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Les Oquendo et la mer

Les Oquendo et la mer

Publié le 2 nov. 2021 Mis à jour le 2 nov. 2021 Culture
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Les Oquendo et la mer

Entre les XVIe et les XVIIe siècles, les Oquendo ont été, sur deux générations, l'une des familles les plus importantes de l'histoire de Saint-Sébastien. Cette réussite est due notamment à leurs batailles héroïques en haute mer. De père en fils, ils vont dominer les océans du monde. 

Miguel de Oquendo y Segura (1530-1588)

Comme beaucoup d'autres, à 13 ans, Miguel de Oquendo est parti en mer pour gagner sa vie. Cet armateur se met au service du roi et devient capitaine de l'armée de Guipuzcoa en 1582. Miguel de Oquendo y Segura sera l'un des principaux capitaines de l'Invincible Armada.

Il remporte une belle victoire dans la bataille des Açores, commandée par Alvaro de Bazan contre les Français. La bataille de l'île de Terceira (26 juillet 1582), est la première bataille navale de l'histoire où les galions se sont affrontés. Elle eut lieu dans le contexte de l'invasion du Portugal par l'armée espagnole de Philippe II pour la succession du trône du Portugal. L'Armada espagnole était composée de vingt-huit navires, la flotte française en comptait soixante. Le soir du 26 juillet, la flotte française essuie une terrible défaite perdant plus de mille hommes et dix navires, alors que les Espagnols ne perdent aucun navire et ont moins de deux cent trente morts. A la suite de cette bataille, l’empire espagnol annexe tous les territoires portugais à travers le monde.

Antonio de Oquendo (1577-1640)

Fils de Miguel de Oquendo, Antonio commence, à 16 ans, sa carrière de marin au service du roi avec ses propres navires. En 1594, il incorpore la Armada del océano commandée par le capitaine Luis Farjado. Il n'a que dix-huit ans quand il lui donne le commandement de deux vaisseaux Delfin de Escocia et Dobladilla.

Le 15 juillet 1604, Oquendo quitte Lisbonne ayant pour mission d’arrêter un corsaire anglais. Avec deux bateaux, il parcourt les côtes de Galice, du Portugal et d'Andalousie. A l'aube du 7 août, il retrouve son ennemi dans le golfe de Cadiz. Le corsaire britannique l'aborde avec une centaine d'hommes à son bord. Après deux heures de combat, Oquendo triomphe. Il reçoit à Lisbonne un accueil triomphal par le roi Philippe III et par con capitaine Luis Farjado.

Gouverneur de l'armée Cantabrique

En 1607, à la disparition de Martin de Bertendona, Oquendo est nommé gouverneur des troupes de Biscaye. Cette armée surveille les côtes face aux menaces des Hollandais qui veulent incendier les bateaux espagnols.

La même année, le jeune gouverneur devient général de la flotte de la Nouvelle Espagne sans quitter l'armée Cantabrique. Servant aussi en qualité d'amiral sous les ordres du prince Filitberto de Saboya, il obtient le titre de « Prince de la mer ». Face aux nombreuses éloges du prince Filitberto, le roi nomme Oquendo, chevalier de l'Ordre militaire de Santiago.

En 1619, Oquendo est convoqué pour remplacer l'amiral de la Armada del océano. Il refuse, voulant se consacrer entièrement à la construction de son navire, dont il sera capitaine. Les membres du Conseil s'indignent de son comportement et poussent le roi à retirer le commandement à Oquendo. Ce dernier est incarcéré au château de Fontarrabie. Peu après, il change de prison pour le couvent de San Telmo à Saint-Sébastien avec l'autorisation de sortie pour inspecter son galion. Son protecteur et ami, le prince Filiberto, intervient et obtient sa libération. Oquendo file alors sur la route des Indes.

Le roi Philippe III meurt en 1624. Philippe IV, son fils, lui succède. Il abandonne la réalité du pouvoir à son favori et premier ministre Gaspar de Guzman, comte-duc d'Olivarès (1587-1645).

Celui-ci entreprend d'importantes réformes : lutte contre la corruption et l'inflation, centralisation, mercantilisme.

En 1624, Oquendo est accusé d'irrégularité et de favoritisme dans son commandement. Sa flotte comporte des navires, appartenant à des amis, qui sont mal entretenus. Il néglige les réparations nécessaires. Deux navires, Espiritu Santo et Santisima Trinidad sérieusement dégradés perdent le trésor de leur cargaison. Le Conseil lui reproche d'avoir séjourné un hiver à la Havane. Oquendo fut à nouveau mis à pied, pendant quatre ans et condamné à verser douze milles ducados d’indemnité pour la perte des navires.

La campagne du Brésil

Le conseil de guerre se réunit à Lisbonne, afin de défendre les côtes du Brésil contre les attaques des Hollandais, à Pernambouco et Todos los Santos. La flotte de l'amiral compte seize vaisseaux cinq d'entre eux n'atteignent pas les trois cents tonneaux. Oquendo quitte Lisbonne le 5 mai 1631 convoyant une flotte, qui compte trois mille hommes, composée de navire marchands portugais et de douze caravelles.

Apres soixante-huit jours de navigation, ils arrivent à la baie de Todos Los santos qui font route vers Pernambouco avec vingt navires marchands. Le 12 septembre, Oquendo aperçoit la flotte hollandaise qui vient de saccager l'île de Santa Maria. L'amiral hollandais Andrian Hans Peter ordonne de donner l'assaut aux Espagnols. La flotte hollandaise possède des navires de neuf à mille tonneaux avec une cinquantaine de canons. Celle des Espagnols n'atteint pas les trois cents tonneaux.

Avant d'engager le combat, la caravelle du Condé de Bayolo, chef de l'infanterie, passe près celle d'Oquendo et lui propose de lui prêter main forte. Oquendo avec un ton humoristique en montrant les voiles de l'ennemi dit : « Regardez, elles ne sont pas nombreuses ! ». Le Condé s'unit finalement au convoi et les accompagne jusqu'à la côte.

La flotte hollandaise avance rapidement, et se déploie en arc de cercle. Avec une habille manœuvre Oquendo, se positionne dans le sens du vent, afin que les fumées des tirs se dirigent vers les Hollandais, obstruant la visibilité. Commence alors un rude combat. Jusqu'en fin d'après midi, la lutte est indécise jusqu'au moment où un boulet incendiaire part d'un des canons du Santiago, ravageant le navire du capitaine hollandais, Hans Peter qui meurt noyé. Oquendo s'empare de l'étendard néerlandais ainsi que trois grands galions. Cette bataille coûte mille neuf cents morts du coté hollandais, et plus de cinq cent blessés, et seulement deux cents morts dans le camp espagnol. Oquendo rejoint la péninsule le 21 novembre entrant à Lisbonne sous les acclamations. La province du Gipuzkoa lui envoie un chaleureux message de félicitation.

Après cette campagne, Antonio de Oquando est nommé capitaine de la garde de la route des Indes. En 1636, il est à nouveau arrêté, à la suite d'un duel à Madrid, provoqué par un Italien. L'année suivante, il reçoit de sortir avec ses navires pour passer l'hiver à Mahon, dont il est nommé gouverneur de Minorque aux Îles Baléares. Il effectuera de grands travaux de fortification de l’île.

Guerre de Trente Ans (1618-1648)

La bataille des Dunes

En 1639, l'Espagne envoie une puissante expédition navale, composée de soixante-dix-sept navires, embarquant vingt quatre mille marins et soldats, dans la Manche, afin d'une part, d'en disputer le contrôle aux Hollandais et d'autre part, de débarquer une armée à Dunkerque. Oquendo quitte La Corogne, le 5 septembre avec son galion Santiago.

Début octobre, les Hollandais aperçoivent leurs ennemis. Les lourds bateaux espagnols impossibles à manœuvrer, incapables de résister, furent tous détruits ou capturés à l’exception de sept d'entre eux. Les pertes humaines sont énormes : quinze mille marins et soldats espagnols périssent, tandis que mille huit cents sont capturés. Antonio de Oquendo échappe au désastre et réussit, à la faveur du brouillard, à ramener les navires rescapés à Dunkerque. Cette bataille met un terme à la puissance navale espagnole et tant les Hollandais que les Anglais vont rapidement tirer profit de cette situation pour attaquer et tenter de s'emparer des possessions coloniales ibériques. La santé de l'amiral se dégrade. Il commence à perdre ses esprits. Il reste plus de quarante jours sans manger accompagné d'une forte fièvre. Il revient en Espagne en mars 1640, dans sa maison près de Pasajès n'ayant qu'une idée en tête de repartir à La Corogne.

« L’ordre que j'ai reçu est de retourner à la Corogne, personne mieux que moi me dira quand j'ai rendez vous avec la mort. »

Le 7 juin, avant de s'éteindre, lorsque les salves de l'artillerie navale résonnent pour la procession del Corpus, Oquendo, en entendant le son des canons, sort de sa chambre et se met à hurler : «  Ennemis, laissez-moi rejoindre ma capitainerie pour défendre la flotte. »

De la mer à la terre

Le fils d'Antoine, se marie avec sa nièce. Cinq de ses filles nées de ce mariage endogène, sont placées dans un couvent, évitant ainsi de chercher des prétendants digne de ce nom. Tâche trop ardue pour une famille d'un tel rang !

Le temps des batailles héroïques est passé. Au XVIIIe, les descendants des Oquendo continuent à sillonner la mer et à guerroyer. Mais en 1748, l'arrière petit-fils du fameux amiral rédige des ordonnances de marine. On retrouve en 1750, un neveu, inspecteur dans la fabrique d'ancres à Hernani. Cette famille qui a construit sa renommée en parcourant les mers, cherchait-elle à retrouver une certaine sécurité sur la terre ferme ?

De l’hôtel particulier au centre culturel

Loin des rues étroites et insalubres, au pied du Mont Urgull, s'élève, en 1530, un petit palais, sobre et élégant, symbole de la réussite sociale des Oquendo. L'écusson familial décore la façade de cette demeure où il fait bon vivre. Mais Miguel de Oquendo et sa femme Maria de Zandategui font construire non loin un autre palais, une maison secondaire. L'incendie de 1813 détruit toutes les traces des Oquendo. Cette maison est alors louée à une famille de paysans. Elle est connue sous le nom de Manteo. Elle resta ainsi jusqu'en 1939, date à laquelle la marquise de San Millan hérite de la demeure, et la cède à la mairie de Saint-Sébastien. Utilisée durant trois siècles comme simple ferme, le bâtiment a dû être restauré afin de retrouver son caractère d'hôtel particulier. En 1964, l'édifice est déclaré «  Monument Provincial ». En 1983, la demeure devient un musée dédié à la famille Oquendo et aux marins basques. La municipalité décide alors de le transformer en centre Culturel.

 

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