

Récit : Le carnaval des Cieux...Photo by Lucie Morel on Unsplash
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Récit : Le carnaval des Cieux...Photo by Lucie Morel on Unsplash
Jean François Joubert
Le Carnaval des Cieux
Récit
Le Carnaval des Cieux
Récit
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Certains soirs, des questions hantent mon existence !
Lui, elle ?
Qui des deux ai je connu le premier ?
La mer ou mon père ?
Je sais que la première, très tôt, a surpris mon père, et depuis son cœur parcourt le monde, à l'endroit, à l'envers. Nous, nous attendons sans patience son retour. Moi, petit animal terrestre, je comble ses absences par de longues nages dans l'oubli. L'eau froide me berce, puis perce cette souffrance qui naît de la nuit. Sur la berge, le reflet de ce miroir bleu/vert, par sa beauté extrême, finit par noyer mes peines. La mer attire nos regards, et nous entraîne, loin, dans ses murmures. Au bleu profond de son iris, l'homme mort né ressurgit...
Souvenir amer !
Ta voix manquait dans tes silences, et cette certitude des maux passés ne me permet plus de prononcer cette phrase :
« Papa, je t'aime ! »
Sourd, tu es enseveli sous toutes ces fleurs.
La mort t’a surpris, ce jour où tu promenais ta mélancolie sur la plage. Depuis, je souris à chaque vague, elles sont porteuses de mes messages. Elles savent t'offrir ce que je n'ai jamais pu te dire...
À mes parents...
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Un daim passa au centre du cercle de feu, sans brûler ses ailes. Ce devait être une licorne montée par une amazone. En ce jour de conseil, Pezrec, maintenant âgé, – quelques lunes pleines, quelques lunes mortes – tenait ses notes, sa vie, sa voix. Il incantait les dieux du vent, de la terre, des lumières et le saint mystère de l’Univers. Devant lui et au sein du cercle de feu de bois orange glacé et flamme bleue cendrée, absorbé par la poussière de granite, un barde nain accompagnait de sa lyre gauloise l’Hermite, aussi fier qu’un cheval au galop dans sa tenue de cérémonie. Le druide Pezrec dévisageait le ciel, sa barbe grise masquant sa peau hâlée, sa robe blanche, son collier de corne de cerf limé par le temps et par Arthus, le maître des arts et du brillant.
Tout ce beau monde habitait la forêt du Cranou, versant ouest des Monts d’Arrée, près de Rumengol, en l’an 600 de notre ère et quelques poussières. La Bretagne antique : dans une clairière à l’orée des arbres centenaires, cèdres, pins, châtaigniers, hêtres, houx et boulots, des cèpes, des trompettes de la mort, et une poignée d’amanites phalloïdes, un chaudron magique, formaient le décor. Pourquoi ce soir ? Cette nuit, ces deux sages s’accoquinaient pour connaître le chemin des astres. Ils voulaient consulter les dieux Cernunnos et Dagda, l’un mâle cosmique et l’autre si viril qu’il semait le blé dans les champs en s’accouplant avec des sirènes. Il aimait tant les femelles qu’aujourd’hui l’image que l’on a de lui, ce gourdin gigantesque porté par des bœufs sur des roues de charrette, est presque comique. Tout un symbole phallique, tant sa virilité était insensée. Pourtant, on le jugeait bon et le diable ne filtrait jamais son âme, sceau de liberté et de bonté. Sa seule faiblesse, qui attirait tant les prières des Hommes, pour les belles dames de l’Océan, le poussait à faire bien des bêtises.
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Mais trêve de digression. Pezrec chantait une ballade, seul au centre du cercle des pierres posées par ses frères celtes, poussé par une force généreuse encore incomprise. Quand je sonde l’antre de mes ancêtres, personne ne me donne de réponse. Personne ne possède les clefs de l’orientation de ces pierres de cérémonie. Selon une étude très précise des constellations, quand le regard vert de gris de ce druide mi homme mi démon se levait la nuit, il calculait la position des étoiles, surtout celle de la tête de Lion. Allez savoir pourquoi celle là ? Son savoir est parti dans sa tombe, seules les rumeurs des siècles ont diffusé un zeste de sa connaissance profonde des règles et lois de l’Univers, formation de planètes, source d’étoiles, et nébuleuses aux gaz couleurs de sang, d’émeraude et de mer, fruit de notre mère la Terre !
Je suis un petit homme sans savoir. Mes insomnies guettent mes nuits. J’arpente des pentes douces et confuses, je peuple ce temps par des monstres des abysses et la bise de l’astre qui grise nos sens me donne des flopées d’images qui restent, telle l’ancre d’un voilier dans ma mémoire. Oui, je dérive vers un temps abstrait. Parfois, le souvenir vague et la sueur sur mon cœur, la peur aussi navigue dans ma paroisse, mon âme grise, ni ange, ni démon, je cherche juste à comprendre pourquoi je porte l’Enfer dans mes gènes...
Je vis loin de la forêt du Cranou. Ma vie est faite d’Histoire de France, mais ma ville de naissance porte l’essence des vents marins. Brest, ville militaire, base stratégique des ogives nucléaires, une rade magnifique à l’allure grise, comme ses nuages qui se percent assez souvent et pleurent leur misère austère sur nos corps couverts de couche imperméable. Que ce soit en été, au printemps, automne ou hiver, le Gulf Stream, doux courant d’eau chaude, tempère cette région. Son passage au large d’Ouessant permet à l’herbe de ne pas être rouge mais verte et grasse. Les vaches, peuple paisible, sont des pies noires, comme
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cette Montagne Noire vestige d’une autre ère, petit mont qui culmine et donne une vue incroyable en son sommet, de la diversité de nos champs, de nos talus, de nos forêts. Tout un chant. Et les bardes contemporains sont des armées de cornemuses et caisses claires qui défilent et bourdonnent en formation bien huilée, bagad. Mais revenons à nos moutons nains, ceux d’Ouessant ou du Parc d’Armorique, espaces ouverts aux yeux d’enfants sur des truies, ou sangliers absents.
Oui, revenons à ce jour particulier où Pezrec fit son incantation : Lune pleine, une de ces lunes où l’on devine la matière de cette planète satellite de la nôtre, car le grand ordonnateur, allez comprendre comment, – et j’ose ne pas abuser du pourquoi –, a tout construit. Ce monde angulaire en cercles, comme ses pierres de granit qui entourent notre druide entonnant une litanie, un concert, et demande une audience à Cernunnos et Dagda. Que veut il ? Que cherche t il, dans ce ballet des dieux que je pense en vacances ? Dans ce temps agité où tout circule si vite, depuis l’invention des codes binaires. Où le carnaval des journalistes nous informe à doses homéopathiques et aseptisées de révolutions plus ou moins pacifiques dans tous les pays imaginaires que l’Homme a créés en construisant des frontières et en maîtrisant la géographie, le dessous des cartes, minables stratégies de Terriens qui, pour se donner des semblants d’intelligence, ont compliqué les règles, les lois du bon sens. C’est face à un vent ordinaire que l’Humanité se sent grande et laisse mourir de faim à coups de sermons un bon tiers de ses habitants, pendant que les nantis osent montrer leur train de vie, idiotie et bijoux de pacotille face à la monstruosité de se paver le gosier, telle une oie de caviar, alors que le riz manque à nos rires.
Pezrec entonnait son cantique tel un chantre. Sa voix issue des cavernes alimentait le ciel de sa complainte, et le barde, bien que nain, l’accompagnait de la magie des notes qui sèment des
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mélodies au gré des courants d’air ascendants ou descendants. Il faisait chaud dans ce cercle de feu. Deux êtres munis de leur science, l’un des mots, l’autre des notes, tentaient de réussir l’improbable équation, celle de réunir deux gardes du jeu de construction divinement beaux de l’ouverture de tous les mondes. Le soleil de la Terre brillait côté Chine pendant que, sans encre mais lisant un parchemin, Pezrec et Aaron le barde nain posaient des questions basiques sur l’évolution du système solaire, chacun maître de son art, un savoir antique, une transmission de bouche à oreille qui laisserait pantois un ordinateur de dernière génération, car eux savaient communiquer les yeux au ciel et sa purée d’étoiles, toiles divines dénudées...
Pezrec, dans son chaudron, avait mis des fleurs, des fraises des bois, du bois de cerf, de la luzerne, des cuisses de batraciens, grenouilles et crapauds, de la bave de chevaux, une main de champignon hallucinogène et enfoui des secrets de sa composition. Quelques branches alimentaient son foyer, et la cuve de bronze ronronnait comme un chat allongé qui accepte une caresse, nuit filante, astre clair, pas d’éclairs mais de nombreuses étoiles que le druide aux yeux levés dévisageait des heures durant, observant leurs cycles. Parfois un trait citron, une étoile en décomposition, de la vitesse d’imagination, ou une science infuse, que sais je ? Aaron le barde nain jouait à la Django Reinhardt de sa lyre gauloise, un virtuose cela va sans dire. Et les deux hommes lisaient, le ciel ouvert devant eux. Juste un nuage, une petite brume, de la fumée, du feu pouvait nuire à leur requête, connaître le prix à payer pour entrer en mode paix, car tel était leur souhait. La cérémonie se déroulait à l’abri des regards, seuls les moustiques volaient loin du feu. Une chouette hulotte cachée observait le cercle de pierres et les flambeaux. Le tout donnait de la force à l’énumération de formules magiques, et le druide bientôt entra dans le monde des rêves et posa le gui dans le chaudron. Dans ce cauchemar éteint, il découvrit un pan
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d’Histoire, le déluge. L’Arche de Noé revenait, il fallait sauver la diversité des espèces et, pour cela, Cernunnos et Dagda se mirent d’accord.
Une fée aux ailes outremer fit son apparition au centre du cercle, comme sortie du chaudron. Le vieux sage Pezrec ne la connaissait pas, mais il appréciait à raison sa silhouette mieux taillée qu’une cacahuète. Elle prit une pose version colibri. Un son de bourdon fit taire la Lyre car Aaron, plus jeune, cessa de jouer. Une larme perla au coin de son œil droit, un effet lacrymogène incontrôlable. Jamais il n’aurait imaginé une beauté si majestueuse. La fée parla à Pezrec dans une langue éteinte. Le barde se trouvait témoin de ce spectacle digne du plus beau des cirques contemporains, son pied tapait la mesure, muet mais impatient d’entendre le résumé du concerto monologue que le druide écoutait sans perdre son attention. La logorrhée fut courte et intemporelle pour le jeune nain si doué de ses mains...
Mais comment je sais cela ? Né petit zef, le vent est ma raison. Souvent je navigue entre les îles de la mer d’Iroise. Là, ma conscience se fait jeu : en planche à voile ou en bateau, dans ce célèbre passage du Four, ce vieux phare de Pierre posé sur de la roche entourée de denrées, poissons gris argenté et crustacés, crabes dormeurs, homards, sans oublier les étranges et longues algues laminaires. Du continent, ce phare, cette tour océane, est visible entre les dunes de Porspoder et d’Argenton. Recouvertes de genêts et de chardons, ces dunes ne masquent pas ce phare qui ouvre le passage à ceux qui calculent les marées, et ceux qui osent braver le célèbre courant qui cerne l’île d’Ouessant. Le Fromveur, sans être à l’heure, trouve l’Océan bien en colère.
Mais ce que je veux expliquer en dialoguant avec vous c’est que je suis un simple contemplatif de ma région, qui parfois entre dans une histoire de pirates lors d’une de ses lectures d’un livre.
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C’est que je n’ai pas d’esprit de découverte, loin du navire de Colomb : je suis une personne sans teint, un peu de verdure, un peu meuble dans une caverne sans ours. Alors comment vous l’expliquer, que ce diable de Pezrec, accompagné de ses compagnons de route, Aaron et Arthus, entre de jour ou sans choisir l’instant ? Sans clef, ils ouvrent les portes de ma raison, ne s’occupant pas de mon occupation, et ils hantent mon espace secret et mon jardin intérieur. Non, jamais je n’ai entendu parler de ces illustres personnages, et bien entendu sans leurs constantes insertions dans mes nuits blanches, je n’aurais imaginé entendre et commencer à comprendre les maux de l’Univers.
Mon enfance est aussi simple que moi. Oisif, j’aime l’oiseau les jours de tempêtes. Un pin sylvestre me donne force et direction du vent en observant sa cime près de l’épicerie d’une dame qui me connait depuis que ma famille à déménagé dans un aber. Ildut, le moins connu, mais un abri sûr pour nos coques de noix, nos bateaux, tant il est abrité par son ouverture étroite vers l’axe Ouest d’Ouessant, et ceinturé de dune et de bois, ainsi que du village de Lanildut, nom d’un Saint prospère issu sans doute du Moyen Âge.
Mais comme à l’école et dans la vie, j’écoute peu la grande Histoire, je me demande pourquoi ces hommes aux prénoms d’un autre temps, aux costumes celtes, me convoquent quand je tente de trouver la quiétude du sommeil. Je ne suis pas né insomniaque, ni médium. Du plus loin de mes souvenirs, quand je remonte à l’adolescence ou dans notre pays, le Léon, Finistère nord connu pour son temps de cochon et le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978, nous tentions de faire bouger les verres autour d’un cercle de lettres, l’alphabet au complet et les chiffres de 1 à 9 et, au cœur de ce cercle, deux lettres : un O pour Oui, un N pour non. Je devais sortir tant mon rire empêchait mes amis de consulter les anciens, ceux qui connaissaient les portes du monde des morts, le
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royaume de terre qui leur était si cher de ses champs. Culture sensible aux astres mais pas seulement, comme les cartomanciennes, les quatre éléments composent la Nature qui émerveille les êtres vivants. La terre, le feu, l’air, et l’eau sont, pour les gardiens celtes, les mamelles du destin.
Je ne me savais pas bien ancré dans ce monde contemporain à cheval sur deux siècles. Je consommais, je consumais des volutes de fumée à me ruiner la santé, allez savoir pourquoi j’ai acquis ce geste simple de porter à ma bouche des cigarettes. J’espère que la présentation succincte de ce que je connais de mon mode intérieur vous aidera à comprendre le fruit de mes nuits et le message que je porte à « l’insu de mon plein gré », tel le disait un coureur cycliste, une expression qu’utilisent « les guignols », célèbres marionnettes à l’humour caustique que je regarde dans l’aquarium qui, au début de ma vie, naquit. Une évolution technologique va opérer une mutation sans retour possible, envahir nos salons et distribuer de l’information de toit en toit, sans tenir compte par antenne, au départ, en oubliant que l’Homme est un animal d’une boule bleue qui vole dans un espace sans limite, un peu comme la science animale de l’Humain qui ouvre chemin de l’horizon sans aucun contrôle aux frontières des espèces diverses et variées qui peuplent la Terre. Oui, quand j’ai goûté à la joie de me faire peur en convoquant un esprit torturé par ce sentiment d’éternité coincé entre plusieurs mondes, je dérangeais la réunion et je devais quitter la pièce, une cuisine à la table ronde. Car, en ma présence, le verre refusait tout mouvement, alors moi médium, de quoi rire !
Je n’avais jamais entendu parler de « la croix de la matière ». Pour moi, une croix c’était un calvaire, comme celui que je préfère, surplombant Portsall et sa plage de Trémazan, le Guiligui de son doux nom, si je ne trompe pas, car de là haut notre regard croise un oiseau qui plane au gré des souhaits d’Éole, se promenant à raison dans ce splendide paysage parsemé d’iode et
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d’eau turquoise.
Alors, quand Pezrec invoqua ces dieux, ces deux divinités, je restai circonspect. J’avais le regret de ne rien comprendre à ce qui se tramait, peu tisserand non plus ! Les toiles, chez moi, n’étaient pas de peintre mais d’araignée, au sein de ma cervelle malade. Je suis fou depuis l’an 2000 pour une cause que je tiendrai secrète, mais fou, oui, certifié par l’état du sol de mon enfance, la France. Un d'appellation d'origine protégée qui mélange les genres, les dates, quelle heure était ce cette nuit là ? Trois heures huit minutes et quatre nano secondes, l'aube tenez sa jupe de couleur reine au Mali. Fruit de mon imagination, où pas, second millénaire mois de Juin, le bien nommé. Le druide, dans son incantation, entouré par le feu, avait tourné sur lui même selon les quatre points cardinaux, ceux que je connais en chiffres par la boussole des voiliers qui me consolent parfois d’être né enfant de la race humaine, un de ces splendides bêta, loin de connaître l’alpha et l’oméga, génération d’abrutis. Longtemps, j’ai navigué en scrutant vagues, horizon et boule aimantée par les pôles de notre planète, Arctique et Antarctique, sans savoir que cap au Nord, c’est le zéro, à l’Est, le quatre vingt dix, au Sud, le cent quatre vingt, et à l’Ouest le deux cent soixante dix. Des caps à suivre pour un marin d’eau douce qui a pourtant usé de sa salopette salée en navigation et qui se promenait parfois en mer, de port en port, Morgat ou Camaret, le Fret, Brest, l’Aber Wrac’h, Morlaix, la liste n’étant pas exhaustive, ma mémoire vive étant morte et moi z’aussi ! Un mort vivant qui vous parle aujourd’hui du blanc, pas de son linge mais de ses nuits, de l’appel de la tunique, de la toge type Romain égaré dans un tome d’Astérix et Obélix, à la conquête d’une serpe d’or. Je dérive encore, mais gardez bien le sujet qui s’impose à moi. Pezrec, druide qui donne son nom à un village proche de Hanvec, et une forêt qui ne connaît pas de limite dans le temps, tapis de mousse, faible clairière, peu de lumière, le Cranou. Parfois, j’aimais partir,
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accompagné, à la chasse aux champignons. Mais je rentrais bredouille, la science confuse, et les matinées grasses faisaient en sorte que je ne soumette pas au pharmacien du coin mes trophées de ces longues marches humides dans les bois. Cèpes et bolets pouvaient soupirer, piètres navigateurs sous le toit des arbres, ils se dérobaient...
Je manquais de repères, un peu comme ce père absent pour cause de métier. Marin sur le Vercors, un fabuleux destrier, un valeureux câblier, petit, papa a nourri la solitude de mon enfance. Si peu de souvenirs, si peu de partage, de la générosité dans les yeux, une vague amère déferle toujours sur ce fait ancien, scélérate à souhait. Je parle, je parle, comme tous les timides je suis bavard sur le buvard car, imaginez vous un instant à ma place, notre Phaéton se couche. Enfin, pour dire vrai, il va naître de l’autre côté de l’équateur. Moi, je ne transpire pas. Par sa présence excessive sur Brest, au Ponant souvent une épaisse couverture de nuages par le jeu incessant de l’évasion de l’anticyclone, l'anti sixclown poussé par la pression de puissantes perturbations, une forte houle se lève et se brise sur la côte. Et sur mon matelas, je ferme les yeux, prends des pilules et attends l’extinction. Alors là, la nuit s’allume, pas de fabuleux coucher de soleil, pas de tableaux de la nature, juste cette matière grise qui refuse le repos. Croyez moi sur parole, même si vous ne connaissez pas ma voix, mon présent est délicat. Lorsque je grimpe à l’échelle de ma mezzanine, je cherche de l'aire, ère 2015, un monde loufoque s'invite au creux de mon terrain de « je » ce n’est pas la quiétude qui m’étouffe comme cette recette secrète d’Ouessantin, le mouton cuit sous la motte. Et les phoques nagent sous la nappe monde, heureux sous l'eau. Peu importe mon état d’esprit, au gré des saisons, la bonne ou la mauvaise nouvelle, rien ne définit ce qui suit, rien ne m’emportait, jeune, dans ce cauchemar d’avoir marre de ne presque jamais trouver le repos. Mes nuits sont des presqu’îles de lointain refuge assujetti aux marées qui recouvrent
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l’estran de mes pensées, depuis que j’ai perdu l’énergie, le goût, la joie, le jeu, mes ailes, le dé Majuscule de l'Amour !
Pas narcisse pour un sou, pauvre que je suis dans la tombe lumineuse de la baie vitrée de mon studio, quand la fatigue se fait sentir et que je m’agite tant et tant dans mon lit, tel une rivière en crue, un aber qui saborde ses talus, et que la nuit toujours noire est dite blanche selon la formule populaire, quelle fatigue s’impose en ma nature de jour en jour mais aussi quelle richesse quand Pezrec et ses amis me rendent visite dans ce cercle magique. Quoi ? Vous ne me croyez pas ? Je délire ? Eh bien c’est ce que nous allons voir ! Peu égocentrique, je ne cherche pas le trésor, mes buts sont de meubler le temps en tuant l’ennui. Mes amis sont virtuels, mais de chair et d’os, de sentiments aussi. Mais sur la mappemonde, je cause peu de la pluie et du beau temps, mon caractère colérique s’est éteint, et ce sommeil qui fuit, lointain, maintenant...
An 600 et quelques brouettes d'aubépine... La fée devint femme/fleur, une tulipe, je crois ? Pas une de ces fleurs exotiques. Pezrec devint blême, un linge blanc. Il connaissait les triangles amoureux, mais là la prophétie lui parlait d’un être, élu, qui sauverait le monde et l’univers, car les mondes sont circulaires : l’un tourne autour de l’autre comme l’abeille va à la ruche y apposer son miel, tous satellites dictés par une conduite que je dirais génétique. L’Hermite se tourna vers le barde nain, lui demanda de rejouer un morceau de vérité. Aaron s’exécuta, un concerto improvisé, des notes, blanches, noires, des demi croches et une clef de sol. La forêt se tut, du corbeau à la fourmi, les korrigans aussi cessèrent de travailler. L’heure était grave, quand la lyre sortit un son aigu si strident, si longuement tenu, que l’ouïe cessa d’aimer la mélodie ensorcelante et si lente. Un clin d’œil surgit du fond de l’univers, un cil divin devint ce Carnaval des Cieux, une cuve de vin, les épaules du druide
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tombèrent, s’affaissèrent. Il venait de perdre sa jouvence tant la tâche que les maîtres des reproductions du cycle des temps venait de lui donner la mesure.
Pezrec consultait depuis si longtemps le ciel que sa surprise de l’annonce en ce spécial jour de lune éteinte lui fit peur. L’apocalypse était le risque que cet Homme devait conjurer, le sort était scellé : si on ne trouvait pas de solution dans un temps proche, la vie s’éteindrait, les fleuves cesseraient de couler comme le sang dans les veines ! Fini le jeu de la vie, finie l’onde d’une rivière quand un enfant jette une pierre, finie l’aube et ses lumières, fini de jouir, fini le bain des sens dans de l’eau claire, tout serait fini. Extinction de toux, le druide devait absolument trouver du houx, tandis que moi je me noyais dans le houblon, devenu un triste trublion.
Quatre heureuses heures vident ma tête de son sens, un rendez vous manqué zone B éteint le lustre de ma mémoire, alors sous ce plafond sans ampoule, sans vaguelettes océanne, je divague sur ma couche, allumette triste aux désirs d'ailes éteints. J'allume la lumière, et je sursautai dans mon lit. À mes côtés, lovée, la fée aux ailes outremer. Je ne respirais plus, j’avais les nerfs coincés. Non, pas moi ! Je ne veux pas être l’élu, je ne veux pas être un héros, ni Superman, ni Batman, ni... Je suis juste un pleutre. Laissez moi ! Je criais en silence au fond de moi : « Maman ! » Je sautai presque de la mezzanine, dévalai l’échelle de bébé, et décrochai le téléphone... ça sonne, ça sonne, mais personne au bout du fil, cette voix de secours n'était plus là. Je regarde ma montre : cinq heures, encore cinq heures, mais pourquoi je me réveille ainsi à cette heure où Paris s’éveille, selon Jacques Dutronc ? Je cherchai mes cigarettes, un café, ma torpeur avait créé peur et sueur. Ma chemise était collée sur ma peau imbibée de réalité. J’allumai l'incandescence électrique allergique aux chevreaux depuis que le blond vénitien avait créé une fuite dans le
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tuyau de ma mémoire, devenu mère morte et porteuse de regrets. J’aurais voulu ne rien savoir. Je voulais l’innocence de l’enfance quand je sautais de ce rocher à la forme de crapaud qui orne l’entrée de l’aber, une rivière enceinte de vase et serpentins jouets de canoë, pas de cas Noé. Or, je sentais bien qu’une fois de plus je déraillais comme les informations de ce matin : un train, une explosion, une boule de feu, des disparus, des pompiers partout ! Au feu ! Au feu ! Je me pinçai tel un crabe manchot, je voulais vivre tranquille versus Panda dans un parc naturel, nourri, jouant, étant admiré. Mais j’étais misérable et elle me regardait ! Sans un mot, la belle envahit ma cervelle, comment vous expliquer, ce n’était pas de la télépathie, peut être de la schizophrénie, un tourbillon d’informations, un tube, une spirale, un dédale bien trop long pour un seul homme.
Je reçus, comment vous le dire, je cherche une image, une métaphore explicite, je ne reçus pas un télégramme « Overseas Telegram » dixit Monsieur Serge, je reçus l’équivalent d’un siphon qui se vide des informations brutes de décoffrage au cœur de mon office ouvert. Ma mémoire devient un typhon. Imaginez moi en slip ou en caleçon courant dans le studio, cherchant un sein, et la belle qui sourit, elle se moque ? Elle se moque de qui, ses ailes battent et brassent l'aire donnez moi une coque de noix, que je sois, dès l'aube le roi de l'évasion, pas le singe des visions, même en Russie j'irais danser l'ourson et éteindre les visons. Stop. Sans connaître le morse, j'allume l'aquarium à bêtise, et la mire cette fée aux yeux miroir des crêpes dentelles. Rien pour s'asseoir et honorer cette reine d'un soir.
Je la trouvais belle. Belle n’est pas le mot quand je pense au halo de lumière qui l’entourait, l’encerclait, formait ses formes. Sa peau était transparente, je voyais ses veines, ce sang bleu qui roulait dans son corps, son cœur qui me parlait. J’avais si peur, peu chirurgien dans l’âme, je m’évanouis, un peu comme une
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fusion nucléaire où une omelette brouillée dans mon esprit sans corsage, un regain de solitude, son effluve, ce parfum fleuve mauve se sent, alors il me restait ma solitude et le temps à nourrir de mes délires cosmique.
Le temps, justement. J’ai du mal à le meubler. Je vis près du stade de football de la ville, un collège aussi, une rue paisible en pente sévère, un peu comme moi face à mes congénères, des glaçons, des robots, des êtres vides de sens qui dansent sur des sons incessants, boum boum, et la crise. Crise de nerf, impuissant devant l'offense faite à la Nature, et pourtant un peu de bon sens, et de bon sentiment masqueraient les maux du futur à bâtir, nous ôtons les fondations des civilisations éteintes, les Celtes gardent le secret des sépultures aventures en retour en arrière, je regarde les oiseaux qui nichent dans un arbre aux feuilles d'Automne, heureux de planer, heureux d'atterrir sur mon toit, aux racines sensibles, la mer n'est pas loin, elle est devenue une plaie, une cicatrice, depuis que je suis un écorché vif. Retour au présent, une douche froide, que penser de cette mise en parallèle sans issu géométrique, je doit me taire pour ne pas être enfermé à l'asile, et pourtant, son ombre, sa lumière éteinte, je la cherche cette apparition. Sans rien comprendre à son passage, pourquoi me choisir, pas serin, je ne chante pas à l'aube, j'attends plus rien de la vie, alors pourquoi ce courant m'emporte vers mon papa, ma maman, était ce un signe ?
Elle était partie, j’ouvris le placard, je cherchai une trace de son passage, non pas que je veuille renouveler l’expérience de cette nuit mais bon, avais je rêvé, ou non ? En tous cas, ce fut un cauchemar sympathique. Pour une fois qu’une femelle se trouvait dans mon lit, je n’allais pas me plaindre. Ouf, heureusement que mes cris restèrent sourds, un peu trompette à la Miles Davis en sourdine. La folie qui m’accompagnait n’était pas le cri d’un lion mais le meuglement d’une vache dans un pré. Je criais dans mon
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for intérieur. Je pleurais. La frayeur des mondes parallèles, je la connais comme ce couple de fantômes de 1990 qui, un jour de réussite au baccalauréat, lorsque je venais de quitter Nantes pour mon petit village, et le soir en nage, étaient venus me voir. Je ne dormais pas, ma conscience n’était pas tranquille, le diplôme en poche, un cancre félicité par ses parents, je ne pouvais dormir. Jour un au pays des songes, bienvenu au royaume de l'insomnie, une coup de massue sur la tête, une fêlure, un tir sans sommation, une insolation, que sais je ? Rien !
Eux, ces poltergeists « gest star » de cette nuit Majuscule m’observaient. Je ne sais pas si je dois en parler. Sous le choc de cette incursion dans ma demeure intime, je raisonne, le téléphone résonne et je résume la conversation : « Tu as bien dormi ? », euh, question bête, ma maladie a fait de moi une conscience torturée, insomniaque. Moi qui rêvais de « Télémaque », héros de mon enfance, un voilier et ce personnage qui découvrait le monde. Quand je pense à l’évolution depuis 1789. La tête du Roi tombe, tout un symbole, puis les inventions qui deviennent des réalités, l’homme vole dans les airs, sur l’eau, nous sommes tous connectés à internet, le téléphone de poche. La suite vous la connaissez, pays laïque aux confessions multiples, le tableau est permissif. La réalité est que l’Humain cherche la formule de l’éternité, ici au paradis flottant dans l’univers sur une boule bleue, découvrant peu à peu les secrets du constructeur de cet édifice vase d’expansion sans limite, l’infini, et la peur de perdre son âme, pas pour une jolie dame, mais être damné, un pion mort ou en Enfer.
Une douche pour ne pas ressembler à une souche et attirer les mouches s'impose, un brossage de dents, des gestes simples comme ouvrir le frigo zut, encore vide. Regarder le décor, oublier ce corps sans sens, sans corsage, si sage, nu, lové dans mes draps. Mais que me voulaient les anciens, Pezrec et les
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siens ? J’ai encore en mémoire, pas la mer, mais ce mal de chien ou de canard, être envahi chez soi dans son ego, le « ça », la porte de l’inconscience ouverte. Que sais je ? Ma case asile, débile est une insulte tendance, arrêt à la gare, entrez en « schizophrénie » pays aux portes sans clefs, violation du domaine privé, l'âme entre en vous aussi facilement qu'un courant d'air froid glace le dos, cette dame de lumière voyage, dans le labyrinthe du temps, comme une lame de fond qui noie une oie sauvage perdue sur l'Océan de ses pensées amères, perte de repère, sans point d'ancrage, sans réponse, qui connaît l'origine du monde, Vous ? Certainement pas moi ! Qui connaît la fin, la mort, les cartes du jeu de la vie, un livre non écrit et déjà aux pages cornées écrites à l'encre sympathique, vous savez celle qui disparaît comme par magie ! Mon quotidien ordinaire devenait un tour de passe sans sas et d'évasion, un papillon sans cocon... Qui suis je ? Juste un zeste d'onirisme, une pensée sauvage...
Célibataire, je cherche une femme au yeux de mystère pour qu’elle puisse poser sa tête sur mon torse, que ma voix douce la berce, et la voir fermer les yeux, en confiance, en confort. Je n’ai pas d’enfant, je n’ai pas de compte en Suisse, mais je raffole du chocolat et des rafales de vent. Dans les faits, je suis un être perdu car je manque d’énergie. Le moteur de la vie a fui et j’ai perdu la raison, c’est un fou qui vous parle. Je tairai la douleur de mon for intérieur, trop difficile à expliquer. Je me lève fatigué, sans but, j’ai peu d’estime de moi. Parfois mes cheveux volent, couvrent mes yeux azur que, peu sûr, je masque en baissant, fermant ou clignant les paupières.
Petit retour dans un passé présent...
An 2013, nous sommes tous surveillés. Scandale des grandes oreilles aux États Unis, un ingénieur est en cavale suite à ses révélations, mais au quotidien le citoyen lambda est surveillé.
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Cartes bancaires et caméras, et il reste les commères, la version ancienne du « je cherche à savoir ce que mes voisins font » et, même dans l’alcôve, cela provient de la nature humaine, ce seau trop plein de curiosité malsaine... Je descends au port, ne regarde pas les bateaux. Dans de lointains souvenirs, je m’arrêtais à la marina au bras d’une jeune fille, ensemble nous avions le toit du monde, les têtes de crabes dans le ciel étoilé qui scintillait, mille fruits, groseilles et pacotilles, oh ce plaisir simple d'offrir une place à sa tête qu'elle pose sur mon épaule ! Les jambes hors quai, ballottant au suroît atone. Nous regardions une ville de mât, tant la mer, douce, ouvrait les portes transparentes, translucides, du lac d’eau douce. Nous laissions notre imagination vaquer, parfois un rond se dessinait, un cercle qui n’en finissait pas de s’étendre jusqu’à l’implosion et disparaissait, une goutte d’eau, pas d’étoiles filantes, mais les coques des bateaux devenaient trompe l’œil. Nous avions raison de conserver le silence, et de la chance d’admirer le spectacle, tout en conscience de partager un moment unique, celui d’une rencontre. Je n’avais pas encore tant de couteaux plantés dans le dos. Ma naïveté teintée de couardise et amatrice de friandises, devait aussi me remplir d’un zeste d’innocence, protéger ma vue des multiples trahisons du monde des adultes. Mon âge était celui d’un jeune adulte, mais pas mon âme de nourrisson. Longtemps j’ai crié famine. Je connais la faim, le manque de forces et je trouve curieux qu’en science météorologique, on appelle la dépression le centre énergétique des suites de dépressions, ces nuages que j’envisage comme un tableau qui, à l’aube et au crépuscule, nous offre une œuvre de maître, des effets fantastiques de couleurs, des effets orange, rouges, une pointe de vert, la palette des mots est bien muette face à l’évocation des beautés du ciel !
Je devais ranger ma vie, mettre un peu de vérité dans ces cauche rêves, alors tout simplement, j’attendis le tramway fraîchement en circulation de la ville de Brest, place de Strasbourg, un lieu où un
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hurluberlu a convaincu le maire de faire pousser quatre escaliers qui montent vers nulle part. Tout un art conceptuel qui ne me dérange pas outre mesure, mais la démesure de l’œuvre m’énerve. Elle montre l’Humain et sa fierté abjecte... Ô, ces rêves d’ascension, j’en ai marre ! Quelques minutes plus tard, nous étions sardines dans le transport en commun qui donne à la province du bout du monde des airs de parisianisme, puisque les regards se vident dans ce genre de lieu, la peur d’autrui, sans aucun doute ! Nous ne sommes pas cousins des cochons pour rien, la truie elle a peur de rien, nous jouons à la guerre, au crayonnage de frontière, et cherchons une issue pour entrer hors de notre galaxie, une race folle qui donne des os aux vaches qui deviennent rage. Oups, je dérive, une habitude puisque je ne comprends rien à l'échelle des hiérarchies, je refuse d'entrer dans le moule qui fourmille de nul bagage, de nul fantaisie « colchique dans les prés oh yé oh yé » ! Je m'évade, où vers le pays des rêveurs ceux qui inventent des univers, mes z'amis morts et si présents sur la plage de ce qui reste du zest de ma mémoire. Oui, j'ose affirmer que que je préfère mes songes à vos Mensonges du quotidien. Je partais vers la librairie de la rue de Siam, flâner un peu. Je mens, je partais chercher mes racines celtes pour mieux appréhender le glaçon de mes nuits couvertes de solitude. Ne vous méprenez pas : par ces propos, je ne cherche pas le graal de la sollicitude. Je vis car je respire, pas une symphonie classique au pouvoir métrique, j’avance sans parchemin sur les routes de ma poussette, car je suis né un jour d’été de 1969, dans la poussière de cette ville de Brest que j’aime tant respirer le dimanche quand, malgré le système de dé nidification, et la stérilisation des œufs, je vois des goélands chercher de quoi alimenter leur panse. Je marche sur les pavés sans pavot de la rue au charme de ses vitrines de commerces bien achalandés. Ainsi, je suis une mouche dans la foule qui défile vers sa course du jour et dans ma petite tête creuse, ce n’est pas ma tombe que je creuse, mais l’idée de trouver de quoi décoder l’univers des dolmens, des tumulus, et
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des menhirs.
En attendant, je descendais la rue et croisais le pont suspendu de Recouvrance, blanc et levant, la Penfeld, le château, les navires de guerre et un canon qui désespérait d’être atone ! Je cherchais la trace d’un livre sur la culture des gardiens de ces terres, et j’en trouvai un à la bibliothèque d’étude. J’aime cet endroit au calme sûr, entouré par l’Histoire, tout sur les bretons, les champignons, les plantes, et les animaux comme les oiseaux, une sterne, que j’envisage de devenir quand mon cœur aura cessé de battre... Dans mes nuits, je n’avais pas vu de déesse à cheval, de jument blanche, de roi des hêtres et du houx. Dans mon calvaire face au mur de la perte de conscience, la fatigue qu’engendre la prise de comprimés, somnifères et compagnie, je ne pensais pas conifère. Je ne pensais pas, alors je cherchais une route en l’an 600 de notre ère, comme cette lettre R que j’associe à ma vie. Oui, j’ai des visions. Je suis surpris d’entrer en transe, comme Maxime Henry, mon guide ami, qui a lâché une larme sur le tarmac en me regardant quitter Maripasoula et sa forêt, l’Amazonie. Le fleuve qui coule le long de cette berge s’appelle le Maroni, souvenir d’une drôle de balade. Ensemble nous formions un tandem d’allumés, deux êtres, deux civilisations, celle de la mer et de ses fruits, ses règles, et celle des bois, du ciel éteint sous des amas de feuilles qui nous couvrent des morsures du soleil... Une belle rencontre, fruit de la loi du hasard, destin pantin au pantalon usé, je sais que pas un humain gueux ou génie n'a de son vivant ne serait ce que le début d'une réponse, alors par peur du vide, du néant, nous avons inventé les religions monothéistes ou polythéistes, vous croyez vous, moi j'attends de voir !
J’ouvris un livre. L’an 600 était l’Âge de Pierre, de Fer, le Moyen Âg
Il s’agit d’une publication Prime
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Ce roman est ma biographie, assez délirante et loufoque...
de
Jean-François Joubert
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