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Economie Vide

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Publié le 23 juil. 2020 Mis à jour le 23 juil. 2020 Économie
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Le moment est fascinant pour la science économique. Le froid constat d’un évènement planétaire, exogène à la sphère financière et spéculative, qui grippe les économies. La soumission à l’urgence sanitaire qui s’impose au politique, qui n’a d’autres choix que d’entraver la dynamique des échanges. Voilà bien longtemps que le politique ne s’était imposé de façon si directive sur l’économie. C’est bien un signe de guerre.

 

Le sujet n’est pas le virus mais ses conséquences sur la sphère économique et financière. Pour qui ne s’intéresse pas à l’économie, il y a là une crise de blocage de la dynamique. Dans le grand cirque mondial des flux financiers, ce qui a de la valeur, c’est le mouvement. Le mouvement financier existe parce que les valeurs se sont déconnectées progressivement des actifs réels pour des actifs imaginaires. Ces actifs sont flottants. La dette est une valeur achetable vendue en paquet avec un risque de non-recouvrement, sur lequel on peut s’assurer. Les assurances émettent elle-même de la dette de refinancement, etc.

C’est un fait. L’ingénierie financière a multiplié les pains en les réduisant en miettes plus facilement tradable, l’art de saupoudrer de la poussière d’or sur de la merde. L’important est le mouvement des actifs imaginaires et aussi des réels. Tout cela génère les flux réels sur lesquels il y a plus de gage que de valeur.

Les crises financières sont la purge du système. Nécessaires. Le rééquilibrage des actifs imaginaires provoque la pression sur l’économie réel pour permettre d’expliquer l’inéluctable de la restructuration. La crise sanitaire crée autre chose. Un blocage temporaire (et de combien de temps?) du flux de marchandise et donc de cash nécessaire à la croissance. Trouver des liquidités est aisé, les banques centrales injectent, en rachetant les dettes pourries, de l’argent « frais » et voilà que l’on en a pas besoin. Il dort sur les livrets A  et ne contribuent pas à fluidifier le sang de l’économie. Hors de la dette, il en arrive sur le marché. Un gros paquet émis par tous les acteurs publics ou privés, mis à mal par les trous d’air provoqués par les confinements.

 

Les 15 premiers jours du confinement en France m’ont paru surréels. Des pans entiers de l’économie ont cessés, au moins un temps, toute production, ne serait-ce que pour activer des plans de secours pour faire redémarrer les équipes dans un climat d’indécision générale, jusqu’aux plus hauts lieux du pouvoir. Une phase de sidération qui malheureusement s’étend sans fin sur tous les secteurs de « flux », de tourisme, de transport, de spectacle… la crise qui est là va avoir beaucoup plus d’impact qu’une « simple » crise financière. On perd, puis on reprend, les entreprises optimisent pour relancer leur cours de bourse. C’est une mauvaise année à passer. Généralement, on a une grosse journée, puis quelques semaines d’instabilité. Des mesures de soutien des gouvernements et des banques centrales, quelques perdants (quelle proportion chez les petits porteurs ?); une petite tape sur l’épaule, et on va rapidement rouvrir le champagne pour le rally des indices qui ont déjà rattrapé le chiffre d’avant-crise, etc…

 

Non, covid est le vicieux qui a forcé toutes les entreprises à des reconfigurations expresses. Faire repartir les chaînes de valeurs, la logistique, combattre les pays moins touchés (pour l’instant) sur les contrats internationaux. Le monde a créée une chaîne de production et de logistique dédié au matériel médical en quelques jours, la preuve de la puissance de la mondialisation et du capitalisme. Drivé uniquement par la demande ! Il y a des plus riches aujourd’hui en chine, et ailleurs. Tout ceux sur la chaîne d’approvisionnement. La crise a provoqué et provoque encore des mutations aléatoires de l’économie. On peut se réjouir de réflexions de relocalisations, d’économie écologique et de renouveau industriel. Mais cela va de pair avec une réalité de dépendance technologique (et sanitaire) sur tout un tas de produits et de services. Une réalité de dette qui se creuse partout mais pas aux mêmes niveaux, donc il y aura beaucoup de perdant pour l’addition finale.

 

La France est clairement pas super bien placée sur les conséquences de cette crise, surtout du fait du transport, du tourisme et de la culture qui ont une place importante dans notre PIB. Consolons-nous du fait que nous supportons et sommes résilient face aux blocages économiques ponctuels : les grèves. De façon unique au monde, ce dernier en convient. Le choc économique est souvent comparé à la grande grève de 68, en terme d’interruption partielle de la production et de la consommation. La comparaison s’arrête là, le phénomène est mondial et toujours pas jugulé.

 

Mais je m’accroche à cette idée de cette France résiliante par son entrainement forcé à toutes sortes d’interruptions. Portez des masques et sortez, profitez du soleil, ne pensez pas à l’automne.

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