Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
À l'abordage !

À l'abordage !

Publié le 10 mai 2024 Mis à jour le 12 mai 2024 Aventure
time 5 min
3
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 1 commentaire
lecture 26 lectures
6
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 4 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

À l'abordage !

 

                                                                            Un soupçon de 1692 aux allures d’océan atlantique

 

 

Lettrine majuscule C


  ap’taine-mousse - surnom dû à sa façon de régenter malgré ses taches subalternes - grimpa le long du mât, ses pieds durcis par l’escalade. Les entailles du bois offraient quelques prises à ses doigts habiles.
Il parvint à la vigie d’où le ciel donnait le tournis, sans un seul nuage auquel se raccrocher. La mer semblait râpeuse et la figure de proue y frottait ses seins en pointe, la chevelure en vagues comme un défi aux flots, offrant à l’équipage une protection contre les mers agitées pour sauvegarder le voyage de retour.
D’autres figures attendaient dans la cale : une contre la tempête, l’autre contre les attaques bien que le brick de « L’Amiral » dit « Al » - surnom que prestance et autorité naturelle lui avaient valu - fut connu sur les océans. Son pavillon annonçait combats et naufrages à qui lui résisterait.

D’ailleurs c’était la poursuite d’un ennemi qui agitait maintenant l’équipage : l’un des navires (toujours chargés d’or, d’argent et de pierres précieuses ou encore plein de soies asiatiques rares et de porcelaines valant 375 000 livres sterling) - de l’empereur moghol Aurangzeb.
Le butin n’était cependant pas leur puisqu’ils étaient tous au service du roi d’Espagne : au pire ils le lui restitueraient, au mieux ils pourraient se servir au passage, de quoi motiver les troupes.

Cap’taine-mousse aperçut enfin entre deux miroitements la silhouette tant espérée. Elle oscillait, incertaine, prête à s’effacer sur l’horizon.

- Navire en vue, à bâbord !

Le vent venait par l’arrière.

- Hissez la grand-voile !

Ordonna le capitaine.

Les matelots s’activaient : les vergues désormais perpendiculaires au bateau déployaient les voiles carrées, les cordages resserrés ne risquant pas de gêner les manoeuvres au coeur des allées et venues.
Ils avait auparavant salé le pont pour éviter de glisser sur le sang répandu durant la bataille.

Le drapeau rouge ondula dans un silence de tempête à venir.

Le Flibustier commença à filer aussi léger que l’écume pour se diriger tout droit sur l’adversaire le Ganj-i-Sawai tout en gardant malgré le courant voilure et cap à son approche.

Un matelot fut placé devant chaque canon face au reste des hommes armés de sabres et de fusils, eux postés sur le gaillard de derrière. Un dernier groupe se répartit sur la dunette.

La course entre les deux bâtiments dura peu, le salb ne pouvait rivaliser avec le brick corsaire, rapide et plus aisément manoeuvrable bien que les soixante-deux canons du Ganj-i-Sawai compensent largement ces déficiences.

Un boulet faillit écharper la coque du Flibustier mais chaloupant avec hardiesse il parvint à enchaîner aussitôt sur la manoeuvre d’approche en maintenant sa position sans que le bateau chavire.
Estimant les deux navires suffisamment alignés, le capitaine fit ensuite mettre des grappins au bout des vergues. Une fois les grappins attachés à une grosse chaîne amarrée, ils furent lâchés de telle sorte que les bâtiments ne sauraient se séparer sans accident. Les matelots firent feu sur l’avant et l’arrière tandis que les armes blanches visaient le gabier chargé du travail dans la mature ainsi que le timonier afin d’empêcher de virer de bord.

C’est alors que l’appel retentit !

D’un même élan tous se ruèrent sur le vaisseau abordé, pas un seul ne pouvant fuir ; les combattants s’acharnaient : ahanements sur cris de rage se mêlèrent à l’odeur insupportable du sang tandis que parfois à deux contre trois les rares officiers maniaient l’épée sans relâche. Sur le gaillard d’avant et près des haubans, des corps transpercés de balles ou de lames basculèrent dans la mer. Les détonations couvrant le combat au corps à corps amoncelèrent les cadavres sur le pont. Dans ce massacre Cap’taine-mousse distingua Al et sa boucle d’oreille rubis.
« Pourvu qu’elle ne serve pas ! »
Car si la mer rejetait le cadavre sur le rivage, celui qui le découvrirait aurait de quoi payer l’enterrement du capitaine.

Soudain une ombre en mouvance le long du mât gagne les hauteurs.

Figurines Cartes de corsaires

Un éclat argenté laisse deviner un poignard et la menace devient réalité lorsque la silhouette dépenaillée surgit près de la vigie. Cap’taine-mousse sort tant bien que mal de son nid-de-pie mais l’agresseur le rattrapera sans doute dans les cordages. Sur le point de s’élancer dans le grand hunier c’est là que le mousse entend le coup de feu. Il a juste le temps de distinguer l’horrible grimace de l’homme avant qu’il ne perde l’équilibre pour dans sa chute heurter bois, voiles et cordes.
En bas « L’Amiral » le salue pour se replonger dans la bataille.
Il vient de lui sauver la vie !

Au prix d’un nombre important de victimes, Le Flibustier finit vainqueur.
Cap’taine-mousse redescendit non sans trembler et se jeta dans les bras de son « Amiral » plein de sang mais entier et vivant. Le capitaine serra la frêle silhouette contre lui et lui ôtant son chapeau à larges bords révéla la longue chevelure à qui il rendit ses droits en l’étalant sur ses épaules.

- Alors ma donzelle on a tremblé pour son corsaire ?
La jeune femme rit à gorge déployée. Lui aussi.
Ils ont encore réussi à échapper à la faucheuse !

Reine et Roi cartes corsaires

- Allons récupérer nos trésors.
- Le trésor des espagnols tu veux dire, le taquina-t-elle
- La partie qui nous échoit alors …
Nouvelle salve de rires avec l’équipage cette fois.

Les survivants - ceux qui ne seraient pas enrôlés - furent entassés dans des canots abandonnant heureusement leur bateau encore utilisable. Les assaillants y découvriront ce qu’on leur avait promis.
Notamment une copie du télescope de Newton, l’invention que Cap’taine-mousse rêvait de posséder.
Où mieux étudier les étoiles que sur le pont d’un navire ?

 

 

Photo de couverture :  Lunar night on Capri, 1841 - Ivan Konstantinovich Aivazovsky - Compte Instagram art.infinitus
Lettrine et illustrations : Chantal Perrin Verdier
Source d'inspiration  des figures : cartes Corsaires et flibustiers, création G. Delluc Cartier - Éditions Philibert, Paris 1958 

lecture 26 lectures
thumb 1 commentaire
6
réactions

Commentaire (1)

avatar

Chantal Perrin Verdier il y a 10 jours

Les corsaires se livraient au pillage mais avec la permission de la Couronne et pour épauler la marine royale. Tandis que les pirates étaient considérés comme des hors la loi du fait qu’ils pillaient les navires pour leur compte personnel.

Tu peux soutenir les auteurs indépendants qui te tiennent à coeur en leur faisant un don

Prolonger le voyage dans l'univers Aventure
Alfonso Scariot
Alfonso Scariot

In nome di San Giorgio Il ripetitivo suono degli zoccoli che calpestano l&rsquo...

Alessandro Perin
15 min
Alfonso Scariot
Alfonso Scariot

La fine e l'inizio “Stupido ronzino” dice...

Alessandro Perin
5 min
Part 0 - Voir
Part 0 - Voir

Parfois, nous aimerions que des événements ne se produisent afin uniquement de pou...

Des Liais
6 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur