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Délit de digressions

Délit de digressions

Publié le 9 mars 2024 Mis à jour le 9 mars 2024 Drame
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Délit de digressions



⚠️ Ceci n'est ni  pas mon texte le plus gai et encore moins le plus facile à écouter.

Je ferme les yeux. Je les ferme fort. Ton image est omniprésente. Je cherche mon vélo dans mes souvenirs d'enfance et ma game boys toute usée, le hérisson et la tortue du jardin, mes Pollys Pockets, le pelage doux du chien, le rire de maman dans l'escalier. Tetris jusque dans mes craies couleurs arc-en-ciel. La porte de l'ascenseur qui se ferme tout doucement et sa peinture rouge métallique, elle grince comme mes dents. La force d'attraction jusque dans le bas de mon petit ventre au moment de sa descente, les crêpes à la confiture qui se battent avec la cassonade. Le ballon frappe le mur dans la cour de récréation. Je lève la tête et le ciel est bleu comme tes...

Je ferme les yeux, j'essaie plus fort.

Les Buffalos impayables, les poux dans les cheveux et jusque dans les trous de mes chaussures, mes semelles prennent la fuite. Peau de salopette rose à rayures blanches qu'il m'oblige à porter, la honte jusque dans ses coutures. Le chat Mozart qui n'a jamais pu jouer de piano et son souffle au cœur, la sorcière qui lui balance des citrons sur la tête, la même qui réveillait le loup avant ses sortilèges de mercurochrome juste pour se donner bonne conscience. Le beurre givré qui déchire mes tartines impatientes, la soupe au pois de bonne-maman et ses lardons grillés devant le feu de la cheminée et la flamme dans ton...

Je souffle plus fort, je reviens toujours à toi !

J'étouffe la flamme qui crame mes mèches. Les vœux sont pour les bébés. Les joints mal roulés, la hess jusque dans le cartable, le dos courbé de moqueries incessantes.

- Si tu tranches tes veines et plonge tes poignets dans l'eau bouillante ça ira plus vite. Christophe n'aime pas les boudins !

D'ailleurs, Christophe, a t-il vu la vache ? Celle qui fait meu-meu derrière ses larmes de gamine. Les maux des enfants ont les taches tenaces et leurs mots se plantent dans mon cuir tels des aiguilles dans ma poupée vaudou errant sur mes terres indiennes.

La vache... Ailleurs...

Celle qui lèche ma manche verte canard. Le pied de tes montagnes à l'étoile rouge, celle où je t'ai promis nos rendez-vous, sa cloche apaisante, sa bave brillant sur le velours, ton regard qui me canarde, mon rire dans ton chemin, ton sourire sur ma bou...

Chut ! Fermer la porte.

Pas celle où tu fumes tes cigarettes, non, non, non ! Celle qui mène à mon cœur. Amour de vacances, le soleil sur mes espoirs juvéniles, le rap à fond, FF dans mes illusions de fraterie, le buggy déchiré sous les talons, le coeur croisé s'accrochant aux murs du quartier, je les tiens droits. Ne sait-on jamais qu'ils ne tombent.

Nuits d'hiver à Evere, le tabac au fond de ma gorge juvénile est aussi agréable que mon reflet dans le miroir; je me vois toujours grosse. Grosse comme mes rages adolescentes. Je me rebelle, je crie et je dis des choses que je ne pense pas. Elle date, tu sais, cette colère là. Le journal de classe se fracasse sur le mur, prémonition de ma scolarité bafouée. Regardez-moi ! J'ai besoin de vous on ne m'a pas donné les mot pour le dire ! Le sourcils du prof se rebiffent. Il ne jauge assez les monstres ce sourcil-là. Des montres aux griffes géantes et noircies qui m'habitent, m'habillent et me hantent. Des monstres qui rôdent jusque derrière le muret scolaire où les mégots interdits s'accumulent.

Ils se sont cachés jusque dans tes bras.

Nos détails s'imbriquent partout; pièces de puzzle ressemblant à mes anciens légos. Je comprends pourquoi tu les as vu dans mon regard au moment d'y chercher mon amour, les monstres sont jusque dans mes barbies qui se laissent décapiter. Les petites voitures du cadet klaxonnent dans des embouteillages de pensées. Le pic de pollution s'amorce. Alerte smog jusque dans mes veines bouchonnées; ça sent le contrôle de routine ! Délit de digressions jugé sur nos places rouges. La tempe tambourine, ça bat dans ma carotide ! Je suis une orange sanguine, le sang en ébullition et les larmes jusque derrière les genoux. Mes sens sont sans dessus dessous. Tes mains caressent mes cheveux et nos souvenirs s'éparpillent. Je suis recouverte de nos deux cœurs brisés. Tes restes me déchirent les plantes.

Vite ! La cisaille ! Je m'égare encore. L'orchidée se fane irrémédiablement, j'ai encore oublié de l'arroser dans le jardin de la nounou devenue réminiscence. L'herbe est verte et bien tondue. Mon gazon à moi n'est pas pubère. Ma robe blanche éclate et l'ombre qui la domine l'avale. Impossible de tourner la tête.

- Il n'y a pas eu que ton père Mélissa... Vous sentez-vous prête à continuer la séance ?

Je ne me sens prête de rien, mais depuis quand me laisse-t-on le choix ? Mes mollets n'ont pas 6 ans et je ne cours pas assez vite. Garder la tête haute. Immobile mais haute au moment de me démener dans du sable mouvant, je refuse de disparaître ! J'aggripe la branche comme sa main qui me parle des étoiles, j'ai 15 ans et je rêve de me réfugier dans les bras du père que, lui, rejette. On se rend compte du bruit du bonheur au moment où il claque la porte et mes portes verrouillées ont les serrures têtues. Le père et le fils que je n'ai jamais eu squattent mes couloirs mentaux et des rêves se dynamitent dans mes labyrinthes.

Je suis l'eucharistie de mon passé et le diable se baigne dans mes sueurs nocturnes.

Mes robes n'ont plus la couleur de la pureté depuis longtemps. Elles incarnent à la perfection mes coquelicots saignés dans mes chants de vendeuse d'allumettes, et mes sueurs brûlent. J'ai la gelure chantante jusqu'aux bouts des orteils, mes phalanges craquent comme des roseaux avant de se faire flûte d'Hamelin. Que les rats me suivent jusqu'à la rivière, nous retournons aux égouts !

Goût du flanc de ma grand-mère et de son caramel maison, les cigales chantent dans ma tête et le bois de la fenêtre est bien vernis. J'ai la recette de mes souvenirs d'enfance et de chacune de mes cicatrices en bord de papilles sans savoir y mettre de nom.

- À table ! La rage va refroidir !

Le mégot écrasé juste au-dessus du poignet pour dévier la douleur. Épargner le cœur le couteau à pain sur l'avant bras. La marque de ses dents dans ma chair apparente en couches d'épiderme distinctes n'imposent aucun silence, les monstres ne se taisent jamais. Ils hurlent. Mais pas toi, toi tu aimes ou tu te tais. Mais moi, je dresse les monstres, avec les silences, je ne sais pas faire...

Vite, une pensée agréable ! Une pensée de sorbet à la framboise ! La fusée fond sur la langue de la babelutte et l'ombre de sa robe tournoie dans Florence, elle est belle ma fille ! Le caroussel boucle aussi vite que le temps qui passera. Aujourd'hui, mes portes claquent et mes mots ne trouvent plus les clés. J'ai 6 ans avec un 3 devant et je sens que les 37 se feront encore avoir. Je reste figée dans mon passé.

Fantôme de glace à la flamme incandescente, je fonds et je brûle. Défilement d'images sans interrupteur.

- Tu m'appartiens.

Le loup tient ma chienne et ma bête hurle. Papa n'aura donc jamais vraiment existé. Mes larmes éclaboussent et remplissent la Fange de mon île de vie. Les souillures y sont bien incrustées. Je frotte, je frotte, j'égratigne jusqu'à mon sourire du cinéma. E.T jusque dans mes souvenirs, je suis en marge, mon stylo bille écrit l'usure. Je veux apprendre à voler !

Habit de nonne dans Mélodie du bonheur, je tiens le rôle à merveille. Chaque matin, je me salue.

Petite et blanche, propre et lumineuse, j'ai l'air heureuse de me rencontrer, mais ma fleur des neiges se terre, la peur pour engrais. Elle se perd dans mes tempêtes et ses routes toutes barrées. L'edelweiss attend mon printemps. Je trie des mains par peur de me les prendre. J'évite les nouvelles images et les shoots de sérotonine, l'ocytocine est en état d'urgence.

Tes doigts sont encore là.

Sur mon dos, mon flanc, mes fesses, chatouillant mes reins jusque dans mes profondeurs gardées secrètes dans mon boudoir, tu accompagnes les poèmes de mes cheveux en bataille.

Je te murmure dans mes pensées.

Triste temps de la cave au grenier, la pluie traverse le plafond. Alerte ! Tous les parapluies sont déjà monopolisés !J'ai la peine d'amour douloureuse, la douleur tendre et les regrets fiévreux jusqu'aux pointes de mes virgules.

Malgré moi, je te songe.

Quai de train dans tes bras, rassurée, je te serre pour la dernière fois. J'ai le manque en retard et les battements sous étaux. La locomotive est en marche et nos corps se désaimantent. J'ai froid. J'ai chaud. Je doute en dissonances cognitives. Je ne sais pas partir, je ne sais pas fuir, je suis sous occupation et la lampe de moche est en manque de lucioles. Le prince crapaud se transforme en gargouille mais il ne perd pas sa couronne; mes baisers doivent être empoisonnés. Croyante pessimiste aux stigmates in-soignées, les bandages rougeâtres goûtent sur le parquet, la chatte lape la peine, la laine s'effile dans le robinet mais le barrage me contient encore alors que le présent s'échappe.

Le loup, lui, a appris à nager bien avant que le réveil ne sonne.

Musique : Plume musique.

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