Chapitre 8 - Le Grand Lucifer

Rien de notable ne se produisit lors des deux jours qui suivirent l’arrivée de Charlie. Cette dernière semblait admirablement bien s’intégrer au groupe malgré quelques débuts un peu compliqués. Travaillant tout de même pour Axon, elle devait parfois partir effectuer quelques commissions pour ce dernier. Cléo s’absentait régulièrement à cause du tournage de ce qu’elle appelait le « futur navet mal foutu » de son boss et ne revenait parfois que tard dans la journée. Tara, si elle ne passait pas son temps à câliner Amy, préparait avec Cain une annonce à mettre dans le journal pour à nouveau diffuser leurs idées. De son côté, Samaël n’avait fait aucun progrès dans sa relation avec la grande chienne. Il utilisait Oscar comme un bouclier humain sans essayer de le cacher, et chaque fois qu’il estimait l’animal trop proche de lui, il utilisait les ombres pour s’éloigner.

Ce fut le troisième jour, en début d’après-midi, qu’un événement on ne peut plus important eut lieu.

Cléo et Charlie étaient partis à leurs boulots respectifs, Oscar se chargeait de faire un peu de ménage (à la demande du Saigneur parce qu’il ne l’aurait pas fait dans le cas contraire) et Cain restait avec sa meilleure pour trouver quelques idées intéressantes. Samaël était avec eux dans le salon, et fixait avec méfiance Amy qui dormait sur le tapis. La torpeur du début d’après-midi laissait la maison dans un état de léthargie. Installé sur le canapé, le jeune Prince tournait un crayon entre ses doigts, les yeux dans le vague. Étalée à même le sol, Tara gratouillait paresseusement la tête poilue du chien. À deux doigts de somnoler, il fallut quelques secondes pour qu’il se rende compte que quelqu’un frappait à la porte.

— Quelqu’un pour aller ouvrir ? interrogea la démone d’une voix apathique.

— Toi, répondit son ami.

— Flemme, toi, vas-y.

— Samaël, commença Cain en tournant la tête vers le concerné.

— Hors de question que j’y aille avec cette chose dans le passage, trancha l’intéressé en désignant Amy d’un signe de tête.

— D’accord, j’y vais… grommela le jeune homme en se levant péniblement des coussins confortables.

Il marcha à pas lourd jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvrit lentement. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur une chevelure blonde parsemée de mèches blanches, il s’immobilisa, pétrifié. L’homme qui était devant lui faisait facilement une tête de moins que lui. Ses cheveux clairs étaient soigneusement peignés vers l’arrière. Il portait une élégante tenue noire aux boutons dorés. Entre ses mains gantées, il tenait une canne finement décorée.

Et en même temps que Cain l’examinait, les yeux rouge vif de son visiteur l’analysaient en retour avec surprise. Aucun d’eux ne semblait capable de bouger ou de parler, jusqu’à ce que le plus petit tende une main vers le deuxième. Le Prince sentit des doigts couverts par la soie se poser sur sa joue comme si l’homme voulait vérifier qu’il était réel.

— Tu as tellement grandi, petit roi… murmura-t-il en laissant un sourire illuminer son visage.

Cain, bien qu’il n’avait déjà pas de doute avant sur l’identité de la personne, savait qu’il n’y avait qu’une seule personne pour l’appeler par ce surnom. Il sentit un sourire idiot étirer ses lèvres et sa gorge se serra.

— Bonjour papa, souffla-t-il d’une voix étranglée.

Lucifer l’attrapa par les épaules pour le serrer contre lui à lui en briser les vertèbres, appuyant sa tête contre son torse. Son fils lui rendit son étreinte avec au moins autant de force. Il avait tant redouté le moment où il reverrait son père, il s’était attendu à le voir énervé, honteux ou même indifférent. Mais il fallait croire que leur longue séparation n’avait en rien changé son amour pour lui.

— Je sais que je ne devrais pas être fier que tu sois devenu un ange déchu, soupira le Roi d’une voix pleine d’émotions, mais je suis très, TRÈS content de te revoir !

— Tu m’as beaucoup manqué, papa… je suis tellement désolé, j’aurais dû te dire que j’étais arrivé en Enfer beaucoup plus tôt mais…

— Chhuut, l’interrompit Lucifer d’un ton rassurant en s’écartant de lui pour poser un doigt sur ses lèvres. C’est pas grave, je comprends pourquoi tu as hésité. Je ne t’en veux pas, je t’assure ! Mon Dieu, tu es plus grand que moi, maintenant ! Et regardez-moi ces petites mèches blanches ! continua-t-il d’un air surexcité en lui ébouriffant les cheveux.

— Toi, tu n’as pas changé, sourit Cain avec malice. Sauf qu’avant, j’avais l’impression que tu avais quelques centimètres en plus que maintenant… Oh Seigneur, j’ai tellement de choses à te raconter ! Je sais pas par où commencer ! Je peux te présenter mes amis ! AH ! Mais non ! Je suis con ! Certains sont au travail ! Mais je peux déjà te présenter ceux qui sont là !

— Tout doux, petit Prince, l’apaisa son père avec un sourire amusé. Respire, je ne vais pas m’envoler !

— Désolé, haleta l’intéressé à bout de souffle, je suis tellement content de te voir, je m’emballe. Viens, entre !

Il s’écarta pour laisser passer Lucifer et referma la porte derrière lui. Ayant entendu qu’une discussion avait lieu dehors, Tara avait rampé jusqu’à l’entrée du salon pour voir qui était le mystérieux visiteur. Cependant, en notant la ressemblance physique entre son ami et l’homme qui l’accompagnait, un déclic s’opéra dans son cerveau et elle se releva d’un coup, les faisant sursauter tous les deux.

— Ah, papa, je te présente Tara ! C’est ma meilleure amie, ma gardienne depuis que je suis arrivé ici ! Tara, voici mon père, Lucifer !

— Ravi de vous rencontrer, mademoiselle, salua ce dernier en lui tendant une main avec un sourire chaleureux.

— Je… tout le plaisir est… pour moi, monsieur, bafouilla la démone comme si elle n’arrivait pas à croire qu’elle tenait la main du Roi des Enfers.

Celui-ci eut un air attendri en la regardant, comme pris de nostalgie. Au même moment, Oscar descendit les escaliers, les manches retroussées et le front couvert de quelques gouttes de sueur.

— C’est quoi ce boucan… commença-t-il avec mauvaise humeur avant de remarquer à son tour la similitude entre les deux hommes. Oooooooooh…

— Et voici Oscar ! présenta Cain avec une bonne humeur presque enfantine. Oscar, je te présente…

— Sa Majesté, murmura l’ex-barman avec admiration, perdant toute antipathie dans sa voix. C’est un honneur de vous rencontrer !

— Je vous en prie, pas de manières, sourit le Roi. Appelez-moi Lucifer !

— Tiens tiens tiens… ricana une voix amusée. Le retour du souverain !

Une ombre glissa sur le sol et Samaël surgit juste devant le monarque, un sourire sur le visage. Il serra sa main dans la sienne avec énergie.

— Et lui… commença Cain avant que son père lève une main pour lui dire de s’interrompre.

— Nous nous sommes déjà croisés, grommela Lucifer d’un ton plus hostile en regardant le Saigneur essuyer sa paume sur le revers de sa veste comme s’il avait touché un tas de limaces. Le démon casse-pieds…

— Son Altesse Grandissime nous fait l’honneur de sa visite, répondit le rouquin avec un air narquois. Enfin, « grand », c’est une façon de parler…

Effectivement, si la différence de taille entre Cain et son paternel était déjà impressionnante, celle entre le roi et Samaël l’était encore un peu plus.

— Ha. Ha. Très drôle, répliqua Lucifer avec un rire forcé. Si tu as rien d’autre à dire, tu peux dégager, la grande asperge !

— HA. HA. lança le Saigneur avec un rire tout aussi naturel sans cesser de sourire. Je suis chez moi, et j’ai quelque chose à vous dire en particulier.

— Tu permets ? s’insurgea le souverain. Je suis avec mon fils !

— Je n’en ai que pour une minute.

— Vas-y, papa, conseilla Cain à voix basse. On pourra discuter après, ne t’en fais pas. On vous attend dans le salon ! Vous voulez du thé ?

— Ce serait très aimable de ta part, répondit le démon renard avec une voix plus douce. Merci, très cher !

— Plutôt du café, pour moi, demanda son père en jetant un regard incendiaire au Saigneur.

Le prince retourna dans le salon avec ses deux amis et ferma la porte pour les laisser seuls.

— On va se charger des boissons, assura Tara en entrainant Oscar avec elle. C’est pas un boulot pour un futur roi.

— Ça l’était jusqu’à l’arrivée du big boss des Enfers, lui fit remarquer Cain en haussant un sourcil avant qu’elle ne s’enferme dans la cuisine avec sa pauvre victime.

Il s’appuya à la porte donnant sur le hall et posa sa tête contre le bois. Il sentait un poids quitter sa poitrine de savoir que son père l’aimait toujours autant qu’avant.

— Qu’est-ce que tu veux ?

Le jeune homme se rendit compte qu’il pouvait entendre les deux hommes discuter, et malgré sa raison qui lui disait de les laisser en paix, il sentait sa curiosité de sale gosse le pousser à rester.

— J’ai rempli les termes de notre accord, répondit la voix de Samaël. Je vous ai permis de retrouver votre fils. Maintenant, j’aimerais que nous y mettions fin comme convenu.

— Tss, si ce n’était que ça, tu aurais pu attendre une heure de plus, soupira Lucifer. Mais soit, voilà…

— Grand Dieu, il était temps ! s’exclama le rouquin avec un mélange de soulagement et de mépris. Faire un marché avec le petit roi de pacotille… de quoi me rendre fou !

— Haha… Excuse-moi, qu’est-ce que tu viens de dire ? interrogea ledit roi d’un air vexé.

— Oh pardon, vous ne m’entendez pas d’en bas ? DOIS-JE PARLER PLUS FORT ?

En sentant que le ton montait entre les deux, Cain entrouvrit la porte et jeta un coup d’œil par la fente. Ils se faisaient face, et même si le renard souriait, la haine mutuelle était plus qu’évidente.

— De quel droit oses-tu insulter ton roi ?!

— Ah non, cette fois c’est moi qui ai du mal à vous comprendre, ricana Samaël en passant un doigt ganté sur l’une de ses oreilles avant de se pencher, le visage à deux centimètres de celui de son interlocuteur. La réception est un peu mauvaise en haut, pourriez-vous essayer de crier ?

— Tu commences à me gonfler !! gronda le blond.

Cain entendit un cliquetis métallique, et malgré son champ de vision très restreint, il fut temporairement ébloui par une vive lumière dorée. Lorsque des points lumineux cessèrent de danser devant ses yeux, il put remarquer ce qu’il s’était passé.

Son père tenait dans sa main gantée une chaîne métallique étincelante qui s’était enroulée autour des poignets de Samaël. Ce dernier, bien que son sourire restait toujours présent, ne pouvait pas cacher la surprise que trahissait son regard. Sans l’avoir réellement vu auparavant, Cain savait très bien ce que cette chaîne représentait : celui qui était lié par elle avait vendu son âme à la personne qui la tenait.

Lucifer tira brutalement dessus pour rapprocher le démon renard et l’attrapa par le vol pour le forcer à mettre son visage à sa hauteur.

— Vois-tu, pécheur, il y a un avantage à être le roi, susurra-t-il avec un rictus malveillant. C’est que techniquement, chaque démon des Enfers est l’un de mes sujets, et que je détiens chacune de vos âmes…

Sans quitter le souverain des yeux, le Saigneur tenta de libérer ses poignets sans succès. Le blond eut un rire amusé.

— Ce qui veut dire que si je le veux, je peux réduire ton âme misérable à néant !

Sentant la situation déraper vers une issue qui ne lui plaisait pas du tout, Cain décida d’intervenir. Le démon renard était peut-être manipulateur, mais ils avaient un accord et il lui était tout de même d’une aide très précieuse !

— Papa, arrête ! lança-t-il en entrant dans le hall, faisant sursauter les deux hommes.

L’un et l’autre s’éloignèrent pour remettre une distance entre eux, mais la chaîne restait toujours dans la main de Lucifer.

— Samaël m’aide ! Il a permis à moi et mes amis de vivre ici plutôt que dans un appart pourri et il nous protège contre les autres démons !

— Tu es sûr qu’il a besoin de son âme pour ça ? interrogea son père en haussant un sourcil.

— Oui ! répliqua le prince avec un hochement de tête vigoureux. Nous sommes collègues de travail ! Pas vrai, Samaël ?

— Bien sûr, très cher, confirma le rouquin avec un hochement de tête.

— Bon, si tu le dis, soupira Lucifer en haussant les épaules. De toute façon…

La chaîne dorée disparut soudainement avec un courant d’air théâtral purement intentionnel de la part du roi. Mais au moment où les poignets du Saigneur étaient libérés, Cain crut voir quelque chose autour de sa gorge. Un battement de cil plus tard, il n’y avait plus rien.

— C’est bien ce que je pensais, murmura le souverain avec un rictus sournois. Tu as déjà vendu ton âme à quelqu’un d’autre… C’est pathétique !

— Va te faire foutre, feula Samaël en faisant demi-tour pour montrer les escaliers.

Comprenant quelque chose à l’instant, Cain le rattrapa en courant et l’empêcha de continuer à gravir les marches en l’attrapant par la manche de sa veste. Le démon renard tourna la tête, surpris par son geste, et fixa la main qui le tenait.

— C’est pour ça que tu as besoin de mon aide ! lança le blond qui venait de comprendre. C’est pour te libérer !

— Je suis désolé, souffla le rouquin avec le même sourire crispé. Je sais que je t’en demande beau…

— Non, non ! l’interrompit Cain. Mon but est d’aider les gens, alors si tu as besoin de moi, je ne compte pas me défiler ! Je sais que tu as fait des erreurs, mais tout le monde en fait ! On trouvera un moyen, je te le promets !

Les yeux dorés de Samaël se posèrent à nouveau sur les doigts de son interlocuteur qui retenaient sa manche. Se souvenant qu’il n’aimait pas être touché, le blond le lâcha soudainement.

— Ah ! Pardon, je sais que…

Le démon renard saisit la main qu’il avait retirée et le monta à son visage pour déposer un baiser dessus.

— Merci, murmura-t-il. Je vais te laisser discuter tranquillement, je vais rendre visite à Irène.

Il remonta les escaliers pour se diriger vers sa chambre. Cain fit demi-tour pour rejoindre son père qui le fixait avec un mélange de surprise et de curiosité.

— Tu lui avais promis de l’aider sans savoir ce qu’il voulait ? demanda-t-il sans comprendre.

— Bah… oui ? Raah, quand je te disais que j’avais beaucoup de trucs à te raconter ! Viens, on va s’installer dans le salon.

Pendant l’altercation du hall, Tara et Oscar avaient préparé le café et le thé et quelques minutes plus tard, ils étaient tous les quatre installés dans les fauteuils et Cain entreprit de raconter ce qu’il avait fait depuis son arrivée en Enfer. Il fit le récit de sa rencontre avec Tara qui l’avait pris sous son aile, puis l’arrivée de Cléo dans leurs vies et leur mise en colocation à trois. Ensuite il expliqua leur rencontre avec Oscar et Samaël, l’installation dans la nouvelle maison, la réunion des Saigneurs et l’emménagement de Charlie.

— Je vois que tu ne t’ennuies pas, commenta Lucifer quand il eut terminé. Je ne vais pas demander qui a fait en sorte que tu sois renvoyé du Paradis, je le sais déjà.

— L’ange Michael ? devina Tara.

— Exact, confirma le Roi. En revanche, je me demande ce que tu as pu dire pour ça…

— Rien qui méritait qu’on me jette dehors ! grommela son fils en roulant des yeux. J’ai juste dit que potentiellement, les démons pourraient changer et devenir de meilleures personnes. S’ils deviennent meilleurs, ils pourraient enfin avoir le repos que méritent leurs âmes et…

Il s’interrompit en voyant que le souverain pouffait de rire, ce qu’il essayait de cacher très maladroitement derrière une toux forcée.

— Quoi ?! se vexa le plus jeune en fronçant les sourcils. Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?

— Ces pêcheurs, changer ? ricana Lucifer d’un air narquois. Fiston, ces démons sont les déchets de l’humanité ! Ils se noient dans leurs péchés et n’ont aucune envie d’en sortir ! Ça n’a aucune chance de fonctionner !

— Je rêve où tu es en train de dire qu’ils ont bien fait de me foutre dehors ? grimaça Cain en haussant un sourcil.

— Non, ce n’est pas ça ! se reprit son père sans parvenir à cacher son amusement. Je dis juste que c’est normal s’ils ne t’ont pas pris au sérieux !

— On parle quand même de ton peuple ! protesta son interlocuteur. C’est toi, le Roi des démons !

— Qui voudrait d’un peuple pareil ? Ça passe son temps à se battre, copuler comme des animaux ou s’entre-bouffer !

Cain avait presque envie de s’arracher les cheveux de la tête et de hurler. Il savait que son père n’avait pas été très actif en Enfer, mais là, il chiait carrément sur toute la population ! Il lui connaissait un côté maladroit dans ses paroles qui pouvait expliquer sa façon un peu crue de parler, mais il aurait espéré un minimum de soutien de la part de son propre père dans son projet !

— Papa, je suis sérieux ! Des anges ont été repérés plusieurs fois en Enfer, et tu sais très bien ce qu’il pourrait se passer avec eux !

— Justement ! l’interrompit Lucifer. Je ne veux pas que tu t’impliques dans ces histoires et que tu risques ta vie pour des causes perdues ! S’il te plaît, Cain, réfléchis à ce que tu fais… Nous venons à peine de nous retrouver, je refuse de te perdre !

— Je suis déjà impliqué ! C’est pour ça que j’essaye d’unifier un peu les démons, on doit se serrer les coudes !

— Je n’ai pas pu empêcher mon frère de t’emmener et je l’ai regretté chaque jour de ma vie ! protesta le souverain. C’est mon devoir de te protéger, je ne le laisserai pas faire de nouveau ! Je t’en prie, écoute-moi…

— Non, toi, écoute-moi ! répliqua Cain en levant une main pour le demander de se taire. Je n’ai plus six ans, je sais ce que les anges sont capables de faire ! Je… je ne t’en veux pas si tu décides de ne pas m’aider avec mon projet. Tout ce que je te demande, c’est de permettre aux Saigneurs d’avoir un rendez-vous avec le Paradis. Il faut qu’on vérifie s’ils trament vraiment quelque chose… enfin, c’est évident qu’ils ont une sale idée en tête, mais on doit savoir laquelle !

Le prince jeta un coup d’œil à Tara, qui leva furtivement un pouce en l’air pour l’encourager. Ces retrouvailles n’étaient pas celles des contes de fées, mais il pourrait au moins aider leur cause.

— Un rendez-vous avec… ? répéta Lucifer d’un air perdu avant de se lever d’un bond. NON ! NonnonnonNONnon ! Bref, c’est non !

— Mais papa ! s’exclama son fils avant de plaquer une main sur son front. Ugh… pourquoi ?!

— Tu crois que je vais te laisser aller à un meeting avec mon frère complètement timbré ? Je viens de dire que je voulais te protéger, pas te suicider !

— T’es pas sérieux ? grimaça Cain en haussant un sourcil. Tu crois vraiment que serait ce bâtard d’oncle Michael qui se pointerait au rendez-vous ? Il considère les démons comme des sous-merdes, il va pas se faire chier pour ça ! Il enverra un larbin pour faire le boulot pour lui ! Et j’ai jamais dit que j’irai là-bas ! Je te demande ça pour aider les Saigneurs !

Le Roi sembla hésiter et réfléchir longuement. Il était évident qu’il s’inquiétait pour son fils, ce qui était compréhensible, mais Cain ne voulait pas laisser tomber. Il aimait sincèrement son père, le fait qu’il n’ait jamais abusé de ses pouvoirs sur les autres démons. En revanche, son désintéressement vis-à-vis de son propre peuple donnait sérieusement envie de se taper la tête contre les murs.

— Je ne sais pas, mon grand… j’ai

— ALEEEERTE !!!

La porte d’entrée s’ouvrit brutalement, et Amy se mit immédiatement à aboyer. Charlie et Cléo, toutes les deux à bout de souffle, firent irruption dans le salon d’un air paniqué. La scénariste s’affala sur le sol, essayant désespérément de respirer, et sa camarade s’appuya contre le mur en se tenant les côtes.

— Qu’est-ce qui vous arrive ? interrogea Oscar en les regardant comme deux malades mentales.

— A-Axon… haleta Charlie en passant une main sur son visage rouge. Il… a entendu… que j’étais ici… et que… Cain… était vraiment… le fils… de Lucifer… Il arrive… EN PERSONNE !!

Dessin original d'Elysio Anemo