourquoi iel refuse et ensuite trouver des solutions.
Par exemple, s'iel ne veut pas se laver, pourquoi ? Peut-être a-t-iel l'impression de se laver trop souvent, que ça ne sert à rien, que c'est une perte de temps ou alors juste, qu'iel est occupé à autre chose et que franchement se laver maintenant, c'est bien le cadet de ses soucis.
Oui, mais l'hygiène, c'est important, non ? Oui, totalement. Je ne dirais jamais le contraire !
Alors comment on, fait ? Eh bien, on cherche pourquoi ce 'non' comme je le disais plus haut. S'iel c'est lavé hier et à moins de s'être roulé dans la boue aujourd'hui, une toilette de chat peut-être négociée (voire transformer ça en jeu, pourquoi pas ?) parce que, rappelons le, se laver trop souvent est mauvais pour le corps.
Est-ce que l'enfant a compris en quoi il est important de se laver ? Si oui, alors le problème est ailleurs, si non, peut-être peut-on se pencher sur le sujet avec un ou deux livre adéquat ?
S'iel est occupé à autre chose pour l'instant, dans ce cas-là, pourquoi ne pas différer de 5 minutes la douche ? Ainsi, iel peut finir ce qu'iel fait et est donc plus enclinx à aller se laver par la suite (souvent, c'est ça d'ailleurs. Là, iels jouent, s'amusent entre frères et soeurs - ou juste avec leur jouet - et n'ont pas envie de stopper leur activité et c'est normal. Quand vous vous amusez, vous avez envie qu'on vienne vous stopper ? Non, vous voulez continuer de profiter de ce moment, même si votre raison sait qu'il faut arrêter et aller faire l'autre chose à côté. Vous allez donc continuer une minute ou deux - voire plus - avant de complètement vous arrêter. Les enfants, c'est pareil, en un peu plus compliqué, c'est vrai, mais dans la réflexion, la problématique est la même)
Je vais vous parler d'un exemple tout bête.
Plus jeune, mon fils ne voulait pas se changer bien que sa couche était sale. Or, vous l'imaginez bien, il n'était pas possible de le laisser dans ses excréments toute la journée (voire plus) en sachant les conséquences possibles. On ne joue pas avec la santé de l'enfant.
Donc qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, j'ai cherché pourquoi ce ''non'' et comment le transformer en ''oui''. J'ai compris que ce qui le gênait, c'était surtout d'être changé dans la salle de bain.
Alors qu'est-ce que j'ai fait ? Eh bien, nous avons simplement changé de pièce.
Certaines personnes diront sûrement : oui, mais ce n'est pas à l'enfant de choisir.
À cela, je réponds : et pourquoi pas ? C'est son corps, non ? Que ce soit à moi de le changer, c'est une chose, mais c'est bien lui qui est dans une position pas forcément agréable avec quelqu'un qui lui nettoie son intimité et il est en droit de vouloir être dans une pièce où il se sent plus à l'aise pour ce faire.
Est-ce que mon enfant me commande ? Non. Il est changé comme j'ai besoin qu'il le soit (et lui aussi, frocément, même s'il n'en a pas conscience au moment T). Donc, j'ai bien fait ce que j'avais à faire.
Je me suis juste adapté à ses besoins pour ne pas faire de ce moment une perte d'énergie considérable en rentrant dans un conflit qui aurait sûrement généré des pleurs, des cris, de l'énervement (voire de la peur si je me mets, moi aussi, à crier) et autre émotion et actions désagréable pour tout le monde. C'est juste un travail d'équipe. Tout simplement. Ni plus ni moins.
Personne n'est au-dessus de personne. Personne ne commande personne.
Est-ce que je me suis fatiguée à trouver cette solution ? Peut-être un peu. Je ne vais pas mentir. Prendre le temps d'accueillir ses propres émotions (la frustration que peut engendrer le refus de l'enfant chez nous par exemple), ce n'est pas simple (surtout qu'on n'a pas forcément appris à le faire !). Réfléchir à comment tourner ses phrases, trouver ce qui pose souci si les mots manquent à l'enfant, etc... tout ça demande effectivement de l'énergie.
Mais est-ce que ça en demande autant que de s'énerver, menacer, crier, et j'en passe ? J'en doute. Les rares fois où il m'est arrivé de glisser dedans ce genre de comportement dit de violences éducatives ordinaires (parce que oui, on peut parler d'un autre fonctionnement et craquer parfois. Personne n'est parfait, nous sommes humains), je me suis sentie bien plus vidée et lessivée (et moi autant que mon fils de par ses pleurs et les émotions vécues) qu'en agissant comme je l'ai décrit plus haut. Sans compter la culpabilité qui va avec !
Un autre exemple : plus jeune, mon fils refusait de mettre veste ou manteau en plein hiver ou ses chaussures alors qu'il pleuvait à verse ou qu'il faisait très froid (selon mon ressenti en tout cas). Si au début, je me suis obstinée par peur de le voir tomber malade, j'ai fini par opter pour le lâcher prise.
Vous savez ce que j'ai fait ? J'ai pris sa veste/son manteau sous le coude et nous sommes partis. Idem avec les chaussures (et une paire de chaussettes propre, si entre temps, il a voulu les chaussettes, mais pas les chaussures).
Eh bien, vous savez quoi ? Dans les deux cas, il n'a pas fallu cinq minutes (et encore, je tire large) pour qu'il revienne vers moi en me demandant ledit manteau ou la veste ou lesdites chaussures. Il n'est pas tombé malade non plus, si jamais certainx d'entre vous se posent la question.
Depuis, il n'a plus jamais refusé son manteau/sa veste ou ses chaussures. Parce qu'au travers de cette expérience, il a compris en quoi c'était important et utile pour sa santé (et son confort) et que ce n'était pas juste pour l'embêter. De fait, j'ai obtenu son 'oui' par l'expérience. Alors même que ça faisait une dizaine de fois que je me battais avec lui (sans grand résultat autre que de la fatigue, de l'énervement, des pleurs pour lui et qu'il continue de toute manière à dire qu'il ne veut pas la fois d'après voire appréhender - comme moi - ce moment) pour qu'il les mette avant que je ne décide de prendre ce virage à 180°.
Parfois, il y a aussi ce besoin d'expérimenter et il est important (quand c'est possible et que ça ne met pas la santé de l'enfant ou sa sécurité en jeu) de respecter ça.
Bien entendu, j'avais aussi envisagé la possibilité qu'il continue de refuser malgré tout, ce à quoi j'avais déjà anticipé en le prévenant qu'il les mettrait quand j'attendrai ma limite à ce sujet (parce qu'il était bien entendu hors de question que je le laisse sans chaussures ou autre par temps de pluie ou froid pour sa santé). Donc, il savait qu'il aurait fini par les mettre quoi qu'il arrive.
Cette notion de limite personnelle est une des choses que j'ai apprise à verbaliser dès que j'ai pu. Afin qu'il puisse savoir quand c'est au-dessus de mes capacités et que là, c'est non-négociable. Il sait donc que j'entendrais toujours son "non" sauf dans les situations où mes limites sont atteintes et où sa santé et sa sécurité sont en jeu. De fait, je n'ai jamais eu de souci. Oui, parfois, il a pleuré / fait des colères quand j'ai dit "non", mais c'est normal. C'est l'expression de ces émotions, pas un moyen pour essayer de me manipuler pour que je dise 'oui'. L'enfant en crise ne veut pas faire plier ses parents (sauf si le parent lui appris qu'à chaque crise, iel craque, là, oui, mais la faute revient au parent qui craque pour être tranquille, pas à l'enfant. Qu'on remette un peu les choses à leur place avant de diaboliser l'enfant à tout prix. Parce que si c'est ce message que l'on apprends à l'enfant, pourquoi ferait-iel autrement ?), iel veut juste laisser ses émotions sortir et ne parvient pas à se calmer pour les exprimer autrement. C'est ce qu'on appelle : les tempêtes émotionnelles. Parce qu'iels ne sont tout simplement pas capable de gérer leurs émotions. Rien d'autre.
Respecter ce refus permet à l'enfant d'acquérir de l'expérience, de comprendre, de devenir autonome, de travailler son libre-arbitre, lui permet de s'affirmer et donc d'avoir confiance en ellui et en son avis, le fait qu'iel soit entendu. De fait, iel apprends et comprends que son ''non'' est aussi important que son ''oui'' et ne le sort plus à tord et à travers (cf la phase des deux ans où l'enfant s'oppose ++ aussi appelée terrible two - à tort selon moi - ou période d'affirmation) et donc que maintenant et plus tard, son ''non'' est légitime et donc, saura respecter ses limites, celle des autres et son intégrité, ainsi que celle des autres (parce que oui, c'est aussi un des bénéfice de respecter son "non", c'est qu'il saura respecter celui d'autrui) sans avoir à accepter tout et n'importe quoi par peur ou pour être tranquille.