Bouldras
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Bouldras
Un petit tour de plus et vous n’en saurez rien,
Filerais tête baissée pour être du festin
Je prendrais tout mon temps et aurais la part belle,
Inviterais mes amis, servirais mes fidèles,
Quiconque approchera, se verra sermonné,
Quiconque osera, se verra pourchassé,
Le passé, trop de fois, je dus courber l’échine,
Éviter leur courroux et vivre de rapines,
Courir puis me cacher pour soigner mes blessures,
Ravaler mon orgueil et panser mes membrures.
Laissant les plus anciens festoyer sans partage,
Prendre morceaux de choix, me laissant cartilages,
Un jour, je vous le jure, je serais maître et roi
Je montrerais ma fougue et garderais tout pour moi ;
Encore un autre tour et serais le plus haut,
Je serais le plus grand, le plus fort, le plus beau ;
À portée de mes ailes, l’avenir devant moi,
Et plus rien ne pourra… Mais qu’est-ce que j’aperçois ?
Toute cette agitation ; maudits soient les corbeaux,
Aurais-je, sans le vouloir, fait quelques ronds de trop ?
J’enrage, encore une fois, de m’être fait berner,
Ne voyant que ces couards, j’ai négligé valets
Je vous aurais un jour et ce sera sans pardon,
Bouldras, le ciel entier, reconnaîtra ce nom.
Petit poème en mémoire du premier vautour réintroduit dans les gorges de la Jonte sur le bord du Causse Méjean.