Un noël chez moi
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Un noël chez moi
Je ne sais pas si j'apprécie vraiment Noël, mais ce qui est sûr c'est que j'aime être avec ceux que j'aime.
Chaque année, il y a ce moment qui pointe le bout de son nez. Cela n'a pas commençé qu'on est dèjà stressé.
Je me motive début décembre pour faire le sapin et la déco. Les enfants sont toujours plus emballés que moi alors je sollicite leur aide.
Une fois que la maison rayonne de toutes ces paillettes, avec ces lumières guillerettes je me sens un peu plus prête à affronter le défi du Père-noël.
Je ne sais pas toujours quoi offrir, je manque de motivation, de temps pour y réfélchir. C'est comme une corvée déguisée. On est invité à une fête chouette! On se sent un peu obligé d'y penser et d'agir pour faire que la fête soit réussie même si on n'en a pas trop envie là tout de suite.
Je traîne, je déteste la foule mais finalement la fin du mois arrive et je dois courir partout les boutiques. Et, c'est pire!
Les enfants eux sont au taquet. Ils ont fait leurs listes. Je les décortique espérant trouver l'idée cadeau qui conviendra le mieux à mon porte-monnaie.
Jusqu'à la dernière minute je change d'avis. Je craque, je culpabilise, j'achète plus de choses que prévu. Un peu dur les économies pour le voyage à Bali!
En même temps tout le monde dit "On n'a qu'une vie, faut vivre, c'est pas quand on sera mort qu'on pourra profiter!" Bon je suis un peu d'accord parce que faut l'avouer là ces bonnes petites phrases toute faites, elles m'arrangent bien comme excuse pour dépenser ma prime de Décembre. LOL!
Ouai faut pas s'louper si j'veux voir leurs yeux qui brillent, des sourires, des fossettes qui se dessinent. Et tant pis pour Bali, je reporte ma tâche économie sur ma to do list de janvier.
Le matin du 1er décembre! punaise les calendriers! J'avais complètement zappé! Je vais courir au supermarché encore!
Le soir, essoufflée, crevée, la journée bien chiante dans les pattes. Après le métro, rer, marche à pied j'ai speedé comme une taré. Avec ma Peugeot 1007, j'ai foncé droit au carrefour, la soupe attendra, des pâtes feront l'affaire. L'urgence du soir c'etait: mission calendrier de l'avent.
Je ne sais pas qui a inventé tout ça! Mais ça se voit qu'il n'a pas pensé à ma santé celui-là!
Sur les deux enfants, il y en a eu un déçu. Calendrier démodé à ce qu'il paraît! Bon bah j'ai à moitié raté.
Le mois de décembre avance à toute allure. L'ambiance Noël, c'est surtout grâce aux lumières sinon pour moi c'est comme tous les mois. Travail, courses, activités, cuisine, machine, pliage du linge, répète Jacquot; va prendre ta douche, range ta chambre, éteint l'eau quand tu te laves sous la douche, saute pas sur le canapé, arrête la console, mets pas tes mains sales sur les chaises, les devoirs sont faits? T'as brossé tes dents?
Non mais je me croirais une cheffe chez les militaires. Mes soldats ne sont pas très assidus ou je manque d'autorité. Chaque jour il faut leur rappeler comment faire leur lit, comment se tenir à table, pourquoi on se lave, qu'ils ont le droit de mettre le couvert eux aussi, que se coucher de bonne heure c'est important.
Alors je veux les aimer et je veux bien offrir des cadeaux mais quand je vois l'énérgie dépensée inutilement au quotidien je me dis que dormir me serait beaucoup plus utile!
Le jour des vacances arrivent, il faut dissimuler les cadeaux dans la voiture. Le petit dernier croit encore au Papa-Noël, faudrait pas le décevoir. Sûrement la dernière année qu'il se fera duper. J'ai un peu peur de lui dire la vérité. Pour être honnête je trouve ça tellement moche d'être complice de ce gros mensonge. Pourquoi on avait besoin d'inventer ça. Les enfants débordent déjà d'imagination, pas besoin de passer pour une traitre. C'est déjà assez difficile d'apprendre à être sévère quand on voit leur frimousse se décomposer et leur petites moues qui apparaît après s'être fâché.
Les vacances se passent..........Le grand jour arrive. On se relâche, une année vient de s'écouler, c'est le temps d'une introspection, on se pose des questions.
Quelques jours avant Noël éclatent toutes les tensions alors qu'on aurait voulu n'être qu'apaisement, on réalise qu'on avait en nous beaucoup de pression.
Le retour aux sources, dans le cocon familial fait souvent écho à notre enfance, comme si on reprenait notre place, on est toujours un enfant dans les yeux de ses parents.
Chacun veut mettre son grain de sel pour que cela lui convienne, mais au final ça gêne, on doit se plier aux règles comme avant.
Le jour J, on répond aux exigences de maman. On se fait tout beau, on se dit des mots gentils. Chacun exécute la tâche qui lui a été attribuée. On veut que tout le monde soit content.
L'ambiance est là car on a tous le même projet: envie d'être ensemble, partager un bon moment, s'amuser, rigoler, insouciants comme des enfants.
A la moitié du repas, je me sens rassasié, dommage je pensais goûter à tous les mets préparés avec soins par le frangin et la madré. Je me garde une place pour le dessert. La soirée est lancée.
La musique résonne, on évoque des souvenirs. On fait des jeux de mimes, on se déguise, on prend la pose sous l'objectif. On ne voit pas passer le temps, on vit à fond ce présent.
C'est tellement rare ces occasions de se réunir que c'est intense, pleins d'émotions. On a envie de faire durer, mais la fatigue se lit sur les visages, les bâillements sonnent le glas de la fin de soirée.
Le petit dernier vient nous rappeler que si on veut être gâté il faut aller dormir et rêver car Père-Noël va commencer sa tournée et lui il a été sage toute l'année.
On pensait pouvoir ouvrir nos cadeaux à minuit bon bah c'est râté. Va falloir patienter pour faire plaisir au petit dernier qui veut encore croire à la légende.
On se glisse dans son lit bien au chaud, le ventre bien rempli, l'alcool fait tourner la tête, comme d'hab on a abusé sur le lever de coude.
En même temps on allait pas laisser perdre ce bon champagne ouvert, le vin blanc avec les huitres du bassin, le vin rouge pour le fromage, c'est pas tous les jours Noël!
Bonne nuit les petits, déjà passé minuit. Demain les vacances seront terminées, j'aurais bien prolongé le moment, mais le travail m'attend à Paris.
Dans la nuit je me lève, j'entends du bruit. Les pères et mères Noël sont de sortie. A tour de rôle on dépose nos paquets au pied du sapin. Attention faut pas oublier les souliers. Cela fait plus réaliste.
Je retourne me coucher. Le réveil sonne. Il est 8h30, j'ai encore la tête dans mes rêves. Mon fils me tire par le bras pour me montrer les surprises arrivées comme par magie.
Je fais mine d'être étonnée. Ouah! le Père-Noël nous a trop gâté. Pourtant moi je n'avais rien demandé cette année! Le reste de la maison dort encore.
Mon p'tit bonhomme attend depuis trop longtemps, il s'impatiente. Je lui demande encore 1/2 heure. Je m'active pour me préparer, fait son p'tit déjeuner.
A 9 h c'est le défilé. Tout le monde est réveillé. L'ouverture des présents peut commencer. Honneur au premier levé. Il s'en donne à coeur joie et déchire le papier. Quand je pense à tout le temps que j'ai pris à réaliser mes paquets !
Les caméras sont activées pour mémoriser les réactions.
Les premiers sourires naissent, des exclamations, des sautillements. La grande soeur attaque l'ouverture de ses cadeaux. Elle aussi est satisfaite, les yeux brillent, les fossettes sont de sorties, mon coeur est conquis.
Je me sens bien. Mon bonheur c'est de voir mes enfants heureux. Leur faire plaisir c'est énormément de gaieté. J'ai conscience que mon bien-être passe par le leur.
L'amour est un des plus grands bienfaits de la vie. Je ferai tout pour leur transmettre ce que je sais aujourd'hui.
Je suis reconnaissante de pouvoir leur apporter tout ce dont ils ont besoin. Je veux les aider à s'épanouir. La route est encore longue et j'ai tant à apprendre d'eux et à leur dire. Surtout qu'ils sachent aimer et respecter le corps que la nature leur a donné. Qu'ils ne dépendent pas du plaisir de posséder pour être heureux. Qu'ils trouvent le plaisir de vivre d'aimer et d'être aimé.
Les valises sont prêtes , la voiture bien chargée. Les câlins et bisous pleuvent. On voudrait bien rester, profiter en pyjama, se faire dorloter encore un peu. Sentir ce parfum de l'enfance et faire comme si aucune responsabilité nous attendait. Mais il est l'heure du départ, des aurevoirs.
On s'en va en comptant déjà les mois qui nous séparent......
Je retiens une larme au coin de l'oeil! Ma gorge s'est serrée.
Cette bouffée d'air est une nouvelle histoire précieuse à garder dans ma mémoire.
Tous droits réservés par Agnès. 30.01.23