Chapitre IV : "Prémices"
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Chapitre IV : "Prémices"
Elle connait plusieurs langages, des dizaines, des centaines, des milliers de mots différents. . . Et pourtant, aucun ne lui vient à l'esprit pour qualifier le bordel que représente l'intérieur du Navire. Un pied de table a empalé quelqu'un dans une paroi. Une tête a traversé le plancher. Pas en allant vers le bas, mais vers le haut.
- Mais comment a-t-elle fait ça ? s'interroge Gwenaëlle.
Son regard passe près du trou dans le Navire. Elle remarque une salle possédant des documents, plus bas. Son avancée n'est décorée que par d'autres cadavres. Tous sont équipés de rapières. . . Cela ne les rend pas pour autant dangereux. Certaines armes sont pliées. Ils ont donc tenté de parer une attaque. Considérant la force qu'il faut pour empaler quelqu'un avec un pied de table, ce n'est que de la folie de vouloir bloquer le coup d'épée d'une telle personne. Plus encore avec une rapière, qui n'est pas faite pour ce genre de choses. Tout en admirant leur idiotie, Gwenaëlle ramasse ce qu'elle peut dans les bourses des victimes.
Du bruit. Des tremblements et des murmures. Gwenaëlle n'est pas seule. Elle s'équipe de sa rapière et ouvre la pièce d'où vient le bruit. . . Des femmes de joie. Bien qu'elles soient presque totalement découvertes, elles ne semblent pas en plein travail. Après tout, vu l'état de l'équipage, il n'y a pas grand monde à qui faire plaisir. Elles ont peur de Gwenaëlle.
- Que faites-vous encore ici ? demande-t-elle.
Pas de réponse. Une expression sur leur visage remplace un bref instant la peur pour l'incompréhension.
- What are you doing here ? réessaye Gwenaëlle en rangeant son arme et son masque. Why haven't you left ?
- A. . . Are they. . . Are they still here ? tremble l'une des femmes.
- No. They left. And most of them left. . . Forever. What happenned to you ?
- W-We don't. . . We don't know. . .
- What do you mean ?
Elles se mettent à sangloter. Afin de les rassurer, Gwenaëlle pose un genoux à terre. . . En observant les environs, elle remarque qu'il n'y a pas de pièces posées nulles part. Personne ne comptait les payer. Pourtant, un groupe pareil demande de l'argent.
- How exactly did you got here ? demande la jeune femme.
- We don't. . . We don't know. . . Someone came to us at our house, explique l'une des professionnelles. He was talking to us, and. . . And something happenned. . . We couldn't control our bodies, or anything. . . !
Gwenaëlle réfléchit. La piste de Lawrence ne sert plus à rien. En revanche, ça, c'est un départ.
- And. . . What is your house's name. . . Exactly ? demande-t-elle.
- "The rabbit's Paradise", sanglote l'une des femmes de joie.
Gwenaëlle se relève, ayant eu ce dont elle avait besoin. En regardant l'argent qu'elle a pris sur les cadavres, elle se décide à faire le bon geste. Elle dépose la moitié de son argent, pièces d'Or incluses, sur un meuble.
- There are clothes on what's left on the bodies, and probably some stocked near their beds, explique Gwenaëlle. I probably should have started with the beds. Anyway, since it won't be enough, here's some coins. You did more than what you were asked for. Use it well.
Après avoir reçu de nombreux remerciements, la jeune femme se décide à quitter le Navire. Elle remarque que la Barbare n'est plus là. Impossible de lui demander comment elle a fait ça, mais Gwenaëlle a bien quelques hypothèses, comme un lien avec le fait qu'elle ait survécu à la brutalité de son adversaire. Il y a encore une marque dans le sol, là où son ennemi lui a brutalement cogné le crâne. Elle saignait à peine. Quelque chose cloche, mais peu importe, la jeune femme a son indice, et sa Vengeance n'a pas de temps à perdre.
Deux jours plus tard, Tork, le Demi-Orc, marche à nouveau dans ces couloirs lugubres et effrayants. Toujours la même personne pour le recevoir dans une grande salle conçue spécialement pour limiter l'apport en lumière. Toujours le même masque.
- Il vous en aura fallu, du temps, assène la personne possédant une fière décoration de porcelaine.
- Toutes mes excuses, s'agenouille le mercenaire. Il y a eu quelques imprévus.
- Des problèmes durant la mission ?
- Oui. Des gardes accompagnaient les cargaisons de pain, bien mieux gardées. L'un d'eux a essayé de s'enfuir, mais notre Léonin l'a traqué. Cependant, il ne s'agit pas de cela. . .
- Quoi donc ?
- Peu avant notre départ, nous avons rencontré un groupe de mercenaires venant de Duiviel. Nous pensons qu'ils étaient à notre recherche.
- Une minute. . . Tout ce remue-ménage à la taverne, c'était vous ?
Le Demi-Orc déglutit.
- Nous ne cherchions que des réponses et des excuses pour le dérangement, se défend-t-il. Ils ont frappé les premiers.
Son interlocuteur réfléchit. Un sourire se dessine sous son masque.
- Intéressant, surprend-t-il. Utile, même. Tiens, votre récompense. Je comptais en déduire votre retard, mais ton information rattrape ce détail.
- Votre bonté est inégalable.
- Maintenant, va. J'ai de la politique à faire.
En se relevant, le Demi-Orc ne peut s'empêcher de jeter un œil à nouveau en direction de cette mystérieuse statue, cachée dans les ténèbres de la pièce. Quelque chose suit ses mouvements. Il détourne aussitôt le regard, effrayé, et quitte la pièce par le chemin le plus court. L'homme au masque, lui, fait une brève pause afin de penser. . . Puis se dirige dans un endroit derrière cette immense silhouette.
Loin de là, bien après la sortie de Logalla, dans une taverne bien familière. Un Nain et un Minotaure s'impatientent de pouvoir boire quelque chose.
- Oh, Lord, you again, peste le tavernier.
- Aye ! réplique Elkrig.
- Une tournée, s'il vous plait, demande Mathias. Et je tiens à le rappeler à tout le monde : pas de bagarre. Pas de putain de bagarre.
La Satyre et la musicienne lèvent les mains, affirmant leur innocence. Les autres grognent, soulevant le fait que cela n'a jamais vraiment été de leur faute. Une fois les boissons servies, Salyn se retire afin d'amuser Claupi à l'aide de son instrument. Tandis que le Nain et le Minotaure entrent dans un concours de rôts, le trio restant se pose à une table afin de discuter de leur mission.
- Mieux vaut prévoir ce que nous allons dire au Roi, rappelle la Magicienne. Il faudra peser nos mots si nous ne voulons pas monter les tensions entre les Royaumes.
- Je suis d'accord avec toi, Sylseris, mais le Roi avait bien précisé qu'il enverrait des unités aux frontières. Il est très probable que cela ait déjà eu un impact négatif dans les relations diplomatiques, explique l'Elfe.
- Ne nous précipitons pas, rappelle Mathias. Nous avons fait notre mission. Il faut faire un compte-rendu honnête. Nous sommes persuadés que ce sont eux, alors il faudra le lui expliquer en détail.
- Je pense fortement qu'il va nous demander pourquoi nous n'avons pas essayé de ramener leurs têtes.
- Aluin a raison, soutient Sylseris. Il nous prendra pour des couards.
- Ils nous ont pris au dépourvu, se défend le chef d'équipe. Ils ont été plus rapides que nous, et c'est normal, ils semblent avoir de bonnes relations à Logall-
Un rôt, semblable à un rugissement, coupe court la conversation. Salyn elle-même s'est arrêtée de jouer, surprise par un tel son. Malgré qu'elle soit musicienne, c'est bien la première fois qu'elle entend une chose pareille. Mathias, lui, jurerai que les murs en ont tremblés.
- Aye, and Elkrig WINS !! se vante le Nain, debout sur son tabouret, les bras levés.
Les habitués applaudissent, ayant aperçu pour la première fois un duel digne de David et Goliath. Le Minotaure, vaincu, tente tout de même d'obtenir une revanche ! Malheureusement, en se forçant trop, ce n'est pas du gaz qui tente de remonter. Il se précipite dehors, la foule acclamant le Nain une fois de plus. Mathias, exaspéré, se dirige au comptoir.
- Les Dieux doivent me punir, souffle le chef d'équipe en payant pour la tournée. Vous croyez en un Dieu, tavernier ?
- I did, once, réplique-t-il. But I wish I didn't.
- Pourquoi donc ?
- Sometimes, you do things you can only regret. And there is no turning back once they're done.
- Ow. . . Quel est votre nom, si je peux me permettre ?
- Ezekiel. And yours ?
- Mathias.
- Well, Mathias, I wish you good luck with them, you're going to need it.
Mathias ricane tout en retournant à sa table. Le tavernier, lui, s'éclipse vers une salle dont lui seul a l'accès. Sur la porte d'entrée est posée une épée, afin de le dissuader d'entrer. Il suit son propre conseil et ne se dirige que vers l'épée, frappée d'une inscription entourant la gouttière de la lame. "Victory is reserved for those who are willing to pay its price". En passant ses doigts sur l'inscription, il ne peut s'empêcher de poser son regard sur la bague qui orne son majeur. En fermant les yeux, il inspire, puis expire. Ce qui est fait ne peut être défait. Il laisse l'épée à sa place et retourne au comptoir.
Le soir, de retour à Logalla, Gwenaëlle a enfin trouvé ce qu'elle cherchait. Le Paradis du Lapin. Bien caché, l'endroit est pourtant bien occupé. Des cris de joie s'entendent même à l'extérieur, ce qui laisse la jeune femme perplexe. Elle s'avance à l'intérieur mais se retrouve bien vite stoppée par quelqu'un.
- Well, look at you, honey, looking for a job ? demande une dame âgée.
- What ? s'interroge Gwenaëlle avant de comprendre. No, I don't want to-
- Oh, wanting some job to be done, then ! We have some strong men for you.
- I don't fucking care about your men !
- Aye, so you're into women, huh ?
- Look, I'm not here for. . . THAT ! I rescued some of your. . . Workers, two days ago, I need informations on the man who took them.
- Wait, you're the girl who helped them ? Honey, I'll tell you everything you want.
- What was his name ? What does he looks like, who exactly is he ?
- This man comes quite often, never alone. Like him, the men working for him always wear some kind of mask. We never saw his real face, but he had to give us a name, I think it was. . . Warren Flemming !
- When does he usually come here ?
- If you stick around a little, I fairly think you may see him soon.
- Thank you so much !
Gwenaëlle s'éloigne et se positionne à un endroit à l'abris des regards. Warren Flemming. Elle a déjà vu ce nom quelque part, dans d'anciens documents, lorsqu'elle cherchait sa première victime. Elle n'était pas assez proche pour le reconnaitre, il y a deux jours, mais ce plan devrait changer la donne. Si elle parvient à le suivre jusqu'à son repaire, elle devrait pouvoir l'interroger et accomplir sa Vengeance. Le problème reste l'intervention de la Barbare.
Impossible de savoir si le massacre de ses hommes va changer ses habitudes sexuelles, d'autant plus que les femmes de joie se sont enfuies. Mais s'il vient souvent, c'est qu'il aime ça, et il est dur de briser une habitude. La preuve. Cet imbécile débarque avec son masque. Une seule personne l'accompagne, mais ce n'est pas le même colosse que la dernière fois, il s'agit d'un homme équipé d'une armure lourde. Il est grand et probablement costaud, mais son équipement doit certainement le ralentir. Equipement qui ne va sûrement pas l'aider à profiter des femmes de joie, il n'est là qu'en sécurité. Mais quelque chose vient à l'esprit de la jeune femme. Elle le reconnait.
Elle reconnait les décorations présentes sur le masque, ainsi que la façon de se mouvoir, qui semble être restée la même depuis toutes ses années. Gwenaëlle se rappelle de cet homme qui a trainé sa mère par les cheveux afin de la jeter en pâture aux autres membres de la Secte, juste en face de son père. Cette image est imprégnée en elle comme si elle venait de revivre la scène.
Le salaud paye une somme impossible à refuser pour emmener l'une des travailleuses chez lui, escorté par son garde du corps. C'est le moment pour Gwenaëlle de le suivre. Sur le chemin, elle les écoute discuter, confirmant qu'il ne peut s'en passer. Son garde du corps, lui, confie ne pas être intéressé par les femmes de joie, il est plutôt penché vers les hommes, quand bien même les relations sexuelles ne le tentent pas plus que ça. Ils arrivent en face d'une grande maison. Warren entre le premier, suivi par l'homme en armure. Une rapière empêche la femme de joie d'entrer. Gwenaëlle lui donne plusieurs pièces d'argent et l'invite à fuir. Une fois la chose faite, elle entre dans la maison et ferme la porte.
- Finally, I'll be able to relax myself with. . . Wait. Who the fuck are you ?! demande Warren en apercevant la jeune femme équipée de son masque fendu.
Le garde du corps se retourne aussitôt et se prépare en cas d'attaque, faisant lentement reculer son protégé.
- Tu as cru à tort que ton tour ne viendrait pas, Warren, explique Gwenaëlle.
- Tu n'es pas d'ici, à ce que je vois, réplique-t-il.
- I will not let you touch him, met en garde le colosse en armure. RUN !
Warren écoute le conseil de son garde du corps et fuit, Gwenaëlle tente de le poursuivre ! Le chevalier dégaine son épée et envoi un coup qui aurait bien pu faire tomber une tête. La jeune femme reprend ses distances, cela risque d'être plus compliqué que prévu. Alors qu'elle allait essayer de le prendre de vitesse, il fonce vers elle pour combler l'écart ! Elle fait un pas en arrière tout en lui assénant un coup de rapière ! Son armure le protège parfaitement bien, il a à peine sentit le choc. Des escaliers ! Gwenaëlle monte le temps de réfléchir, il la suit ! Une fois en haut, il précipite les choses en lançant plusieurs coups à la suite, ils ravagent tout ce qu'ils touchent !
- You should have walked away when you had the chance ! lance-t-il.
- Et toi, tu devrais savoir que plus on m'énerve, plus je suis dangereuse ! réplique la jeune femme.
En arrivant près d'un petit meuble, elle le renverse afin de le déséquilibrer, elle en profite pour lui asséner un coup de pied ! Il n'est pas tombé. Au contraire, il réplique avec un coup de bras, Gwenaëlle tombe au sol ! Elle esquive un coup de lame en répliquant avec deux tentatives d'égorgement, mais sa maudite armure est efficace ! Elle esquive une autre attaque et réplique en essayant de le pousser au sol, mais son poids et sa taille font bloc ! Allan, le chevalier, réplique en la faisant traverser une porte. Gwenaëlle a du mal à se relever, la douleur n'aidant pas à la coopération de son corps. Allan, lui, entre dans la pièce d'un pas lourd et intimidant, son épée à deux mains cherchant son repas. Elle n'a pas d'autres options.
- Essaye donc de résister à ça ! lance Gwenaëlle tout en sortant son arme Retribution.
L'homme en armure réalise le danger et tente d'y échapper, mais trop tard, elle tire !! Le bruit de tonnerre retentit dans la nuit tandis que son adversaire tombe au sol. Gwenaëlle prend le temps de respirer. Retribution semble bien être une arme redoutable. . . Mais un bruit démontre que son efficacité n'est pas forcément garantie. Le chevalier se relève, lui aussi surpris d'être en vie. La balle n'a pas traversée son armure, bien trop solide pour un si petit projectile.
- Allan, tout va bien ?! demande Warren depuis l'étage du bas.
- She's got Lawrence's weapon !! hurle l'Homme en armure.
Réagissant au plus vite, Gwenaëlle range sa rapière afin de s'équiper d'une planche en bois venant de la porte fracassée. Elle lui donne un coup, le chevalier n'a pas eu le temps de bloquer ! Cela ne le met pas à terre. Un autre !! Il peine à bloquer, mais parvient tout de même à contrattaquer, ce qui fait reculer la jeune femme ! Observant les différentes options qui s'offrent à elle, elle ne trouve qu'un rideau et une table. Le manque d'idées en fait le plan officiel, elle arrache le rideau tout en envoyant la table en direction de l'ennemi !
Comme prévu, cela ne l'effraie pas, il arrête la table d'un pied avant de la renvoyer. Gwenaëlle ayant prévu cela, elle roule par-dessus le meuble et surprend le chevalier en lui lançant le rideau à la figure ! Il tente de réagir, mais sa lenteur d'action le trahit, la jeune femme a le temps de le coincer dedans comme il se doit avant de le faire tomber d'un coup de pied. Il se débat déjà afin de s'en extirper, mais il ne serait jamais assez rapide pour empêcher Gwenaëlle d'éliminer Warren. Elle fonce rejoindre ce dernier, assez surpris de voir qu'il ne s'agit pas de son garde du corps.
- Comment Diable as-tu vaincu Allan ? demande le membre de la Secte.
- Ce connard va probablement bientôt s'en sortir, mais ça ne m'empêchera pas de te trancher la gorge ! agresse Gwenaëlle.
Il ricane. Devant elle, il ose ricaner.
- Ooooh. . . Excuse-moi, qui es-tu, déjà ? ironise-t-il.
- Tu ne te souviens donc même pas ? s'insurge la jeune femme en prenant sa rapière.
- Non. Je pense que je me souviendrais d'une jeune femme aussi furieuse portant un masque fissuré.
- Dans ce cas, ta mémoire t'aura abandonnée le soir de ta mort !!
Alors qu'elle se préparait à lui trancher la gorge d'un violent coup de lame, le résonnement d'un claquement de doigt l'arrête dans son action. Elle ne parvient plus à bouger, se demandant ce qu'il lui arrive. Mais le sourire de son ennemi lui indique que ce dernier le sait.
- Reprenons depuis le début, veux-tu ? plaisante-t-il. Ôtes ton masque et dis-moi ton nom.
- Gwenaëlle Harrington, réplique-t-elle en rangeant son masque fissuré.
Elle ne comprend pas. Elle veut lui crever les yeux de ses propres mains, mais son corps refuse de bouger. Warren, lui, est surpris de la révélation.
- Harrington ? s'interroge-t-il. Une minute. Mais oui ! Tu dois être la petite fille qui était avec ce traitre ! Micah Harrington, c'est bien ça ? Répond.
- Oui.
- C'est depuis cette nuit que j'ai cherché dans le domaine magique un moyen de faire obéir mes cibles. J'ai trouvé l'objet idéal pour cela, une bague qui me permet de contrôler l'esprit des gens d'un claquement de doigts. Cela a beau m'avoir couté une fortune, ton père a failli tous nous tuer, cette nuit-là, hors de question de prendre ce genre de risque une fois de plus. Une minute. . . La PIERRE.
Un frisson parcourt l'entièreté du corps de Gwenaëlle. La Pierre. Cette Pierre qu'ils ne doivent en aucun cas avoir.
- Donnes moi la Pierre, ordonne-t-il.
Gwenaëlle tente de résister. Elle met toutes ses forces dans cet effort. . . Mais son corps n'en a rien à faire. La jeune femme retire son collier, montrant ce qui ressemble à un rubis. Warren la récupère, explosant de joie.
- Oooh, quelle ironie ! s'exclame-t-il. Des années que nous cherchons cet objet, et c'est la fille du traitre qui nous l'apporte ! Franchement ? Je pense que sans toi, nous n'aurions jamais pu accomplir notre objectif.
Son corps a beau refuser tout ordre de sa part, il laisse tout de même couler des larmes. Gwenaëlle n'avait pas prévu que les membres de la Secte useraient de la Magie. Des bruits de pas, lourds et en colère, viennent ajouter à son désespoir. Allan s'est libéré. Il s'approche derrière la jeune femme, levant son épée afin d'en finir.
- Une minute, interrompt Warren. Allons, allons. Elle nous a été d'une grande utilité, lui prendre la vie serait injuste. Je te laisse un coup pour te venger.
Sans pitié, le chevalier prend Gwenaëlle et lui assène une violente droite, elle tombe au sol. Le sort s'est éteint dans la douleur. . . Mais la jeune femme est sonnée, elle ne peut pas en profiter. Elle tente maladroitement de se relever, sans succès.
- What now ? demande Allan.
- Hum. . . J'ai bien envie de voir la tête de Jeremiah lorsqu'il verra cela. Mais d'un autre côté, j'étais censé m'amuser, ce soir. J'ai une idée. Coupe lui les bras et bande ses blessures. Met la dans ma chambre lorsque tu auras fini.
Warren se retire. Allan, lui, tire Gwenaëlle par le bras. Après avoir entendu ce qui l'attend, elle n'a même plus la force de se débattre, ayant perdu tout espoir. Des larmes continuent de couler lorsque le chevalier attache ses bras à une table afin de couper net.
- It didn't have to be this way, explique le chevalier en préparant son coup.
Pas de réponse. Un bruit, en revanche, qui vient de l'extérieur. Bruit qui se rapproche. Des voix qui ordonnent à quelqu'un de s'arrêter. . . Et soudain, le son d'une nuque qui se brise. Il y a du grabuge, dehors, et du grabuge violent. Quelqu'un supplie désormais pour sa vie. La seule réponse qui se fait entendre est un impact contre le mur. Plus aucun Dieu n'est appelé, si ce n'est celui de la Mort.
- What the fuck ? s'interroge Allan.
Un corps traverse la porte d'entrée d'une manière si brutale qu'il roule sur plusieurs mètres avant de s'arrêter contre un meuble. Un soldat. Ses os ressortent, la seule chose que cet homme peut faire est de prier pour une mort plus rapide. Val, la Barbare d'il y a deux jours, entre dans la pièce avec les poings en sang. Elle remarque Gwenaëlle.
- Good mood ? s'interroge la Barbare.
Ne cherchant pas plus d'explications, Allan se dirige vers elle et lance un coup d'épée à pleine puissance ! La Barbare bloque l'attaque en ne tenant son arme qu'à une main, surprenant le chevalier. Il remarque une trace de sang sur le visage de la nouvelle intrue : un point de sang au milieu du front qui laisse un tracé jusqu'à la base du nez. Il comprend aussitôt de quoi il s'agit, mais trop tard, elle a déjà préparé la même droite qui a arraché deux mâchoires il y a quelques secondes. Son poing laisse une empreinte dans l'armure du chevalier avant de l'envoyer à trois mètres.
Il doit bien l'admettre, Allan a du mal à se relever, aussi fort soit-il. Si elle avait frappé au casque, il est probable que sa tête aurait volée avec. Val, de son coté, se dirige vers Gwenaëlle et arrache ses liens à mains nues. En entendant tout ce bruit, Warren revient et ne comprend absolument pas ce qu'il se passe.
- Nom de Dieu ! réalise-t-il. Mais comment Diable es-tu encore en vie ?! Bah, peu importe !
Il remet son anneau et claque des doigts. Rien ne se passe, la Barbare l'observe. Il tente une fois de plus, mais cela ne marche pas. Pourtant, il sent la magie le ronger de l'intérieur, l'objet fonctionne. Il l'enlève et reprend ses distances, se rapprochant de son garde du corps. Val a bien envie de le tuer, mais en observant l'état de Gwenaëlle, elle se ravise.
- Me. . . Be back, explique maladroitement la Barbare.
Elle défonce le mur en emportant la jeune femme et fuit jusqu'à trouver un endroit sûr. Mais cela n'a plus d'importance pour Gwenaëlle. Tout ce qu'elle a fait n'a servi à rien. Grâce à son imprudence, ils ont la Pierre que son père a cherché à protéger au péril de sa vie.
Elle a échoué, et maintenant, ils vont pouvoir atteindre leur objectif.