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Avoir 20 ans en 2021: perspective des jeunes femmes inspirantes 

Avoir 20 ans en 2021: perspective des jeunes femmes inspirantes 

Publié le 11 janv. 2021 Mis à jour le 11 janv. 2021 Éducation et formation
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Avoir 20 ans en 2021: perspective des jeunes femmes inspirantes 

En ce début de décennie, une interview à la rencontre de cinq femmes qui auront 20 ans en 2021 pour discuter de leurs rêves et de la société de demain. Et elles en avaient long à dire! Ces jeunes posent un regard lucide sur le monde qui les entoure tout en espérant le rendre meilleur, chacune à leur façon.

Avoir 20 ans en 2021: perspective des jeunes femmes inspirantes
Avoir 20 ans en 2021: perspective des jeunes femmes inspirantes

Marie-Clarisse Berger
Étudiante en sciences politiques à l’Université McGill, Rivière-du-Loup

Je suis engagée auprès de l’organisme ENvironnement JEUnesse et je participe à des projets politiques comme le Parlement étudiant du Québec et Héritières du suffrage, à Ottawa.

À 20 ans, on rêve…
D’une carrière brillante, arrimée à sa vie personnelle… et je rêve qu’on arrête de me demander si je compte avoir les deux.

Mes plus grands espoirs et inquiétudes
J’appréhende la façon dont on accueillera ceux qui vont fuir les conséquences du réchauffement climatique. Avec la montée du populisme et des gouvernements de droite, les groupes racistes ont maintenant une tribune. C’est très inquiétant.
J’aimerais que les gens s’intéressent davantage à autrui. Je souhaiterais faire partie d’une société où l’on prend soin les uns des autres, où tous ont une chance égale d’apprendre, de se nourrir et de vivre décemment.

L’égalité homme-femme…
On n’y est pas encore. On le voit dans de grands enjeux comme l’égalité salariale ou la représentation des femmes en politique, mais il existe aussi des injustices plus insidieuses, comme la manie qu’on a encore de juger l’apparence des femmes avant leurs idées.

Le prochain combat à mener pour les femmes
L’accès à l’avortement partout dans le monde. C’est la base de toute démocratie: on ne peut décider pour les autres. Les lois Marie-Clarisse Berger Étudiante en sciences politiques à l’Université McGill, Rivière-du-Loup restrictives mises en place dans plusieurs pays ne font que confiner les femmes dans la pauvreté.

Ma priorité est difficile à définir. Si je dis «le travail», je suis carriériste. Si je réponds «la famille», je manque d’ambition… Ma priorité est ce qui me rend heureuse, tout simplement.

Ma génération en quelques mots
Nous nous intéressons assez peu à la politique – je pense que je suis une exception –, mais beaucoup aux enjeux de société. Nous pouvons nous mobiliser quand quelque chose nous tient à cœur. Nous sommes aussi des gens plutôt optimistes, qui voient le bon côté des choses.

J’espère qu’on changera…
Je souhaiterais plus de transparence en politique et d’honnêteté en général, des droits sociaux élargis et une réforme du mode de scrutin.

Dans 10 ans, j’espère être diplômée d’une grande école, avec un emploi qui me passionne et toujours engagée dans les causes qui m’interpellent. J’espère être toujours proche de mes amis et encore plus soudée avec mes deux frères. Mais je ne me mets pas de pression pour être en couple et fonder une famille. Je serai déjà bien occupée!

 

Tinder, Snapchat ou Instagram?
Je suis accro à Instagram. Je trouve que ce n’est pas que superficiel, on peut aussi s’en servir pour partager des idées et mobiliser les gens.

Kortanie Kahwennahawi Raye
Conseillère jeunesse au Réseau autochtone de Montréal, Montréal

Je compte bien obtenir mon diplôme d’études secondaires bientôt. Mais je dois d’abord travailler puisque je viens tout juste de m’installer dans un appartement après quatre ans passés dans le réseau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

À 20 ans, on rêve…
De mener une vie riche – pas au point de vue matériel, mais en amitié, en amour, en famille. C’est tout ce que je souhaite.

Mes plus grands espoirs et inquiétudes
J’ai peur de ne pas être stable… Ma mère, d’origine inuite, n’a jamais été présente pour moi. J’ai grandi avec mon père mohawk et ma grand-mère, à Montréal, mais ce n’était pas toujours l’idéal non plus. J’espère briser ce cycle, ne pas porter le traumatisme intergénérationnel qui a affligé mes parents. Je veux être la meilleure mère possible et voir mes enfants me dépasser à leur tour.

L’égalité homme-femme…
Elle n’est pas atteinte, et c’est pire pour les minorités. Les salaires, la représentation en politique et dans les postes de pouvoir… On est encore loin du but.

Le prochain combat à mener pour les femmes
La violence, car nous sommes des cibles. Nous ne devrions pas avoir l’impression d’être soumises à un couvre-feu et craindre de circuler dans les rues dès qu’il fait noir. Chaque femme devrait se sentir en sécurité, en tout temps.

Ma priorité, actuellement, c’est le travail. Je veux économiser assez pour être à l’abri du besoin. Je n’ai pas de famille vers qui me tourner si je manque d’argent, alors je dois me débrouiller seule.

Ma génération en quelques mots
Perdue, impolie et irrespectueuse. En évoluant dans le réseau de la DPJ ces dernières années, j’ai vu des jeunes devenir très durs alors qu’ils étaient encore tout petits. Je me sens bien différente d’eux.

J’espère qu’on changera…
Je veux que les membres de la communauté autochtone sortent de la rue, ne soient plus victimes de brutalité policière, soient mieux représentés dans la culture et en politique. Je sais que je peux améliorer les choses en rencontrant des gens, en leur parlant, en les touchant. Mon nom mohawk, Kahwennahawi, signifie «elle porte la parole». C’est ce que je vais faire.

Dans 10 ans, je me vois toujours aussi engagée dans la communauté autochtone, c’est certain. Je veux défendre nos droits, être un modèle pour les jeunes.

Tinder, Snapchat ou Instagram?
Instagram, car j’ai une passion pour la photographie. Je suis une fille de ville et j’adore les photos urbaines. Mais je n’aime pas beaucoup les réseaux sociaux, souvent trop superficiels. Je préfère le contact avec la réalité.

Gabrielle Gaucher
Étudiante en génie biomédical à Polytechnique, Montréal

J’ai fait
beaucoup de bénévolat dans le cadre du projet Pour un Montréal scientifique au cours des dernières années. Je donnais des ateliers dans des écoles de milieux défavorisés dans le but d’intéresser les jeunes aux sciences. Je fais une pause pour ma première session universitaire, mais je compte bien recommencer à donner de mon temps bientôt.

À 20 ans, on rêve…
De bonheur! Changer le monde, c’est peut-être un peu fort, mais je pense qu’on aspire au moins à l’améliorer.

Mes plus grands espoirs et inquiétudes
Trump m’inquiète. Les mauvaises relations des États-Unis avec la Russie et la Chine pourraient avoir de graves impacts sur le Canada. J’ai peur de voir de plus en plus de pays déraper dans un genre de dystopie, un avenir qu’on ne veut pas trop s’imaginer. Quant à mes espoirs, j’aimerais que les handicaps deviennent moins «handicapants». C’est en partie ce qui m’a motivée à étudier en génie biomédical. Je voudrais donner une plus grande qualité de vie aux gens qui vivent avec un handicap.

L’égalité homme-femme…
On n’y est pas. Il suffit de regarder les statistiques pour le constater. Mais je ne nie pas que les avancées ont été spectaculaires. Ma mère me rappelle souvent que ma grand-mère n’avait pas le droit d’avoir un compte bancaire, il n’y a pas si longtemps de ça.

Le prochain combat à mener pour les femmes
Trop de femmes meurent simplement parce qu’elles sont des femmes. Ce problème est présent partout dans le monde, même chez nous.

Ma priorité, en ce moment, c’est l’école, qui représente un investissement dans mon avenir. Ma famille, mon copain et mes amis viennent après. J’essaie de consacrer à tous suffisamment de temps, tout en étudiant assez pour être satisfaite de mes résultats. Pas évident!

Ma génération en quelques mots
Réseaux sociaux. Mais j’ai l’impression que nous serons ceux qui prendront conscience qu’ils sont problématiques et qui établiront des limites claires. J’ai beaucoup d’amis qui n’ont aucun compte sur les réseaux.
Nous sommes aussi très diversifiés. Nous côtoyons des gens des minorités sexuelles et beaucoup d’immigrants de première ou de deuxième génération. Dans ma classe, au secondaire, il n’y avait que deux Québécois «de souche». Je n’en faisais moi-même pas partie, puisque mon père est français. Je crois que cette mixité nous apporte une plus grande ouverture d’esprit.

J’espère qu’on changera…
Notre déresponsabilisation, cette attitude de «ce n’est pas ma job»… On accomplirait tellement plus si chacun mettait la main à la pâte! C’est ce que je tente de faire en m’impliquant dans la société.

Dans 10 ans, je voudrais bien avoir un enfant, une petite famille. J’aime beaucoup le concept de la famille nucléaire, comme celle dans laquelle j’ai grandi. Côté professionnel, mon objectif est de concevoir des prothèses qui feront avancer la médecine.

Tinder, Snapchat ou Instagram?
Reddit. Ce n’est pas du tout un royaume de trolls, comme on l’entend parfois. Sur ce réseau, j’ai l’impression d’avoir de vraies conversations, toujours respectueuses.

Janie Boivin
Étudiante en gestion de commerces au cégep de l’Outaouais, Chelsea

Je possède ma propre entreprise de vêtements écologiques et équitables avec une amie, Vêtements Moss.

À 20 ans, on rêve…
De respect. C’est la base de toute société, il me semble. On ne peut pas avancer seuls: on a besoin les uns des autres.

Mes plus grands espoirs et inquiétudes
L’environnement. Les inondations du printemps dernier dans ma région m’ont inquiétée au plus haut point. J’espère que les gouvernements vont intervenir. J’aimerais que les politiciens et les gens en général agissent davantage et soient plus entreprenants. Même mes grands-parents s’impliquent et s’informent. C’est un problème qui concerne toutes les générations.

L’égalité homme-femme…
Même si ça s’améliore, il reste beaucoup de préjugés. Dans les événements que je fréquente en tant qu’entrepreneure, je suis souvent l’une des seules femmes. Les gens s’imaginent que je dois être différente, plus déterminée. Mais c’est faux, je suis comme les autres.

Le prochain combat à mener pour les femmes
La violence conjugale est un sujet qui me touche profondément, car certaines personnes de mon entourage en ont été victimes. Par l’intermédiaire de mon entreprise, j’ai d’ailleurs mis sur le marché un chandail pour aider à financer la Maison Unies-vers-femmes, un centre d’hébergement de l’Outaouais.

Ma priorité est d’atteindre l’équilibre. Même si mes études et mon travail occupent une place importante dans ma vie, je réserve du temps pour ceux que j’aime.

Ma génération en quelques mots
Brillante, mais nous avons souvent besoin d’une petite tape dans le dos pour nous motiver. C’est quand nous sommes écoutés et responsabilisés, sans être seulement des exécutants, que nous donnons le meilleur de nous-mêmes. Janie Boivin Étudiante en gestion de commerces au cégep de l’Outaouais, Chelsea

J’espère qu’on changera…
L’attitude des gouvernements face à l’environnement. Pour que ça évolue et pour que les élus et les citoyens agissent. Dans 10 ans, je serai propriétaire d’une entreprise, peut-être, mais je pourrais aussi être employée d’une coopérative. Je ne ressens pas le besoin de diriger une business.

Tinder, Snapchat ou Instagram?
Instagram. J’y suis beaucoup d’entrepreneurs qui parlent de leur parcours. C’est très inspirant.

Yasmine Bennhaila
Étudiante en génie de la construction à l’École de technologie supérieure, Brossard

Je joue au soccer au niveau AAA et j’ai un emploi à temps partiel. Je préside aussi les Ingénieuses, un club étudiant qui facilite l’intégration des femmes en génie.

À 20 ans, on rêve…
D’être heureuse! Pour moi, le bonheur, c’est que ma famille se porte bien.

Mes plus grands espoirs et inquiétudes
Je m’inquiète que les gens plus âgés n’acceptent pas le changement et refusent de considérer le monde comme nous, avec cette peur de la crise climatique. Mais j’essaie d’avoir confiance en eux.

L’égalité homme-femme…
Dans mon programme d’études, l’objectif est d’attirer 30% de femmes d’ici 2030. C’est tout dire! J’ai assisté à plusieurs conférences à l’université au sujet des préjugés inconscients, qui sont plus répandus qu’on le croit. Par exemple, en entrevue, un employeur a tendance à tenter de convaincre un homme d’accepter un poste, alors qu’il demande à une femme de le persuader qu’elle a ce qu’il faut pour l’obtenir.

Le prochain combat à mener pour les femmes
Lutter contre les clichés comme «les garçons n’aiment pas danser» ou «les filles sont moins fortes en maths». La passion des sciences, ça s’allume jeune. Tout est dans l’éducation.

Ma priorité, c’est ma famille. Ma mère est québécoise, mon père, marocain d’origine. J’adore discuter avec eux. Ils ont souvent des opinions différentes et je me fais ma propre idée en les écoutant. Je suis aussi très proche de ma sœur et mon frère aînés.

Ma génération en quelques mots
Engagée. Quand quelque chose nous dérange, nous allons tout faire pour le corriger. Nous déplaçons de l’air. Il en faut, des générations comme ça.

J’espère qu’on changera…
Je voudrais que les gens passent à l’action, surtout pour l’environnement. J’essaie d’influencer mon entourage en ce sens. Je me dis que, s’ils remarquent les efforts que je fais et que ça semble facile, ils vont peut-être emboîter le pas.

Dans 10 ans, je vais probablement habiter dans Lanaudière. Mon chum vient de là et mon prochain stage aura lieu dans cette région, alors nous allons sûrement nous y établir pour fonder notre famille. Nous avons beaucoup de projets à long terme à deux.

Tinder, Snapchat ou Instagram?
Instagram. J’aime beaucoup les comptes de voyage. C’est une façon de découvrir le monde.

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