Le bonheur ne perdure jamais.
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Le bonheur ne perdure jamais.
Extrait du journal de Charles Baum
Le bonheur ne perdure jamais. C'est quelque chose que j'ai déjà appris il y a bien longtemps. Le mal arrive pour en sonner la fin de sa cloche d'or. Les roulements du tonnerre au-dehors éclairent mes remords qui font quelques révérences à mon coeur battant, et me suivent sur le plancher. Malgré la souffrance que je ressens, il y a toujours cet appel qui me ramène à elle. Une petite fille fragile et meurtrie, brodée de blanc, qui chante selon le vent et s'annonce dans un soupir caressant mes maux.
Mais elle n'est plus une enfant depuis longtemps. Je suis forcé de reconnaître que la femme que j'admirais - et que j'admire toujours en mon for intérieur - a une aisance parfaite pour le mensonge et la dissimulation. Non, elle les incarne. Ses grands yeux bouffis et innocents qui s'éveillent à côté de moi depuis toutes ces années sont ceux de la mort.
Je vois la scène presque devant moi en arpentant ma chambre d'hôtel dans un sens puis dans l'autre. J'imagine cette inconnue donner ses dernières expirations alors qu'elle fait ses adieux aux astres. Le cadavre qui se décompose sous terre jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'autre que les os. Y pense-t-elle quelquefois ? Peut-être pendant que nous faisions l'amour ? En prenant nos enfants dans les bras ? Mes doigts brûlent de l'appeler pour lui poser la question, mais je n'en fais rien. Cette vérité est presque irréelle, et comme une légende, elle restera intacte. Sans y songer ou même en parler, je pense qu'au fond de moi je l'ai toujours su.
Je note des détails que je n'ai pas su voir sur le moment, ou que je n'ai pas voulu comprendre. L'instinct détient un murmure parfois trop faible pour se faire entendre des échos, mais il est grisonnant et continu à nos tempes. L'ignorance, elle, si réconfortante pour nos troubles, en profite pour crier. Je suis faible. Dois-je m'en vouloir de n'être qu'un homme ?
Son parfum, son odeur, sont devenus des fables; pour moi, ils ne sont plus qu'illusions masquant la tragique réalité. Mais ma profonde tendresse envers elle ne s'estompe pas. Elle me manque, et je me maudis pour cela. En même temps, comment puis-je comprendre ses actes, ses sentiments, moi qui ai toujours été aimé de mes parents ? Moi qui n'ai jamais subi de tels sévices de la part de ceux qui sont censés me protéger ? Moi qui n'ai jamais manqué de rien ?
Voilà à quoi je pense au moment où je n'ai plus la force d'être en colère. Peut-être est-ce le deuil qui me rend naïf, mais je l'aime encore. Je l'aimerai toujours.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier il y a 8 mois
Très très belle écriture. Rythme, rebond. Phrasé. Comme en 🎶🎶
Striyga.b il y a 8 mois
Merci beaucoup