Morgan, la chronique d'un loupé
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Morgan, la chronique d'un loupé
Dur challenge… Raconter ta triste vie, tes parents, leur misère.
Commençons par ton père : feignant, lâche, depuis toujours, il taxe les aides financières.
Désolée, j’suis dure petite, tu vas comprendre.
Je poursuis par ta mère, violente, bête et fausse, mais qui s’fait jamais prendre.
Dommage pour toi, les services sociaux ne s’approcheront pas de toi.
Parce que, dans la famille de papa… y a mamie, bien vue, alors on suspecte pas.
On vivait tous ensemble dans le même HLM.
Toi au troisième étage et moi, au quatrième.
Ta petite sœur arrive, faut serrer la ceinture : la CAF c’est pour les joints,
La mendicité de quartier ne suffit pas… alors le bébé hurle, il a faim.
Ce jour-là j’m’énerve, j’te demande “qu’est-ce qu’elle a ta miauleuse, elle a mangé ?”
Stupéfaction : pas de légumes, pas de lait, mais y a à fumer.
Ta mère veut te rendre propre, pour payer moins de couches et gagner plus de fric...
18 mois, c'est la base... 8 ans plus tard, toujours énurétique... et ton derrière irrité, qui pique.
Technique simple et pas chère, enseignée par ta maman.
L'alèse plastifiée de ma chienne, témoin silencieux en son temps... rongée par des nuits, tes pipis incessants.
Impossible d'inventer ces détails.
J'en ai marre de voir ça, de pas parler : fin d'bataille.
Comme les autres, tu y as cru, pauvre fille.
Ta petite Morgane, un jour, se rappellera.
T'inquiète pas, c'est cadeau, c'est gratuit.
Mal dans sa peau, mal dans son genre, dès ses 3 ans : qui ça étonnera ?
Elle se prend pour un mec, Spiderman, cheveux dans la casquette et cétéra.
Et toi, sa mère, imbue d’elle-même, une étoile supérieure, qui brille dans toute la galaxie.
Pendant qu'à côté, on voit qu'elle se recroqueville... celle qu'elle prive de manger quand elle est pas sage : sa fille.
2014, je vois encore ton air malin, tes nuits sur le net,
Cherchant la vérité, fatiguée le matin, appart sale, pas d'école pour Morgan : t’es pas nette…
Je passe sur le chien, ton chien, le chasseur de lions famélique qui "mourrait pas assez vite" (NDLA : je cite !)
J’en parlais dans De la drogue au Coran, tu comprends : la colère m’habite.
Morgan, sur toi j’me rappelle des coups, des pinçons aux joues, des claques,
Mensonges de maman, complaisance de papa, omerta dans ta baraque.
Pourtant, le chien pisse par terre, sur les canapés... voilà le p’tit frère.
Le pire, c’est que ta mère aurait pu vous extraire de cette misère.
Elle a eu un travail, un jour, il était une fois, y a longtemps.
Mais selon elle, elle s’entendait trop bien avec ses pairs, d’où son licenciement.
J’ai bien tenté de trouver un travail à Papa.
Le drive du coin, trop dur, j’ai pas de jeans, j’arrive pas.
Un jour, soulagement, j’espère : elle dit ne plus te frapper ; j’y crois.
J’apprends plus tard, qu’en fait, elle a perdu ses nerfs,
Sur toi, petite fille de 2 ans, coup d’bouteille dans la tête : pourquoi ?
Personne ne fait rien : assistante sociale inerte, qui perd ?
C’est toi. Ta sœur et ton frère. Tu comprends que je ne retienne pas ma rage.
Mes enfants à moi sont placés… On dirait qu’ils sont nés... dans le mauvais foyer.
Battue, indifférence générale, refus de soins : peur du signalement, fin de CMP, honte de l’orage.
Encore une fois où notre état aurait pu être utile, mais par son absence a brillé !